Claudette Colvin

Claudette Colvin
Claudette Colvin en 1953.
Fonction
Nursing assistant ()
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Biographie
Naissance
Nom de naissance
Claudette Colvin
Nationalité
Domicile
Formation
Booker T. Washington High School de Montgomery
Activité
Militante de la NAACP, aide-soignante
Période d'activité
1955-1958 (militante),
1969-2004 (aide-soignante)
Autres informations
Membre de

Claudette Colvin, née le à Montgomery dans l'État de l'Alabama, est une Afro-Américaine qui, à l'âge de 15 ans, est devenue célèbre pour avoir refusé, le , de laisser son siège à une Blanche dans un autobus, cela en violation des lois Jim Crow des États du Sud qui imposaient la ségrégation raciale dans les transports publics devenant ainsi la première femme afro-américaine à accomplir cet acte.

Son rôle pour l'avancée des droits civiques, après avoir été éclipsé par celui de Rosa Parks, est redécouvert, réévalué et valorisé depuis le début du XXIe siècle.

Biographie

Jeunesse et formation

Claudette Colvin est la fille de Mary Jane Gadson et de C. P. Austin. Née sous le nom de Claudette Austin, elle ne le portera pas car sa mère est dans l'incapacité financière de faire face à son éducation depuis que C. P. Austin a abandonné la famille. Elle est donc adoptée et élevée tout comme sa jeune sœur Delphine, par sa tante Mary Anne Colvin, une femme de ménage, et par son oncle Q. P. Colvin, un jardinier, dont la fille Velma Colvin, avait déjà déménagé[1]. Elle prendra le patronyme de ces parents adoptifs qui deviendront finalement ses véritables parents[2]. Elle grandit dans un quartier pauvre de la banlieue de Montgomery en Alabama[3],[4]. En effet, lorsqu'ils ont recueilli Claudette, les Colvin vivaient à Pine Level, une petite ville de campagne dans le comté de Montgomery, la même ville où Rosa Parks a grandi[1],[5]. Plus tard, lorsqu'elle était âgée de huit ans les Colvin ont déménagé à King Hill, un quartier noir pauvre de Montgomery où elle a passé le reste de son enfance[6],[7].

Deux jours avant le treizième anniversaire de Claudette, sa petite sœur Delphine est décédée de la poliomyélite[8],[1]. Peu de temps après, en septembre 1952, elle suit ses études secondaires à la Booker T. Washington Magnet High School [9],[1]. Bien qu'elle soit une bonne élève, la jeune fille avait du mal à se lier avec ses camarades à l'école en raison de son chagrin[1]. Elle était également membre du NAACP Youth Council mais avait appris précédemment les fondements du mouvement des droits civiques à l'école[10]. C'est au NAACP qu'elle a noué une relation étroite avec son mentor, Rosa Parks[11].

Événement

En 1955, Claudette Colvin est élève à l'école secondaire Booker T. Washington High School de Montgomery, un établissement ségrégué où elle étudie Sojourner Truth et Harriet Tubman. Sa famille ne possédant pas d'automobile, elle a recours au bus pour se rendre à l'école. La majorité des usagers du système de bus étaient probablement afro-américains, mais ils étaient discriminés par la ségrégation des sièges. Si le bus devenait si bondé que tous les « sièges blancs » à l'avant du bus étaient occupés jusqu'à ce que des Blancs soient debout, tous les Afro-Américains étaient censés se lever des sièges voisins pour faire de la place aux Blancs, se déplacer plus loin vers l'arrière et se tenir dans l'allée centrale s'il n'y avait pas de sièges libres dans cette section.

Le , elle monte avec trois autres élèves afro-américaines dans le bus au retour de l'école, au même arrêt que Rosa Parks empruntera quelques mois plus tard. Elle est alors assise à deux rangs de la sortie de secours quand des Blancs montent. Le chauffeur, Robert W. Cleere, lui demande ainsi qu'à trois autres femmes noires de sa rangée de se déplacer vers l'arrière. Les trois autres ont bougé, mais une autre femme noire, Ruth Hamilton, qui était enceinte, est montée et s'est assise à côté de Colvin. Lorsqu'une jeune femme blanche montée dans le bus est restée debout à l'avant Claudette Colvin à refusé de céder sa place à cette femme.

