Aly Diouara
Aly Diouara | |
Fonctions | |
---|---|
Député français | |
En fonction depuis le (8 mois et 6 jours) |
|
Élection | 7 juillet 2024 |
Circonscription | 5e de la Seine-Saint-Denis |
Législature | XVIIe (Cinquième République) |
Coalition | NFP |
Prédécesseur | Raquel Garrido |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | La Courneuve |
Parti politique | SSDAC (depuis 2020) LFI (depuis 2024)[1] |
Diplômé de | Université Paris 13 Université Paris-Est-Créteil |
Profession | Attaché territorial |
Aly Diouara, né le à La Courneuve, est un homme politique français, député de la Seine-Saint-Denis.
Il est le fondateur et le président de l'association Seine-Saint-Denis au cœur, au nom de laquelle il est candidat aux élections départementales de 2021 puis aux élections législatives de 2022.
En 2024, investi par La France insoumise, il est élu député de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis. Il siège à la Commission des Affaires culturelles et de l'Éducation.
Biographie
Aly Diouara est né le 1er mars 1987 à La Courneuve, dans le département de la Seine-Saint-Denis[2]. Il grandit à la cité des 4000[3].
Il est fonctionnaire territorial notamment pour les communes de Bobigny, puis de Drancy[4]. Franco-Gambien, il est animateur de plusieurs associations à La Courneuve. Il y milite au sein de l’association de quartier ASAD, dans une amicale des locataires de La Courneuve[4], ainsi que dans l’ONG Go Gambia. En 2020, il cofonde l’organisation politique Seine-Saint-Denis au cœur[5]. En mai 2024, il proteste contre la réalisation d'une liaison cyclable entre La Courneuve et Bobigny le long de la route départementale 986, le vice-président du Département Corentin Duprey expliquant l'orientation de rendre toutes les voies départementales cyclables afin de réduire la pollution et que la pratique du vélo augmente dans toute la Seine-Saint-Denis[6].
Candidat « Seine-Saint-Denis au cœur » aux départementales et aux législatives (2021-2022)
En 2021, il est candidat aux élections départementales de la Seine-Saint-Denis dans le canton de La Courneuve, où il obtient 31,26% des voix au second tour[7]. Seine-Saint-Denis au cœur se présente alors dans trois cantons, Aly Diouara explique alors « On ne cherche pas à avoir le pouvoir, mais on cherche à poser des questions et jouer notre rôle de vigilance en tant que citoyens. (…) On a pas vocation de faire des carrières politiques, c’est pas l’objectif mais si on doit le faire par défaut, on le fera[4]. ». En 2022, il se présente aux législatives sous la bannière de son collectif, et réunit 8,7% des voix au premier tour dans la quatrième circonscription de la Seine-Saint-Denis (La Courneuve-Stains-Le Blanc-Mesnil)[8]. Aux élections européennes de 2024, le collectif Seine-Saint-Denis au cœur s'associe à La France insoumise, dont la liste obtient 58,12% des voix à La Courneuve[8].
Candidat puis député insoumis (depuis 2024)
Il est investi par la direction nationale de La France insoumise dans la cinquième circonscription (Bobigny-Drancy-Le Bourget) lors des législatives anticipées de juin et juillet 2024 pour représenter le Nouveau Front populaire. Il s'oppose alors à la députée sortante LFI Raquel Garrido, celle-ci faisant partie des députés sortants écartés par leur parti car identifiés comme critiques de la direction[9]. Raquel Garrido critique virulemment cette investiture, et qualifie Dioura de « pseudo insoumis » et en mettant en avant le fait qu'il travaille à la mairie de Drancy, tenue par l'UDI[8]. Celle-ci se désiste néanmoins en sa faveur après être arrivé troisième au premier tour[10].
La candidature d'Aly Diouara fait l'objet de vives critiques dans plusieurs médias : on lui reproche notamment d'avoir qualifié Raphaël Glucksmann de "candidat sioniste", d'avoir tenu des propos ciblant des personnalités issues de la communauté juive, et d'avoir soutenu Hassan Iquioussen, ainsi que des tweets hostiles aux syndicats, notamment la CGT [5],[11],[12],[13]. Pour la journaliste d'Arrêt sur images Élodie Safaris, Aly Dioura «fait l'objet d'un traitement médiatique à charge» parce qu'il est racisé[14].
