Bulbocapnine

Bulbocapnine
Image illustrative de l’article Bulbocapnine
Identification
No CAS 298-45-3
No ECHA 100.005.511

La bulbocapnine est un alcaloïde retrouvé dans des plantes des genres Corydalis (notamment l'espèce européenne Corydalis cava) et Dicentra, appartenant à la famille des Fumariaceae. Certaines espèces, comme l'américaine Corydalis caseana, sont connues pour avoir provoqué des empoisonnements mortels chez les ovins et les bovins[1]. Il a été démontré qu'il agit comme un inhibiteur de l'acétylcholinestérase[2] et qu'il inhibe la biosynthèse de la dopamine via l'inhibition de l'enzyme tyrosine hydroxylase[3],[4]. Comme l'apomorphine, il s'agirait d'un inhibiteur de la formation de fibres de protéine bêta-amyloïde (Aβ), dont la présence est une caractéristique de la maladie d'Alzheimer. La bulbocapnine est donc un potentiel thérapeutique dans le cadre de l'hypothèse amyloïde[5]. Selon le dictionnaire médical Dorlands, il « inhibe les activités réflexes et motrices du muscle strié. Il a été utilisé dans le traitement des tremblements musculaires et du nystagmus vestibulaire »[6].

Les effets de La bulbocapnine ont été étudiés chez l'animal à partir de 1928, puis chez l'homme dès 1930, par le chercheur néerlandais Hermann de Jong et le psychiatre français Henri Baruk [7]: la ressemblance des tableaux comportementaux chez les animaux obtenus avec ceux de la catatonie humaine (qu'on peut observer dans la schizophrénie, mais pas seulement) frappa les deux auteurs : catalepsie, négativisme, hyperkinésies, troubles végétatifs, signes généraux (sommeil, crises épileptiformes), modification du comportement social (tendance à l'isolement). Baruk en avait tiré argument en faveur d'une hypothèse toxique de la schizophrénie.

Robert Heath, un psychiatre de l'Université de Tulane, a réalisé des expériences sur des prisonniers du pénitencier d'État de Louisiane en utilisant la bulbocapnine pour provoquer un état de stupeur[8]. Les recherches menées à Tulane ont inspiré et se sont déroulées parallèlement à des expériences sollicitées par la Central Intelligence Agency (CIA). Les études de Heath sur la bulbocapnine, réalisées pour le compte du gouvernement, faisaient partie d'une enquête plus large visant à explorer le potentiel des composés psychoactifs comme aides aux interrogatoires[9].

Effets

Il peut induire une catalepsie caractérisée par le curieux symptôme de flexibilité cireuse[10] et l'état produit par le médicament a été comparé au mutisme akinétique[11],[12].

Dans la culture populaire

Dans la littérature

  • L'auteur William S. Burroughs fait référence à cette drogue dans son livre Le Festin nu (1959), dans lequel le Dr Benway, personnage fictif, l'utilise pour inciter les victimes de torture à l'obéissance.

À la télévision

  • L'utilisation du médicament pour traiter le beau-père et prédécesseur du maire Kane est un élément de l'intrigue de la saison 2 de la série télévisée Boss, par exemple dans les épisodes s2.e8 (« Conséquences » ; 5 octobre 2012) et s2.e9 (« Église » ; 12 octobre 2012).

Voir aussi

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bulbocapnine » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) CRC World Dictionary of Medicinal and Poisonous Plants: Common Names ... p.1142.
  2. « Acetylcholinesterase and butyrylcholinesterase inhibitory compounds from Corydalis cava Schweigg. & Kort », Journal of Ethnopharmacology, vol. 113, no 1,‎ , p. 179–182 (PMID 17574358, DOI 10.1016/j.jep.2007.05.006)
  3. « Inhibition of tyrosine hydroxylase by bulbocapnine », Planta Medica, vol. 63, no 4,‎ , p. 362–363 (PMID 9270381, DOI 10.1055/s-2006-957702, S2CID 29474171)
  4. « Inhibitory effects of bulbocapnine on dopamine biosynthesis in PC12 cells », Neuroscience Letters, vol. 244, no 3,‎ , p. 161–164 (PMID 9593514, DOI 10.1016/s0304-3940(98)00148-7, S2CID 2415472)
  5. « New class of inhibitors of amyloid-beta fibril formation. Implications for the mechanism of pathogenesis in Alzheimer's disease », The Journal of Biological Chemistry, vol. 277, no 45,‎ , p. 42881–42890 (PMID 12167652, DOI 10.1074/jbc.M206593200)
  6. « Dorlands Medical Dictionary at Merck » [archive du ] (consulté le )
  7. De Jong et Baruk, « La catatonie expérimentale par la bulbocapnine et le syndrome catatonique chez l'homme », L'Encéphale, vol. 25, no 2,‎ , p. 97-115
  8. The Mind Manipulators: A non-fiction Account, New York, Paddington Press, , 314–315 p. (ISBN 0-448-22977-3)
  9. ABC News, « CIA Revelations: Behavior Control », Radio TV Reports,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  10. « Studies on the central effects of bulbocapnine », Psychopharmacologia, vol. 22, no 3,‎ , p. 234–249 (PMID 5316197, DOI 10.1007/BF00401786, S2CID 41534659)
  11. Contemporary Neurology, , 96–102 p. (ISBN 978-0-407-00308-8, DOI 10.1016/B978-0-407-00308-8.50018-5), « Stupor and akinetic mutism »
  12. Experimental catatonia, a general reaction-form of the central nervous system and its implications for human pathology, The Williams & Wilkins Company, (OCLC 989851203), p. 6