Fin , alors que l'Afrika Korps prépare l'attaque de Bir-Hakeim, le général Kœnig ordonne à toutes les femmes présentes sur place de quitter la position.
Le , Bir-Hakeim subit la première attaque de l'Afrika Korps. Peu après, Susan Travers se joint à un convoi en provenance de l'arrière et Kœnig accepte sa requête de retourner à Bir-Hakeim, car il pressent la victoire alliée. Au cours des deux semaines suivantes, la Luftwaffe effectue plus de 1 400 vols sur des positions alliées alors que quatre divisions germano-italiennes lancent un assaut terrestre. Au cours du bombardement, un obus crève le toit du véhicule du général Kœnig, que sa conductrice, Susan Travers, aidée par un conducteur vietnamien, fait remettre immédiatement en état. Le , Susan Travers conduit le général lors de l'évacuation du camp. La colonne au sein de laquelle se trouve leur véhicule traverse un champ de mines sous le feu des mitrailleuses ennemies. Kœnig ordonne alors à Susan Travers de porter leur véhicule en tête de la colonne :
« Il dit : Nous devons passer en tête. Si nous y arrivons, ils nous suivront. Ce fut alors une sensation fantastique, rouler aussi vite que possible au milieu de la nuit. Mon principal souci était que le moteur tienne le coup. »
— Susan Travers.
À 11 h 30, le , la colonne atteint les lignes britanniques. Sur le véhicule de Travers, on relève onze impacts et les amortisseurs comme les freins étaient hors d'usage.
Toute trace de Susan Travers a ensuite été dissimulée afin d'éviter qu'elle ne nuise à la réputation du général Koenig, devenu maréchal de France[5].
Plus tard au cours de la guerre, Susan Travers est blessée lorsque leur véhicule saute sur une mine.
Après la guerre, sa situation militaire est régularisée et elle est engagée au sein de la Légion étrangère comme adjudant-chef. À date de juillet 2019, elle est la seule femme à avoir reçu un matricule dans les unités de combat de la Légion étrangère[6].
Elle sert ensuite en Indochine[3] et démissionne en 1947.
Vie privée
Elle a eu plusieurs relations amoureuses, dont Tony Drake, un officier britannique aide de camp de de Gaulle, puis Dimitri Amilakvari, enfin à partir de Kœnig[4], qui fut probablement son grand amour mais qui rompit à plusieurs reprises, notamment après Bir Hakeim lorsque leur liaison fut révélée par la propagande nazie[3].
En 1947, elle épouse l'adjudant-chef de la Légion Nicolas Schlegelmilch et le couple s'établit en France ; ils ont deux fils. Après la mort de son mari en 1995, elle reste en France[7].
Postérité
Du vivant de Pierre Kœnig, les traces de leur relation et même de son existence sont dissimulées[8]. Elle-même reste très discrète sur son parcours jusqu'à la mort de son mari. En 2000, à l'âge de 90 ans, elle écrit, avec l'aide de Wendry Holden, son autobiographie Tomorrow to Be Brave: A Memoir of the Only Woman Ever to Serve in the French Foreign Legion[9] ; toutes les personnes qui y sont mentionnées sont alors déjà décédées.
Médaille de l'ordre (syrien) du Mérite de 4e classe
Ordre (finlandais) de la Croix de la Liberté de 4e classe classe pour services sanitaires
Publications
(en) Tomorrow to be brave (autobiographie), New york, Free Press, , 287 p. (ISBN 9780743200011)
édition française : Tant que dure le jour (trad. Hélène Prouteau), Paris, Plon, (réimpr. 2003), 261 p. (ISBN 2-259-19289-0).
Notes et références
↑Matricule "22166" à la Légion Étrangère : "Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim", film de Patrick JEUDY, auteur-réalisateur /// "Miss Travers : femme oubliée ou effacée ?" de "Retour aux sources" Elodie DE SELYS, RTB La Une, vendredi 03-11-2017
↑ abcdef et gBlaise de Chabalier, « Susan Travers, l'aventurière amoureuse » », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 3 / dimanche 4 mars 2018, p. 32.