Le , Aly Diouara est élu député de la Seine-Saint-Denis par 60,55 % au second tour contre la maire UDI de Drancy, Aude Lagarde[15],[16]. Immédiatement, Raquel Garrido, ainsi qu'une proche d'Aude Lagarde déposent un recours contre son élection, estimant qu'il est chef du service du centre de ressources associatives à la mairie de Drancy, en contradiction avec l'article L-132 du code électoral[17]. Le 24 janvier 2025, le Conseil Constitutionnel valide définitivement l'élection du député, en contredisant les conclusions que la Commission nationale des comptes de campagne avait tirées quelques mois plus tôt. Le député affirme alors que cette décision le conforte dans le sentiment d'avoir été visé par « une cabale politique, institutionnelle et médiatique[18],[19] ».
À l'Assemblée, il siège à la Commission des affaires culturelles et de l'éducation. Il est également président du groupe d'amitié France-Gambie, et vice-président des groupes d'amitiés France-Comores et Fance-Sri Lanka-Maldives, et s'engage au sein du groupe d'études consacré à l'autisme[2].
En août 2024, le député porte plainte pour cyberharcèlement et menaces de mort. Selon l'avocate d'Aly Diouara, celui-ci fait l'objet d'« attaques personnelles, empreintes de racisme et d'islamophobie, [qui] dépassent le cadre de la critique légitime que tout politique peut recevoir dans l'exercice de ses fonctions"[20] .»
Selon Le Monde, Aly Diouara s'est senti "menacé" par l'attitude de policiers lors d'un contrôle de jeunes, le 26 février 2025. Il assure que les jeunes ont fait l'objet d'un "contrôle au faciès" et qu'il a subi une intimidation au taser pour avoir "eu le malheur d'invoquer le respect des droits" de ces jeunes[21]. En réponse aux publications d'Aly Diouara, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, dit "apporter (son) plein soutien aux fonctionnaires de police qui n’ont fait qu’accomplir leur mission, dans le cadre des lois de la République"[22].
Controverses
Dans le cadre de la campagne des élections législatives de 2024, Aly Diouara a fait l'objet de plusieurs accusations d'antisémitisme dans la presse. Le Figaro et Libération notamment évoquent un tweet jugé antisémite du dans lequel il qualifiait la tête de liste Place publique-PS Raphaël Glucksmann de « candidat sioniste[5] » [23] , et plus précisément de «candidat sioniste de la droite libérale de gôche[11]». France Info note qu'il a «cibl[é] plusieurs personnalités de gauche issues de la communauté juive» et qu'il fait régulièrement référence à Israël et aux Juifs. En effet, dans une vidéo qu'il diffuse peu après sur Twitter (X) durant la campagne des élections européennes de 2024, il appelle à «dégager» spécifiquement trois candidats : Raphaël Glucksmann, François Kalfon et Emma Rafowicz, qu'il accuse d'être "complices du génocide" [24],[11], "au mépris" , selon le journal Marianne, "du discours de la candidate et du Parti socialiste sur la question"[25]. Ces candidats étant les seuls visés de la liste Parti socialiste-Place publique, et tous trois ayant des noms à consonance juive, il est accusé d'antisémitisme.
Diouara se défend de l’antisémitisme qu’on lui prête et qu'on prête de manière plus générale aux quartiers populaires. Il explique qu’à la Cité des 4000, là où il a grandi : «il n’y a jamais eu de soucis avec la synagogue, ni avec la mosquée ou l’église d’ailleurs.» Selon le lui, « dire de Glucksman qu’il est sioniste est un propos politique et non antisémite comme on essaie de le faire croire ». Pour lui, «ces accusations sont aussi le fruit d’une volonté de faire taire la parole et l’expression des quartiers populaires qu'[il] peu[t] également incarner[3]». Le 18 juin 2024, le candidat publie un communiqué de presse pour contester les accusations d'antisémitisme. Il s'y dit victime d'une « vague de propos diffamatoires dans la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux sociaux» et affirme que son «premier combat est et restera contre toutes les formes de racisme[26].»
En 2022, il partage une photo de plusieurs responsables socialistes et insoumis, dont Olivier Faure, Clémentine Autain et Alexis Corbière avec la légende «Salut les blancs, dites… on vous dérange pas trop dans votre remake de la conférence de Berlin ?»[17].