Le conducteur a regardé les femmes dans son rétroviseur. « Il nous a demandé à toutes les deux de nous lever [Miss Hamilton] a dit qu'elle n'allait pas se lever, qu'elle avait payé son billet et qu'elle n'avait pas envie de rester debout »[12], se souvient Colvin. « Je lui ai dit que je n'allais pas me lever non plus. Il m'a dit : "Si vous ne vous levez pas, je vais aller chercher un policier" »[13].

Le chauffeur du bus s'arrête, fait appel à la police. Des policiers, Thomas J. Ward et Paul Headley[14], montent dans le bus, questionnent Claudette sur ses raisons et son entêtement. La police a convaincu un homme noir assis derrière les deux femmes de se déplacer pour que Ruth Hamilton puisse reculer, mais Claudette refusait toujours de bouger. Les deux policiers lui réitèrent l’ordre de quitter sa place. Les négociations n'aboutissant pas, Claudette Colvin est expulsée manu militari du bus par deux policiers qui la mettent en état d'arrestation et la menottent[15],[16]. Lorsque Colvin a refusé de se lever, elle pensait à un devoir scolaire qu'elle avait écrit ce jour-là sur les coutumes locales qui interdisaient aux Noirs d'utiliser les cabines d'essayage afin d'essayer des vêtements dans les grands magasins[17].

Elle proteste et crie en déclarant que ses droits constitutionnels avaient été violés[14] « Nous venons d'étudier la Constitution [...] je sais que j'ai le droit ». Elle est mise en prison et accusée, en plus, d'avoir proféré des insultes, ce qu'elle niera[4],[18],[19],[20],[21],[22].

Son arrestation précède de neuf mois celle de la militante des droits civiques et secrétaire de la NAACP Rosa Parks, qui eut lieu le pour le même délit[23]. Colvin a déclaré plus tard : « ma mère m'a dit de me taire sur ce que j'ai fait. Elle m'a dit de laisser Rosa s'imposer sur le devant de la scène : "les Blancs ne vont pas embêter Rosa, ils l'aiment bien" »[24],[25]. Colvin n'a pas reçu la même attention que Parks pour un certain nombre de raisons : elle n'avait pas de « beaux cheveux », elle n'avait pas la peau claire, elle était adolescente et elle était enceinte. Les dirigeants du Mouvement pour les droits civiques ont essayé de sauver les apparences et de faire en sorte que les manifestants « les plus séduisants » soient les plus vus[4],[26].

De fait, Parks fut l'une des plaignantes devant la juridiction locale qui prononça la décision de justice Browder v. Gayle, mettant fin à la ségrégation raciale dans les bus d'Alabama[1],[4],[14],[20].

D'après ses dires, la décision de Claudette Colvin fut motivée par l'étude, en classe, de la Constitution et des droits qui en découlent ainsi que des biographies de femmes afro-américaines comme Harriet Tubman ou Sojourner Truth, pionnières de la cause des droits civiques[4],[27],[1].

Dans une interview ultérieure, elle a déclaré : « nous ne pouvions pas essayer de vêtements. Nous devions prendre un sac en papier brun et dessiner un schéma de notre pied... et l'apporter au magasin »[28]. Se référant à la ségrégation dans le bus et à la femme blanche, elle déclare : « elle ne pouvait pas s'asseoir dans la même rangée que nous parce que cela aurait signifié que nous étions aussi bien qu'elle »[29],[23]. Colvin se souvient : « c'est l'Histoire qui m'a maintenue collée à mon siège. Je sentais la main de Harriet Tubman qui me poussait vers le bas sur une épaule et celle de Sojourner Truth qui me poussait sur l'autre »[30],[31].

Les policiers qui l'ont emmenée au poste ont fait des commentaires sexuels sur son corps et ont deviné à tour de rôle la taille de son soutien-gorge tout au long du trajet[1].

Procès

Claudette Colvin est déférée le devant le tribunal pour enfants. Annie Larkins Price, une de ses camarades de classe, témoigne en faveur de Colvin devant le tribunal pour enfants, où Colvin est condamnée pour violation des lois sur la ségrégation et agression. « Il n'y a eu aucune agression »[32] dit Price. Elle raconte que « Le bus devenait bondé et je me souviens de lui [le chauffeur de bus] regardant dans son rétroviseur lui demandant de se lever de son siège, ce qu'elle ne fit pas. Elle n'a rien dit. Elle a juste continué à regarder par la fenêtre. ». Et continue : « Elle avait crié : "C'est mon droit constitutionnel !". Elle a décidé ce jour-là qu'elle ne bougerait pas. »[33],[34],[1],[4],[14].

