Gare de Fougères

Fougères
Image illustrative de l’article Gare de Fougères
Localisation
Pays France
Commune Fougères
Adresse 35300 Fougères
Coordonnées géographiques 48° 21′ 01″ nord, 1° 11′ 41″ ouest
Gestion et exploitation
Exploitant Détruite
Code UIC 87471607
Caractéristiques
Ligne(s) Vitré à Pontorson
Saint-Hilaire-du-Harcouët à Fougères
Historique
Fermeture 1972 (voyageurs)

Carte

La gare de Fougères est une ancienne gare ferroviaire française des lignes de Vitré à Pontorson et de Saint-Hilaire-du-Harcouët à Fougères, située sur le territoire de la commune de Fougères, dans le département d'Ille-et-Vilaine, en région Bretagne. Elle était également le terminus d'une ligne des tramways d'Ille-et-Vilaine, qui la reliait jusqu'à Rennes - Le Mail, via Liffré.

Mise en service en 1867 par la compagnie des chemins de fer de l'Ouest, elle est fermée au service des voyageurs en 1972 puis au fret en 1991.

Situation ferroviaire

Établie à 97 mètres d'altitude, la gare de Fougères était située au point kilométrique (PK) 36,112 des lignes de Vitré à Pontorson et de Saint-Hilaire-du-Harcouët à Fougères[1],[2]. Sur cette première ligne, la gare se situait entre celles La Selle-en-Luitré et Saint-Brice-en-Coglès, toutes deux désaffectées depuis.

Histoire

Genèse de la gare

En 1850, la compagnie des chemins de fer de l'Ouest est créé dans l'optique de relier par le rail la péninsule bretonne à la capitale Paris, en desservant les anciennes voies royales. Alors que la ligne de Paris-Montparnasse à Brest est inaugurée en 1857, le député Pierre Albert de Dalmas promet de faire venir le train à Fougères[3].

Le , la ligne entre Vitré et Fougères est déclarée d'intérêt local[4]. En 1867, moins de deux ans après la déclaration d'utilité publique, 37 km de voies sont construits entre les deux villes et une première gare est inaugurée à Fougères[5],[6],[7]. Elle est composée d'un hall de 8 m de large donnant sur un quai découvert de 240 m2 et une halle de marchandises de 224 m de superficie[8],[9]. Un atelier de réparation le dépôt central des six trains de la compagnie de chemins de fer sont également présents[10], permettant l'entretien de l'ensemble des trains de la ligne[11]. À son lancement, la ligne au départ de Fougères met 3 heures pour rejoindre Rennes[12].

Le , dans le cadre d'une concession du prolongement jusqu'au Mont-Saint-Michel, la section nord de la ligne, entre Fougères et Moidrey, est déclarée d'utilité publique. Les travaux débute l'année suivante mais sont mis en pause pendant la guerre franco-allemande de 1870. Cette extension nécessite le creusement d'une tranchée urbaine de 282 m ainsi que l'installation d'un pont à la rue des Feuteries[13]. La première gare, qualifiée de primitive du fait des qualités de constructions moindres de la ligne Vitré-Fougères, est alors entièrement remanié à l'occasion de ce prolongement[14]. Un premier tronçon qui relie la gare de Fougères à celle de Saint-Brice-en-Coglès ouvre à partir du . L'ensemble de la ligne jusqu'à Moidrey est mise en exploitation en octobre 1872[4],[15]. L'objectif de cette ligne est de faciliter le commerce maritime pour les villes de Fougères et Vitré[6].

En 1879, la gare voit passer 3 trains mixtes de voyageurs et marchandises dans chaque sens[12],[16]. En 1882, dans l'émergence des trains de plaisir, une nouvelle liaison jusqu'à Saint-Malo est inaugurée pour rejoindre la côte d'Émeraude en 4 heures[15],[17].

