Meyre

Cet article est orienté vers l'étude des noms propres (onomastique), en listant les paronymes et homophones, liés à cette même racine[Information douteuse] très ancienne[évasif], dérivant des migrations estivales liées aux activités agricoles et pastorales sur des terres très souvent d'altitudes, peu propices à l'habitation hivernale.

Linguistique

Racines anciennes et antiques

Dans une étude linguistique intitulée « Les grandes familles de mots »[1], l'auteur reprend l'idée d'une racine indo-européenne *MEI-. Entre autres, il écrit que la branche latine a fourni au français la plus grande partie des mots issus de cette racine ou de ses extensions, essentiellement à partir des verbes meare, « aller, passer », d'où perméable, perméabilité, imperméable, imperméabiliser, migrare, « changer de résidence », d'où migration, migrateur, migratoire, émigrer, émigration, émigrant, immigrer, immigration, immigrant, émigré , remunerare, « récompenser », d'où rémunérer et mutare, « changer », d'où muer, mutation, etc. La plupart de ces mots sont des formations savantes et n'entretiennent donc aucun lien avec la formation des hydronymes et des toponymes qui est populaire. En outre, une grande partie des noms de rivières et de lieux remontent à des langues parlées antérieurement dont on ignore tout ou presque et dont certaines ne sont pas indo-européennes.

Aires linguistiques alpines

Alpes maritimes

Dans la publication récente Vocabulaires et toponymie de montagne[2], le rédacteur affirme donner la racine latine assez éloignée mais correspondante de Meyre :

  • migrare qui a donné migrer, migrant, migration, émigrer, etc. et en occitan migrar.
  • il répète ce que plusieurs toponymistes[Lesquels ?] ont déjà écrit que "meire", "meyre", "meira", "maïris", "muande", signifient « logement d'été », du verbe provençal meira signifiant « changer de lieu, déménager ».

Dauphiné

Une étude de 1881 sur les hydronymes affirme « Lorsque la rivière change souvent de lit, on l'appellera tantôt "la Muande", "La Mcyrosse", "Marosse" et "Maraize", venant du roman mairar, en latin migrare ». Le versant italien opposé à l'Ubaye à un hydronyme "Maira" a a été éponyme de la vallée "Vale Maira", dont le nom est affirmé venant de cette racine latine par une étude de 1881 mais pourrait aussi être lié au sens de "l'estive"[3].

Queyras

On dit meirar pour « Changer de lieu » et on dit aussi meiro pour « chalet d'habitation d'été »[4].

Ubaye

Une introduction à cette micro-aire linguistique est directement accessible par un fascicule synthétique publié par la société d'étude et connaissance de la vallée, Sabença, une publication de Felip Martel "L'écrit d'oc dans la vallée de Barcelonnette", 1988. Un développement approfondissement est possible par un dictionnaire très tardif, 1920 [5].

Les Meyres sont ici des maisons d'estive qui furent occupées plusieurs semaines en été, mais peut-être plusieurs mois avant le XVIII siècle. Elles sont nombreuses. Au début du XXe siècle, une publication linguistique érudite sur l'Ubaye, dit[6] :

  • Meyre, Meire, Mèire, Meira, Meyra, Meiras, Meyras... : Maison d'estive en altitude (aout-septembre), dont la finalité est à la fois les récoltes et l'exploitation des aires de pâturage environnant (les fourrages récoltés sont pour moitié descendus en vallée au XX siècle, alors qu'avant, il semble qu'il ne fussent que très peu descendus, la technique du câble qui le permit fut nécessitée par la baisse démographique. Cette présence continue d'altitude se prolongeait en nourrissant le troupeau de la fraiche récolte, et amendant en même temps ses aires, retardant ainsi la consommation du fourrage engrangé, en bas dans la vallée dans la maison d'hiver plus volumineuse. Cette maison d'estive aux vocations multiples comprenait donc souvent trois parties (une véritable écurie ou bergerie, parfois voutée, une grange et un coin modeste d'habitation muni d'un poêle ou cheminée). L'orthographe avec la finale "a", atone, semble tout simplement la transcription délicate de la prononciation du mot Valeilan Meyre qui peut être transcrite par proximité de sa prononciation française "a", par-contre la terminaison "as" porte en Valéian du sens, c'est un augmentatif = Grand chalet d'été.
  • Meiroun, Meirouna, Meirounas .... : La terminaison Valéianne "oun" est assez souvent affective (toponyme au lieu-dit Clot-Meyran, Les Thuiles) et prononciation de 1920 de Meyronnes).
  • Meiràr : Verbe pronominal indiquant l'action de déménager, changer de place. À Serennes, ce mot signifie donc aller aux "Mèiras" [7].