Elle a également déclaré dans le livre de 2009 Claudette Colvin : Twice Towards Justice de Phillip Hoose, qu'un des officiers de police s'était assis sur le siège arrière avec elle. Cela lui faisait très peur qu'ils l'agressent sexuellement, car cela se produisait fréquemment. Un groupe de leaders noirs des droits civiques, dont Martin Luther King, Jr., a été organisé pour discuter de l'arrestation de Colvin avec le commissaire de police[35].

Tout au long du procès, Colvin était représentée par Fred Gray , un avocat de la Montgomery Improvement Association (MIA), qui organisait des actions en faveur des droits civiques. Elle a été condamnée pour les trois chefs d'accusation par le tribunal pour mineurs. Lorsque l'affaire de Colvin fait l'objet d'un appel devant la cour de circuit de Montgomery le 6 mai 1955, les accusations de trouble à l'ordre public et de violation des lois sur la ségrégation sont abandonnées, mais sa condamnation pour agression d'un officier de police est maintenue[36].

Elle a été libérée sous caution par son pasteur, qui lui a dit qu'elle avait apporté la révolution à Montgomery[4].

Réaction de la communauté afro-américaine

Le moment d'activisme de Claudette n'était pas solitaire ou aléatoire. Au lycée, elle nourrissait de grandes ambitions d'activité politique. Elle rêvait de devenir Présidente des États-Unis. Son penchant politique est alimenté en partie par un incident avec son camarade de classe, Jeremiah Reeves ; son cas est la première fois qu'elle est témoin du travail de la NAACP[37]. Reeves est trouvé en train d'avoir des relations sexuelles avec une femme blanche qui prétend avoir été violée, bien que Reeves affirme que leurs relations étaient consensuelles. Il a été exécuté pour ses crimes présumés[38].

À cette époque, Claudette Colvin était membre du Conseil de jeunesse de la NAACP, où Rosa Parks tenait la fonction de conseillère. E.D. Nixon, le leader d'alors de la section locale du NAACP à Montgomery, attendait un tel cas pour remettre en question la ségrégation dans les bus et il promet d'aider Claudette Colvin après que son père eut payé la caution. Le père de Colvin tondait les gazons et sa mère était serveuse. C'étaient des gens pieux qui vivaient à King Hill, le quartier pauvre de Montgomery. De nombreux responsables noirs, dont Rosa Parks, collectèrent de l'argent pour payer la défense de Claudette Colvin. Les leaders noirs locaux pensèrent alors que son cas était parfait pour parcourir tout le chemin jusqu'à la Cour suprême américaine, dans le cadre de la lutte contre les lois ségrégationnistes des États du Sud. Mais peu après son arrestation, des questions se posent quant à la fiabilité de Claudette Colvin. Elle est émotionnellement instable, elle porte des tresses africaines (cornrows) et refuse de lisser ses cheveux comme le fait la majorité des femmes afro-américaines et enfin elle tombe enceinte des suites d'une relation non consentie, d'après ses dires. Les leaders noirs locaux présumèrent que cette grossesse ne scandaliserait pas seulement la très religieuse communauté afro-américaine, mais qu'elle rendrait Claudette Colvin également suspecte aux yeux des sympathisants blancs. En particulier, ils redoutèrent que la presse blanche n'utilise la grossesse illégitime de Colvin pour saper son statut de victime et discréditer ainsi tout boycott consécutif des bus, aussi se sont-ils décidés à lâcher Claudette Colvin[39],[40],[14],[4].

Colvin a déclaré qu'elle était considérée comme un fauteur de troubles par de nombreux membres de sa communauté. Elle s'est retirée de l'Université, et a lutté localement[41].

Son action ayant été éclipsée par celle de Rosa Parks, son geste a été redécouvert au début du XXIe siècle valorisé et jugé décisif. Ainsi, Fred Gray son avocat déclare le dans une interview donnée au magazine Newsweek : « Claudette nous a donné à tous un courage moral. Si elle n'avait pas fait ce qu'elle a fait, je ne suis pas certain que nous aurions pu mener à bien le soutien à Mme Parks »[42],[43],[20].