Développement ferroviaire

À la fin du XIXe siècle, dans le cadre des raccordements aux ligne de Mayenne à La Selle-en-Luitré et ligne de Saint-Hilaire-du-Harcouët à Fougères, la gare est agrandie et ses abords sont transformés pour accompagner le développement ferroviaire. La voie ferrée en amont de la gare est doublée dans le début des années 1890, ce qui implique la création d'un second tunnel au sein de la ville, parallèle au premier, et la création d'un nouveau pont des Feuteries plus large[18]. Cette gare rénovée couvre une superficie de 272 m2 avec un pavillon central avec un étage et deux ailes adjacentes sans étages. Le rez-de-chaussée du pavillon est dédié aux guichets des billets et des bagages, la messagerie et le bureau du chef de gare. L'aile droite contient la salle d'attente des voyageurs tandis que l'aile de gauche est destinée aux départs et arrivées de bagages. L'étage du pavillon comprend les appartements du chef et du sous-chef de gare[19].

En 1893, la Compagnie de l'Ouest dépose un dossier d'aménagement afin d'agrandir l'emprise de la gare, avec de nouveaux bâtiments, l'implantation de grues hydrauliques et l'extension de la plate-forme de 150 m vers le sud. Cette extension requiert la suppression d'un passage à niveau enclavant le quartier des Orières. Une pétition est lancée en 1894 par les habitants afin de mettre en place une passerelle piétonne pour relier ce quartier à celui de la gare. Un accord sera trouvé trois décennies ans plus tard, en 1925 et la passerelle est inaugurée en avril 1928[20],[21].

Au début du XXe siècle, la gare accueille également le tramway jusqu'à Rennes[17]. En 1909, à la suite de la reprise des activités de la Compagnie de l'Ouest par l'administration des chemins de fer de l'État, le député Alexandre Lefas dépose une proposition de loi afin de créer une ligne d'intérêt national entre Paris et la gare de La Brohinière passant par la gare de Fougères, sans succès[20].

Au plus fort de son activité, la gare emploie 195 agents, et quatre lignes de trains fréquentent la gare de Fougères quotidiennement dans chaque sens[7],[22].

Déclin et fermeture

Dans les années 1930, le déclin s'amorce avec la fermeture progressive des services aux voyageurs de plusieurs lignes, ne restant que la liaison avec Vitré à partir de [22].

Le , durant la seconde Guerre mondiale, la gare est visée par l'armée allemande bombarde la gare[23]. Elle sera remise en état par l'armée américaine durant la Libération[24].

Le service des voyageurs est arrêté le et la gare ferme définitivement en 1991 avec le retrait du fret. Le site reste alors inutilisé pendant plusieurs années. En février 1999, le conseil municipal acte la création d'une zone d'aménagement concerté afin de reconvertir la gare en nouvelles surfaces commerciales[25].

Cette fermeture est un facteur d'enclavement de la ville. Entre 1975 et 2010, la population de Fougères chute de 26 000 à moins de 20 000 habitants. La ville est frappée par la désindustrialisation et Louis Feuvrier, maire de la ville, constate qu'il a été difficile d'attirer des entreprises sur le territoire avant l'arrivée de l'autoroute A84 en 2003[26].

Reconversion des lieux

Au début des années 2000, les emprises de la gare sont remplacées par la médiathèque municipale « La Clairière », ainsi que par le centre commercial « Le Forum de la Gare »[26],[25],[27]. Ce second projet vise à renforcer l'activité commerciale dans la ville et limiter son exode vers Rennes avec l'arrivée de l'autoroute A84 en 2003[28].

Depuis la disparition de la gare, Fougères est la seule sous-préfecture de Bretagne et ville de plus de 20 000 habitants non relié au réseau ferroviaire[26],[7]. Pour substituer au train, des liaisons routière en cars existe via le réseau BreizhGo, via la gare routière située à l'endroit historique de la gare ferroviaire. La ligne 9a, qui relie Fougères à Rennes est par ailleurs la plus fréquentée du réseau régional, avec 400 000 voyageurs en 2024[29].