Meyronnes : Ce village est situé à la confluence du principale affluent et sur la route de Larche. Son nom apparaît pour la première fois dans les textes vers 1200 (castri de Meyronnas). En valéian Meirounas [8]. François Arnaud (alpiniste) et notaire, érudit et scientifique rigoureux, n'a pas affirmé le lien avec l'estive. Il a dû longtemps espérer trouver ce lien étymologique convaincant. On peut affirmer que sa transcription identique par graphie ubayenne qu'il livre (Meyronnes "Meirounas"), indique le peu d'ambiguïté qu'il y a entre le toponyme Meyronnes, et la migration estivale dans l'esprit des locaux. L'abbé Albert rapporte que le premier habitat se trouvait au hameau des Gleisolles, les habitants s'installèrent progressivement à Meyrolles (orhographié avec cette terminaison différente)[9]. La carte de Cassini d'environ 1750, l'a orthographié Meironnes.

Toutes ces affirmations linguistiques et ethnologiques du XIXe et XXe siècles sont très concordantes avec les affirmations de la première source citée. Il y a aussi une coïncidence intéressante avec le toponyme cité "Clot-Meyran" (Clot, : signifie localement un plat) qui appartiendrait à des "Meyran". Le lieu est situé sur des chemins de liaison de transhumance, drailles, avec Allos, avec la pente boisée de Méolan, l'abbaye chalaisienne du vallon du Laverq très liée au pastoralisme. L'anthroponyme occitan Meyran pourrait bien être un aptonyme lié aux activités pastorales des transhumances.

Études du lien étymologique Meyre/Migrar

Si pour l'instant aucune publication érudite ne semble vraiment expliquer le lien étymologique existant, un témoignage rapporté sur la page de discussion éclaire peut-être le lien entre ce verbe latin et ce substantif occitan.

Toponymie

Liste des toponymes de racines homophoniques avec leurs paronymes

L'immense diversité des orthographes de cette racine sémantique pourrait être révélatrice de son étymologie antique orientant sur des recherches approfondies prometteuses, passionnantes, avec des "linguistes-archéologues". La liste ci-dessous ne peut être exhaustive. Y sont placés ceux qui peuvent y être liés, les autres sont éliminés.

graphie Meyr-

Villes, villages, hameaux et lieux-dits (Classés par code postaux):

graphie Mier-

graphies Meyer / Myer

  • Colle-Meyère, 04170, Thorame-Basse,
  • Pré-Meyer, 05350, Arvieux,
  • 05400 Furmeyer,
  • "Meyssirat", 05400, Veynes
  • Meyssirelle, 05380, Châteauroux-les-Alpes
  • 26150 Romeyer,
  • Mey, 26190, Saint-Laurent-en-Royans
  • La Meyerie, 26210, Saint-Sorlin-en-Valloire,
  • Blache-Myère, 26220, Teyssières,
  • Blaches de Meyer, 26230, Grignan,
  • Meyer, 26400 Grane,
  • Côte de Meyer, 26600 Larnage,
  • 30840 Meynes
  • Combe Meyer, 38260, La Côte-Saint-André,
  • La-Meye, 64440, Laruns,
  • La-Meyère, 65100, Escoubès-Pouts,
  • Mey-Mount, 65110, Cauterets
  • Mey de la Moutge, 65190, Bégole
  • Meye lanne, 65800, Orleix
  • 69610 Meys,
  • Mey Mourey, 70160, Menoux,
  • Le Ruel Meyer, 76170 Saint-Jean-de-Folleville
  • La Meyère, 83780, Flayosc,

graphie Mei-

graphie Mayr-

Elles sont très nombreuses, mais rarement identifiées comme ayant cette assertion, alors que ces toponymes sont très souvent en campagne et propice aux élevages, ou aussi lieu de villégiature, ou de passage de troupeaux.

graphie May-

graphie Mai

Racine Maira

  • Val Maira est une vallée italienne très proche de l'aire géographique, très ancien territoire de transhumance, bordant l'Ubaye. Dans l'étude du chapitre cité plus haut "Hydronymes du Dauphiné", l'auteur affirme que la racine sémantique n'est pas lié aux "estives" mais aux caprices de la rivière qui "déménage" (change de lit) qui auraient été le phénomène éponyme de la vallée.

Racine Maïr

A 80% ces toponymes sont dans les Alpes maritimes.

Racine Mairi

  • Vallon et ancien hameau de Mairise, 06540, Breil-sur-Roya;
  • Mairise inférieur, supérieur, gorges, 06430 Saint Dalmas de Tende;
  • Mairisette, 06540, Saorge;

Racine Mairo

Racine Maire

...

graphie Mait, Maît ou Maït

Ces toponymes ont aussi souvent une origine lié à la Maie, pétrin, saloir, qui servait aussi à ébouillanter le cochon après l'avoir tué pour faciliter l'enlèvement des poils avant la découpe. Il a aussi des dérivés (paronymes) dans l'aire occitane, où on le nomme parfois Maït ou Mastre il désigne souvent des terrains comportant des affaissements Karstiques (exemple: Mastret, Mastretas, Maït).

  • Les Maits, 03210, Bresnay;
  • Montagne des Maits hautes; Source des Maits 04400 St Pons;
  • Les Maïts, 04850 Jausiers;
  • La Maït, 05160 Réalon;
  • Les Maïts, 05230, Chorges;
  • Place du Mait, 05330 Saint-Chaffrey;
  • Le Mait d'Amunt, 05460, Abriès;
  • Les Maïtz, 05500, La Motte-en-Champsaur (à l'adroit du torrent de la Muande);
  • Jas de la Maït, 05800, La Chapelle-en-Valgaudémar;
  • Bois de la Mait, 05800, Saint-Maurice-en-Valgodemard (à l'ouest du torrent des Muandes, dans le vallon des Muandes);
  • Le Mait, 33340, Saint-Yzans-de-Médoc;
  • La Mait, 45510, Vannes-sur-Cosson;
  • Maitre, 64300, Bonnut;
  • La Maître, 73000, Bassens;
  • La Maitrie, 86230, Mondion;

graphie Muan-

Ces toponymes ont tous la même signification et sont très localisé sur un même département:

graphie Mari

....

Anthroponymie et patronymie

  • Meyre est globalement peu fréquent en France, en 2015, il est porté par 108 foyers, soit un peu moins de trois cents cinquante personnes, installées pour la plupart en Aquitaine[12].
  • Meyran est très présent dans l'aire de l'Occitan[13]. L'étude systématique donne en début 2015, 2 556 individus en PACA sur la quasi totalité qui se trouve en Europe 4 769 individus, soi plus de 50% et plus de 88% sur la moitié sud de la France. Comme dit dans le chapitre linguistique Ubaye (vallée), il semble être une aptonyme comme on dirait Mr Berger.

Notes et références

  1. « Les grandes familles de mots », 2012, 2e édition, par Jean-Claude Rolland, 275 p.
  2. Robert LUFT Club alpin français de Nice – Mercantour, 2006
  3. Abbé Moutier, LES NOMS DE RIVIÈRES EN Dauphiné; ÉTUDE PHILOLOGIQUE, MONTÉMMAR, 1881
  4. Patois des Alpes Cottiennes ; Briançonnais et vallées Vaudoises ; et en particulier du Queyras, J. A Chabrand, Albert de Rochas d'Aiglun, 1837-1914
  5. François Arnaud, Le langage de la vallée de Barcelonnette, Paris, Champion, 1920 - Réédité en 1973, Marseille, Laffitte Reprints
  6. Page 141 François ARNAUD & G. MORIN - "Le langage de la vallée de Barcelonnette"
  7. "Langage de la vallée de Barcelonnette" et aussi "Correctif de la carte d'état-Major", 1906, exemple page 101 il dit Riou das Meiras qu'il traduit chalets d'été. Il ne poursuit d'ailleurs pas, mais la terminaison "as" est un augmentatif= "grands chalets d'été"
  8. Jean-Rémy Fortoul, Ubaye, "La mémoire de mon pays", Barcelonnette, Sabença de la Valeia et Alpes de Lumière, 1995. 247 p., (ISBN 2-906162-28-0 et 978-2-9-06162-28-0)
  9. 1783, "Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun", Abbé Albert, tome I, p. 230-231
  10. F. Arnaud 1906 dans "correctif C. E Major" Chalets d'été
  11. http://www.lagrasse.com/histoire-canton-Lagrasse-Aude.php
  12. http://www.genealogie.com/nom-de-famille/MEYRE.html
  13. http://www.geneanet.org/nom-de-famille/meyran

Article publié sur Wikimonde Plus

  • icône décorative Portail de la linguistique