Gorans

Gorans
Goranci

Populations importantes par région
Drapeau du Kosovo Kosovo 10 265 (2011)[1]
Drapeau de la Serbie Serbie 7 767 (2011)[2]
Drapeau de l'Albanie Albanie plus de 2 000
Drapeau de la Croatie Croatie plus de 428 (2011)[3]
Drapeau de la Hongrie Hongrie plus de 418 (2011)[4]
Drapeau de la Macédoine du Nord Macédoine du Nord 148 (2021)[5]
Population totale environ 60 000[6]
Autres
Langues našenski , serbo-croate, albanais, macédonien
Religions Islam sunnite
Ethnies liées Bosniaques, Bulgares, Torbèches, Pomaques, Macédoniens, Serbes[7],[8],[9],[10]
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Carte de répartition
Drapeau des Gorani, appelé Bajrak (le j se lit comme un i). Il a été utilisé vers 1953 par des Gorani, il s’agit du Bajrak le plus ancien connue à ce jour de la communauté Goran

Les Gorans ou Goranci sont des Slaves méridionaux[11], et résident dans les Balkans, entre l'Albanie et la Macédoine du Nord et surtout dans la région des Šar planina ou Malet e Shar au sud du Kosovo. Ils ne doivent pas être confondus avec d'autres montagnards, des Carpates septentrionales ceux-là : les Gorals. La racine du nom est la même : gora, la montagne en slave. Les Gorans peuplent leur région depuis le VIIIe siècle, période de l'arrivée des Slaves dans les Balkans et sont de confession musulmane. Leur parler, le našenski appartient au groupe des langues slaves du sud et s'apparente au serbe et au bulgare. On retrouve une utilisation des mots d'origine arabe et turc dans leur langage. Selon les linguistes spécialistes du diasystème slave du centre-sud, le roi serbe Stefan Uroš IV Dušan aurait rédigé le Code Dušan dans le dialecte torlaque médiéval du serbo-croate dont le našenski est issu. Ce peuple minoritaire est en voie d'assimilation aux Kosovars albanophones par passage à l'albanais, mais diminue aussi par émigration depuis 1912. Leur nombre est passé de 60 000 à 8 000 aujourd'hui, par départ vers la Turquie durant le XXe siècle et aussi vers les pays occidentaux (France, Italie, Allemagne, Suisse...) depuis 1990.

Nom

L'ethnonyme Gorani est dérivé du toponyme gora, qui signifie « colline », « montagne » dans les langues slaves[12]. Un autre autonyme pour ce peuple est Našintsi[13], qui signifie littéralement « notre peuple, les nôtres ».

En albanais, ils sont connus sous le nom de Goranët[14], mais aussi sous d'autres exonymes, comme Bullgarët[15] (« Bulgares »), Torbesh (« porteurs de sac ») ou encore Poturë (« turquisés », de po-tur, littérallement « pas turcs », mais turquisés, utilisé pour parler des Slaves islamisés)[16].

Répartition

Cette communauté est répartie sur trois pays des Balkans :

  • Au Kosovo, dans 19 villages de la région montagneuse des monts Šar au sud de Prizren : Bаćkа, Brоd, Vrаništa, Glоbоčicа, Gоrnjа Rаpčа, Gоrnji Krstec, Dikаncе, Dоnjа Rаpčа, Dоnji Krstec, Dragaš, Zli Potok, Krušеvо, Kukalјаnе, Lеštаnе, Ljubоšta, Мljikе, Оrćušа, Rаdеšа et Rеstеlicа ;
  • Au nord-ouest de la Macédoine du Nord dans la région montagneuse de Šar (près de Tetovo) dans deux villages : Urvic et Jelovjane ;
  • Au nord-est de l'Albanie (plus principalement dans la région de Kukës) dans 9 villages : Bоrје, Zаpоd, Kоšаrištе, Оrgоstа, Оrеšеk, Оrčiklе, Pаkišа, Crnоlеvо et Šištаvеc.
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lulani i medvegjes
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Gorans du Kosovo selon le recensement de 2011.

Langue

Pour communiquer entre eux, les Gorans utilisent en premier lieu leur propre dialecte qu’ils appellent le našinski, terme fondé sur le mot naš signifiant « notre ». Il s’agit d’une variante du dialecte torlaque, considéré par certains linguistes comme langue intermédiaire entre le serbe et le bulgare. En Yougoslavie, les Goranes du Kosovo étaient également pour la plupart locuteurs du serbe standard qu'ils apprenaient à l’école, et beaucoup d’entre eux parlaient aussi l’albanais pour des raisons pratiques ; depuis l'indépendance du Kosovo, ils l’apprennent à l’école, comme les Goranci d’Albanie.

Histoire

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Garçon goran en vêtements traditionnels
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Gorans du Kosovo en 2011.

