Choekyi Gyaltsen

Choekyi Gyaltsen
10e panchen-lama
Image illustrative de l’article Choekyi Gyaltsen
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Claude-Max Lochu
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Detail d'une gouache du peintre Claude-Max Lochu.

Nom de naissance Gonpo Tseten
Nom de réincarnation Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen
Naissance

Karang Bidho (温都乡) Canton de Wendou, Xian autonome salar de Xunhua, Qinghai (Amdo), Chine, sous la République de Chine

Intronisation

Monastère de Kumbum

Décès (à 50 ans)

Shigatsé, Tibet

Successions

Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen (tibétain : བློ་བཟང་ཕྲིན་ལས་ལྷུན་གྲུབ་ཆོས་ཀྱི་རྒྱལ་མཚན་་, Wylie : Blo-bzang Phrin-las Lhun-grub Chos-kyi Rgyal-mtshan, pinyin tibétain : Lobsang Chinlai Lhünchub Qoigyi Gyaicain), né le à Karang Bidho (Qinghai/Amdo, Chine) et mort le à Shigatsé (Tibet), était le 10e panchen-lama du Tibet. Il est souvent dénommé plus simplement Choekyi Gyaltsen (également écrit Choekyi Gyaltse ou Choskyi Gyantsen).

Biographie

Le 10e panchen-lama est né le dans le village de Karang Bidho, dans le Xian autonome salar de Xunhua, dans la province du Qinghai. Plus précisément, ce village se situe dans la région de Dowi (tibétain, appelé Xunhua en chinois mandarin), rattachée depuis 1959 au Qinghai. Son père, Gonpo Tseten, et sa mère, Sonam Drolma, lui donnèrent le nom de Gonpo Tseten.

Selon sa fille, Yabshi Pan Rinzinwangmo, à partir de l'âge de trois ans, il fut élevé en tant que « Bouddha vivant » au temple de Ta'er, connu des Tibétains sous le nom de monastère de Kumbum[1] (ou kumbum byams-pa gling).

Intronisation

Le jeune panchen-lama en 1947.

Il a été reconnu par Lakho Rinpoché[2].

Le Nang gang, nom du collectif des membres de l'entourage du 9e panchen-lama, décida de réaliser une cérémonie d'investiture de Gönpo Tseten, un des trois candidats à la succession, au monastère de Kumbum en 1944 en dépit de la désapprobation du Guomindang pour qui cette reconnaissance ne pouvait avoir lieu qu'à Lhassa[3].

Selon Melvyn Goldstein, l'urne d'or ne fut pas utilisée pour sélectionner le 10e panchen-lama[4].

Le , le Guomindang et l'entourage du 9e panchen-lama reconnurent Gonpo Tseten comme la 10e réincarnation du panchen-lama. Il fut intronisé le dans la province du Qinghai (anciennement l'Amdo), sous les auspices des responsables chinois.[citation nécessaire],[5].

Il est intronisé le par le gouvernement nationaliste au monastère de Kumbum sans aucun test traditionnel[6]. Étant donné que le choix des incarnations du panchen-lama relève du dalaï-lama ou du régent et du Tsongdu, Lhassa a refusé de reconnaître la validité de la candidature[7].

Télégrammes de soutien à l'unification de la Chine

Soutien des moines du monastère de Kumbum à la nouvelle République populaire de Chine en 1949.

Lorsque les communistes arrivent au pouvoir en 1949, l'entourage du panchen-lama décide de lier son sort aux nouveaux responsables et envoie, le 1er octobre 1949, au nom du nouveau panchen-lama[8], alors âgé de onze ans, des télégrammes à Mao, Zhu De et Peng Dehuai affirmant son soutien à l’unification de la Chine[9]. De même, le 31 janvier 1950, il envoya à Mao un autre télégramme appelant à la libération du Tibet[10].

À ce sujet, Frédéric Lenoir et Laurent Deshayes évoquent l'opportunisme politique de l'entourage du panchen-lama et précisent que ce dernier était « trop jeune encore pour avoir une pensée politique élaborée »[11]. Pour Samten Karmay, l'existence du télégramme relève de l'allégation : on ne dispose pas de trace du télégramme en date du 31 janvier 1950[12].

Invitation à Pékin en 1951 lors de l'accord en 17 points

Selon Glenn Freeman et Thubten Samphel, en 1951, invité à Pékin au moment de l'arrivée de la délégation tibétaine qui se trouva finalement forcée de signer l'accord en 17 points, le panchen-lama fut contraint d'envoyer un télégramme demandant au dalaï-lama d'appliquer l'accord[13].

Pour Dawa Norbu, les communistes amenèrent le panchen-lama à Pékin pour faire pression sur les délégués tibétains afin qu'ils signent l'accord en 17 points[14].

Reconnaissance par le dalaï-lama

Le , le 14e dalaï-lama adresse à Choekyi Gyaltsen une lettre où il le reconnaît comme réincarnation du précédent panchen-lama, et l'autorise à s'installer au Tashilhunpo.

Rapports initiaux avec le 14e dalaï-lama

Choekyi Gyaltsen, en compagnie de Mao Zedong et de Tenzin Gyatso (14e dalaï-lama) en 1954.

Pour une réincarnation de la stature du panchen-lama, son authentification par le dalaï-lama était nécessaire. Comme le 14e dalaï-lama était encore mineur, le gouvernement tibétain demanda que les vérifications traditionnelles soient réalisées avant la confirmation officielle, ce qui retarda sa reconnaissance officielle par Lhassa[15].

En 1946, le gouvernement tibétain ordonna au Tashilhunpo de dépêcher une délégation à Xining auprès du Nang gang, l'entourage du panchen-lama, pour ramener à Lhassa les candidats de l'Amdo pour qu'ils y subissent une épreuve officielle, tandis qu'une mission gouvernementale devait amener le candidat du Kham. Cependant, un désaccord se produisit entre les délégués de Tashilhunpo et le Nang gang qui ne soutenait que Gönpo Tseten[16].

Le 10 août 1949, le Guomindang reconnut officiellement Gönpo Tséten, sans doute en réponse à l'expulsion de tous les ressortissants chinois par Lhassa le 8 juillet pour espionnage[16].

Lors des négociations engagées à Pékin en vue de l’accord en 17 points, le chef de la délégation tibétaine, Ngabo Ngawang Jigme, sur l’insistance de la partie chinoise, envoya au dalaï-lama, réfugié à Yadong, un télégramme lui demandant de reconnaître le jeune Gönpo Tseten pour ne pas faire capoter les négociations. Après une séance divinatoire, le dalaï-lama répondit que le jeune garçon était bien la réincarnation authentique du 9e panchen-lama[17].