Aly Dioura a tenu des propos polémiques au sujet de la CGT. Il a notamment affirmé qu'elle était l'«organisation syndicale la plus corrompue et la plus sectaire qu’il [lui] a été donné d’observer[27]» . Il s'était en effet indigné des «excédents cumulés par l’union locale CGT " en ... dénonçant «un véritable trésor de guerre abondé par les subventions de la majorité socialo-communiste NUPES de La Courneuve», allant jusqu'à demander "«à qui sert ce pactole???». Le 23 septembre 2024, il réagit à des propos tenus la veille par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Cette dernière s'est prononcée contre la loi Asile et immigration, en dénonçant une loi qui reprend une partie des propositions du Rassemblement national, et en ajoutant que l'immigration constitue un atout économique pour la France. C'est ce dernier argument qui provoque la colère du député, dans la mesure où il ferait «de l’immigré une vulgaire variable d’ajustement économique, un agrégat». Il dénonce « ce genre de discours qui croit rendre service à une cause et qui en réalité poursuit et alimente le dessein des réactionnaires et des racistes en tous genres »[28], alors que Sophie Binet appelle dans ce même extrait à «une égalité entre les travailleurs», afin que les «immigrés aient les mêmes droits que les travailleurs français». Il est dès lors considéré comme proche des positions du militant de Révolution permanente Anasse Kazib pour qui «Donc l’objectif c’est de convaincre les racistes de pas trop l’être parce que y’a un p'tit billet qui tombe pour l’économie du pays». Ainsi qualifie-t-il la ligne du Parti communiste français (PCF) sur l'immigration – d’«intégration assimilationniste, répressive et raciste». Il dénonce ainsi un «corporatisme de gauche (qui )est avant toute chose, un corporatisme blanc" [25].
Selon Le Point, Aly Diouara assume de tenir «un discours identitaire et racialiste[29].» Hugues Maillot, journaliste au Figaro reproche à Aly Dioura d'avoir apporté, à plusieurs reprises à l'été 2022, son soutien à l’imam Hassan Iquioussen, d'obédience frériste, dont la France refusait de renouveler le titre de séjour pour des discours jugés « haineux envers les valeurs de la République, dont la laïcité » et « l'égalité entre les femmes et les hommes » ainsi que le développement de thèses « antisémites » et « complotistes autour de l'islamophobie »[8].
Résultats électoraux
Élections législatives
Année | Parti | Circonscription | 1er tour | 2d tour | Issue | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Rang | Voix | % | Rang | |||||
2022 | SSDAC | 4e de la Seine-Saint-Denis | 1 768 | 8,70 | 5e | Battu | ||||
2024 | SSDAC - LFI | 5e de la Seine-Saint-Denis | 12 141 | 33,10 | 1er | 20 511 | 60,55 | 1er | Élu |
Élections départementales
Année | Parti | Canton | Binôme | 1er tour | 2d tour | Issue | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Rang | Voix | % | Rang | ||||||
2021 | Divers | La Courneuve | Mebrouka Hadjadj | 1 357 | 20,10 | 2e | 2 154 | 31,26 | 2d | Battu |
Notes et références
- ↑ Sascha Garcia, « Résultats des législatives 2024 : sans Raquel Garrido, l’insoumis Aly Diouara élu en Seine-Saint-Denis », Libération, (consulté le )
- « M. Aly Diouara », sur le site de l'Assemblée nationale
- Célian Ripoll, « Ali [sic] Diouara, la bataille des quartiers »,
- Louise Aurat, « Départementales : Aly Diouara : « Nos élus ont besoin d’un rappel à l’ordre » », sur bondyblog.fr, (consulté le )
- Damien Dole et Noa Jacquet, « Législatives : qui sont les nouveaux députés de gauche issus de la société civile ? », sur Libération (consulté le )
- ↑ Anthony Lieures, « « Tout ça pour une piste faite pour les JO… » : ces voies cyclables qui divisent encore les banlieusards », sur leparisien.fr, (consulté le )