Appel

Le , Claudette Colvin est jugée en appel devant la Cour fédérale de Montgomery. Les charges de troubles à l'ordre public et de violation de lois discriminatoires étant abandonnées par l'accusation, elle n'est jugée et condamnée que le seul motif qu'elle aurait agressé un officier de police[44]. L'abandon des charges de ne pas avoir respecté la discrimination dans le bus prive les défenseurs des droits civiques d'éventuelles poursuites pour ce motif devant la Cour suprême[réf. nécessaire].

Vie privée

En 1956, Claudette Colvin donne naissance à son fils Raymond alors qu'elle a 17 ans, et est renvoyée de l'école[45],[46]. Raymond était si pâle de peau que des gens accusèrent Claudette Colvin d'avoir eu cet enfant avec un Blanc[47]. Il meurt d'une overdose en 1993 à l'âge de 37 ans dans l'appartement de Claudette Colvin[48].

Elle quitte l'Alabama pour New-York en 1958 parce qu'elle avait du mal à trouver et à garder un emploi à Montgomery après avoir participé à l'affaire du tribunal fédéral qui a annulé la ségrégation des bus. Parallèlement, Rosa Parks a elle aussi quitté Montgomery, pour Détroit en 1957[49]. À New York elle et son fils Raymond ont d'abord vécu avec sa sœur aînée, Velma Colvin. Dans la ville qui ne dort jamais, Claudette débutera en 1969 son travail de nuit, d'aide-soignante au sein d'une maison de retraite dans le quartier de Manhattan[18]. Elle prend sa retraite en 2004 après 35 ans de service[50].

Claudette Colvin a eu deux fils et cinq petits-enfants, parmi lesquels un médecin, une infirmière, une femme d'affaires et un militaire[51]. En 1960, elle a donné naissance à son deuxième fils, Randy[52]. Ce dernier est comptable à Atlanta et est le père de quatre des petits-enfants de Claudette Colvin[52].

De sa vie et ses rêves de devenir avocate, elle dit « Oui, je suis déçue (...) Au moins, mes petits-enfants ne devront pas souffrir ce que j'ai souffert. »[réf. nécessaire]

Selon le Montgomery Advertiser, Claudette Colvin dit qu'elle ne regrette pas sa décision de ne pas s'être levée. « Je suis fière de ce que j'ai fait. Je pense que ce que j'ai fait a été une étincelle et que cela a pris. »[réf. nécessaire]

Héritage

Le refus de Colvin a précédé le mouvement de boycott des bus de Montgomery de 1955 qui a eu un retentissement national. Claudette Colvin n’a cependant que rarement raconté son histoire après avoir déménagé à New-York. Les débats au sein de la communauté noire ont commencé à porter sur l'entreprise noire plutôt que sur l'intégration, bien que la législation nationale sur les droits civiques ne soit adoptée qu'après 1965. Margot Adler, journaliste à la NPR, a déclaré que les organisations noires pensaient que Rosa Parks serait une meilleure représentante de l’intégration car elle était déjà adulte, avait un travail et donnait l’image de la classe moyenne. Elles estimaient qu'elle avait la maturité nécessaire pour se trouver au centre d'une éventuelle polémique[4].

Claudette Colvin n'est pas la seule femme du Mouvement des droits civiques à avoir été exclue des livres d'histoire. Dans le Sud, les ministres masculins constituaient l'écrasante majorité des dirigeants. C’était en partie dû à l’image que la NAACP essayait de donner, mais aussi à la crainte des femmes de perdre leurs emplois (souvent dans le système scolaire public).

En 2005, Claudette Colvin a déclaré au Montgomery Advertiser qu'elle ne regrettait pas sa décision de rester assise dans le bus : « Je me sens très, très fière de ce que j'ai fait », a-t-elle déclaré. « J'ai l'impression que ce que j'ai fait a été une étincelle et cela a pris de l'ampleur »[54],[55]. Elle poursuivra : « Je ne suis pas déçue. Dites aux gens que Rosa Parks était la bonne personne pour le boycott. Mais dites aussi que les avocats ont amené quatre autres femmes devant la Cour suprême pour contester la loi, ce qui a conduit à la fin de la ségrégation »[56],[57].

Le , le membre du Congrès Joe Crowley a rendu hommage à Claudette Colvin pour son long engagement dans le service public, avec un certificat du Congrès et un drapeau américain[58].

Reconnaissance et postérité

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San Francisco Public Library
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Claudette Colvin à la bibliothèque publique de San Francisco (janvier 2005).