Finalement, le retour du panchen-lama à Shigatsé fut accepté par les négociateurs tibétains en vertu des points 5 et 6 de l’accord en 17 points de 1951[18].

Après la signature de l'accord en 17 points, où les statuts du panchen-lama et du dalaï-lama avaient été définis, le jeune panchen-lama arriva à Lhassa, venant de Pékin, le 28 avril 1952, avant de se rendre au Tashilhunpo, escorté par des soldats chinois. Selon Dawa Norbu, durant son bref séjour à Lhassa, il rencontra à deux reprises le dalaï-lama qui décrivit dans ses mémoires ses impressions qui s'avérèrent prophétiques[19].

Selon un article publié dans The Hindu, le dalaï-lama aurait admis en 1954 que l'ambiance entre lui et le panchen-lama au départ n'était pas à la coopération mais qu'ils étaient désormais tous deux bons amis et coopéraient comme deux frères[20]. Pourtant, selon le journaliste Israel Epstein, rédacteur de China Reconstructs, lors d'une réception à Pékin en 1954, lorsqu'il demanda aux deux chefs religieux de mettre leur autographe sur son carton d'invitation et qu'il tendit celui-ci tout d'abord au panchen-lama, le dalaï-lama s'en saisit aussitôt, en s'écriant « Je suis le dalaï-lama »[21],[22].

En 1956, à l'invitation de la Société de la Maha Bodhi, il part en pèlerinage pour l'Inde avec le 14e dalaï-lama et 16e karmapa, alors que l'Inde célèbre le 2500e anniversaire de Bouddha Jayanti[23].

Formation et rôle à Shigatsé

Selon Dawa Norbu, dans les années 1950, Choekyi Gyaltsen reçut les enseignements bouddhiques du monastère de Tashilhunpo et de la tradition gélugpa de Gyenak Rinpoché et Kachen Ang Nyima, puis après la mort de ce dernier, de Kachen Nyulchu Rinpoché. Il assuma également une responsabilité sociale pour la communauté qu'il était appelé à diriger. Réalisant que l'ancien système ne permettrait pas la survie du Tibet dans la modernité, il ouvrit en 1956 une école, le Chensel Labdra[19], qui accueillait 300 étudiants et avait un programme révolutionnaire pour un établissement fondé par un haut lama : on y enseignait le tibétain, le hindi, le chinois, la photographie, la conduite, l'équitation et le tir. Quand la Chine mit en doute la loyauté du jeune lama, l'école fut soupçonnée d'avoir été utilisée pour susciter le soulèvement tibétain de 1959[24].

Nominations et postes officiels

En septembre 1954, le panchen-lama se rend, ainsi que le dalaï-lama et le 16e karmapa, à Pékin pour participer à l'Assemblée qui doit donner à la Chine une nouvelle constitution. Accueillis par Zhou Enlai et Zhu De à leur arrivée, les deux chefs religieux rencontrent Mao Zedong, lequel donne plusieurs dîners en leur honneur. Le panchen-lama est nommé membre du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire de la Chine tandis que le dalaï-lama en devient le vice-président[25],[26].

En 1955, les deux dignitaires gélugpa célèbrent les fêtes de nouvel an à Pékin.

En 1956, le dalaï-lama devient le président du comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet tandis que le panchen lama est désigné premier vice-président. Il part en pèlerinage pour l'Inde avec le dalaï-lama, alors que l'Inde célèbre le 2500e anniversaire de Bouddha Jayanti.

Lorsque le dalaï-Lama se réfugie en Inde en 1959, l'ensemble de son gouvernement le suit. Le panchen-lama, quant à lui, reste au Tibet. Il se voit offrir la présidence par intérim du comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet, inauguré par le maréchal Chen Yi[28], le dalaï-lama gardant le titre de président.

Sous la direction du 10e panchen lama, le Comité préparatoire, devenu le nouveau gouvernement tibétain, abolit le travail forcé et la servitude individuelle le 28 mars 1959[29].

Répression des moines et destruction d'une partie du monastère de Tashilhunpo

Selon Michael Buckley et Ardy Verhaegen , fin 1960, l’Armée populaire de libération (APL) entoura le monastère de Tashilhunpo (qui jusque-là avait échappé aux réformes) et arrêta ses 4 000 moines. Certains furent par la suite exécutés, d'autres se suicidèrent, un grand nombre furent emmenés dans des camps de travail[30]. Ardy Verhaegen affirme que le 10e panchen-lama fit dès lors ouvertement ce qu'il put pour préserver la religion du Tibet, répétant que le 14e dalaï-lama était l'authentique dirigeant du Tibet[31].

Fabienne Jagou précise qu'après le saccage du monastère de Tashilhunpo en 1960, le 10e panchen-lama se rallia au 14e dalaï-lama « alors qu'il avait été jusque-là un instrument docile du parti communiste chinois »[32]. Selon Keith Dowman, c'est sous la révolution culturelle que le monastère subit des destructions : elles concernèrent les deux tiers des bâtiments, principalement les habitations des moines[33].

La Pétition en 70 000 caractères (1962)

Pour l'historien Samten G. Karmay, le 10e panchen lama prit conscience avec l'âge de la « manipulation politique dont il était le jouet », ce qui le conduisit à rédiger en 1962 la pétition en 70 000 caractères[34].

En 1960, le panchen-lama fut nommé à la vice-présidence du Congrès national du Peuple afin qu'il y soit le porte-parole de la politique du gouvernement central au Tibet. À ce titre il visita plusieurs régions chinoises, « partout il ne vit que misère et désolation »[35].

Selon Gilles Van Grasdorff, le panchen-lama rencontra des Occidentaux à Lhassa en 1962[36], la capitale de l'actuelle Région autonome du Tibet. Il leur confia son désir d'« accomplir son devoir révolutionnaire envers le peuple » et de « vivre la vie d'un bon bouddhiste ». Il rejoignit Pékin sur l'ordre de Mao. Pendant ce voyage, des foules de Tibétains l'implorèrent de « mettre fin à leurs souffrances et aux privations endurées ». À Pékin il demanda directement au Grand Timonier de « faire cesser les exactions commises à l'encontre du peuple tibétain, à augmenter les rations alimentaires, à faire donner des soins aux personnes âgées et aux infirmes et à respecter la liberté religieuse ». Mao l'écouta poliment mais aucune mesure ne fut prise[35].

En 1962, le panchen-lama, qui n'avait alors que 24 ans, adressa au premier ministre chinois Zhou Enlai, un document connu sous l'appellation de pétition en 70 000 caractères, dénommée initialement « Rapport sur les souffrances du Tibet et des régions tibétaines et propositions pour le travail futur du Comité central sous la direction du président ministre Zhou Enlai ». Il y dénonçait la politique draconienne et les actions de la République populaire de Chine au Tibet – ce document, traduit par le tibétologue Robert Barnett, a été publié, sous le titre A Poisoned Arrow: The Secret Report of the 10th Panchen Lama, par l'organisme de recherche et d'information sur le Tibet Tibet Information Network (TIN))[37],[38]. Selon Patrick French, son entourage avait essayé de le convaincre de tempérer le ton de sa pétition, mais il avait refusé, indiquant qu'il parlait au nom du peuple tibétain et qu'il n'y avait aucune raison que ses dirigeants n'aient pas droit à une critique rigoureuse[39]. Dans ce rapport, le panchen-lama s'en prend, en termes clairs, au Grand Bond en avant, le projet de Mao Zedong : « Bien que sur le papier et dans les discours, il y ait eu un grand bond en avant, il n'est pas certain qu'il se soit traduit dans la réalité »[39]. Sont dénoncés une multitude d'« ordres ineptes » de la part des autorités du Parti communiste chinois ayant entraîné une pénurie alimentaire chronique[39]. Des accusations concernant des avortements forcés à partir de 1955 dans le Kham et l'Amdo y sont également formulées[40]. De même, les tendances gauchistes, majoritaires au Tibet, sont dénoncées dans les conclusions[41].

Selon Barry Sautman, professeur en sciences sociales à l'université de science et de technologie de Hong Kong, le 10e panchen-lama est censé avoir visité trois régions du Tibet avant la rédaction de ce rapport : Ping'an, Hualong et Xunhua, et sa description d'une famine ne concerne que la région dont il est originaire, Xunhua. Ces trois régions se trouvent dans la préfecture de Haidong, une zone de la province du Qinghai dont la population est à 90 % non tibétaine et ne relève pas du Tibet « culturel ». De plus, Ngabo Ngawang Jigme, un ancien dirigeant tibétain de la région autonome du Tibet, conteste le fait que le panchen-lama ait visité une quelconque zone tibétaine avant son rapport[42].

L'écrivain anglais Patrick French considère la pétition comme le tableau le plus clair de cette période[43].

Destitution et détention

Selon Pierre-Antoine Donnet, lors des fêtes de Monlam en 1964, le panchen-lama déclara publiquement : « Aujourd'hui, alors que nous sommes réunis ici, il me faut exprimer ma conviction que le Tibet regagnera bientôt son indépendance et que Sa Sainteté retournera sur le Trône d'Or. Vive le dalaï-lama ! »[44], il conclut son discours par ces mots : « Sachez que je considère le Dalaï Lama comme mon refuge dans cette vie et dans la suivante »[45],[46]. L'historien Samten G. Karmay indique qu'on sollicita le 10e panchen-lama pour « dénoncer le dalaï-lama en tant que réactionnaire », à la suite de son refus il subit des insultes et de nombreuses années de prison[47].

Procès, séances de lutte et destitution (1964)

Le panchen-lama lors d'une séance de lutte en 1964.

Du 18 septembre au 4 novembre 1964, il fut violemment critiqué pour ses prises de position, lors du 7e congrès du « Comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet ». Ces critiques se transformèrent en séances de lutte qui durèrent 50 jours[48]. Il fut démis de ses fonctions de président par intérim du Comité, et emprisonné[49],[50].

Cours de rééducation et travail en usine à Pékin (1964-1966)

À la fin de l’année 1964, Zhou Enlaï, désirant le protéger, s'arrangea pour le faire venir de Lhassa, avec sa famille, à Pékin. Le panchen-lama fut cependant astreint à des cours de rééducation puis envoyé travailler dans une usine de fabrications électriques[51].

Sa situation empira lors de la révolution culturelle. En 1966, il fut enlevé, avec toute sa famille ainsi que sa belle-sœur Palyang, par une faction des gardes rouges à l'Institut central des nationalités. À son arrivée à l'institut, il fut roué de coups de poing et de coups de pied. Lors de son procès, il fut battu avec une ceinture en cuir si durement que la boucle métallique de la ceinture s'arracha. Ce traitement dura une journée, le panchem-lama ne dit pas un mot. Puis à la nuit, il fut enfermé dans une cellule. Le lendemain, après une intervention du comité central, il fut déplacé puis relâché[52],[53].

Détention à la prison de Qincheng (1968-1977)

En 1968, il fut arrêté à nouveau, puis détenu dans la prison de Qincheng à proximité de Pékin. Il était dans un quartier pénitentiaire abritant des personnalités et des dirigeants nationaux. Il y fut astreint à l'isolement complet dans une cellule de 8 ou 9 mètres carrés[54]. Selon sa fille, interrogée en 2006, pour mettre à profit le temps passé en prison, non seulement il récitait les Sûtra bouddhistes tous les jours, mais encore il apprit à parler couramment le chinois, étudia le marxisme-léninisme et traduisit un dictionnaire tibétain en chinois[55].

Selon un article publié en 1996 par le Tibet Information Network (TIN), il resta quatorze ans en détention, dont neuf ans et huit mois en prison à Pékin, et le reste sous une forme de résidence surveillée. De temps en temps, on le sortait de prison pour des séances de lutte publiques dans des stades de Pékin où il était humilié devant des milliers de gens. En 1966, on persuada sa belle-sœur de l'accuser de l'avoir violée, et son jeune frère le battit pour ce crime probablement inventé[56].

Selon le dissident chinois Wei Jingsheng, à la prison, le panchen lama refusa une fois de s'alimenter, déclarant qu'il ne voulait plus vivre et demandant que ses restes mortels fussent remis au Comité central du parti[57].

Maintien en résidence surveillée (1977-1982)

Après la mort de Mao Zedong, il fut relâché en octobre 1977, mais maintenu en résidence surveillée à Pékin jusqu'en 1982[58],[59].

Libération et réhabilitation

Le panchen-lama a été libéré après la purge de la « bande des quatre ». Cette libération semble s'inscrire dans une politique plus large. Il y aurait eu une libération de vingt-quatre prisonniers importants, impliqués dans la révolte de 1959. Le vice-président du Comité révolutionnaire, Dian Bao, aurait souhaité la « bienvenue (…) à tous les patriotes qui auront acquis une "compréhension claire" de la situation interne en Chine et rejetteront toute tentative de "séparatisme" ».

Mariage

En 1979, rompant ses vœux, il épousa Li Jie, une Han qui était médecin dans l’Armée populaire de libération et la petite-fille d'un général du Kuomintang, Dong Qiwu [60]. Après son mariage, il observa strictement les préceptes du bouddhisme tibétain, renonçant à porter la robe monastique au profit de l'habit de la noblesse tibétaine[61].

En 1983, ils eurent une fille, nommée Yabshi Pan Rinzinwangmo[62].

Fondation de l'École pour les lamas réincarnés à Pékin

Dans les années 1980, il fonda l'École pour les lamas réincarnés à Pékin. En 1987, il invita Achok Rinpoché, alors en exil en Inde, à y enseigner pendant un an. L'objectif de l'école était de former des tulkous qui avaient 14 ou 15 ans en 1959 mais n'avaient pu quitter le Tibet où ils furent torturés ou internés dans des camps par les autorités chinoises sans pouvoir étudier leur religion. Achok Rinpoché enseigna à quinze lamas du même âge que lui[63].

Retour au Tibet

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Lors de la visite au Tibet du Panchen Lama début août 1987, des Tibétains viennent chercher sa bénédiction

Après la Révolution culturelle (1966-1976), Choekyi Gyaltsen devient en 1978 député de Assemblée nationale populaire puis en 1980 vice-président de cette même assemblée. Il est autorisé à retourner au Tibet en 1982 et 1986. Au cours de ces voyages, la ferveur populaire à son égard semble intacte. Après les manifestations de 1987, Choekyi Gyaltsen se déplace de nouveau au Tibet afin d'analyser l'origine des troubles. Après les manifestations de mars 1988, le 10e Panchen-Lama évite de considérer 14e dalaï-lama comme l'organisateur de celles-ci[64]. Pour Fabienne Jagou, « le 10e Panchen-Lama était devenu l’indispensable médiateur entre les Tibétains et le Parti communiste chinois. ». Il est officiellement réhabilité en 1988[65].

Cependant, à partir de 1988, le 10e Panchen-lama se fit plus actif. Il chercha à rétablir l’usage de la langue tibétaine dans l’administration et il ouvrit des instituts bouddhiques. Surtout, il dénonça l’absurdité de certaines des politiques conduites au Tibet. En janvier 1989, il se rendit au monastère de Tashilungpo dans le but d’inaugurer un chorten rassemblant les dépouilles des précédents panchen-lamas qui avaient été profanées par les gardes rouges durant la révolution culturelle[66].

Fondation de la Tibet Gang-gyen Development Corporation

Selon Dawa Norbu, le 10e panchen-lama s'efforça durant ses dernières années de persuader les autorités chinoises de permettre aux Tibétains de se lancer dans le commerce régional. C'est dans ce but qu'il fonda la Tibet Gang-gyen Development Corporation en 1987. Cela reflète sa vision du Tibet futur où les Tibétains prendront l’initiative de se développer et de rejoindre la modernité, rendant progressivement redondante la présence chinoise au Tibet. Dans cette entreprise, peut-être sa plus importante initiative privée, aucun des dirigeants, pas même Gyara Tsering Samdrup arrêté par la police chinoise après la controverse sur la réincarnation du panchen-lama en 1995, n'étaient un de ses parents ou proches[67].

Selon Patrick French, il fut aidé par Alang dans cette entreprise, fondée après la mort de Mao, et dont le but était de d'obtenir des financements pour restaurer des monastères et des temples[68].

Mort

Le 10e panchen-lama meurt à l'âge de 50 ans dans sa résidence de Shigatse le 28 janvier 1989[69].

La presse officielle attribue sa mort à une crise cardiaque liée à la fatigue causée par l'inauguration d'un chorten une semaine plus tôt[70]. Il avait organisé un banquet dans sa résidence en l'honneur de cadres de la ville. Le banquet terminé, il était allé se coucher vers minuit. À 4 h du matin, il fut réveillé par des douleurs à la poitrine ainsi que dans le dos et les bras. Après avoir subi un examen, il retourna se coucher. À 8 h 25, il eut une crise cardiaque et perdit connaissance. Averti, le secrétaire général du parti communiste, Zhao Ziyang, dépêcha immédiatement, par avion spécial, une équipe de cardiologues, signe de l'importance que les responsables chinois attachaient au panchen-lama. Malgré les soins d'urgence, le malade devait décéder dans la soirée, à 20 h 16[71],[72].

Théorie du complot

Chez les Tibétains en exil, la rumeur a circulé que le panchen-lama aurait été empoisonné par les Chinois qu'il avait critiqués pour leur occupation du Tibet quelques jours plus tôt[73]. Le panchen-lama aurait notamment déclaré que « le progrès apporté au Tibet par la Chine ne saurait compenser la somme de destructions et de souffrances infligées au peuple tibétain » (citation rapportée par le 14e dalaï-lama le 10 mars 1999)[74], et que « s'il y avait certainement eu des changements depuis la Libération, le prix payé pour ces changements était plus grand que les gains obtenus » (citation rapportée par le quotidien China Daily le 25 janvier 1989 selon l'association Campagne internationale pour le Tibet)[75]. Cependant, aucune preuve ne fut apportée à l'appui de cette rumeur[76].

Le dissident Yuan Hongbing affirme que Hu Jintao aurait planifié cette mort[77]. En octobre 2013, il publie, avec Namloyak Dhungser, un livre sur la mort du 10e panchen-lama, dans lequel ils prétendent dévoiler le complot de son assassinat par le parti communiste chinois. Deng Xiaoping et d'autres oligarques, membres fondateurs du PCC, auraient pris la décision d'empoisonner le dignitaire, et ce sous la direction de Hu Jintao et Wen Jiabao, et avec la mise en œuvre de Meng Hongwei, Hu Chunhua et Zhou Meizhen[78]. Le frère aîné du 14e dalaï-lama, Gyalo Thondup, ne croit pas, quant à lui, à ces rumeurs d'empoisonnement. Il pense que Yan Mingfu, Wen Jiabao et les médecins ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour le sauver[79]. Il fait remarquer que le panchen-lama pesait près de 250 livres, qu'il fallait le relever lorsqu'il faisait ses prostrations, qu'il était atteint de diabète et avait une tension élevée, qu'il s'était donné à fond à la restauration des tombes de ses prédécesseurs, qu'il avait été éprouvé par ses quinze années de prison, bref qu'il n'était pas en bonne santé[80].