- ↑ « Seine-Saint-Denis (93) - canton de La Courneuve (9307) Résultats du canton au 2d tour », sur interieur.gouv.fr, (consulté le )
- Hugues Maillot, « Glucksmann «sioniste», «les Blancs», imam Iquioussen: les obsessions d’Aly Diouara, investi par LFI à la place de Raquel Garrido », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- ↑ Sacha Nelken et Charlotte Belaïch, « «Une purge» : LFI ne réinvestit pas les députés frondeurs Corbière, Garrido ou Simonnet aux législatives 2024 », sur Libération (consulté le )
- ↑ « Législatives 2024 : Raquel Garrido se désiste en Seine-Saint-Denis », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Glucksmann «sioniste», «les Blancs», imam Iquioussen: les obsessions d’Aly Diouara, investi par LFI à la place de Raquel Garrido », sur Le Figaro, (consulté le )
- ↑ « Législatives 2024 : qui est Aly Diouara, le candidat investi par LFI en Seine-Saint-Denis ? », sur Franceinfo, (consulté le )
- ↑ Joy Azzi, « Glucksmann “candidat sioniste” : des tweets d'Aly Diouara pointés du doigt après son investiture par LFI », sur lejdd.fr, (consulté le ) : « le tweet appelait à « rejeter avec force et dégoût les discours nationaux de certains de nos dirigeants locaux », et « parmi eux, les élus du Parti socialiste de Seine-Saint-Denis qui font campagne (sans aucune honte) pour le candidat sioniste de la droite libérale de gôche, Raphaël Glucksmann » »
- ↑ Élodie Safaris, « Offensive anti-NFP : calomnier les candidats racisés ad nauseam », sur Arrêt sur images,
- ↑ « Législatives 2024 en Seine-Saint-Denis : Aly Diouara succède à Raquel Garrido dans la 5e circonscription », sur actu.fr, (consulté le )
- ↑ « Législatives 2024 5ème circonscription (9305) », sur interieur.gouv.fr, (consulté le )
- Eve Szeftel, « Raquel Garrido dépose un recours pour faire annuler l’élection du député LFI Aly Diouara », sur liberation.fr (consulté le )
- ↑ Théo Uhart, « Seine-Saint-Denis : les Sages confirment l’élection du député Aly Diouara, qui déplore « une cabale politique » », sur leparisien.fr, (consulté le )
- ↑ « Décision n° 2024-6396 AN du 24 janvier 2025 | Conseil constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr (consulté le )
- ↑ « Aly Diouara, député LFI de Seine-Saint-Denis, dépose plainte pour cyberharcèlement et menaces de morts », sur France Bleu (Ici),
- ↑ Le Monde / AFP, « En Seine-Saint-Denis, le député Aly Diouara assure avoir été « menacé » par des policiers lors d’un contrôle », sur Le Monde,
- ↑ « Le député LFI Aly Diouara affirme avoir été "menacé" avec un taser par la police et dénonce un "contrôle au faciès" à Bobigny », sur France 3 Paris Ile-de-France, (consulté le )
- ↑ Eve Szeftel, « Raquel Garrido dépose un recours pour faire annuler l’élection du député LFI Aly Diouara », sur Libération (consulté le )
- ↑ « Législatives 2024 : qui est Aly Diouara, le candidat investi par LFI en Seine-Saint-Denis ? », sur Franceinfo, (consulté le )
- Marianne, « "Marre de ces discours de 'gauche'" : pour le député LFI Aly Diouara, même la CGT et Sophie Binet sont racistes », sur www.marianne.net, (consulté le )
- ↑ Loris Guémart, « Vrai ou Fake a-t-elle tenté de joindre Aly Diouara, candidat NFP ? », sur Arrêt sur images,
- ↑ Eve Szeftel, « Raquel Garrido dépose un recours pour faire annuler l’élection du député LFI Aly Diouara », sur Libération (consulté le )
- ↑ « "Marre de ces discours de 'gauche'" : pour le député LFI Aly Diouara, même la CGT et Sophie Binet sont racistes », sur marianne.net, (consulté le )
- ↑ Sébastien Schneegans, La grande OPA de LFI sur les municipales, lepoint.fr, 12 décembre 2024
Voir aussi
Articles connexes
- Liste des députés de la Seine-Saint-Denis
- Liste des députés de la XVIIe législature de la Cinquième République
Liens externes
- Ressources relatives à la vie publique :