Le collectif FRET — Fougère-Rennes En Train — milite depuis 2014 pour la réouverture d'une gare à Fougères pour accompagner le développement de l'aire d'attraction de Rennes jusqu'à Fougères[26]. Début 2025, l'agglomération de Fougères déclare vouloir piloter une étude pour le retour du train, avec un renouvellement du soutien de la Région Bretagne aux réflexions engagés pour rétablir une ligne ferroviaire entre Fougères et la capitale bretonne[29],[30].

Service aux voyageurs

Desserte

À son apogée, la gare de Fougères est desservie par trois lignes :

La liaison avec Vitré est conservée commercialement jusqu'en , avant d'être remplacée par une substitution routière[22].

Bibliographie

  • Revue générale des chemins de fer, Paris, Dunod, , 735 p. (lire en ligne), p. 335-342
  • Ministère des Travaux Publics, Notices sur les modèles, dessins et documents divers relatifs aux travaux des ponts et chaussées et des mines : réunis par les soins du ministère des travaux publics, vol. 1, , 806 p. (lire en ligne), p. 647-649
  • Le Pays de Fougères, vol. 104, , 27 p. (lire en ligne)
  • Auguste-Charles-Joseph Dornès, Le chemin de fer de Vitré à Fougères et à la baie du Mont-Saint-Michel : étude technique sur la construction et l'exploitation d'une ligne secondaire d'intérêt général, , 72 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. Revue Générale des Chemins de Fer, p. 336.
  2. Dornes 1879, p. 3.
  3. « Le chemin de fer à Fougères : plus de 100 ans d'histoire », sur Ouest-France, (consulté le )
  4. a et b Dornes 1879, p. 2.
  5. Revue Générale des Chemins de Fer, p. 338.
  6. a et b Revue du Pays de Fougères, p. 8.
  7. a b et c Juliette Brossault, « Fougères. Retour sur l’histoire du chemin de fer à Fougères », sur Ouest-France, (consulté le )
  8. Revue Générale des Chemins de Fer, p. 342.
  9. Dornes 1879, p. 20.
  10. Revue Générale des Chemins de Fer, p. 344.
  11. Dornes 1879, p. 62.
  12. a et b Revue Générale des Chemins de Fer, p. 347.
  13. Dornes 1879, p. 12.
  14. Dornes 1879, p. 18.
  15. a et b Revue du Pays de Fougères, p. 9.
  16. Dornes 1879, p. 37.
  17. a et b Julie Durand, « Quand les trains desservaient la ville... », sur Ouest-France, (consulté le )
  18. Revue du Pays de Fougères, p. 10.
  19. Notices Ministère des Travaux Publics, p. 647-648.
  20. a et b Revue du Pays de Fougères, p. 11.
  21. « La petite et la grande histoire de la ville de Fougères : la passerelle enfumée », sur fougeres.maville.com (consulté le )
  22. a b et c Revue du Pays de Fougères, p. 12.
  23. Sophie Ughetto, « Il y a soixante-dix ans, Fougères sous les bombes », sur Ouest-France, (consulté le )
  24. « Fougères : il exhume un film inédit sur la reconstruction de la gare après les bombardements », sur actu.fr, (consulté le )
  25. a et b Le Moniteur, « Fougères Création de la ZAC de la gare », www.lemoniteur.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. a b c et d « Fougères pleure encore son train perdu », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. D'après ce comparatif de photographies aériennes (1949 / 2014) de l'IGN. Site consulté le .
  28. Florent Hélaine, « Dix ans après, le projet initial du Forum oublié ? », sur Ouest-France, (consulté le )
  29. a et b Paul Grisot, « Transports : la ligne de cars Fougères-Rennes reste la plus empruntée de Bretagne », sur Ouest-France,
  30. Paul Grisot, « Fougères agglomération va bien piloter l’étude sur le retour du train », sur Ouest-France,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes