Écorésistance
L'écorésistance (ou résistance écologique) est une philosophie écologiste (ou écosophie) de contre-culture, naturaliste, apolitique, critique, insoumise, dissidente et insurrectionnelle, proche de l'écologie profonde (ou deep ecology) mais se voulant plus éthique encore, avec des exigences absolues dont le dénatalisme, l'égalitarisme biocentriste et la non-exploitation animale (dont la conduite parfaite est le véganisme) sont les piliers. L'écorésistance est née d'une réaction vis-à-vis de l'écologisme environnemental popularisé et médiatisé, qu'elle accuse d'être un écologisme du faux-espoir, consanguin au système qui l'a crée, démagogique en agissant que par blanchiment vert (greenwashing) afin d'éteindre tout esprit de revendication. L'oxymore politique du développement durable (ou mieux dit : soutenable) se voit rejeté pour n'être qu'un faux-semblant. La devise de l'écorésistance pourrait être : Rendre la terre à la Terre.
Historique

Le concept de la philosophie écorésistante apparaît pour la première fois dans l'ouvrage de l'écologue français Michel Tarrier Dictature verte[1] publié en 2010 et le terme d'écorésistance devient récurrent dans le livre Les Orphelins de Gaïa[2] manifeste de l'écorésistance se réclamant de ces citations d'Edgar Morin : « À force d’oublier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. » et de Jean-Michel Wyl : « Commencer à comprendre, c’est commencer à désobéir. »
L'écorésistance a été rendue publique dès 2010 par des articles publiés sur les réseaux sociaux, comme notre-planete.info ou voie-militante.com et en 2011 sur AgoraVox, le média citoyen. Le concept a depuis été repris dans quelques pays avec des communautés de même appellation et de philosophie affine, notamment en Italie[4], en Espagne, en Colombie[6], au Venezuela[7], aux États-Unis comme dans l'Oregon[8]. De 2010 à la fin de 2014, un groupe Facebook francophone Écorésistance avait réuni jusqu'à 17.000 membres mais a été fermé par son initiateur estimant ingérable cette communauté.
La communauté écorésistante a une posture militante, mais ne soutient pas l'action directe hors-la-loi.
Principes fondamentaux
Les partisans de l'écorésistance partagent les principes suivants, tous caractérisés par une écoconscience :
- Décroissance démographique avec exhortation à la dénatalité (dénatalisme, anti-natalisme, childfree, néomalthusianisme, voire écomalthusianisme) pour soulager le trop plein de la démographie d'Homo sapiens, devenue espèce invasive et dont la croissance correspond à un génocide lent, en épuisant les ressources naturelles et en occupant les niches des autres espèces ;
- Transition alimentaire avec le véganisme comme objectif idéal et final se réclamant de l'antispécisme, de l'engagement animaliste et comme revendication principielle contre l'exploitation animale, contre la disparité alimentaire, contre l'élevage premier vecteur du réchauffement climatique, pour la santé humaine et la proclamation de l'inutilité de l'omnivorisme carniste ;
- Égalitarisme, biocentrisme, antispécisme, universalisme ;
- Athéisme, particulièrement anti-monothéisme mais reconnaissance de l'animisme et du néo-panthéisme comme spiritualités naturelles ;
- Antiracisme (non-ségrégationnisme, non-suprémacisme, abolition politico-sociale des hiérarchies génétiques, culturelles, religieuses) ;
- Racialisme dans le sens linnéen (reconnaissance et respect de la valeur taxinomique, génétique et endémique des races de l'espèce humaine) ;
- Citoyenneté d'une Terre-patrie (Terre-mère, Terre-matrie) et non-reconnaissance des frontières géopolitiques ;
- Écoféminisme et anti-sexisme parce que... Gaia, Pachamama, Mother Earth, la Terre-mère, la Terre-nourricière, ces mots évoquent une mère divine, et le genre féminin induit une prise de conscience intuitive, universelle, cosmologique. Ce Monde erroné et en péril est le fruit de la phallocratie ;
- Non-consumérisme, notamment énergétique pour contrecarrer une prétendue transition énergétique illusoire, avec notamment le retour aux mœurs diurnes de l'espèce humaine et l'extinction des feux capitalistes ;
- Vénération et réhabilitation des peuples Premiers cueilleurs-chasseurs-pêcheurs, libération des ethnies opprimées ;
- Anticapitalisme et anti-socialisme industrialiste ;
- Pacifisme proclamé
Influences
Les influences spinozistes (contre Descartes et son "animal-machine"), rousseauiste et nietzschéenne sont manifestes. Parmi les contemporains, les personnalités suivantes ont inspiré l'écorésistance (liste non-exhaustive) :[réf. nécessaire]
- Albert Jacquard
- Aldo Leopold
- Arne Næss
- Bernard Werber
- Boris Cyrulnik
- Bruno Manser
- Chico Mendes
- Claude Lévi-Strauss
- Dennis Meadows
- Edward Goldsmith
- Félix Guattari
- Gary Francione
- Gary Yourofsky
- Hans Jonas
- Haroun Tazieff
- Hubert Reeves
- Jacques-Yves Cousteau
- James Lovelock
- Jean Malaurie
- Joël de Rosnay
- John Baird Callicott
- Michel Serres
- Michel Tarrier
- Murray Bookchin
- Paul-Émile Victor
- Paul R. Ehrlich
- Peter Singer
- Philip Wollen
- Pierre Fournier
- Rachel Carson
- René Dumont
- Théodore Monod
- Tom Regan
Écorésistance de terrain
- Antidéforestation
- Défense des arbres séculiers (tree-sitting)
- Cause environnementale
- Cause animale
Bibliographie
- (fr) Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, roman d'anticipation, 1932
- (fr) La Libération animale, Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2012 (ISBN 9782228908146) (1re éd. Grasset, 1993)
- (fr) Joan Martinez Alier, L’écologisme des pauvres, Éditions Les Petits Matins, 2005 (es) et 2014 en France http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/09/03/heurs-et-malheurs-du-combat-ecologiste-mondial_4480843_3234.html
- (fr) Jon Krakauer, Voyage au bout de la solitude, roman biographique, 1996
- (en) Bron Raymond Taylor, Ecological Resistance Movements: The Global Emergence of Radical and Popular Environmentalism, State University of New York Press, 1995
- (fr) Aymeric Caron, No Steak, 2012
- (fr) Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?, Éditions Points
- (fr) Fabrice Nicolino, Bidoche, Éditions Actes Sus-Babel
Films
- (fr) Coline Serreau, La Belle Verte, 1996
- (fr) Richard Desjardins et Robert Monderie, L'Erreur boréale, 1999
- (fr) Sean Penn, Into the wild, 2007
- (fr) Philippe Borrel, Les Insurgés de la Terre, Arte France, 2010
Références
Liens externes
- L'écorésistance ? : http://www.paperblog.fr/3549197/l-ecoresistance/ http://www.voie-militante.com/politique/environnement/lecoresistance/
- Power-flowers et écorésistance : http://ecoresistance.fr/
- Kokopelli : graines de résistance : http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-kokopelli-graines-de-resistance-2014-09-23
Article publié sur Wikimonde Plus
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