Pour sa part, Rinzinwangmo, la fille du panchen-lama, s'abstient de parler d'un éventuel complot et attribue la mort précoce de son père, qui ne se ménageait pas, à un mauvais état de santé général, à une prise considérable de poids et un manque chronique de sommeil[81].

Un héritage qui perdure

Pour Fabienne Jagou, avec la mort du panchen-lama, « les Tibétains et les Chinois venaient de perdre leur seul dénominateur commun »[82].

Selon la journaliste de Libération Caroline Puel, le 10e panchen-lama voit son image politique réhabilitée post mortem, grâce à la publication en 1998 de sa « pétition en 70 000 caractères », publiée en 1962, et qui « démontre que la politique systématique d'annihilation de la culture et de répression du peuple tibétain était patente dès la fin des années 1950 »[83].

Pour le journaliste Benjamin Kang Lim, près de 20 ans après sa mort, alors que Pékin et les Tibétains en exil ne s'accordent pas sur son successeur, la ferveur publique qui lui fut témoignée dans sa région natale à l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance, suggère qu'il reste un puissant symbole des aspirations des Tibétains[84]. Pour la fille de Choekyi Gyaltsen, « ces prières montrent que son père vit encore dans le cœur des Tibétains. (…) Le temps n'a pas effacé l'héritage qu'il a légué »[85].

Mausolée

La dépouille du 10e panchen lama est conservée dans un chorten funéraire couvert d'or, dit Serdung Sisum Namgyel[86].

Bibliographie

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  • (en) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, Vol. 2: The Calm Before the Storm: 1951-1955, University of California Press, 2007 (ISBN 0520249410 et 978-0520249417).

