Theranos

Theranos
logo de Theranos

Création
Disparition
Fondateurs Elizabeth Holmes
Forme juridique Société à capitaux privés
Siège social Palo Alto
Direction Elizabeth Holmes
Activité Soins de santé[1] et technologie médicale (en)
Produits Bilan sanguin

Theranos était une entreprise américaine dans le domaine des technologies de la santé, dont les dirigeants ont été inculpés en 2018 de « fraude massive ». Implantée dans la Silicon Valley, Theranos est fondée en 2003 par Elizabeth Holmes alors âgée de seulement 19 ans. « Theranos » est un mot-valise formé à partir des mots anglais therapy (thérapie) et diagnosis (diagnostic). Il s'est avéré que E. Homes était un imposteur et que la technologie révolutionnaire d'analyse de sang que l'entreprise mettait en avant, sans l'expliquer (en arguant du secret industriel) n'existait pas ; en 2022, elle a été condamné à plus de 11 ans de prison pour escroquerie envers les investisseurs et condamné à rembourser 452 millions de dollars américains.

Historique

L'entreprise était censée avoir développé une technologie permettant de réaliser des tests sanguins peu coûteux et capable de traiter de nombreux paramètres (du cholestérol à la cocaïne). La fondatrice prétend alors réaliser des tests sanguins, à partir de seulement quelques gouttes de sang, en outre recueillies sans aiguille, via sa propre méthode de prélèvement. Selon l'entreprise, des maladies comme les cancers, le diabète, le VIH pouvaient aussi être facilement détectées, à partir de quelques gouttes de sang.

Au sommet de sa popularité commerciale, en 2015, Theranos fait environ 900 000 analyses par an, et bénéficie de millions de dollars d'investisseurs, de milliardaires et de personnalités réputées comme Rupert Murdoch, ou Henry Kissinger et James Mattis, respectivement anciens secrétaires d'État et de la Défense des États-Unis ainsi que la chaîne de pharmacies Walgreens. Le Conseil d'administration comprend des personnalités telles qu'H. Kissinger. L'entreprise n'est pas surveillée par la FDA (car les Etats-Unis n'imposent pas de faire évaluer les « tests développés en laboratoire », avant leur mise sur le marché).

Dans cette perspective, et dans le contexte socioéconomique de la Silicon Valley, où « faire semblant jusqu'à ce que vous y arriviez » n'est que trop familier, et le FOMO (peur de rater quelque chose) peut amener les investisseurs à investir de l'argent dans une nouvelle technologie dont on parle, sans se pencher sur ses mécanismes »[2], la jeune PDG, Elizabeth Holmes, arrive à lever rapidement des fonds d'investissement à hauteur de 700 millions de dollars[3]. En 2015, son entreprise est valorisée à plus de 9 milliards de dollars[4]. Il semble que Homes ait à la fois « tiré parti de ses relations familiales et de son culot pour lever des centaines de millions de dollars pour une technologie qui n'existait pas »[2].

Erika Cheung, une jeune chercheuse embauchée comme scientifique junior peu après avoir (en 2013) obtenu sa licence en biologie moléculaire et cellulaire à l'Université de Californie, qui a joué un rôle de lanceuse d'alerte ; son personnage sera présent dans un film basé sur l'histoire de Theranos[5].

En , une enquête du journaliste John Carreyrou parue dans le Wall Street Journal révèle que Theranos n'utilise pas sa propre technologie pour effectuer des tests sanguins et que l'entreprise a cherché à masquer les incohérences de ses tests[6].

Par la suite, plusieurs experts médicaux ainsi que l'administration américaine, expriment leur scepticisme à propos de la technologie de Theranos, notant que celle-ci n'a jamais été évaluée par des panels d'experts indépendants ni fait l'objet de publications scientifiques, et que Theranos n'a en outre jamais apporté de preuves de sa fiabilité. De plus, des inspections dans les locaux de Theranos ont constaté des problèmes majeurs dans la gestion de leurs laboratoires[7].

Depuis le début de la controverse, plusieurs institutions médicales et entreprises pharmacologiques ont mis fin à leurs relations avec Theranos. L'entreprise ainsi que sa dirigeante se voient menacées de perdre l'autorisation d'exploiter des laboratoires d'analyses sanguines[8].

