Léon XIV

Léon XIV

Le pape Léon XIV lors de sa première rencontre avec les médias internationaux (2025).
Biographie
Nom de naissance Robert Francis Prevost
Naissance (69 ans)
Chicago (Illinois, États-Unis)
Père Louis Marius Prevost ()
Mère Mildred Agnes Martinez ()
Ordre religieux Ordre de Saint-Augustin
Profession solennelle
Ordination sacerdotale par Jean Jadot
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat (à 69 ans)
(13 jours)
Intronisation
Précédent François
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le pape François
Titre cardinalice Cardinal-diacre de Santa Monica (2023-2025)
Cardinal-évêque d'Albano (2025)
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
par James Patrick Green
Archevêque ad personam
Préfet du Dicastère pour les évêques
Président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine
–
Précédent Marc Ouellet Vacant Suivant
Administrateur apostolique du diocèse de Callao
–
Évêque de Chiclayo
–
Précédent Jesús Moliné Labarte Edinson Edgardo Farfán Córdova Suivant
Administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo
–
Évêque titulaire de Sufar
–
Précédent Ernst Gutting Robert P. Reed Suivant
Prieur général de l'ordre de Saint-Augustin
–
Précédent Miguel Orcasitas Gomez Alejandro Moral Anton Suivant
Autres fonctions
Fonction religieuse
  • Prieur provincial
« In illo uno unum »
En lui seul [le Christ], nous sommes un[note 1]
(en) Notice sur catholic-hierarchy.org

Robert Francis Prevost (prononcé /ˈrɒbərt ˈfrænsɪs 'priːvoʊst/ en anglais américain[note 2]), né le à Chicago (Illinois, États-Unis), est un prélat catholique américain naturalisé péruvien, élu pape le sous le nom de Léon XIV (en latin : Leo XIV, en italien : Leone XIV, en anglais : Leo XIV, en espagnol : León XIV, en portugais : Leão XIV). En qualité d'évêque de Rome, il est le 267e pape de l'Église catholique ainsi que le chef d'État du Vatican.

Premier souverain pontife originaire des États-Unis, il est également le deuxième pape issu de l'ordre de Saint-Augustin, après Eugène IV, au XVe siècle. Missionnaire au Pérou entre 1985 et 1998, il exerce ensuite des responsabilités à la maison-mère de son ordre à Rome de 2001 à 2013, puis est nommé évêque du diocèse péruvien de Chiclayo. Ayant pris la nationalité péruvienne en 2015, cela fait de lui premier pape péruvien.

Le , il est choisi pour succéder au cardinal Ouellet à la tête du Dicastère pour les évêques ; il prend ses fonctions le suivant. Le de la même année, il est créé cardinal par le pape François. Après la mort de ce dernier, il est élu pape.

Contexte familial et ascendance

Famille

Robert Francis Prevost est né le [1],[2] au Mercy Hospital de Chicago, dans l'Illinois[3],[4],[5], de Louis Marius Prevost, né le à Chicago et mort le à Homewood, et de Mildred Agnes Martinez, née le à Chicago et morte le à Chicago Heights[6],[7],[8],[9]. Ses parents se sont mariés le en la cathédrale du Saint-Nom de Chicago[10],[11].

Son père[7], d'ascendance italienne et française[12], est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant commandé une barge de débarquement pour l'infanterie, lors du débarquement de Normandie et du débarquement de Provence, et qui terminera sa carrière au sein de l'US Navy avec le grade de lieutenant de vaisseau[7],[13],[14]. Il devient plus tard surintendant du district scolaire 167 de Brookwood à Glenwood dans l'Illinois[15],[10]. Sa mère, bibliothécaire engagée dans la vie paroissiale[13], est une femme métisse[16] d'ascendance créole louisianaise[17], et dont deux des sœurs étaient religieuses[18]. Elle est diplômée de l'université DePaul avec une licence en sciences de l'information et des bibliothèques obtenue en 1947[19].

Généalogie

Son grand-père paternel, Salvatore Giovanni Gaetano Riggitano, alias John R. Prevost[20],[21], né le à Milazzo, en Sicile[22], et mort le à Détroit, dans le Michigan[23], était professeur de langues romanes[24] au conservatoire de Quincy puis au Kimball Hall de Chicago. Sa grand-mère paternelle, Suzanne Louise Marie Fontaine[25], née le au Havre[26],[27] et morte le à Détroit, est une Française d'origine normande, arrivée aux États-Unis en 1915 à bord du transatlantique La Touraine[28],[29],[30] et qui était gouvernante[31]. Elle était née de l'union d'un couple de pâtissiers nommés Ernest Auguste Fontaine, né le à Saint-Pierre-sur-Dives, dans le Calvados, et Jeanne Eugénie Prévost, née le à Paris, mais issue d'une famille du pays de Caux en Seine-Maritime[24]. Les grands-parents du pape prirent le nom de la mère de Suzanne lorsqu'ils déclarèrent leurs deux fils[22]. Léon XIV, alors cardinal, a évoqué ses racines normandes avec Dominique Lebrun, archevêque de Rouen[29].

Son grand-père maternel, Joseph Nerval Martinez, né le à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, et mort le à Chicago[32],[9], est un fabricant de cigares probablement né en Haïti[32],[33] et francophone[34]. Sa grand-mère maternelle, Louise Baquié, née le à La Nouvelle-Orléans et morte le à Des Plaines[33], est une créole métisse de Louisiane, fille d'un cordonnier et petite-fille d'Aristide Bacquié, né en Guadeloupe en 1811[9],[35],[3],[36],[37]. Tous deux étaient issus de familles de gens de couleur[9] — dits mulâtres — avec des ancêtres colons européens et esclaves noirs (ou affranchis)[18],[9],[38],[33]. Léon XIV est ainsi le premier pape ayant une ascendance africaine subsaharienne et le premier pape avec une ascendance africaine depuis le Ve siècle[12],[16]. Par sa grand-mère maternelle, Léon XIV descend également de familles françaises aux origines varoise, béarnaise et marseillaise[29].

Selon Pierre Gendreau-Hétu, chercheur associé au Programme de recherche en démographie historique de l'Université de Montréal, et Luc Baronian, professeur de linguistique à l'Université du Québec à Chicoutimi, le pape a des origines québécoises du côté maternel en étant le descendant de Pierre Boucher, fondateur de la ville de Boucherville et premier colon de la Nouvelle-France anobli par le roi Louis XIV[39].

La base généalogique Roglo donne l'ascendance de Robert Francis Prevost jusqu'à la 25e génération, avec de nombreux commentaires explicatifs[40].

Formation

Jeunesse et scolarité

Surnommé Bob ou Rob durant son enfance et ensuite par ses amis à l'âge adulte[3],[41],[42], Robert Francis Prevost grandit dans le village de Dolton, dans la banlieue limitrophe sud de Chicago, avec ses deux frères aînés, Louis Martín et John Joseph, respectivement vétéran de la marine résidant en Floride et directeur d'école[43] à la retraite demeurant à Chicago[3],[18],[12].

Il vit alors dans la paroisse Sainte-Marie-de-l'Assomption, à Riverdale, où il va à l'école, chante dans la chorale et sert comme enfant de chœur[3],[44],[note 3]. Robert Francis Prevost aspire à la prêtrise dès son plus jeune âge[41], et joue la messe à la maison avec ses frères, sur une table à repasser avec des bonbons en guise d'hostie[46],[47].

De 1969 à 1973, il fréquente le St. Augustine Seminary, un petit séminaire près de Saugatuck, dans le Michigan[48],[49]. Il y obtient une récompense pour l'excellence de ses résultats et apparaît régulièrement sur le tableau d'honneur. Il est rédacteur en chef du livre annuel et secrétaire du conseil étudiant ainsi que membre de la National Honor Society[50],[51]. Il participe également à des discours et à des débats[52]. Il termine en 1973 ses études secondaires au petit séminaire augustin de la paroisse Sainte-Marie-de-l'Assomption[2].

Université

Robert Francis Prevost obtient en 1977 un Bachelor of Science (BS) en mathématiques à l'université Villanova, un collège augustin près de Philadelphie[53],[54]. Il rejoint les Augustins le , prononce ses premiers vœux le [55] et fait profession solennelle le . L'année suivante, il obtient une maîtrise en théologie à la Catholic Theological Union (CTU) de Chicago en 1982[56]. Il enseigne ensuite la physique et les mathématiques à la St. Rita of Cascia High School de Chicago pendant ses études[3],[57]. Il obtient une licence en droit canonique en 1984, suivie d'un doctorat en droit canonique en 1987, tous deux de l'université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin à Rome[2]. Sa thèse de doctorat est une étude du rôle du prieur local dans l'ordre de Saint-Augustin[2]. En 2014, l'université Villanova lui décerne un doctorat honorifique en sciences humaines[53].

Prêtre

Mission au Pérou

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Parker Botanical
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Le noviciat de Robert Francis Prevost en tant qu'augustin a eu lieu dans l'église de l'Immaculée Conception à Saint-Louis , dans le Missouri.

Robert Francis Prevost est ordonné prêtre dans l'ordre de Saint-Augustin le à Rome par Jean Jadot[58]. Sa licence en droit canonique obtenue, il est envoyé en mission avec les Augustins au Pérou et devient chancelier de la prélature territoriale de Chulucanas jusqu'en 1986[55].

Lors de cette première expérience au Pérou, il rencontre Gustavo Gutiérrez, qui est l'un des fondateurs de la théologie de la libération, courant associant pastorale catholique et volonté d'émanciper les plus pauvres. Bien que Prevost n'adhère alors pas entièrement à cette doctrine, il en tire un intérêt marqué pour les questions sociales et économiques[59].

En 1987, il est rappelé aux États-Unis comme promoteur des vocations et directeur des missions pour la province augustine de Chicago. Il retourne en 1988 au Pérou, passant les dix années suivantes à diriger le séminaire des Augustins de Trujillo et à enseigner le droit canonique au séminaire diocésain, où il est également préfet des études. Il est juge au tribunal ecclésiastique régional et membre du Collège des consulteurs de Trujillo. Il exerce un ministère paroissial à la périphérie pauvre de la ville[60].

Responsabilités dans l'ordre de Saint-Augustin

Robert Francis Prevost, prieur général de l'ordre de Saint-Augustin en 2012, invite les jeunes à participer au rassemblement international de la jeunesse augustine de 2013.

En 1998, Robert Francis Prevost est élu supérieur provincial de la province augustine Notre-Dame-du-Bon-Conseil, qui couvre le Midwest américain, et retourne donc à Chicago pour prendre ce poste le [55].

En 2000, il lui est reproché d'avoir autorisé James Ray, un prêtre alors accusé d'abus sur mineurs et sous le coup d'une restriction pastorale depuis 1991, à résider au prieuré Saint-Jean-Stone de Chicago, malgré sa proximité avec un lycée catholique et sans que les responsables du lycée en soient informés. Pendant son séjour, Ray était suivi par un contrôleur. Il est déplacé vers une autre résidence en 2002 lorsque les règles ecclésiastiques se durcissent à l'égard des prêtres accusés d'abus sur mineurs[61],[62],[63],[64]. Selon Pedro Salinas, survivant d'abus sexuel commis par un prêtre et journaliste spécialiste de l'organisation catholique proche de l'extrême droite péruvienne Sodalicio, qui a été dissoute en 2025 sur ordre du pape François, cette accusation de dissimulation d'un prêtre pédophile portée contre Robert Francis Prevost est fausse et a été propagée par Sodalicio, en réponse au fait que le prélat voulait dénoncer les dérives de l'organisation, et dans le but de le discréditer comme papabile. Salinas s'est d'ailleurs réjoui de l'élection de Prevost à la papauté, disant qu'il avait écouté les victimes de Sodalicio et avait pris des actions alors que d'autres ne l'avaient pas fait[65],[66],[67],[68],[69].

En 2001, Robert Francis Prevost est élu prieur général des Augustins pour un mandat de six ans, renouvelé en 2007. Son élection en vingt minutes est l'une des plus rapides de l'histoire de l'Ordre[70]. De 2013 à 2014, Prevost est directeur des études du prieuré Saint-Augustin de Chicago, ainsi que premier conseiller et vicaire provincial[60].

Évêque

Diocèse de Chiclayo

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Marco Chuica Rodríguez
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Cathédrale Sainte-Marie  de Chiclayo au Pérou, où Robert Francis Prevost a été évêque diocésain de 2015 à 2023.

Le , le pape François le nomme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo et évêque titulaire de Sufar[60]. Installé le , il reçoit la consécration épiscopale le suivant des mains du nonce apostolique au Pérou, James Patrick Green[58]. Le , il est nommé évêque de Chiclayo[54]. La même année, il acquiert la nationalité péruvienne en vertu du concordat entre le Saint-Siège et le Pérou qui oblige les évêques à être des citoyens péruviens[71]. Le , il est nommé membre de la Congrégation pour le clergé[72].

Il prend pour devise épiscopale In Illo uno unum, expression tirée du commentaire sur le Psaume 127 d'Augustin d'Hippone[73] où il est écrit : sed et nos multi in illo uno unum, que l'on traduit par « bien que nous soyons nombreux, nous sommes un dans le Christ »[12]. Son blason intègre également le sceau de l'ordre de Saint-Augustin, dont il fut le supérieur général, ainsi qu'une fleur de lys représentant la Vierge Marie sous le titre d'« Immaculée Conception », patronne du diocèse de Chiclayo[74].

Du au , il est administrateur apostolique du diocèse de Callao (Pérou)[75],[76]. Le , François le nomme membre du Dicastère pour les évêques[77].

Au sein de la Conférence épiscopale du Pérou, Robert Francis Prevost est second vice-président, siégeant au conseil permanent, de 2018 à 2023[78]. En 2019, il est élu président de la commission Éducation et Culture. Le , il est reçu en audience privée par le pape François[79], ce qui alimente les spéculations sur une nouvelle affectation, à Chicago ou à Rome[80].

Dicastère pour les évêques

Le , le pape François le nomme préfet du Dicastère pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, avec le titre d'archevêque-évêque émérite de Chiclayo[58]. Il remplace à ces fonctions le cardinal Marc Ouellet, atteint par la limite d'âge et visé par des plaintes pour agression sexuelle[10]. Il prend ses fonctions le [81].

Cardinal

Le , le pape François annonce son intention de le créer cardinal lors du consistoire du [82]. À cette occasion, il reçoit le titre de cardinal-diacre de Santa Monica[83]. En tant que préfet, il joue un rôle essentiel dans l'évaluation et la recommandation des candidats épiscopaux dans le monde entier, gagnant ainsi une plus grande visibilité au sein de l'Église catholique.

Le , le pape François élève Robert Francis Prevost à l'ordre de cardinal-évêque et lui assigne le diocèse suburbicaire d'Albano[84]. Robert Francis Prevost est actif au sein du Conseil épiscopal d'Amérique latine et des Caraïbes. Il participe à des réunions et célèbre des messes à Aguadilla (Porto Rico) en mai 2023.

Pape de l'Église catholique

Élection et premières célébrations

La première apparition du pape Léon XIV au balcon de la basilique lors de sa présentation à la foule place Saint-Pierre à la suite de son élection.

Le , Robert Francis Prevost est élu pape par le conclave après seulement quatre tours de vote devenant ainsi le premier pontife américain et péruvien[85],[86],[87]. 267e pape élu, il est considéré comme un outsider par rapport aux papabili plus en vue[88],[89], ainsi qu'un proche du pape François et un candidat de compromis[88],[90]. Ses partisans ont soutenu qu'il représentait une « voie médiane digne »[91]. Après avoir accepté son élection, il a embrassé les cardinaux en quittant la chapelle Sixtine[92].

Le cardinal Dominique Mamberti, protodiacre, a annoncé le Habemus papam depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, proclamant le nom de Prevost et son nom de règne comme Léon XIV en référence au pape Léon XIII et à sa « doctrine sociale »[93],[94]. Léon est apparu avec l'étole rouge pontificale traditionnelle et la mosette, des vêtements que le pape François n'avait pas portés lors de son élection en 2013[95],[96],[97]. Il a ensuite prononcé son premier discours en italien et en espagnol, et a donné la bénédiction Urbi et orbi en latin[98].

Le Vatican a décrit Léon XIV comme le premier pape de l'ordre de Saint-Augustin et le deuxième pape du continent américain après son prédécesseur François ; il est également le premier pape nord-américain[99],[83],[100], le premier né aux États-Unis[101], le premier citoyen à la fois du Pérou et des États-Unis (par double nationalité)[102],[103], le premier issu d'un pays anglophone depuis Adrien IV au XIIe siècle[104]. Polyglotte, il maîtrise l'anglais (sa langue maternelle), l'italien, l'espagnol, le portugais et le quechua qu'il a appris au Pérou[105],[106]. Il lit le latin[107],[108],[109], le français[110] et l'allemand[111],[112].

Le , il célèbre sa première messe dans la chapelle Sixtine avec les cardinaux. Dans sa première homélie, il déplore le recul de la foi au profit « d'autres certitudes comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir, le plaisir »[113],[114],[115]. Il s'engage également à être le « fidèle administrateur » de l'Église catholique afin qu'elle soit le « phare qui éclaire les nuits du monde »[116]. Le Vatican annonce dans la même journée que la messe d'inauguration du pontificat du nouveau pape aura lieu le [117],[118],[119].

Le , lors d'une rencontre avec le collège des cardinaux, il explique le choix de son nom : « Il y a plusieurs raisons, principalement parce que le pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle » avant d'ajouter : « Aujourd'hui l'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail »[120],[121],[122]. Le , il célèbre sa première messe depuis son élection dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, puis mène le Regina cæli, une prière à la Vierge Marie, depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre[123],[124],[125]. Durant cette dernière, il lance un plaidoyer pour que cessent les nombreux conflits armés en cours et pour que des solutions durables soient trouvées[126],[127].

Le , Léon XIV préside la messe d’inauguration de son pontificat devant une foule de plus de 200 000 fidèles[128]. 156 délégations internationales venues de 149 pays auxquels s’ajoutent les représentants de sept organisations internationales étaient également présents[129],[130]. Dans son homélie, le pape dénonce « un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres » et appelle pour plus de justice sociale[131],[132],[133].

Nominations

Le , une semaine après son élection comme 267e pape, il procède à sa première nomination épiscopale qui concerne un ancien diocèse, dont il fut l'administrateur apostolique de 2020 à 2021, et nomme Miguel Ángel Contreras Llajaruna comme nouvel évêque auxiliaire à Callao, au Pérou[134].

Le , Léon XIV nomme Baldassare Reina chancelier de l'Institut pontifical Jean-Paul II, en remplacement de Vincenzo Paglia, et désigne l'évêque d'Ajaccio, François Bustillo, comme son envoyé spécial aux cérémonies conclusives du 350e anniversaire des apparitions du Sacré-Cœur de Jésus à Paray-le-Monial, dont la date est fixée au 27 juin de la même année[135].

Relations internationales

Relations avec l'Italie

Le , Giorgia Meloni renouvelle ses félicitations pour l'élection du pape Léon XIV, réitère son soutien à l'action du Saint-Siège pour mettre fin aux conflits et assure un engagement commun pour le développement éthique de l'intelligence artificielle indique le Vatican[136].

Relations avec la France

Le , Emmanuel Macron s'entretient pour la première fois avec le pape Léon XIV[137]. Par téléphone, le chef d'État français indique avoir « abordé les efforts à mener pour faire taire les armes partout où les conflits sévissent dans le monde, en particulier pour une paix solide et durable en Ukraine et à Gaza » avec le nouveau pape[138],[139].

Relations avec les États-Unis

Le , Léon XIV reçoit dans la matinée J. D. Vance avec qui « la satisfaction a été renouvelée pour les bonnes relations bilatérales » et où « l’attention s’est portée sur la collaboration entre l’Église et l’État ainsi que sur certaines questions d’une importance particulière pour la vie ecclésiale et la liberté religieuse »[140],[141]. Les deux hommes ont également abordés l'actualité internationale avec l'espoir que le droit humanitaire et le droit international soient respectés dans les zones de conflit[142].

Relations avec la Colombie

Le , Léon XIV rencontre dans l'après-midi Gustavo Petro lors d'une audience privée au palais apostolique. Avec l'archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la secrétairerie d'État et les organisations internationales, le président colombien et ce dernier ont souligné la « collaboration positive et durable entre l'Église et l'État en faveur des processus de paix et de réconciliation »[143].

Relations avec l'Australie

Le , Léon XIV reçoit également dans l'après-midi Anthony Albanese avec qui « un échange de vues a eu lieu sur la situation socio-politique du pays, s'attardant en particulier sur les questions d'intérêt commun, y compris la protection de l'environnement, le développement humain intégral et la liberté religieuse » indique le Bureau de presse du Saint-Siège[143].

Armoiries

Armes de Robert Francis Prevost, cardinal

Article connexe : Armorial des cardinaux.
Blason
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I, SajoR
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 		Blasonnement :
Taillé en 1, d'azur à la fleur de lis d'argent ; en 2, d'argent, au cœur enflammé de gueules et transpercé d'une flèche du même posée en barre la pointe en bas, le tout posé sur un Évangile.
In illo uno unum « Nous sommes un en lui seul [le Christ][144] ».

Armes de Léon XIV, pape

Article connexe : Armoiries papales.
Blasonnement :
Taillé en 1, d'azur à la fleur de lis d'argent ; en 2, de blanc, au cœur enflammé de gueules et transpercé d'une flèche du même posée en barre la pointe en bas, le tout posé sur un Évangile fermé au naturel.
In illo uno unum « Nous sommes un en lui seul [le Christ][144] ».

Les emblèmes pontificaux de Léon XIV reprennent ceux qu'il avait choisis lors de sa consécration épiscopale : le lys blanc, symbole de la pureté mariale, et le livre fermé (la Bible) sur lequel repose un cœur transpercé d'une flèche qui évoque la conversion de saint Augustin[note 4] Le fond blanc (ici couleur ivoire) peut être lu selon le Vatican « comme un symbole de sainteté et de pureté »[145] ainsi que l'indique le blanc de la soutane papale. L'ivoire utilisé pourrait rappeler « la nuance chromatique employée pour certains vêtements sacerdotaux et ornements liturgiques ». Le chapeau cardinalice est remplacé par la mitre d'évêque et non la tiare papale[note 5], le blason comprenant désormais les clefs de saint Pierre « en référence au pouvoir de lier et de délier accordé par le Christ à l'apôtre et à ses successeurs »[147].

Le pape garde aussi sa devise d'évêque tirée d'un commentaire de saint Augustin sur le psaume 127.

Distinctions

Décorations vaticanes (2025)

À la suite de son élection, Léon XIV est grand maître des ordres suivants :

Décorations étrangères

Drapeau de l'Ordre souverain de Malte Ordre souverain de Malte

Convictions et prises de position

Réseaux sociaux

Le , les réseaux sociaux officiels du pape sont réactivés, Léon XIV poursuivant ainsi la ligne de ses prédécesseurs en matière de réseaux sociaux, où il aura une présence active indique le Vatican[149],[150]. Présent sur X avec le compte nommé @Pontifex, ce dernier existe également en neuf langues : anglais, espagnol, portugais, italien, français, allemand, polonais, arabe et latin. Le pape est également présent sur Instagram où il n'existe qu'un profil officiel qui est intitulé @Pontifex - Pope Leo XIV[151],[152].

Nom de règne

Robert Francis Prevost choisit comme nom de règne Léon XIV en l'honneur de Léon XIII (r. 1878-1903)[153], dont l'encyclique Rerum novarum fonde la doctrine sociale de l'Église catholique et promeut les droits des travailleurs[154],[155]. Selon Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, ce choix est « clairement une référence à la vie des femmes et des hommes, à leur travail — même à une époque marquée par l'intelligence artificielle »[156].

Selon le cardinal Fernando Chomalí du Chili, le choix de ce nom est dû à l'inquiétude de Léon XIV à propos des mutations culturelles du monde, avec une forme de révolution copernicienne impliquant l'intelligence artificielle et la robotique. Fernando Chomalí déclare : « Il s'inspire de Léon XIII qui, au cœur de la révolution industrielle, rédige Rerum novarum, lançant un dialogue important entre l'Église et le monde moderne »[157]. Léon précise que « l'Église offre à tous le trésor de sa doctrine sociale en réponse à une nouvelle révolution industrielle et aux avancées de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail »[158],[159].

Politique de l'Église

Robert Francis Prevost est un fervent défenseur de la synodalité, l'un des héritages majeurs du pape François. Il estime que la participation et la coresponsabilité de tous les fidèles répondent à la polarisation au sein de l'Église[160]. En , il déclare que la gouvernance épiscopale privilégie la foi plutôt que l'administration : la priorité est de « communiquer la beauté de la foi, la beauté et la joie de connaître Jésus »[161]. Il affirme également que « l'Esprit saint pousse vers un renouveau »[161] et que les fidèles sont « appelés à une nouvelle attitude » consistant à « écouter d'abord l'Esprit saint »[161]. Abordant l'ordination des femmes en , Robert Francis Prevost déclare que la « longue tradition significative de l'Église » la rend impossible. En revanche, la question des diaconesses fait l'objet de deux commissions vaticanes, témoignant d'une « ouverture »[162],[163],[164]. Il approuve la présence de femmes à des postes de responsabilité, notamment au Dicastère pour les évêques[163],[164]. Commentant la nomination par le pape François de trois femmes à ce dicastère en 2023, il note qu'elles offrent des perspectives nouvelles[165].

Son premier message comme pape proclame la paix du Christ ressuscité « qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu », apportant « une paix désarmée et désarmante »[166]. Il poursuit ainsi la bénédiction kérygmatique de François : « Dieu prend soin de vous, Dieu vous aime, et le mal ne prévaudra pas ! »[166]. Ses thèmes sont la lumière du Christ, l'Église missionnaire par le dialogue, la fidélité à l'Évangile, la synodalité, la paix et la justice, la proximité des souffrants et la prière mariale. Il insiste deux fois sur le refus de la peur et l'aide de Dieu pour « construire des ponts »[166]. Sa devise est In illo Uno unum (« Dans l'Unique, nous sommes un »)[12]. Devant les cardinaux, il réaffirme son « engagement total » au concile Vatican II et souligne six points fondamentaux, dont la conversion missionnaire et la synodalité[167],[168].

Pratiques liturgiques et cérémoniales

Paul VI avec sa férule présidant la clôture du concile Vatican II en 1965.

Au Pérou, Robert Francis Prevost est décrit comme un « célébrant impeccable », portant des ornements « formels »[169],[170]. En , il déclare qu'« une liturgie belle fortifie la foi »[171]. Après son élection, il porte la mosette et l'étole rouges, délaissées par le pape François[172],[173], ainsi qu'une croix pectorale contenant des reliques d'Augustin d'Hippone, de Monique et de Thomas de Villeneuve[174]. À l'occasion de la première messe qu'il donne en tant que souverain pontife le le , il emploie la férule créée pour le pape Benoît XVI[175], tandis que lors de sa messe de d'intronisation, il utilise la férule créée par le sculpteur Lello Scorzelli, régulièrement utilisée par ses prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II[176].

Politique et société

Dans la politique et la théologie de l'Église, Robert Francis Prevost est vu comme modéré ou centriste[177],[178]. En , La Repubblica le décrit comme une figure « cosmopolite et timide », « appréciée par conservateurs et progressistes »[179]. Il s'oppose à l'avortement, à l'euthanasie et à la peine de mort[180]. Il soutient les réfugiés vénézuéliens au Pérou[181],[182]. Il plaide pour une réponse forte au changement climatique[177] et, lors de son élection, choisit des soutanes recyclées, en lien avec Laudato si'[183].

Sur les thématiques LGBT

Robert Francis Prevost s'oppose à ce qu'il nomme l'« idéologie de genre »[184] dans les programmes scolaires péruviens, affirmant qu'elle promeut des « genres inexistants »[185].

En 2012, sous le pontificat de Benoît XVI, il critique la sympathie de la culture populaire pour le « mode de vie homosexuel » ainsi que les familles homoparentales diverses et les adoptions homoparentales[185],[186],[187].

Par la suite, Robert Francis Prevost déclare lors d'une interview accordée à Catholic News Service en 2023 que, par rapport à ses déclarations de 2012, « bien des choses changent » et qu'il est nécessaire que l'Église s'ouvre et accueille, mettant en avant le message du pape François de ne pas laisser les personnes se sentir exclues en raison de leurs décisions[188]. Il affirme également que la doctrine de l'Église ne change pas.

Robert Francis Prevost exprime des réserves quant à la « sympathie pour des croyances et des pratiques qui contredisent l'Évangile » et n'approuve ni ne rejette pleinement Fiducia supplicans, une déclaration doctrinale sur les bénédictions des personnes engagées dans des relations de même sexe. Il affirme que les conférences épiscopales nationales doivent « interpréter et appliquer ces directives dans leurs contextes locaux, étant donné les différences culturelles »[189].

Sur le vice-président américain J. D. Vance

Le , le cardinal Prevost réplique via le réseau social X à une déclaration récente du vice-président des États-Unis, J. D. Vance, catholique, qui prétendait s'appuyer sur un concept chrétien afin de hiérarchiser son amour, en priorisant sa famille et en plaçant le reste du monde en dernier. Dans son message, Robert Francis Prevost affirme ainsi : « J. D. Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres »[190].

Sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022

Dès sa première messe dominicale en tant que pape, Léon XIV se démarque de son prédécesseur sur le dossier ukrainien. Fidèle à la position qu'il avait prise en tant qu'évêque lors du déclenchement du conflit, il demande pour l'Ukraine « une paix authentique, juste et durable » qui se différencie du « pacifisme total », mettant agresseur et agressé sur le même plan, dont semblait se réclamer le pape François[191]. Le , le président ukrainien Volodymyr Zelensky annonce avoir invité le pape Léon XIV en Ukraine et demande l'aide de ce dernier pour rapatrier les enfants ukrainiens enlevés en Russie pendant la guerre[192],[193],[194].

Sur les médias

Dans un entretien de , Robert Francis Prevost souligne la nécessité de prudence et de responsabilité dans l'usage des réseaux sociaux afin d'éviter de « nourrir les divisions et la controverse » et de « faire du tort à la communion de l'Église »[161]. Cette position s'accorde avec sa tendance à s'exprimer « avec prudence et grande délibération » et avec « une détermination d'acier et une grande clarté », ainsi que le décrit Christopher White, correspondant au Vatican du National Catholic Reporter[160].

Le , lors de l'audience qu'il accorde à plus de 3 000 journalistes de la presse internationale dans la salle Paul VI du Vatican, Léon XIV demande en préambule la « libération des journalistes emprisonnés pour avoir cherché et raconté la vérité ». Il rappelle ensuite la nécessaire protection du « précieux bien de la liberté d'expression et de la presse » : « L'Église reconnaît dans ces témoins — ceux qui relatent la guerre même au péril de leur vie — le courage de ceux qui défendent la dignité, la justice et le droit des peuples à être informés » ajoutant que « seuls les peuples informés peuvent faire des choix libres » et demandant de « choisir avec conscience et courage le chemin d'une communication de paix » et de ne « jamais céder à la médiocrité ». Il rappelle également la « responsabilité et [le] discernement » que nécessite le défi de l'intelligence artificielle, ajoutant qu'« une communication bruyante, musclée, n'est pas nécessaire » mais plutôt « une communication capable d'écoute et de recueil de la voix des faibles qui n'ont pas de voix »[195]. Il appelle à « poursuivre une communication différente, qui ne recherche pas le consensus à tout prix, qui ne se pare pas de mots agressifs, qui n'épouse pas le modèle de la compétition, qui ne sépare jamais la recherche de la vérité de l'amour avec lequel nous devons humblement la rechercher »[196],[197],[198].

Centres d'intérêt

Robert Francis Prevost se décrit lui-même comme un « joueur de tennis amateur »[199]. Il est un supporter de longue date des White Sox de Chicago de la Ligue majeure de baseball (LMB)[200],[201]. Il était d'ailleurs présent au US Cellular Field (aujourd'hui Rate Field) à Chicago pour le premier match des World Series 2005[202],[203]. Il soutient également l'équipe sportive de l'université Villanova, en particulier l'équipe masculine de basket-ball des Wildcats de Villanova[204].

Par ailleurs, il joue régulièrement à Wordle ainsi qu'à Words with Friends avec ses frères[205],[206]. Adolescent, il adorait également conduire pour le plaisir[207].

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. ↑ Citation du commentaire d'Augustin d'Hippone sur le Psaume 127.
  2. ↑ Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  3. ↑ L'église Sainte-Marie de Dolton a été fermée en 2011[45]
  4. ↑ « Vulnerasti cor meum verbo tuo » (Tu as transpercé mon cœur de ta parole).
  5. ↑ Changement opéré par Benoît XVI et repris par François.

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    Les chrétiens avec leur chef qui est monté aux cieux, ne forment qu'un seul Christ. Il n'est point seul et nous plusieurs; mais quoique plusieurs, nous sommes un en lui seul. »

    .
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