Notes et références

  1. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, no 4, 2006 : « my dad had been raised since the age of three as a Living Buddha at Ta’er Temple, 7 Qinghai Province (Note 7: Known by Tibetans as the Gumbum Lamasery). »
  2. (en) The Panchen Lamas.
  3. Samten Karmay, op. cit., p. 97-98.
  4. (en) John Powers, The Buddha Party: How the People's Republic of China Works to Define and Control Tibetan Buddhism, Oxford University Press, 2016, (ISBN 0199358176 et 9780199358175), p. 102
  5. (en) Melvyn C. Goldstein, The Demise of the Lamaist State, in Alex C. McKay (ed.), The History of Tibet. The Modern Period: 1895-1959. The Encounter with Modernity, RoutledgeCurzon, 2003.
  6. Fabienne Jagou, (2004). Le 9e Panchen Lama (1883-1937) : enjeu des relations sino-tibétaines. Paris : EFEO/De Boccard, Monographie 191, p. 290.
  7. Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, p. 165
  8. (en) Parshotam Mehra, From conflict to conciliation: Tibetan polity revisited : a brief historical conspectus of the Dalai Lama-Panchen Lama Standoff, ca. 1904-1989, p. 93-95.
  9. (en) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, Vol. 2: The Calm Before the Storm: 1951-1955, University of California Press, 2007 (ISBN 0520249410 et 978-0520249417), 639 p., p. 274-275 : « The Panchen Lama’s telegrams to Mao, Zhu De, and Peng Dehuai reveal the extent to which Che Jigme and the others had decided to link their fate with the CCP, including their goal of liberating Tibet. The telegram to Mao said, Chairman Mao of Central People’s Government and Commander-in-Chief Chu [Zhu] of Chinese People’s Liberation Army, Peking: With superior wisdom and courage Your Excellencies have completed the grand salvation of the country and the people. The success of your army has brought joy to the whole country. For generations in the past I have received kindness and favor from the country. During the past twenty years and more, I have ceaselessly struggled for the territorial and sovereign integrity of Tibet [in China]. It is to be deeply regretted that I have had no success. I am now lingering in Chinghai [Qinghai] waiting for an order to return to Tibet. Fortunately, under the leadership of Your Excellencies, the Northwest has now been liberated and the Central People’s Government has been established. All those who are conscientious applaud with one accord. From now on, the realization of the democratic happiness of the people and revival of the country are only questions of time and it will not be long before Tibet is liberated. I sincerely present to Your Excellencies on behalf of all the people in Tibet [our] respects and our heartfelt support. Panchen ‘O-erh-te-ni’ [Erdini] / 1st October 1949. »
  10. Melvyn Goldstein, op. cit., p. 276 : « Two months later, on 31 January 1950, the Panchen Lama sent another telegram to Mao calling for the prompt liberation of Tibet by the PLA and expressing his opposition to the Lhasa government’s plan to send missions to Britain, the United States, and other countries to request assistance. The telegram left no doubts about the commitment of the Panchen Lama. It is recognized by the whole world that Tibet is the territory of China, and all the Tibetans think that they are one of the nationalities of China. The act of the Lhasa authorities today undermines the integrity of the national territory and sovereignty and runs against the will of the Tibetan people. We, on behalf of the Tibetan people, beseech you to rapidly send righteous troops to liberate Tibet, cleanse the reactionary elements, drive out the imperialist forces in Tibet, solidify the national defense in the Southwest, and liberate the Tibetan people. »
  11. L'épopée des Tibétains : entre mythe et réalité, coécrit par Frédéric Lenoir et Laurent Deshayes, Fayard, 2002, p. 228.
  12. (en) Samten Karmay Historical fatcs, in Authenticating Tibet: Answers to China’s 100 Questions (sous la direction de A. M. Blondeau, K. Buffetrille, Wei Jing), préface de Donald Lopez, University of California Press, Berkeley (ISBN 0-520-24928-3). Édition revue et mise à jour de la version française Le Tibet est-il chinois ?, p. 58.
  13. (en) Glenn Freeman, The Panchen Lama and Tibet's Future, 'Trendirama.com, 20 février 2007, reproduit sur le site exilé Phayul.com : « in 1951 the Panchen Lama was invited to Beijing to coincide with the arrival of a Tibetan delegation. The delegation was eventually forced to sign the infamous "Seventeen-Point Agreement on Measures for the Peaceful Liberation of Tibet": an agreement which served to legitimize the acquisition of Tibet by China. While in Beijing, the Panchen Lama was forced to send a telegram to the Dalai Lama, stressing the importance of implementing the "Seventeen-Point Agreement under the leadership of the People's Government of China." ».
  14. (en) Dawa Norbu, Tibet : the road ahead, Rider & Co, 1998, (ISBN 978-0712671965), p. 297-321.
  15. Dawa Norbu, op. cit., p. 301.
  16. a et b (fr) Samten Karmay, op. cit., p. 98.
  17. Melvyn C. Goldstein, p. 288 : « The Chinese would put forward new arguments, trying to convince the Tibetans to accept the Qinghai boy Tseden Gompo as the Panchen Rinpoche, but the Tibetan side absolutely refused. Finally the Chinese asked Ngabö to please accept him to save the “face” of Mao and the central government. The Chinese side simply would not go on with the negotiations, and ultimately the Tibetan team sent a telegram to the Dalai Lama in Yadong, asking for instructions. Ngabö said in the telegram, “If you don’t recognize the Qinghai boy as the Panchen Lama, it will harm the negotiations.” A response came quickly from the Dalai Lama, saying, “After doing divination it has been determined that the Panchen Lama in Beijing is the true incarnation of the 9th Panchen Lama.” »
  18. (en) Melvyn Goldstein, p. 105 : « They also accepted the return of the Panchen Lama to Tibet (points 5 and 6) » ; pp. 101-102 : « Point 5. The established status, functions and powers of the Panchen Erdini shall be maintained. Point 6. By the established status, functions, and powers of the Dalai Lama and of the Panchen Erdini are meant the status, functions and powers of the Thirteenth Dalai Lama and of the Ninth Panchen Erdini when they were in friendly and amicable relations with each other. »
  19. a et b Dawa Norbu, op. cit..
  20. (en) Miscellaneous, Progress of Tibet, in The Hindu, 28 octobre 1954 : « The Dalai Lama admitted that relations between him and the Panchen Lama some time ago were "not very cooperative". But now "we are good friends and cooperate with each other like brothers." »
  21. (en) Israel Epstein, My China Eye: memoirs of a Jew and a journalist, Long River Press, 2005, 358 p., pp. 274-275 : « on October 1, 1955, at a celebration of the 6th anniversary of the founding of the People's Republic (…)A giant portrait of Mao Zedong was flanked by those of the Dalai and Panchen La- mas, both then pledged to the 1951 Agreement. I had met them both, slim and young, a year before, at a reception in Beijing where they were attending China's newly-inaugurated National People's Congress. There I asked them to autograph my invitation, unknowingly extending it first to the Panchen Lama. "I am the Dalai Lama", said the Dalai Lama, snatching it to sign first. No mistaking his assertion of precedence even in so informal a matter. Modest he wasn't. And, though still young, he was by no means simple. On the reviewing stand at the Lhasa ceremony in 1955 were China's central government cadres in plain blue cloth uniforms, and members of the Kashag ».
  22. (en) Thubten Samphel, The Tenth Panchen Lama, 3 août 2002.
  23. (en) Gaby Naher, Wrestling The Dragon: In search of the Tibetan lama who defied China, p. 233
  24. (en) A poisoned arrow: the secret report of the 10th Panchen Lama, Volume 29, Tibet Information Network, 1997 : « He realised that the antiquated system of administrative and ceremonial functions, which was still in place in Tashilhunpo at that time, was inadequate for the challenges of the modern world. Thus, in 1956 he opened a special school in Shigatse called the "Chensel Labdra" for 300 students selected from his estates. The curriculum was revolutionary for a school set up by a High Lama; it included Tibetan, Hindi, Chinese, photography, driving, horse-back riding, and shooting. Later, when the Chinese became suspicious of the true loyalties of the young lama, this school was suspected of having been used to instigate the 1959 rebellion and to plan attempts to escape to lndia », page xxv.
  25. (en) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet: The Calm before the Storm: 1951-1955, University of California Press (ISBN 978-0520249417), pp. 493 et 496 : « The following week, on 27 September, as the National People's Congress was winding down, the Dalai Lama was singled out for special honor; he was selected as a deputy chairman of the Standing Committee of the National. »
  26. (en) Wang Lixiong, Reflections on Tibet, in New Left Review, 14, mars-avril 2002 : « On their arrival at Beijing railway station they were met by Zhou Enlai and Zhu De, while Deng Xiaoping personally checked their living quarters and Mao Zedong received and hosted several dinner parties for them. The Dalai Lama, just nineteen, was made a Vice-Chairman of the Standing Committee of the National People’s Congress and the Panchen Lama, even younger, nominated a Standing Committee member. »
  27. Richard Poulin, La politique des nationalités de la République populaire de Chine.
  28. (en) Bill Brugger, China: Liberation and Transformation 1942-1962, Rowman & Littelfield, 1981, 288 p., p. 199 : « Upon the dalai Lama's departure, the State Council moved, on 28 march, to abolish the traditional government (the Kashag) and transfer power to the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous region. [...] Though the titular head of the committee remained the Dalai Lama, its effective head was now to be the Banqen Erdini who celebrated his installation by reciting sutras with two living Buddhas. [...] Following the first session of the new government in April, the Banqen Erdini left for Beijing &, on his return in July, the second session approved a series of measures for 'democratic reform'. The operative slogan was 'sanfan shuangjian' (three abolitions and two reductions). The 'abolitions' here referred to rebellion, forced labour and personal servitude and the 'reductions' to land rent and interest. »
  29. (en) Michael Buckley, Tibet, Bradt Travel Guides, 2006 (ISBN 1841621641), page 184 : « In 1960, the PLA surrounded Tashilhunpo Monastery (which had hitherto escaped reforms) and seized all 4000 monks within. Some were later executed, some committed suicide, and large numbers were taken to labour camps. »
  30. (en) Ardy Verhaegen, The Dalai Lamas: the Institution and its history, 2002 (ISBN 8124602026), p. 154 : « In 1960 the People's Liberation Army (PLA) destroyed much of Tashi Lhunpo Monastery, and its monks were put into forced labour. From this time the Panchen Lama openly did what he could to preserve the religion of Tibet, and he repeatedly told the people that the Dalai Lama was Tibet's true leader. »
  31. Fabienne Jagou, La politique religieuse de la Chine, Revue d'études comparatives Est-Ouest. Politique et religion en Asie orientale, 33, 1, p.29-54, 2001.
  32. (en) Keith Dowman, The Power-places of Central Tibet: The Pilgrim's Guide, Routledge & Kegan Paul, London and New York, 1988 (ISBN 0-7102-1370-0), p. 273 : « The extent of Tashi Lhumpo has been reduced by two thirds, the buildings razed consisting chiefly of the 4,000 monks' quarters. The fine examples of 17th- and 18th-century that remain form the splendid nucleus of this monastic museum. ».
  33. Samten G. Karmay, op. cit..
  34. a et b Gilles Van Grasdorff, Panchen Lama, Otage de Pékin, Ramsay, 1999, p. 235-236
  35. Le panchen-lama y possédait une résidence où il se rendait souvent.
  36. (en) Secret Report on 1960s Tibet Published (TIN).
  37. (en) The Secret Report Of Tibet's 10th Panchen Lama Available Online For The First Time (TIN).
  38. a b et c Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, p. 78.
  39. Gilles Van Grasdorff, La Nouvelle histoire du Tibet, éditions Perrin, octobre 2006, p. 337.
  40. Kim Yeshi, Tibet. Histoire d'une tragédie, Édition La Martinière, février 2009 (ISBN 978-2-7324-3700-2), p. 88.
  41. (en) Barry Sautman, "Demographic Annihilation" and Tibet, in Contemporary Tibet: politics, development, and society in a disputed region, Barry Sautman and June Teufel Dreyer (eds), M. E. Sharpe, 2006, 360 p. (ISBN 0-7656-1354-9 et 9780765613547), p. 242.
  42. Patrick French, op. cit. : « En étudiant les graphiques et les chiffres, en essayant de quantifier les morts d'après ces données, j'ai le sentiment que le tableau le plus clair qu'on puisse se faire du Tibet pendant cette période ne vient pas des statistiques, mais du rapport du Panchen Rinpoché. »
  43. Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, édition Gallimard; 1990: Nouv. éd. augm 1993 (ISBN 2070328023), p. 116.
  44. (en) Elmar Gruber, From the Heart of Tibet: The Biography of Drikung Chetsang Rinpoche, the Holder of the Drikung Kagyu Lineage, Éditeur Shambhala, 2010, (ISBN 1590307658), p. 112.
  45. Gilles van Grasdorff, op. cit.
  46. Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, 2002, éd. Albin Michel, Samten G. Karmay, pages 92 et suivantes.
  47. (en) Tibet Information Network, A poisoned arrow: the secret report of the 10th Panchen Lama, 1997, page xx : « Tibet Autonomous Region began its seventh Enlarged Meeting in Lhasa. That meeting became the struggle session which, after fifty days of interrogation, abuse and humiliation, awarded the Panchen Lama the three labels or 'hats'. »
  48. (en) Elmar Gruber, op. cit. : « Shortly thereafter, in September 1964, the Seventh Enlarged Meeting of the PCART brought him to trial, accusing him of secretly preparing a counter-revolution. […] The Panchen Lama was abused in the vicious struggle, but he refused to confess to having committed any crimes. He was put in prison and not released until 1977. »
  49. Françoise Pommaret, Le Tibet, une civilisation blessée, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 427), Paris, 2002, p. 112 et 113.
  50. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, no 4, 2006 : « “Premiere Zhou intended to protect my dad. He allowed him to leave Lhasa for Beijing and then arranged for our whole family to move into the former home of the democratic hero Shen Junru, who had died not long before. Except for attending reeducation classes held by the Nationality Committee and being sent to Reform-Through-Labor at a low-voltage apparatus factory, my dad got off pretty lightly compared with the sufferings of many other officials disciplined at the time. But he didn’t know that his miseries hadn’t really started yet ».
  51. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, no 4, 2006 : « In 1966 when the Cultural Revolution first started, my dad was abducted by a rebel faction at the Central Institute of Nationalities. They bound him so tightly with steel wire that it became embedded in his shoulders. »
  52. Tsering Woeser, Mémoire interdite. Témoignages sur la révolution culturelle au Tibet, traduit par Li Zhang & Bernard Bourrit, éd. Gallimard, p. 266.
  53. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, No 4, 2006 : « In 1968, my dad was detained again, but this time he was completely secluded and imprisoned. (…) At the time he was jailed, he was only 28 (…). “My dad’s cell measured only eight or nine square meters and contained only a shabby bed, desk and chair. (…) “But he knew that the prisoner closest to him was Wan Li, the deputy mayor of Beijing, and that further along were Field Marshal Peng Dehuai, General Luo Ruiqing and many other national leaders ».
  54. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, no 4, 2006 : « In order to pass the time in prison more usefully, my dad not only recited Buddhist sutras every day, but also studied Chinese language and Marxist-Leninism. As a result, my dad, who originally spoke only Tibetan, eventually became fluent in Chinese and gained a firm grasp of Marxist-Leninism, and he translated a Tibetan dictionary into Chinese ».
