Soy boy

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Du soja sous forme de graines, de lait, et en arrière-plan, de tofu.

Soy boy (litt.« garçon-soja »), ou parfois homme-soja, est un terme péjoratif ou ironique, souvent utilisé en ligne, notamment par l'extrême droite[1], pour qualifier les hommes qui présentent des traits physiques, affectifs, ou comportementaux attribués d'accoutumée à la gent féminine[2],[3].

Études scientifiques

En France, depuis 2025, l'ANSES recommande d'éviter les aliments à base de soja, principale source d'isoflavones, en restauration collective[4]. Ceux-ci font du soja un perturbateur endocrinien. Il a donc des effet nocifs pour la santé, notamment pour le système reproducteur[5]. En particulier, les isoflavones perturbent la sécrétion de l'hormone folliculo-stimulante et de l'hormone lutéinisante[6]. L'impact des isoflavones sur l'activité hormonale est avérée depuis les années 1940 en Australie[6].

Selon Paul Joseph Watson, le terme soy boy est basé[7] sur la présence de phytoestrogènes dans les graines de soja. En effet, d'après une étude de chercheurs de l'université Harvard, parue en dans la revue Human Reproduction [8], manger régulièrement du soja ferait baisser le taux de concentration du sperme et jouerait un rôle dans l'infertilité masculine[9],[10].

D'autres publications et méta-analyses, ne relèvent pas de lien de causalité entre la consommation de soja et la fertilité masculine[11],[12],[13],[14].

Histoire

La première occurrence de l'expression « soy boy » apparaît en dans le clip de la chanson Ur So Gay de Katy Perry, sur une plaque d'immatriculation[source secondaire nécessaire].

The Daily Dot suggère qu'il aurait pu être lancé sur Twitter par Mike Cernovich , une personnalité d'extrême droite active sur les médias sociaux[15],[2]. Toutefois, le suprémaciste blanc James Allsup affirme avoir inventé l'expression[2]. Selon Know Your Meme, la première apparition archivée du terme date d' sur un forum de 4chan[16],[17].

En français l'expression « homme-soja » est parfois utilisée à la place de l'expression anglaise[18],[19],[20],[21],[22].

Usage

Le terme est utilisé par les trolls d'internet à des fins de moquerie ou d'ironie dans des échanges en ligne[23] et par des youtubeurs d'extrême droite comme Papacito[24]. S'il désigne d'abord les végétaliens ou les vegans[25], qui, par définition, refusent la consommation de viande et recourent à d'autres sources de protéines comme des aliments à base de soja, l'expression vise aussi plus généralement les hommes perçus comme libéraux (au sens américain), progressistes, gauchistes, social justice warriors, woke, ou des groupes similaires dont les hommes présenteraient des traits et des valeurs qu'ils jugent féminines[26].

En outre, la revue de droite conservatrice catholique La Nef[20], reprise par l'essayiste Marc Alpozzo[19] et critiquée par Renaud Large[27], ne placent pas spécialement le soy boy sur l'échiquier politique, le voyant aussi bien altermondialiste, bobo que petit-bourgeois, mais lui reprochent une soumission à la supposée bien-pensance contemporaine et un mode de vie matérialiste, individualiste, urbain, déconnecté de la réalité, sans traditions ni transcendance.

En , Colby Covington, combattant de MMA, utilise le terme pour se moquer de son adversaire Dustin Poirier[28], et une personnalité politique de droite, le républicain Madison Cawthorn, affirme que les hommes de gauche aiment porter des masques pendant la pandémie de Covid-19 car ils sont des hommes soja[29].

Références

  1. Maxime Macé et Pierre Plottu, « L'extrême droite obsédée par sa virilité », Libération, (consulté le ).
  2. a b et c (en) Rachel Hosie, « Soy boy: What does this online insult mean? », The Independent, (consulté le ).
  3. (en) Jules Joanne Gleeson, « An Anatomy of the Soy Boy », sur New Socialist, (consulté le ).
  4. « Éviter les isoflavones dans les menus des restaurations collectives », sur Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, (consulté le )
  5. S. Watanabe, K. Terashima, Y. Sato et S. Arai, « Effects of isoflavone supplement on healthy women », BioFactors (Oxford, England), vol. 12, nos 1-4,‎ , p. 233–241 (ISSN 0951-6433, PMID 11216491, DOI 10.1002/biof.5520120136, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en-US) Catherine Bennetau-Pelissero, « Alimentation : comment consommer du soja sans risques pour la santé », sur The Conversation, (consulté le )
  7. (en) Alex Henderson, « Inside the "soy boy" conspiracy theory: It combines misogyny and the warped world of pseudosciece », sur Salon.com, (consulté le ).
  8. (en) Jorge E. Chavarro, Thomas L. Toth, Sonita M. Sadio et Russ Hauser , « Soy food and isoflavone intake in relation to semen quality parameters among men from an infertility clinic », Human Reproduction , vol. 23, no 11,‎ , p. 2584–2590 (PMID 18650557, PMCID PMC2721724, DOI 10.1093/humrep/den243).
  9. Claire Frayssinet, « Le soja rend les hommes moins fertiles », Femme actuelle, (consulté le ).
  10. Catherine Bennetau-Pelissero, « Manger trop de soja peut nuire à la fertilité », sur Slate.fr, (consulté le ).
  11. (en) Mark Messina, « Soybean isoflavone exposure does not have feminizing effects on men: a critical examination of the clinical evidence », Fertility and Sterility , vol. 93, no 7,‎ , p. 2095–2104 (ISSN 0015-0282 et 1556-5653, DOI 10.1016/j.fertnstert.2010.03.002, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Christopher R. Cederroth, Jacques Auger, Céline Zimmermann, Florence Eustache et Serge Nef, « Soy, phyto-oestrogens and male reproductive function: a review », International Journal of Andrology , vol. 33, no 2,‎ , p. 304–316 (ISSN 1365-2605, DOI 10.1111/j.1365-2605.2009.01011.x, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Jill M. Hamilton-Reeves, Gabriela Vazquez, Sue J. Duval, William R. Phipps, Mindy S. Kurzer et Mark J. Messina, « Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men: results of a meta-analysis », Fertility and Sterility , vol. 94, no 3,‎ , p. 997–1007 (DOI 10.1016/j.fertnstert.2009.04.038, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Mark Messina, Sonia Blanco Mejia, Aedin Cassidy et Alison Duncan, « Neither soyfoods nor isoflavones warrant classification as endocrine disruptors: a technical review of the observational and clinical data », Critical Reviews in Food Science and Nutrition, vol. 62, no 21,‎ , p. 5824–5885 (ISSN 1040-8398 et 1549-7852, DOI 10.1080/10408398.2021.1895054, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Jay Hathaway, « ‘Soy boys' is the far-right's newest favorite insult », sur The Daily Dot, .
  16. (en) Jelisa Castrodale, « A Brief History of Conservatives Using Tofu-Eating as an Insult », sur Vice, .
  17. (en) « Soy Boy », sur Know Your Meme.
  18. Samir Bajríc, Isabelle Monin et Dubravka Saulan, « « C'est une pie, enculé ! » : Expressions virales de l'hystérisation sur les réseaux sociaux », Savoirs en lien, Université de Bourgogne, no 1 « Hystérisations »,‎ (DOI 10.58335/sel.197).
  19. a et b Marc Alpozzo, « Sandrine Rousseau, VRP de l'homme-soja et de la femme-quinoa », Entreprendre, .
  20. a et b Nicolas Kinosky, « En finir avec l'homme-soja », La Nef, (consulté le ).
  21. Alexis Ferenczi, « 100% Bio : la guerre du groin n'aura pas lieu », Vice, .
  22. Peggy Baron, « Étude IFOP : manger (beaucoup) de viande, un truc de macho de droite », sur L'ADN, .
  23. (en) Ellen Scott, « What is a soy boy? », Metro, (consulté le ).
  24. Rebecca Fitoussi, « Samuel Laurent : « Twitter est un salon parisien qui prend une importance disproportionnée » », Public Sénat, (consulté le ).
  25. (en) Brent Cunningham, « Plant-based meat and the knock-down, drag-out fight for the American diet », The Highlight, sur Vox, (consulté le ).
  26. (en) George Reynolds, « Why do people hate vegans? », The Guardian, (consulté le ).
  27. Renaud Large, Le choc des espèces : L'homme contre l'animal, jusqu'à quand ?, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube, coll. « Monde en cours / Ça va bien se passer », , 226 p. (ISBN 978-2-8159-5124-1 et 978-2-8159-5125-8, lire en ligne).
  28. (en) Jack Figg, « Covington slams 'fake nice guy' Dustin Poirier and UFC star's wife Jolie », The US Sun, (consulté le ).
  29. (en) Oliver Willis, « Madison Cawthorn: The left loves wearing masks because they're 'soy boy cowards' », sur The American Independent , (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Sources académiques centrées :

  • (en) Ruth Clemens et Becket Flannery, chap. 17 « ‘Soy Boy’, Ecology and the Fascist Imaginary », dans Rick Dolphijn (dir.) et Rosi Braidotti (dir.), Deleuze and Guattari and Fascism, Édimbourg, Edinburgh University Press, coll. « Deleuze Connections », , XI-390 p. (ISBN 978-1-399-50522-2 et 978-1-399-50524-6), p. 341–361.
  • (en) Iselin Gambert et Tobias Linné, « From Rice Eaters to Soy Boys : Race, Gender, and Tropes of ‘Plant Food Masculinity’ », Animal Studies Journal, Université de Wollongong, vol. 7, no 2,‎ , p. 129–179, article no 8 (DOI 10.2139/ssrn.3298467).
  • (en) Elizabeth Hubertz, « Earth Mothers, Soy Boys, and Cool Dudes : Practicing Law While Protecting the Environment », Washington University Journal of Law and Policy, Collège de droit de Washington, Université Washington de Saint-Louis, vol. 62,‎ , p. 87–98 (lire en ligne), § II « Soy Boys », p. 92–95.
  • (en) Mandie Iveson et Federica Formato, « Men of today, soyboys of tomorrow : Constructions of masculinities in YouTube responses to Gillette's The Best Men Can Be », Discourse, Context & Media, vol. 49,‎ , article no 100628 (DOI 10.1016/j.dcm.2022.100628) : « our investigation focuses on three gendered terms representing subordinate masculinities […]: soy, cuck and beta ».

Articles connexes