Claudette a souvent dit qu'elle n'était pas en colère de ne pas avoir été plus reconnue, mais plutôt déçue. Elle a dit qu'elle avait l'impression de « recevoir [son] Noël en janvier plutôt que le 25 »[59],[60].

« I don’t think there’s room for many more icons. I think that history only has room enough for certain—you know, how many icons can you choose? So, you know, I think you compare history, like—most historians say Columbus discovered America, and it was already populated. But they don’t say that Columbus discovered America; they should say, for the European people, that is, you know, their discovery of the new world.

Je ne pense pas qu'il y ait de la place pour beaucoup d'autres icônes. Je pense que l'histoire n'a de la place que pour certaines - vous savez, combien d'icônes pouvez-vous choisir ? Vous savez, je pense que vous comparez l'histoire, comme - la plupart des historiens disent que Colomb a découvert l'Amérique, et qu'elle était déjà peuplée. Mais ils ne le disent pas correctement ; ils devraient dire que, pour les Européens, c'est, vous savez, leur découverte du nouveau monde. »

— Claudette Colvin

Colvin et sa famille se sont battus pour la reconnaissance de son action. En 2016, la Smithsonian Institution et le Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines (NMAAHC) ont été interpellés par Claudette et sa famille, qui ont demandé qu'elle soit davantage mentionnée dans l'histoire du mouvement des droits civiques. Le NMAAHC a une section consacrée à Rosa Parks, que Claudette ne veut pas voir disparaître, mais l'objectif de sa famille est de faire en sorte que les archives historiques soient correctes et que les responsables incluent aussi l'histoire de Colvin. Cette dernière n'a pas été invitée officiellement pour l'inauguration officielle du musée, qui a ouvert au public en septembre 2016[61].

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"FanSmiles" on YouTube
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Claudette Colvin s'exprimant à la Bethany Baptist Church, au cours du Mois de l'histoire des femmes (2014).

« Tout ce que nous voulons, c'est la vérité, pourquoi l'histoire ne parvient-elle pas à la rétablir ? »[62]. La sœur de Colvin, Gloria Laster, a déclaré : « S'il n'y avait pas eu Claudette Colvin, Aurelia Browder, Susie McDonald et Mary Louise Smith, il n'y aurait peut-être pas eu de Thurgood Marshall, de Martin Luther King ou de Rosa Parks »[63].

En 2000, l'université de Troy a ouvert un musée Rosa Parks à Montgomery pour honorer la place de la ville dans l'histoire des droits civiques. Roy White, qui était chargé de la majeure partie du projet, a demandé à Colvin si elle souhaitait apparaître dans une vidéo pour raconter son histoire, mais Colvin a refusé. Elle a déclaré : « Ils l'ont déjà appelé le musée Rosa Parks, donc ils se sont déjà fait une idée de l'histoire »[64],[65].

Le rôle de Colvin n'est pas passé complètement inaperçu. La sœur du conseiller Larkin était dans le bus le lorsque Claudette a été arrêté. Dans les années 2010, Larkin a fait en sorte qu'une rue soit nommée en l'honneur de Colvin[66].

En 2019, une statue de Rosa Parks a été dévoilée à Montgomery, en Alabama, et quatre marqueurs en granit ont également été dévoilés près de la statue le même jour pour honorer quatre plaignants dans l'affaire Browder contre Gayle, y compris Claudette[67],[68],[69].

Plus tard, le révérend Joseph Rembert a déclaré : « Si personne n'a rien fait pour Claudette Colvin dans le passé, pourquoi ne faisons-nous pas quelque chose pour elle maintenant ? »[70]. Il a contacté les conseillers municipaux de Montgomery, Charles Jinright et Tracy Larkin, et en 2017, le Conseil a adopté une résolution pour une proclamation honorant Colvin. Le maire de Montgomery Todd Strange (politician) déclare que le de chaque année sera le Claudette Colvin Day, une journée consacré à la mémoire de Claudette Colvin. De plus la rue où elle vécut après sa libération a été rebaptisée à son nom[51],[71]. Il a présenté la proclamation et, en parlant de Colvin, a déclaré : « Elle a été un soldat précoce dans nos droits civils, et nous ne voulions pas que cette occasion passe sans déclarer le 2 mars comme la Journée Claudette Colvin pour la remercier de son leadership dans le mouvement des droits civils des temps modernes »[72]. Rembert a déclaré : « Je sais que les gens ont déjà entendu son nom, mais j'ai pensé que nous devions avoir une journée pour la célébrer »[73]. Claudette Colvin n'a malheureusement pas pu assister à la proclamation en raison de problèmes de santé[66].

