Pierre Nora

Pierre Nora
Crédit image:
licence CC BY-SA 3.0 🛈
Pierre Nora en 2011.
Fonctions
Fauteuil 27 de l'Académie française
-
Directeur d'études
École des hautes études en sciences sociales
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
(à 93 ans)
Paris
Nationalité
Formation
Activités
Historien, éditeur, professeur d'université, enseignant de gymnasium
Père
Gaston Nora ()
Mère
Julie Nora ()
Fratrie
Simon Nora
Jacqueline Furet-Nora ()
Jean Nora ()
Conjoints
Enfant
Elphège Nora ()
Autres informations
A travaillé pour
École des hautes études en sciences sociales (à partir de )
Institut d'études politiques de Paris (-)
Éditions Gallimard (à partir de )
Éditions Julliard (à partir de )
Lycée Pasteur () (jusqu'en )
Membre de
Distinctions

Pierre Nora, né le dans le 8e arrondissement de Paris et mort le dans la même ville, est un historien et éditeur français, membre de l'Académie française.

Il est réputé pour ses travaux sur le « sentiment national » et sa composante mémorielle, sur le métier d'historien, ainsi que pour son rôle dans l'édition en sciences sociales. Son nom est associé à la Nouvelle Histoire.

Biographie

Famille et jeunesse

Né dans une famille juive ashkénaze[1], Pierre Nora est le fils du médecin Gaston Nora et de Julie Lehman, tous deux issus de familles d'anciennes souches lorraines[2], et le frère du haut fonctionnaire Simon Nora.

Durant la Seconde Guerre mondiale, son père, qui a sauvé la vie de Xavier Vallat durant la Première Guerre mondiale, reste à Paris[3], tandis que le reste de la famille va se réfugier en zone libre à Grenoble, puis dans un collège à Villard-de-Lans[4]. Il[Qui ?] doit finalement fuir pour échapper à la Gestapo[5]. En 1944, la famille est de retour à Paris[6].

Formation

Après des études secondaires au lycée Carnot, il est, au début des années 1950, élève en hypokhâgne puis en khâgne au lycée Louis-le-Grand, mais échoue trois fois au concours d'entrée à l'École normale supérieure. Il obtient par la suite une licence en philosophie et est reçu à l'agrégation d'histoire en 1958[7].

Carrière universitaire

Professeur au lycée Lamoricière (aujourd'hui lycée Pasteur) d'Oran jusqu'en 1960, il en rapporte un essai publié sous le titre Les Français d'Algérie (1961).

Il est pensionnaire de la Fondation Thiers de 1961 à 1963, et assistant puis maître-assistant à l'Institut d'études politiques de Paris de 1965 à 1977. En 1977, il est élu directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.

Carrière dans l'édition

Parallèlement, Pierre Nora mène une carrière dans l'édition[8]. Il entre d'abord en 1964 chez Julliard, où il crée la collection de poche « Archives ».

Gallimard

En 1965, il rejoint les éditions Gallimard ; la maison, déjà bien installée dans le marché de la littérature, souhaite développer son secteur des sciences sociales. C'est lui qui accomplira cette mission en créant deux collections importantes, la « Bibliothèque des sciences humaines », en 1966, et la « Bibliothèque des histoires », en 1970, ainsi que la collection « Témoins » en 1967.

Il y publie des travaux qui constituent des références incontournables dans leurs champs de recherche, notamment :

En , il fonde la revue Le Débat avec le philosophe Marcel Gauchet ; elle devient vite l'une des revues intellectuelles françaises majeures, jusqu'à l'arrêt de sa publication en [10].

Il dirige, de 1984 à 1992, les trois tomes des Lieux de mémoire, encyclopédie se donnant pour but d’établir un inventaire des lieux et des objets dans lesquels s'est incarnée la mémoire nationale des Français.

Fonctions administratives

Il est président de la Librairie européenne des idées au Centre national du livre, de 1991 à 1997, et membre du conseil d'administration de la Bibliothèque nationale de France, de 1997 à 2000.

Il est membre du conseil scientifique de l'École nationale des chartes à partir de 1991, du conseil d'administration du château, du musée et du domaine de Versailles depuis 1995, et du Haut Comité des célébrations nationales depuis 1998.

Vie intellectuelle

Pierre Nora a lié de nombreuses amitiés dans le monde intellectuel : Pierre Vidal-Naquet, Gilbert Dagron, Philippe Verdier, René Char, Christian Bourgois, François Furet, Roger Stéphane, André Fermigier, Jean-François Revel, Jacques Derrida, Pierre-Jean Remy

En , il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés[11].

Il participe à la Fondation Saint-Simon, créée en 1982 par François Furet et Pierre Rosanvallon et dissoute en 1999.