La thèse la plus répandue parmi les musulmans des Balkans (elle est quasi-officielle en Bosnie-Herzégovine) est qu’avant leur conversion à l’islam sous l’Empire ottoman, certaines de ces populations auraient été bogomiles. Les historiens, se référant aux sources, notent un hiatus de deux siècles entre les dernières mentions du bogomilisme (forme de christianisme balkanique proche des cathares, persécuté pour les mêmes raisons que ceux-ci et disparu au XIVe siècle), et l’islamisation (XVIe-XVIIIe siècle), qu’ils relient à l’application de la charia dans l’Empire, selon laquelle les non-musulmans devaient payer une double-capitation (le Kharâj) et subir le devchirmé (enlèvement des garçons pour le corps des janissaires)[17]. Ils pensent qu’il est plus vraisemblable que les ancêtres des Gorans étaient orthodoxes avant leur conversion : d’ailleurs, la dernière famille chrétienne orthodoxe de la région des monts Šar est mentionnée dans le village de Brod, ses membres étant les derniers à s’être convertis, à l’exception de l'aînée Baba Bozhana, morte en 1855.

Personnalités

Notes et références

  1. (en) « Population by gender, ethnicity and settlement level » [archive du ] (consulté le ), p. 12.
  2. (sr) « Population by ethnicity », sur Serbian Statistical Office, Serbian Statistical Office (consulté le ).
  3. (en) « 1. Population by ethnicity - detailed classification, 2011 census », Statistics of Croatia (consulté le ).
  4. (en) « 2.39 Factors of the nationality of the population based on affiliation with cultural values, knowledge of languages », Statistics of Hungary (consulté le ).
  5. (en) « Census of Population, Households and Dwellings in the Republic of North Macedonia, 2021 - first dataset », Државен завод за статистика,‎ 30 mats 2022 (consulté le ).
  6. (en) « Progam političke stranke GIG » : « Do Nato intervencije na Srbiju, 24.03.1999.godine, u Gori je živelo oko 18000 Goranaca. U Srbiji i bivšim jugoslovenskim republikama nalazi se oko 40.000 Goranaca, a značajan broj Goranaca živi i radi u zemljama Evropske unije i u drugim zemljama. Po našim procenama ukupan broj Goranaca, u Gori i u rasejanju iznosi oko 60.000. ».
  7. (en) « The Palgrave Handbook of Slavic Languages, Identities and Borders », sur Google Books, Palgrave (consulté le ).
  8. « Goranis want to join community of Serb municipalities », sur B92, B92 (consulté le ).
  9. (en) « Gorani decide against forming minority council », sur B92, B92 (consulté le ).
  10. (en) « Slow exodus threatens Kosovo's mountain Gorani », sur Reuters, Reuters (consulté le ).
  11. (sr) « Darko Tanaskovic Gora u slici - Gora u srce » (consulté le ).
  12. (en) « Reconstruction:Proto-Slavic/gora », dans Wiktionary, the free dictionary, (lire en ligne)
  13. Xhelal Ylli, Erlangen: "Sprache und Identität bei den Gorani in Albanien: 'Nie sme nasinci'."
  14. Qemal Murati, « E tashmja dhe e shkuara e Kosovës përmes fjalorit: Shtresimet leksikore », Gjurmime Albanologjike, no 46,‎ , p. 179–196 (lire en ligne) « Goranët jetojnë në krahinën e Gorës, që sot ndahet mes shteteve të Shqipërisë, të Kosovës etë Maqedonisë, krahinë nga ku e marrin edhe emrin. »
  15. Miranda Vickers et James Pettifer, Albania: From Anarchy to a Balkan Identity, C. Hurst & Co. Publishers, , 205– (ISBN 978-1-85065-279-3, lire en ligne)
  16. Dokle, Nazif. Reçnik Goransko (Nashinski) -albanski, Sofia 2007, Peçatnica Naukini akademiji "Prof. Marin Drinov", s. 5, 11
  17. Georges Castellan, Histoire des Balkans : XIVe – XXe siècle, Fayard, Paris, 1999, ou Barbara Jelavich, History of the Balkans, Cambridge University Press, 1983.
  18. (sh) « Goranac sam. Ako to uopšte nekog i interesuje. », Tempo (Serbia magazine), no issue 1338,‎ , p. 14.
  19. (sr) « Ličnost Danas: Miralem Sulejmani », .
  20. (sq) « Historia e Danel Sinanit, djalit nga Sharri që nuk është… shqiptar » [« The history of Danel Sinani, the boy from Sharr who is not an… Albanian »], Sport Ekspres, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Marcel Courthiade, Les Roms, Ashkalis et Gorans de Dardanie : Kosovo, INALCO, Paris, 2000, 47 p.
  • Jean-Arnault Dérens, Laurent Geslin, Voyage au pays des Gorani, Paris, Cartouche, 2010.

Liens externes