Plusieurs experts et médias ont exprimé l'hypothèse que la valeur financière de l'entreprise était hautement fantaisiste et que l'entreprise était construite sur une escroquerie[9].

Le , le Wall Street Journal révèle que, d'après une source proche du dossier, Theranos a annulé l'ensemble des tests effectués en 2014 et 2015 sur sa plateforme Edison et a définitivement cessé d'utiliser celle-ci depuis [10],[11].

En , dans une lettre ouverte, Elizabeth Holmes indique que l'entreprise va fermer ses laboratoires et licencier 340 salariés[12],[13]. En , la Securities and Exchange Commission (SEC) récapitule, dans un acte d'accusation, les falsifications dont cette société est accusée[3].

Il faut attendre 2018 pour que ses dirigeants (parmi lesquels Ramesh Balwani) soient inculpés pour « fraude massive » : la technologie développée n'était pas exploitée comme annoncée dans les levées de fonds aux investisseurs, et servait à couvrir une « escroquerie sophistiquée », selon la Securities and Exchange Commission[14],[15]. En , le nouveau directeur général de Theranos annonce la dissolution de la société[16].

Cette escroquerie fait l'objet d'un documentaire (Blood money / l'argent du sang) racontant l'ascension et la chute de l'entreprise[5].

En 2022, Elizabeth Holmes est reconnue coupable de fraude[17] et condamné à plus de 11 ans de prison, pour escroquerie envers les investisseurs, et elle doit rembourser 452 millions de dollars américains[5].

Notes et références

  1. The Unicorn List (classement), consulté le .
  2. a et b (en) Heidi Ledford, « Blood money: the biotech debacle of Theranos on screen », www.nature.com, vol. 568, no 7753,‎ , p. 455–456 (DOI 10.1038/d41586-019-01066-0, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Jérôme Marin, Tests sanguins : la trop belle histoire de la start-up Theranos dans Le Monde du 19 mars 2018 -suppl. Économie et Entreprise
  4. (en) John Carreyrou, « Hot Startup Theranos Has Struggled With Its Blood-Test Technology », The Wall Street Journal,‎ (lire en ligne).
  5. a b et c (en) Benjamin Plackett, « How blowing the whistle on the Theranos scandal transformed Erika Cheung's career », nature.com,‎ (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/d41586-025-00366-y, lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) « Theranos' Scandal Exposes the Problem With Tech's Hype Cycle », Wired,‎ (lire en ligne).
  7. (en) « Arizona inspectors find Theranos lab issues », sur USA TODAY (consulté le ).
  8. (en) Reed Abelson et Andrew Pollack, « Theranos Under Fire as U.S. Threatens Crippling Sanctions », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « The fable of the unicorn », The Economist,‎ (ISSN 0013-0613, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) « Theranos Voids Two Years of Edison Blood-Test Results », The Wall Street Journal,‎ (lire en ligne).
  11. « Tests sanguins : l'aveu terrible de Theranos », La Tribune,‎ (lire en ligne).
  12. (en) « An Open Letter From Elizabeth Holmes », sur Theranos Newsroom, (consulté le ).
  13. (en) Reed Abelson, « Theranos to Close Labs and Lay Off 340 Workers », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  14. « Tests sanguins: Les dirigeants de Theranos inculpés pour «fraude massive» », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  15. « Theranos : fin de partie pour Elizabeth Holmes, étoile filante de la Silicon Valley - Les Echos », sur business.lesechos.fr (consulté le ).
  16. Jérôme Marin, « Clap de fin pour Theranos, la start-up qui a berné la Silicon Valley », Silicon 2.0, lemonde.fr,‎ (lire en ligne).
  17. (en) Emily Waltz, « Elizabeth Holmes verdict: researchers share lessons for science », nature.com, vol. 601, no 7892,‎ , p. 173–174 (DOI 10.1038/d41586-022-00006-9, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) John Carreyrou, Bad blood : Secrets and Lies in a Silicon Valley Startup, New York, Knopf, , 352 p. (ISBN 978-1-5247-3165-6).

Liens externes