Abolissons la vénerie aujourd'hui

Abolissons la Vénerie Aujourd'hui
Cadre
Forme juridique Collectif citoyen
But Abolition de la vènerie en France
Zone d’influence Drapeau de la France France
Fondation
Fondation 2016
Fondateurs Collectif de 7 militants
Identité
Structure Dix-neuf antennes existent en France en 2019[1]
Personnages clés Stanislas Broniszewski
Affiliation Hunt saboteurs
Méthode Filmer et poursuivre les chasseurs à courre pour dénoncer leurs méthodes et protéger les animaux.
Membres 700[1]
Site web Site officiel

Abolissons la vénerie aujourd'hui (AVA) est un collectif français opposé à la vènerie, fondé fin 2016 par des habitants de la région de Compiègne dans l'Oise. Le collectif est neutre sur les autres pratiques de chasse.

Son action est de recenser les incidents causés par la chasse à courre, d'organiser les riverains des forêts et de poursuivre « pacifiquement » et « à visage découvert » les chasseurs à courre, pour dénoncer leurs méthodes et protéger les animaux[2]. Les veneurs[Note 1], de leur coté, dénoncent « les provocations » et le « sabotage » des actions de chasse de la part d'AVA[3].

Objectifs

Le collectif AVA a pour but l'abolition de la vénerie en France, une pratique jugée cruelle et archaïque[4], qui consiste à poursuivre un animal sauvage, traditionnellement un cerf, sanglier, chevreuil, renard ou lièvre, avec une meute de chiens courants, et en cas de réussite, à tuer l'animal totalement épuisé[5],[6] à l’arme blanche[4]. Le collectif dénonce également « « des chevaux lancés sur des terrains impraticables », du gibier « déchiqueté vivant », ou la « privatisation » des forêts publiques louées aux veneurs par l’Office national des forêts. »[4], mais aussi le fait que « les chevaux et les chiens sont traités comme de vulgaires outils[7]», et rappelle que « de nombreux pays européens (Allemagne, Angleterre, Belgique, Écosse...) ont déjà banni ce loisir cruel, jugeant cette pratique désormais incompatible avec l'évolution de notre société et de nos connaissances vis-à-vis des espèces animales. »[8],[9],[2].

Historique

AVA nait fin 2016 en forêt de Compiègne dans l'Oise à l'initiative d'habitants de la région[4],[1] et avec le soutien de certains membres de « hunt saboteurs », un « puissant mouvement anti-chasse » international né en Angleterre en 1963, avec lequel les membres d'AVA reconnaissent avoir une filiation[4]. Le collectif se décrit comme « populaire et pacifique »[10],[11].

En décembre 2017, le collectif connait un tournant décisif avec l’affaire du cerf abattu dans un jardin privé sans l’accord du propriétaire[8], à Lacroix-Saint-Ouen[1],[4], alors qu'une vidéo d'AVA de l'évènement[12] fait le tour des réseaux sociaux. Malgré la sanction en interne d'Alain Drach, maître d'équipage[Note 2] de la Futaie des amis, suspendu de ses fonctions jusqu'à la fin de la saison de chasse[8],[13], l’indignation et les faits relayés par la presse font tache d’huile[4],[14]. Depuis, les militants d'AVA se rendent chaque semaine en forêt[15],[6] pour surveiller et « mettre la pression » sur les équipages en filmant la chasse et les conditions de mise à mort des animaux, tout en tentant de sauver ces derniers[16],[17].

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Hugo Clément et l'équipe de Konbini ont filmé une action d'AVA en mars 2018[18],[19].

Le 31 mars 2018, afin de célébrer la fin d'une saison de chasse-à-courre sous tensions et de réclamer l'abolition de cette pratique dont ils dénoncent la « barbarie », AVA organise une manifestation à Compiègne qui réunit près d'un millier de personnes[20].

A partir de « septembre [2018], les tensions [entre veneurs et AVA montent] d’un cran, les uns et les autres s’accusant de violences physiques. Rien qu’en Bretagne, une soixantaine de plaintes auraient été déposées »[21],[22].

En octobre 2018, six militants fondateurs d'AVA décident de quitter le collectif, déplorant la présence dans leurs rangs de chasseurs à tirs. Selon Stanislas Broniszewski, le porte parole du collectif, « il n'y a aucune alliance avec les chasseurs », « AVA est neutre sur les autres pratiques que la chasse à courre » et « ces démissions ne devraient pas avoir d'impact sur l'activité du collectif. »[23].

Le 1er décembre 2018, lors d'une chasse à courre, une militante d'AVA plonge dans un étang en forêt de Rambouillet dans le but de défendre un cerf qui y avait trouvé refuge alors qu'il était poursuivi par une meute de chiens. Elle attrape l'animal par les bois pour l'aider à respirer[24], mais l'animal épuisé meurt noyé une fois la femme sortie de l'eau glacée par des suiveurs[Note 3],[25].

Le 16 février 2019, une trentaine de militants d'AVA au nombre desquels se trouve Rémi Gaillard[26], militant médiatique pour la cause animale[27],[28], tentent de sauver un cerf lors d'une chasse à courre dans la forêt domaniale de Grésigne[26],[29]. Alors que l'animal est mort d'une crise cardiaque, épuisé par la course poursuite, un chasseur sort son arme et menace les militants. La scène est filmée par Rémi Gaillard[26], qui diffuse la vidéo sur Twitter le 19 février 2019 et interpelle le président de la République Emmanuel Macron[26].

En mars 2019, en réponse à l'émoi et l'indignation suscités par la mort d'un cerf abattu en 2017 par des veneurs dans un jardin privé à Lacroix-Saint-Ouen, un arrêté ministériel interdit désormais aux chasseurs de poursuivre les animaux à proximité des habitations[30].

En novembre 2019, une vidéo filmée à Pont-Sainte-Maxence et diffusée par AVA fait « scandale ». On y voit les chiens de meute d'un équipage en train de s’attaquer à l’arrière-train d’un cerf retranché sur un terrain privé situé à quelques mètres des premières maisons d'un quartier bordant la forêt d'Halatte. Sauvé par des habitants qui s’interposent entre la meute et l’animal blessé, ce dernier finit par retrouver la liberté avec l'aval des autorités, au lieu d'être abattu[31],[32].

En , les militants d'AVA étant de plus en plus actifs en Forêt de Retz, des veneurs[Note 1], qui invoquent des raisons de sécurité, de pédagogie et de défense de la vénerie génératrice d'emplois, sont contraints de cesser de chasser et forment un groupe, les « marcheurs », afin d'encadrer les militants et tenter de gêner leurs actions, en déployant notamment des parapluies devant les caméras d'AVA pour masquer la scène de la mise à mort de l'animal[33],[34].

Structure

En 2019, AVA revendique 700 militants[1],[4] répartis au sein de dix-neuf antennes en France, rayonnant de la Bretagne au massif du Médoc, en passant par la Touraine[1], et actifs dans plus de vingt forêts françaises[1],[11].

Suites judiciaires

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L'humoriste et vidéaste Rémi Gaillard, soutient et milite aux côtés d'AVA pour la cause animale.

Le 1er février 2019, le tribunal de police de Compiègne condamne un suiveur de 27 ans, à une amende de 400 € assortie de 300 € de dommages et intérêts, pour avoir, en mars 2018, frappé à coups de poing un militant d'AVA lors d'une chasse à courre dans l'Oise[35]. La bagarre avait impliqué une trentaine de personnes et avait nécessité l'intervention des CRS[35].

Le 7 juin 2019, le tribunal de police de Versailles condamne deux suiveurs pour des violences commises le 29 janvier à l'encontre de deux militantes d'AVA dans la forêt de Rambouillet, à 300 € d'amende assortie de 250 € à verser à la victime au titre des préjudices physique et moral pour le premier, et à 150 € d'amende pour le second[36].

Le 1er aout 2019, le tribunal correctionnel de Rennes condamne cinq veneurs à des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis, pour des violences commises en forêt de Brocéliande à l'encontre de deux militants d'AVA. Les cinq chasseurs annoncent faire appel de cette décision[37],[14].

Le 1er octobre 2019, l’ONF convoque trois militants d'AVA en justice devant le tribunal de grande instance de Compiègne pour avoir fait « entrave au droit de chasse » sur son domaine[38]. Ces derniers bénéficient des services de l'avocat mis gratuitement à leur disposition par Rémi Gaillard[28]. Le 3 décembre 2019, le tribunal de Compiègne déboute l’ONF de l'ensemble de ses demandes et condamne l’organisme à payer 1500 € à chacun des militants assignés et à rembourser leurs frais de justice[39].

Critiques

En octobre 2018, le syndicat policier Alliance dénonce la mobilisation d’agents de police en forêt de Compiègne pour éviter des débordements entre adeptes de la chasse à courre et leurs opposants, regrettant que « les policiers soient détournés de leur cœur de métier pour renforcer les équipages des 'véneries' de quelques aristocrates ! »[40]. De son coté, la Société de vènerie, qui représente la chasse à courre, déclare que « s'il n’y avait pas des gens qui s’opposent brutalement à une activité tout à fait légale, il n’y aurait pas besoin de mobiliser les forces de l’ordre », qualifiant les militants d'AVA de « militants extrémistes empêchant le droit de chasse »[41].

Notes et références

Notes

  1. 1,0 et 1,1 Veneur : Celui qui organise les chasses à courre.
  2. Équipage : Ensemble des personnes, des chiens et des chevaux qui concourent à la chasse à courre du cerf, du chevreuil, du lièvre et du renard.
  3. Suiveur : Personne qui assiste à la chasse à courre par passion

Références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 et 1,6 Fanny Dolle, « Ils courent, ils courent, les opposants à la chasse à courre dans l’Oise », sur Courrier Picard.fr,
  2. 2,0 et 2,1 Nathalie Spriet, « Les opposants d’AVA agacent les adeptes de chasse à courre en forêt d’Eawy », sur Paris Normandie.fr,
  3. « Bretagne. « Sabotage » ou « action pacifique » : la tension monte entre chasseurs et anti-chasse », sur Ouest France.fr,
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 et 4,7 Hélène Duvigneau AFP, « Les « pro » et « anti » chasse à courre à couteaux tirés dans les forêts », article aussi publié par lepoint.fr et en partie par lefigaro.fr, sur Ouest France.fr,
  5. Fabienne Richard, « Forêt de Brocéliande. Les manifestants contre la chasse à courre encadrés par les chasseurs », sur Ouest France.fr,
  6. 6,0 et 6,1 « Dans les Yvelines, la guerre est déclarée entre pro et anti-chasse à courre », sur BFM TV,
  7. Pascal Simon, « ENTRETIEN. « Nous demandons l’abolition de la chasse à courre » », sur Ouest France.fr,
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Célia Mascré, « Forêt de Compiègne : une cinquantaine de militants perturbent une chasse à courre », sur France TV Info.fr avec AFP,
  9. Quentin Vasseur, « Comment les pays étrangers pratiquent (ou non) la chasse à courre ? », sur France TV Info.fr,
  10. « En France, ils filment la chasse à courre pour dénoncer une pratique "barbare" », sur France 24.fr,
  11. 11,0 et 11,1 Sarah Finger, « Chasse à courre : cerf fini ? », sur Libération.fr,
  12. France 3, « Oise : en forêt de Compiègne, des militants se mobilisent contre la chasse à courre »,
  13. « Cerf abattu dans un jardin privé: le maître de la chasse a été suspendu », sur L'Express.fr,
  14. 14,0 et 14,1 Aude Bariéty, « Rennes: cinq participants à une chasse à courre jugés pour violences sur deux opposants », sur Le Figaro.fr,
  15. Margaux Bourgasser, « Rambouillet : les anti chasse à courre ne désarment pas », sur Le Parisien.fr,
  16. Julien Barbare, « Compiègne : avec leur vidéo, les anti-chasse veulent en finir avec la vénerie », sur Le Parisien.fr,
  17. « Chasse à courre : l'offensive des opposants », sur France TV.fr,
  18. Cécile De Sèze, « Les images choquantes de maltraitance animale lors d'une chasse à courre », sur RTL.fr,
  19. Konbini News, « Interview militants cause animale », sur youtube.com,
  20. Clawdia Prolongeau, « Compiègne : un millier de manifestants pour l’abolition de la chasse à courre », sur Le Parisien.fr,
  21. « Les « pro » et « anti » chasse à courre à couteaux tirés dans les forêts », sur Ouest France.fr avec AFP,
  22. « Chasse à courre: tension entre les «pro» et les «anti» », sur Le Figaro.fr,
  23. « Compiègne : des membres fondateurs d’AVA prennent le large », sur Le Parisien.fr,
  24. « Chasse à courre : une femme qui tentait de sauver un cerf piégé dans un étang, prise à partie », sur 30 Millions d'Amis.fr,
  25. Laurent Mansart et Margaux Bourgasser, « Yvelines: une militante anti-chasse se jette à l’eau pour tenter de sauver un cerf », sur Le Parisien.fr,
  26. 26,0 26,1 26,2 et 26,3 « Incidents lors d'une chasse à courre dans le Tarn : le Youtubeur Rémi Gaillard faisait partie des manifestants anti-chasse », sur La Dépêche.fr,
  27. Célia Vanier, « Trois militants anti-chasse à courre assignés à Compiègne : Rémi Gaillard propose les services de son avocat », sur France TV Info.fr,
  28. 28,0 et 28,1 « Protection des animaux: Rémi Gaillard se porte au secours d’une association anti-chasse à courre », sur 20 minutes.fr,
  29. « Rémi Gaillard en appelle à Macron après la diffusion d'une vidéo de chasse à courre », sur Huffpost.fr,
  30. « Après la polémique sur l'abattage d'un cerf dans l'Oise, les animaux qui se réfugient en zone habitée seront graciés », sur france3-regions.francetvinfo.fr,
  31. Jennifer Alberts, « Des habitants de Pont-Sainte-Maxence sauvent un cerf traqué par une meute de chasse à courre », sur France TV Info.fr,
  32. « Chasse à courre à Pont-Sainte-Maxence: une nouvelle vidéo fait scandale », sur Courrier Picard.fr,
  33. Ludivine Bleuzé-Martin, « En forêt de Retz, opposants et partisans de la chasse à courre se font face », sur Courrier Picard.fr,
  34. Ludivine Bleuzé-Martin, « En forêt de Retz, les opposants à la chasse à courre de plus en plus actifs », sur L'Union.fr,
  35. 35,0 et 35,1 « Coups de poing contre un militant anti-chasse: 400 euros d'amende pour un chasseur (vidéo) », sur France Soir.fr,
  36. Aurélie Foulon, « Rambouillet : des défenseurs de la chasse à courre condamnés pour violences contre des opposants », sur Le Parisien.fr,
  37. Céline Guétaz, « Rennes : cinq chasseurs condamnés pour violences sur des militants du collectif Abolissons la vénerie », sur France Bleu.fr,
  38. David Pargamin, « Des anti-chasse à courre devant la justice », sur Libération.fr,
  39. Élie Julien, « Dans l’Oise, la justice donne raison aux anti-chasse à courre », sur Le Parisien.fr,
  40. « Des policiers agacés de devoir encadrer les "vèneries de quelques aristocrates" », sur Paris-Match.fr,
  41. « Oise: Un syndicat de police se plaint d'avoir à surveiller les chasses à courre », sur 20 Minutes.fr avec AFP,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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