Europa (fusée)

Europa
Un lanceur Europa 2 exposé à l'Euro Space Center
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L’auteur n’a pas pu être identifié automatiquement. Il est supposé qu'il s'agit de : Dantor (étant donné la revendication de droit d’auteur).
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Un lanceur Europa 2 exposé à l'Euro Space Center
Données générales
Pays d’origine Drapeau de la France France, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau de l'Allemagne RFA, Drapeau de l'Italie Italie, Drapeau de l'Australie Australie
Statut Retirée du service
Lancements (échecs) 4
Hauteur 31,65 m
Diamètre 3,69 m
Base(s) de lancement Drapeau de l'Australie Woomera

Drapeau de la France Centre Spatial Guyanais

Europa est le premier projet de lanceur spatial européen. Cette fusée est développée dans les années 1960 par le Centre européen pour la construction de lanceurs d'engins spatiaux (CECLES) précurseur de l'Agence spatiale européenne. L'objectif est de permettre à l'Europe de placer en orbite ses satellites sans dépendre des conditions imposées par les deux seules puissances spatiales de l'époque (les États-Unis et l'Union soviétique). Le Royaume-Uni a de son côté décidé de renoncer, pour des raisons budgétaires, à produire son missile balistique Blue Streak pourtant opérationnel. Les initiateurs d'Europa décident de réutiliser ce missile comme premier étage d'une fusée dont le deuxième et troisième étage seraient fournis respectivement par la France et l'Allemagne. Des moyens limités mais surtout une absence de coordination entre les différents contributeurs conduisent à une série de lancements infructueux entre 1967 et 1970. L'évolution rapide du marché des satellites de télécommunications nécessite une révision à la hausse de la charge utile qui doit désormais pouvoir être placée en orbite de transfert géostationnaire. Une nouvelle version de la fusée, baptisée Europa II, est conçue avec une charge utile pour cette orbite qui passe de 200 à 360 kg. Un premier exemplaire est lancé le depuis la base de Kourou. C'est de nouveau un échec qui met fin au programme. Les leçons tirées du déroulement de ce projet et l'expérience acquise sur le plan technique contribuent à la réussite de la fusée européenne Ariane.

Contexte

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Le premier étage Blue Streak de la fusée Europa II.
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Le second étage Coralie.

En avril 1960, le gouvernement britannique arrête son programme de développement de missile balistique Blue Streak, alors qu'il était presque terminé. À l'époque, la communauté scientifique européenne souhaite disposer d'un lanceur pour mettre en orbite des satellites scientifiques et appelle de ses vœux une solution européenne. Afin d'amortir le coût du développement de son missile, la Grande-Bretagne propose aux autres pays européens de développer le lanceur à partir de son missile. Après des négociations commencées en janvier 1961, la Belgique, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne de l’Ouest, l'Italie et les Pays-Bas, ainsi que l'Australie en tant que membre associé[Note 1], décident en novembre 1963 de créer le Centre européen pour la construction de lanceurs d'engins spatiaux, ou CECLES, pour développer un lanceur. Celui-ci, baptisé Europa, doit comporter trois étages et pouvoir placer un satellite d'une tonne en orbite terrestre basse. Le premier étage serait constitué du Blue Streak, le deuxième serait fourni par la France et le troisième par l'Allemagne. L'Italie doit construire un satellite expérimental, les Pays-Bas une station de télémétrie et la Belgique une station de guidage radio.

Première version — Europa 1

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Tuyères de l'étage Coralie

Fruit de la coopération de plusieurs pays, cette première version de la fusée nommé ELDO-A puis Europa 1, est composée de trois étages[1]:

  • « Blue Streak », le premier étage, construit par les Britanniques ;
  • « Coralie », le second étage, construit par les Français ;
  • « Astris », le troisième étage, construit par les Allemands.

D'autres pays avaient des responsabilités, comme l'Italie, qui construisit les satellites expérimentaux. Les Pays-Bas et la Belgique ont collaboré avec les britanniques sur le module Blue Streak.

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Astris le troisième étage de la fusée Europa à l'université de Stuttgart.

L'Australie, seul pays non-européen à participer au programme, accueille les installations de lancement sur le site de Woomera.

En parallèle des premiers lancements de Blue Streak à partir de 1964, les deuxième et troisième étages sont testés par les Français, sous la dénomination de fusée Cora.

Cette fusée est capable de mettre en orbite basse des satellites de plus d’une tonne. Après dix lancements, le programme Europa-1 s'arrête, car les Européens se rendent compte que cette fusée n'avait pas de mission d'application[réf. nécessaire]. Les satellites de télécommunication devaient être placés sur une orbite géostationnaire, soit beaucoup plus haut que la première version ne le permettait.

Il est donc décidé de la remplacer par une nouvelle fusée, Europa 2, capable de placer sur orbite de transfert géostationnaire des satellites de 360 kg (masse au lancement).

Deuxième version — Europa 2

La deuxième version de la fusée est financée majoritairement par la France et l'Allemagne[Note 2]. Le Royaume-Uni et l'Italie quittent le projet en 1969.

Cette version est composée d'un quatrième étage dérivé du 3e étage de la fusée Diamant BP4. Avec une capacité de mise en orbite de transfert géostationnaire de 360 kg, il est projeté de lancer deux tirs de test, et d'enchainer par l'envoi de deux satellites (Symphonie A et B).

Malheureusement, son premier et seul lancement, depuis l'ELA-1 à Kourou, en novembre 1971, est un échec. L’enquête démontre qu'une défaillance de fonctionnement de la centrale à inertie liée à de l'électricité statique générée par les frottements des écoulements d'air sur la coiffe était à l'origine de l'échec. Le moteur du premier étage de la fusée s’arrête, entrainant un basculement de l'ensemble, l'explosion du premier étage et la chute de la fusée dans l'océan Atlantique[2].

Le programme s'arrête, bien que l'étage Blue Streak du second tir Europa 2 soit alors en chemin vers Kourou. La fabrication des autres fusées en préparation est arrêtée.

Le projet Europa 3

Une troisième version est élaborée à partir des années 1970. Après plus de trois ans de recherche, le projet est abandonné. Cependant, son premier étage sert de base à celui du lanceur européen Ariane.

Caractéristiques techniques

Source[3]
Version Europa I Europa2
Étages 3 4
Longueur 31,68 m
Diamètre 2,0 m
Masse au lancement 106 t 113 t
Poussée 3962 kN ? 8372 kN ?
Charge utile 1,44 t LEO, 200 kg GTO ? t LEO, 360 kg GTO
1er étage
Désignation Blue Streak
Longueur 18;36 m
Diamètre 2,0 m
Masse à vide 7 t 6,8 t
Masse au lancement 89 t 94 t
Propulsion 2 Rolls-Royce RZ.2 avec une poussée de 1471 kN
Ergols Kérosène et oxygène liquide
Durée de combustion 346 s 352 s
2e étage
Désignation Coralie
Longueur 5,5 m
Diamètre 2 m
Masse à vide 2,1 t 2,1 t
Masse au lancement 11,9 t 12 t
Propulsion 4 x Vexin A avec une poussée totale de 275 kN 4 x Vexin A avec une poussée totale de 262 kN
Ergols UDMH et peroxyde d'azote
Durée de la combustion 96,9 s 103 s
3e étage
Désignation Astris
Longueur 3,82 m
Diamètre 2 m
Masse à vide 600 kg 1,1 t
Masse au lancement 3,4 t 4 t
Propulsion Astris 1 avec une poussée de 22,6 kN Astris 2 avec une poussée de 23,3 kN
Ergols Aérozine 50 et peroxyde d'azote
Durée de la combustion 360 s 375 s
4e étage
Désignation Moteur d'apogée
Longueur 2 m
Diamètre 0,73 m
Masse à vide 120 kg
Masse au lancement 807 kg
Propulsion SEP P0.7 avec une poussée de 41 kN
Propergol Propergol solide Isolane29/9
Durée de la combustion 45 s

Historique des lancements

Historique des lancements[4]
Résultat Vol n° Date de lancement (UTC) Base de lancement Modèle Étage(s) actif(s) Charge(s) utile(s) Remarques
1 Woomera Europa 1 Blue Streak - Succès
2 Woomera Europa 1 Blue Streak - Succès
3 Woomera Europa 1 Blue Streak - Succès
4 Woomera Europa 1 Blue Streak Maquette de l’étage supérieur Succès
5 Woomera Europa 1 Blue Streak Maquette de l’étage supérieur Succès
6 Woomera Europa 1 Blue Streak et Coralie Maquette du troisième étage Échec : L'étage Coralie ne s'est pas allumé.
7 Woomera Europa 1 Blue Streak et Coralie Maquette du troisième étage Échec : L’étage Coralie ne s'est pas allumé.
8 Woomera Europa 1 Blue Streak, Coralie et Astris STV-1 Échec : Astris s'éteint prématurément.
9 Woomera Europa 1 Blue Streak, Coralie et Astris STV-2 Échec : Astris s'éteint prématurément.
10 Woomera Europa 1 Blue Streak, Coralie et Astris STV-3 Échec : La coiffe ne se sépare pas.
11 Kourou Europa 2 Blue Streak, Coralie et Astris et PAS STV-4 Échec : Explosion du 1er étage, à la suite d'une défaillance de la centrale à inertie.

Arrêt du programme

Les pays associés au projet décident l'arrêt du programme en . La principale cause de l'échec de ce programme a été le manque de coordination entre les pays y participant.[réf. nécessaire] Cet arrêt met fin au Centre européen pour la construction de lanceurs d'engins spatiaux.

La réussite de son successeur Ariane

De ce projet naît le lanceur Ariane 1, dont la maîtrise d'œuvre est confiée au CNES français. Ce lanceur est le premier de la famille Ariane, gérée par l'Agence spatiale européenne. Cette famille a permis à l'Europe de devenir le no 1 mondial dans ce domaine, avec plus de 50 % du marché.[Quand ?]

Notes et références

Notes

  1. Essentiellement, comme membre du Commonwealth, pour l'utilisation de la base de lancement de Woomera.
  2. Ce lanceur est actuellement en exposition à l'Euro Space Center, Transinne (Belgique)

Références

  1. « Le lanceur Europa », sur capcomespace.net via Internet Archive (consulté le ).
  2. « Le lanceur Europa », sur capcomespace.net (consulté le )
  3. (en) Norbert Brügge, « Europa LV », sur Spce Laucn Vehicles all of the world (consulté le )
  4. (en) Gunter Dirk Krebs, « Europa », sur Gunter's Space Page (consulté le )

Bibliographie

  • France Durand-de-Jongh, De la fusée Véronique au lanceur Ariane : une histoire d'hommes 1945-1979, Paris, Stock, , 283 p. (ISBN 978-2-234-04659-7 et 2-234-04659-9, OCLC 406213682, BNF 37174307)
  • (en) J. Krige et A. Russo avec des contributions de M. De Maria et L. Sebesta, A History of the European Space Agency, 1958 – 1987 : Vol. 1 - ESRO and ELDO, 1958 - 1973 (Monographie), Noordwijk, ESA Publications Division (no SP1235), , 703 p. (ISBN 92-9092-536-1, lire en ligne)
    Histoire de l'agence spatiale européenne de 1958 à 1973

Voir aussi

Articles connexes