Placée en probation indéfinie depuis son jugement, Claudette Colvin ouvre une procédure en octobre 2021 pour que cet enregistrement soit effacé. Un juge a accédé à cette demande en décembre 2021, déclarant que le refus de Colvin avait été « reconnu comme un acte courageux de sa part et de la part d'une communauté de personnes concernées »[74]. Son casier judiciaire est enfin expurgé, 66 ans après les faits[75],[76],[77].

Dans la culture

Première de couverture du livre Twice Towards Justice de Phillip Hoose.
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Première de couverture du livre de Phillip Hoose Twice Towards Justice (2009).

En 2017, Rita Dove, Poète lauréat des États-Unis de 1993 à 1995, lui consacre un poème Claudette Colvin Goes to Work publié en 1999 dans son livre On the Bus with Rosa Parks. Plus tard, le chanteur folk John McCutcheon a transformé ce poème en une chanson, qui a été interprétée pour la première fois en public au Paramount Theater (Charlottesville, Virginia), en 2006[79],.

Le livre pour jeunes adultes Claudette Colvin : Twice Toward Justice, de Phillip Hoose , a été publié en 2009 et a remporté le National Book Award for Young People's Literature[81].

Une reconstitution de la résistance de Colvin est représentée dans un épisode de 2014 de la série télévisée comique Drunk History traitant de Montgomery. Elle est interprétée par Mariah Iman Wilson.

Dans la deuxième saison de la série dramatique The Newsroom, le personnage principal, Will McAvoy (joué par Jeff Daniels), utilise le refus de Colvin de se conformer à la ségrégation comme un exemple de la façon dont « une chose peut tout changer ». Il fait remarquer que si l'ACLU avait utilisé son acte de désobéissance civile, plutôt que celui de Rosa Parks huit mois plus tard, pour souligner l'injustice de la ségrégation, un jeune prédicateur du nom de Martin Luther King Jr. n'aurait peut-être jamais attiré l'attention nationale, et l'Amérique n'aurait probablement pas eu sa voix pour le mouvement des droits civiques.

Les héros méconnus : Claudette Colvin, un livre d'images pour enfants par Kaushay et Spencer Ford, a été publié en 2021[82].

En 2022 est annoncé un film biographique sur Colvin intitulé Spark, écrit par Niceole R. Levy et réalisé par Anthony Mackie[83].

Essai et film

Roman graphique

  • Noire, La vie méconnue de Claudette Colvin, Dargaud, 2021
    Scénario : Émilie Plateau d'après Tania de Montaigne - Dessin et couleurs : Émilie Plateau - (ISBN 978-2-20-507925-8).

Docu-spectacles

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i (en) Samantha Gordon, Sarah Lawrence College, « Power Dynamics of a Segregated City: Class, Gender, and Claudette Colvin’s Struggle for Equality », Women's History Theses,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  2. (en-US) Phillip Hoose, Claudette Colvin : Phillip Hoose, New York, Farrar, Straus and Giroux (réimpr. 2014) (1re éd. 2009), 154 p. (ISBN 9780374302368, lire en ligne), p. 11.
  3. (en-US) Hannah Foster, « Claudette Colvin », sur BlackPast, .
  4. a b c d e f g h et i (en-US) Rebecca Woodham, « Claudette Colvin », sur Encyclopedia of Alabama, .
  5. (en) Douglas Brinkley, Rosa Parks, New-York, Lipper / Viking, (ISBN 978-0-670-89160-3, lire en ligne), « Chapter 1 (excerpt): 'Up From Pine Level' »
    extrait publié dans le New York Times
    .
  6. (en) Elissa Blattman, « Support - National Women's History Museum - NWHM : #ThrowbackThursday: The girl who acted before Rosa Parks » [archive] Accès libre, sur web.archive.org, (consulté le ).
  7. Phillip Hoose, op. cit. (lire en ligne), p. 15.
  8. (en-US) Phillip Hoose, op. cit. (lire en ligne), p. 18 - 19.
  9. (en) « Claudette Colvin: an unsung hero in the Montgomery Bus Boycott » [archive] Accès libre, sur web.archive.org, Jet (magazine). FindArticles, (consulté le ).
  10. (en) Margot Adler, « Before Rosa Parks, There Was Claudette » Accès libre, sur npr.org, NPR, (consulté le ).
  11. (en) David J. Garrow, « The Origins of the Montgomery Bus Boycott » Accès libre [PDF] (Pdf), sur davidgarrow.com, (consulté le ).
  12. Citation d'origine : « he asked us both to get up. [Mrs. Hamilton] said she was not going to get up and that she had paid her fare and that she didn't feel like standing ».
  13. Citation d'origine : « so I told him I was not going to get up either. So he said, "if you are not going to get up, I will get a policeman" ».
  14. a b c d et e (en-US) Eliza Gray, « A Forgotten Contribution: Before Rosa Parks, 15-year-old Claudette Colvin refused to give up her seat on the bus », Le 2 mars 1955, neuf mois avant le célèbre refus de Parks de céder son siège dans un bus à Montgomery, en Alabama, une écolière maigre de 15 ans a été tirée par les deux poignets et traînée hors d'un bus similaire. Accès libre, sur newsweek.com, (consulté le ).
  15. (en-US) Donnie Williams & Wayne Greenhaw, The Thunder of Angels : The Montgomery Bus Boycott and the People Who Broke the Back of Jim Crow, Chicago, Illinois, Lawrence Hill Books (réimpr. 2007) (1re éd. 2005), 298 p. (ISBN 9781556526763, lire en ligne), p. 49.
  16. (en) Gary Younge, « She would not be moved », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  17. (en-US) Douglas Brinkley, Rosa Parks, New-York, Viking, , 262 p. (ISBN 9780670891603, lire en ligne Accès libre).
  18. a et b (en-US) « Claudette Colvin », sur Biography (consulté le ).
  19. (en-US) Elissa Blattman, « The Girl Who Acted Before Rosa Parks. », sur National Women's History Museum, .
  20. a b et c (en-US) Paul Hendrickson, « The Ladies Before Rosa: Let Us Now Praise Unfamous Women », Rhetoric and Public Affairs, Vol. 8, No. 2,‎ , p. 287-298 (12 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire).
  21. (en-GB) Gary Younge, « She would not be moved », The Guardian,‎ (lire en ligne Accès limité).
  22. (en-GB) Taylor-Dior Rumble, « Claudette Colvin: The 15-year-old who came before Rosa Parks », sur BBC, News, .
  23. a et b (en-US) Brooks Barnes, « From Footnote to Fame in Civil Rights History », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  24. Citation d'origine : « my mother told me to be quiet about what I did. She told me to let Rosa be the one: "white people aren't going to bother Rosa, they like her" ».
  25. (en) Phillip Hoose, Claudette Colvin: Twice Toward Justice, Farrar, Straus and Giroux (BYR) / Melanie Kroupa Books, (ISBN 978-1-4299-4821-0, lire en ligne), p.?.
  26. (en) Roberta Seelinger Trites, Intersectionalities and Multiplicities: Race and Materiality in Literature for the Young : Twenty-First-Century Feminisms in Children's and Adolescent Literature, Jackson, Mississippi: University Press of Mississippi, (ISBN 978-1-4968-1384-8), p.31 - 58.
  27. (en-US) « Before Rosa Parks, There Was Claudette Colvin », sur NPR.org (consulté le ).
  28. Citation d'origine : « we couldn't try on clothes. You had to take a brown paper bag and draw a diagram of your foot... and take it to the store ».
  29. Citation d'origine : « she couldn't sit in the same row as us because that would mean we were as good as her ».
  30. Citation d'origine : « History kept me stuck to my seat. I felt the hand of Harriet Tubman pushing down on one shoulder and Sojourner Truth pushing down on the other ».
  31. (en) Phillip Hoose, « Claudette Colvin: First to keep her seat », sur Philadelphia Tribune (consulté le ).
  32. Citation d'origine : "There was no assault".
  33. Citation d'origine : "The bus was getting crowded, and I remember the bus driver looking through the rearview mirror asking her [Colvin] to get up for the white woman, which she didn't, " / "She had been yelling, 'It's my constitutional right!'. She decided on that day that she wasn't going to move.".
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Pour approfondir

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Anglophone

Notices dans des encyclopédies et manuels de références
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