  55. (en) Tibet Information Network, A poisoned arrow: the secret report of the 10th Panchen Lama, 1997, page xxi, « The Panchen Lama spent nine years and eight months of the next 14 years in prison in Beijing, and the remainder under some form of house detention. From time to time he was taken out for massive struggle sessions in sports stadia in Beijing, where he would be publicly humiliated in front of thousands of people. On one infamous occasion in 1966, said to have wounded him more than any other, his sister in law was persuaded to accuse him from the podium of having raped her, and his younger brother beat him on the stage for the offence, which was probably fictious. »
  56. (en) Excerpts from Qincheng: A Twentieth Century Bastille, in Exploration, mars 1979 : « Some inmates, unable to endure such conditions, attempt suicide. Others go on hunger strikes. For example, the Panchen Lama [from Tibet] once refused food. He declared that he did not wish to live any longer and that his remains should be "delivered to the Central Committee of the Party". »
  57. (en) Isabel Hilton , The Buddha's daughter: A young Tibetan-Chinese woman has an unprecedented role to play, The New Yorker, avril 2004 : « When the Panchen Lama was released, on October 10, 1977, Mao, his old tormentor, was dead and Deng Xiaoping had begun the slow process of reversing the damage done in Mao's last years ».
  58. (en) Graham Hutchings, Modern China: A Guide to a Century of Change, 2003 : « He spent more than eight of the following 14 years in prison and the remainder under house arrest. […] Freedom of a kind came in 1978, but it was not until 1982 that the Panchen returned to Tibet after an absence of 17 years ».
  59. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, No 4, 2006 : « My mom, Li Jie, was the beloved granddaughter of a Kuomintang general, Dong Qiwu ».
  60. (en) The Tibetan People's Princess, China Rights Forum, No 4, 2006 : « From that time on, my dad strictly obeyed the tenets of Tibetan Buddhism and never again wore a monk’s cassock, exchanging it for the attire of Tibetan nobility. Even when he participated in religious ceremonies, he never tried to conceal the fact that he had a wife and family.” »
  61. (en) Isabel Hilton, The Buddha's daughter: A young Tibetan-Chinese woman has an unprecedented role to play, The New Yorker, 2 avril 2004.
  62. Bertrand Odelys, Dharamsala, Chroniques tibétaines, préface du dalaï-lama, Albin Michel, 2003, (ISBN 2226142592 et 9782226142597), p. 236
  63. (en) Secret Report by the Panchen Lama Criticises China (TIN).
  64. Fabienne Jagou, op. cit., p. 29-54, page 50.
  65. (en) Nicholas D. Kristof, The Panchen Lama Is Dead at 50; Key Figure in China's Tibet Policy, New York Times, 30 janvier 1989.
  66. (en) Dawa Norbu, Tibet : the road ahead, Rider & Co, 1998 (ISBN 978-0712671965), p. 320-321.
  67. Patrick French, Tibet, Tibet Une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, (ISBN 978-2-226-15964-9), p. 73
  68. (en) The Panchen Lama passes on, sur tibet.com, site du gouvernement tibétain en exil.
  69. Nicholas D. Kristoff, op. cit. : « The official news organizations reported that he had died of a heart attack in his residence in Shigatse, (…). It attributed the heart attack to fatigue resulting from the strains of presiding over the opening of an important new Buddhist shrine a week ago ».
  70. (en) Sitting-inthe-bed with the 11th Panchen Erdeni, IV - 10th Panchen died in Tashilumpo Monastery, http://www.chinaview.cn, 9 avril 2009 : « On Jan. 27, the 10th Panchen held a banquet in his residence for representatives of cadres and the mass of Xigaze. He was very happy at the banquet and even danced with the guests. He did not go to bed till the midnight. At four o' clock the next morning, the 10th Panchen woke up from chest distress, with an ache in his back and arms. He went back to sleep after a checkup and at 8:25 am, the 10th Panchen suffered a seizure and lost consciousness. The condition of the 10th Panchen was reported to the Central Government immediately. Despite the emergency treatment from a special medical team sent by the Central Government, the 10th Panchen died at 20: 16. »
  71. (en) Nicholas D. Kristoff, The Panchen Lama Is Dead at 50; Key Figure in China's Tibet Policy, The New York Times, 30 janvier 1989, p. 2 : « The reaction by Chinese officials to his illness was a sign of the premium they placed on him: On hearing he had had a heart attack, the Communist Party General Secretary, Zhao Ziyang, sent a team of cardiologists to Xigaze by a special plane. »
  72. (en) Michael Dempsey, Peking's poison fails to touch Tibetan hearts, 3 octobre 1996, The Independent ([1]).
  73. Message du Dalaï Lama à l’occasion du 40e anniversaire du soulèvement de Lhassa, 10 mars 1999
  74. (en) Tibet's Stolen Child, the 11th Panchen Lama, sur le site de l'association Campagne internationale pour le Tibet : « In an extraordinary public speech made in 1989 in Shigatse, the Panchen Lama was less reserved. He called for the Dalai Lama to be allowed to collaborate with him in Tibetan policy making and openly challenged the Chinese leadership's policies in Tibet. Shortly after this address, the Chinese Daily printed another critical statement which vaulted the Panchen Lama's international image as a critic of the Chinese government: "Since liberation, there has certainly been development, but the price paid for this development has been greater than the gains." (As reported in the China Daily, January 25, 1989.) ».
  75. (en) Kathy Wilhelm, Clashes in Tibet culmination of anti-China tensions, The Sunday Telegraph, March 12, 1989 : « A rumor began circulating that the overweight, 50-year-old monk was assassinated, because days before he died he criticized Beijing policies in Tibet. No evidence was produced, but the rumor triggered a small protest, Tibetans told an American traveler. »
  76. (en) Kalsang Rinchen, Hu killed Panchen: Chinese dissident, Phayul.com, 16 mars 2011.
  77. « Voir Chapter 6, et suivant », sur taiwanUs.net (version du sur Internet Archive)
  78. (en) Gyalo Thondup and Anne F. Thurston, The Noodle Maker of Kalimpong, Rider, 2015, xxviii et 353 p., p. 281 : « I do not believe the rumours that he was poisoned. I believe that Yan Mingfu, Wen Jiabao and the doctors did all they could to save him. »
  79. Gyalo Thondup, op. cit., pp. 280-281 : « But the Panchen-Lama was a big, heavy man. He weighed close to 250 pounds. He was so heavy that he had to be physically helped up after making his prostrations. He had diabetes and high blood pressure. And he had been working hard. During the Cultural Revolution, the tombs of the previous panchen-lamas housed inside Tashilunpo had been badly damaged, and he was responsible for overseeing their restoration. Many people wanted to meet him, and he was receiving many visitors. He had spent fifteen years in prison in miserable conditions. He was not a well man. »
  80. (en) Tim Johnson, Tragedy in Crimson: How the Dalai Lama Conquered the World But Lost the Battle with China, Nation Books, 2011, pp. 171 : « She indicated that poor health was likely a factor in his demise. Her father, always large, had ballooned in weight at the time of his death. He also drove himself hard. He slept about three hours a day maximum and was flying all the time. »
  81. Fabienne Jagou, op. cit., p. 29-54, page 51.
  82. Caroline Puel, « Le rapport post mortem qui accuse Pékin. En 1962, le 10e panchen-lama dénonçait les exactions chinoises au Tibet. », Libération,‎ (lire en ligne)
  83. (en) Benjamin Kang Lim, Thousands in China pay tribute to late Tibetan lama, Reuters, reproduit sur le site phayul.com, 11 février 2008 : « Nearly 20 years after his death, with Beijing and Tibetans at odds over his successor, the big show of public affection suggested he remains a potent symbol of Tibetan aspirations ».
  84. (en) Thousands in China pay tribute to late Tibetan lama, op. cit. : « "These prayers demonstrate that my father still lives in the people's hearts," Yabshi Pan Rinzinwangmo, wearing a bright yellow traditional Tibetan dress, or chupa, told Reuters. "Time has not dimmed his legacy" ».
  85. Tibet, LONELY PLANET, Place des éditeurs, 2015, 587 pages (version numérique Google).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes