Michel del Castillo

Michel del Castillo
Michel del Castillo en 2005.
Biographie
Naissance
Décès
(à 91 ans)
Sens
Sépulture
Nom de naissance
Miguel Janicot del Castillo
Nationalités
Formation
Escuelas Profesionales de la Sagrada Familia ()
Faculté des lettres de Paris
Activités
Mère
Autres informations
Membre de
Lieu de détention
Distinctions
Œuvres principales

Michel del Castillo, né le à Madrid et mort le à Sens (Yonne), est un écrivain français, d'origine espagnole.

Biographie

Origines et jeunesse

La future mère de Michel del Castillo, Cándida del Castillo vit à Salamanque au 29 rue Castello[1] ; son mari, Michel Georges Janicot[1], est un ressortissant français employé au Crédit lyonnais de Madrid.

Michel del Castillo naît à Madrid en 1933 sous le nom de « Miguel Janicot del Castillo »[2], peu avant la guerre civile. Face à la montée des dangers en Espagne, son père retourne vivre seul en France quand leur enfant a 2 ans[3]. Il occupe un poste de cadre commercial chez Michelin ; Cándida del Castillo et leur fils ont prévu de le rejoindre mais sont retardés[1]. Lorsque le père revient en Espagne au printemps 1936, il découvre que sa femme a renoué avec un ancien amant, dont elle a eu deux fils par le passé ; les plans de fuite commune en France sont en conséquence annulés[1].

Sa mère, Cándida, très engagée politiquement, est proche du parti républicain de Manuel Azaña. Pourtant elle est emprisonnée par ces mêmes républicains de 1936 à 1937, pour s’être inquiétée du sort de prisonniers politiques. Durant l’emprisonnement de sa mère, le petit Michel lui rend visite, accompagné de sa grand-mère ; elle est ensuite condamnée à mort par les franquistes[3].

Ensemble, la mère et le fils fuient l'avancée franquiste et se réfugient en France chez Michel Janicot (le père), qui les aide un peu financièrement sans pour autant renouer avec son épouse. Alors que Cándida réclame encore de l'argent à son mari, durant la Seconde Guerre mondiale, celui-ci la dénonce aux autorités et la fait interner au camp de Rieucros à Mende avec Michel. Ce camp de réfugiés politiques est l'une des épreuves que l'écrivain décrira notamment dans son roman Tanguy[3]. Il garde une certaine attache pour la ville de Mende, où une école reçoit ultérieurement son nom. Après s'être évadé, l'enfant est livré en otage par sa propre mère aux Allemands et envoyé en Allemagne dans des fermes de travail jusqu'à la fin de la guerre.

Rapatrié en France après la guerre, puis livré à l'Espagne, Michel del Castillo est enfermé, comme « fils de rouge », à l'Asilo Durán de Barcelone[4], une maison de redressement, véritable bagne. Il s’en évade en 1949[3].

Il a ensuite la chance d'être accueilli dans un collège de jésuites, à Úbeda en Andalousie. C'est avec le père jésuite Mariano Prados (Pardo dans Tanguy) qu'il découvre la littérature. Alors que son père biologique ne répond pas à ses lettres désespérées, il part à Sitges (Province de Barcelone) pour devenir ouvrier en 1950. Il est alors âgé de 17 ans.

Carrière littéraire

Influencé par les romanciers Miguel de Unamuno et Fiodor Dostoïevski, Michel del Castillo publie en 1957 son premier roman, Tanguy, qui remporte un succès mondial. Ses romans ultérieurs reçoivent de nombreux prix, dont le Renaudot pour La Nuit du décret (1981) et le prix Femina essai pour Colette, une certaine France (1999). En 1995, il obtient le prix de l'Écrit intime.

Élu membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1997, il succède à l'historien Georges Duby.

Il a produit une série télévisée, La Saga des Français, pour Antenne 2.

En 2008, il publie un récit biographique inattendu consacré au général Franco. Opposant au régime franquiste, fils d'une républicaine espagnole condamnée à mort par les nationalistes, envoyé lui-même au travail forcé en Allemagne à l'âge de 10 ans, ayant subi des sévices à son retour en Espagne dans les maisons de redressement du régime, il rédige le portrait d'un homme qu'il considère comme physiquement courageux, un militaire « chimiquement pur », moins fasciste que conservateur et autoritaire, assez banal, et porte à son crédit, au passage, le décollage économique de l’Espagne. Au lieu de reprendre le cliché habituel du dictateur sanguinaire, inculte, poltron, del Castillo ne manque à aucun moment de se référer aux ouvrages des historiens de Brian Crozier , Antony Beevor, Bartolomé Bennassar, Gerald Brenan, Philippe Nourry et Stanley Payne. Sans chercher obstinément la réhabilitation du Caudillo, sans nier aucun des crimes ou des délits commis par les participants à la guerre civile ou lors de la dictature, il fait tomber les idées reçues, en passant notamment par « le fil de l'épée les biographies fantaisistes » ou celles des intellectuels tels que Paul Preston. Ce dernier historien ne nie en aucun cas les exactions côté républicain qui ont fait, selon lui, plus de victimes que la rébellion franquiste à Madrid et à Barcelone[5],[6],[7],.

Vie privée

En dehors des voyages, Michel del Castillo a une grande passion pour la musique classique. Il est ouvertement homosexuel[9].

Il s'est établi à La Calmette, près de Nîmes dans le Gard[10],[11].

Mort

Michel del Castillo meurt le , à l'âge de 91 ans, à Sens (Yonne)[12],[13],[2] d'une pneumopathie. Ses obsèques se tiennent dans l'après-midi du en la cathédrale de Sens[14], avant l'inhumation le lendemain au cimetière du Père-Lachaise (70e division, chemin Georges Hainl)[14].

Œuvres

Romans et récits

Essais

Théâtre

  • 2002 : Une répétition, pièce consacrée à Jean Sénac
  • 2003 : Le Jour du destin
  • 2005 : La Mémoire de Grenade

Hommages

Une école de Mende (Lozère) porte son nom[15].

Récompenses et distinctions

Récompenses

Décorations

Notes et références

  1. ↑ a b c et d « Michel Janicot del Castillo », sur roglo.eu (consulté le )
  2. ↑ a et b Pompes funèbres générales, « Avis de décès de Miguel Janicot del Castillo à Sens », sur pfg.fr (consulté le )
  3. ↑ a b c et d Yves Namur, « Michel Del Castillo », sur arllfb.be, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (consulté le ).
  4. ↑ Amélie Nuq, « « L’affaire Michel del Castillo », une campagne de protestation contre les maisons de redressement espagnoles (1957-1959) », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière ». Le Temps de l'histoire, no 13,‎ , p. 43–59 (ISSN 1287-2431, DOI 10.4000/rhei.3230, lire en ligne, consulté le )
  5. ↑ « Franco, nouveau héros » [archive du ], sur parismatch.com (consulté le )
  6. ↑ « L'ascension de Francisco Franco - Connaissance - Histoire - Radio Europe1 » [archive du ], sur europe1.fr (consulté le )
  7. ↑ « Espagne : des passionsmal éteintes », sur Le Figaro, (consulté le )
  8. ↑ « Michel del Castillo en recherche d'humanité » Accès limité, sur lemonde.fr/archives, (consulté le )
  9. ↑ « André Durand présente Michel del Castillo (Espagne - France) », sur comptoirlitteraire.com (consulté le ) : « Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout La Nuit du décret, roman étudié dans un dossier à part). »
  10. ↑ Marianne Payot, « Michel Del Castillo » Accès limité, sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  11. ↑ « L'écrivain Michel del Castillo est décédé à l’âge de 91 ans », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  12. ↑ « L’écrivain français Michel del Castillo (auteur de 'Tanguy') est décédé à l’âge de 91 ans », sur RTBF.be, (consulté le )
  13. ↑ a et b Frédéric Maget, président d’honneur de la Société des amis de Colette et directeur de la maison de Colette, « Avis de funérailles de Michel del Castillo, publié sur X (ex Twitter) », sur x.com, (consulté le )
  14. ↑ « L'auteur Michel del Castillo s'est éteint à l'âge de 91 ans », sur slash-culture.com, (consulté le )
  15. ↑ « Prix François-Victor Noury », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  16. ↑ « Grand Prix de Littérature Henri Gal », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  17. ↑ Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Biographe français du XXe siècle (48)
Biographe français du XXIe siècle (35)
Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 70) (17)
Lauréat du prix Chateaubriand (25)
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