En 1990, il fait partie du petit nombre d'historiens, avec notamment Pierre Vidal-Naquet et Madeleine Rebérioux, à s'opposer à la loi Gayssot[12].

Il s'oppose à la loi du « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur de Français rapatriés » en cosignant une pétition dans le quotidien Libération intitulée « Liberté pour l'histoire »[13]. Cette loi, dont l'alinéa 2 de l'article 4 a été abrogé le , établissait que les programmes de recherche devaient accorder plus d'importance à la place de la présence française outre-mer et que les programmes scolaires devaient en reconnaître le rôle positif.

Il est signataire de l'appel de Blois (« Liberté pour l'Histoire »), le .

Vie privée

De 1964 à 1976, il est marié avec l'historienne de l'art et conservatrice de musée Françoise Cachin, morte en 2011[14].

En 2021 il révèle qu'il a eu un fils en 1985 prénommé Elphège-Pierre[15].

Il est, à partir de 2012, le compagnon de la journaliste Anne Sinclair[16].

Décès

Pierre Nora meurt à Paris le à l'âge de 93 ans[17].

Publications

Ouvrages

Principales directions d'œuvres collectives

Crédit image:
licence CC BY-SA 2.0 🛈
Édition uruguayenne de l'ouvrage Les Lieux de mémoire, 2008.

Distinctions

Honneurs

Décorations

Prix littéraires

Notes et références

  1. Pascal Faustini, La Communauté juive de Hellimer, , p. 268-270.
  2. La lignée paternelle de Pierre Nora est issue de Moïse Aron dont la présence en Lorraine (village d'Hellimer) est attestée depuis la moitié du XVIIe siècle. La lignée maternelle est issue de la famille Lehmann qui était établie à Sarreguemines depuis des siècles et qui a émigré à Paris en 1870. (Source : Pierre Nora, Jeunesse, éd. Gallimard, 2021).
  3. « L'histoire privée de Pierre Nora », sur nonfiction.fr (consulté le ).
  4. « Biographie et actualités de Pierre Nora », sur franceinter.fr (consulté le ).
  5. François Dosse, interviewé par Catherine Golliau, « François Dosse : "La biographie est devenue un véritable champ d'expérimentation d'avant-garde" », Le Point Références - « Comprendre l'autre - Les textes fondamentaux », n° 33, mai-juin 2011, p. 127-128.
  6. Pierre Assouline, « Pierre Nora, marginal central », L'Histoire, no 361,‎ (lire en ligne Accès payant).
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
  8. Jean Birnbaum, « Pierre Nora, enfin père. L’historien signe Jeunesse, un essai autobiographique », sur lemonde.fr, .
  9. Yohan Dubigeon, « Oskar Anweiler et les soviets : ce que les conseils ouvriers nous disent aujourd’hui », Dissidences, no 6,‎ (ISSN 2118-6057, lire en ligne, consulté le ).
  10. Pierre Nora, « Quarante ans, fin et suite », Le Débat,‎ .
    Éditorial publié en exclusivité par L'Obs, 29 août 2020.
  11. « Tous au CIEL : un combat intellectuel antitotalitaire (1978-1986) présenté par Alain Laurent », sur lesbelleslettresblog.com, .
  12. Pierre Nora, interviewé par Alexandre Devecchio, « Pierre Nora : "La dictature de la mémoire menace l'histoire" », Le Figaro Magazine, semaine du 16 février 2018, p. 32-35.
  13. Il préside l'association éponyme.
  14. Vincent Noce, « Françoise Cachin en pointillés » Accès payant, sur liberation.fr, (consulté le ).
  15. « Pierre Nora, enfin père. L’historien signe Jeunesse, un essai autobiographique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Danièle Georget, « Anne Sinclair : Pierre, son nouvel amour », sur Paris Match, .
  17. Antoine Flandrin, « L'historien Pierre Nora est mort », sur lemonde.fr, .
  18. « L'Académie française élit Pierre Nora », sur lemonde.fr, .
  19. « Réponse au discours de réception de M. Pierre Nora », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  20. ORDRE DE LA LEGION D'HONNEUR Décret du 31 décembre 1989 portant promotion et nomination
  21. Décret du 8 avril 1998 portant promotion et nomination
  22. Décret du 9 avril 2004 portant promotion
  23. Décret du 12 juillet 2013 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  24. Décret du 23 novembre 2022 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier de l'ordre national du Mérite
  25. « Pierre Nora, grand-croix de l'ordre national du Mérite », sur actualitte.com, .
  26. Décret du 24 juin 1993 portant promotion et nomination
  27. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  28. a b c d et e « Pierre Nora », sur academie-francaise.fr.
  29. Bulletin quotidien, 22 février 2012.
  30. « Pierre Nora », sur dandavidprize.org.
  31. « Pierre Nora remporte le prix Jean-Jacques Rousseau 2021 », sur actualitte.com, .

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes