Oppidum du Vieux Reims
Oppidum du Vieux Reims Oppidum de Condé-sur-Suippe/Variscourt | |
Plan au sol de l'oppidum du Vieux Reims par Amédée Piette (1856). | |
Localisation | |
---|---|
Pays | France |
Région | Hauts-de-France |
Département | Aisne |
Communes | Condé-sur-Suippe Variscourt Guignicourt[1] |
Oppidum | |
Protection | Inscrit MH (1992)[2] |
Coordonnées | 49° 25′ 00″ nord, 3° 59′ 00″ est |
Superficie | 170 ha[3],[1],[4] |
Histoire | |
Culture | La Tène |
Préhistoire | Néolithique |
Protohistoire | Âge du bronze |
Protohistoire | Second Âge du fer |
L'oppidum du Vieux-Reims, ou oppidum du Vieux-Reims, également appelé oppidum de Condé-sur-Suippe/Variscourt et oppidum de Variscourt, est ancien établissement protohistorique fortifié Rème situé sur le territoire des communes de Condé-sur-Suippe, de Variscourt et de Guignicourt, dans le département de l'Aisne. Le site est occupé sans discontinuité au Néolithique, puis à l'âge du bronze avant de devenir à la Tène III, aux IIe et Ier siècle av. J.-C. un oppidum du peuple gaulois des Rèmes[5].
L'oppidum de la période La Tène III s'étend sur une superficie de 170 ha. La ville protohistorique, en forme de quadrilatère, est enserrée par un rempart de deux à trois mètres de hauteur[6][7], de 4 à 5 m de large — mesure estimée dans sa portion encore intacte, au lieu-dit « le Horle de la Glacière » —[8], se développant sur environ 2 km de long doublé d'un fossé d'enceinte[2],[9]. Le murus de l'oppidum rème, qui comprend deux angles droits, les deux autres épousant le cours de la Suippe et du canal latéral de l'Aisne, est affecté d'un aspect quadrangulaire, forme et type de fortifications unique au sein du territoire celte de l'époque[10].
Des restes de poteaux, de puits, de cheminées et d'entrepôts et des vestiges de bâtiments domestiques ont été mis en évidence. Le petit mobilier est notamment documenté par des poteries datées de 120 à 90 av. J.-C.. La découverte et mise au jour de bassins suggère que le sel est, à l'époque, extrait sur place[11],[12],[9]. Les vestiges d'une nécropole, datés de l'âge du bronze, ont été également découverts[11],[12],[9],[13].
Des fouilles régulières ont été effectuées sur le site depuis le milieu du XIXe siècle[11],[12],[9]. Le site du Vieux Reims est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [2].
Contexte géographique, archéologique et géologique
Le site archéologique, dont la plus importante portion s'étend sur la rive gauche de l'Aisne, se trouve à cheval sur les communes aisnoises de Condé-sur-Suippe, Variscourt et Guignicourt[1],[14],[15]. Il est situé à 37 km en axe est de la ville de Laon[16]. Le site est borné par la commune d'Aguilcourt, au sud[14],[15].
L'oppidum est, à vol d'oiseau, distant de 17 km de Durocortorum en axe nord[17]. Les deux sites sont reliés par une via romana de plus de 10 m de large traversant successivement, du nord au sud, les communes de Sissone, Mons-en-Laonnois, Condé-sur-Suippe et Courcy[17],[18]. L'ancien habitat fortifié se place également à environ 3 km en direction de l'est/sud-est du « camp de Mauchamp »[14],[19],,[20].
Le plan cadastral de l'époque napoléonienne, exécuté, en ce qui concerne les communes de Guignicourt et Varirscourt, en 1832, puis des photographies aériennes réalisées en 1976 et 1977 permettent de documenter, de restituer et d'estimer l'étendue du site[21],[22], en grande partie détruit durant le XIXe siècle en raison de la mise en œuvre de grands travaux d'infrastructures tels que le creusement du canal latéral à l'Aisne, la construction de la ligne ferroviaire reliant Laon à Reims, la création d'un bassin d'extraction de graviers et la construction d'une sucrerie[1],[23],[24].
Toponymie
La première mention attestée du toponyme « Vieux Reims », connu sous cette forme qu'à partir de 1700[18], est documentée qu'à partir du milieu du XVIIIe siècle, avec la carte de Cassini[25]. À l'instar du « Vieux-Laon » et du « Vieux-Chalons », ce toponyme trouve probablement son origine au sein documents écclésiastiques des IXe – XIIIe siècle et reflète « une interprétation, savante et populaire », de vestiges datant de la campagne militaire de César en Gaule belgique et visibles in situ durant le moyen-âge[25].
Dans plusieurs chartes datées des XIIe – XIIIe siècle, le site est mentionné par les termes « oppide de Condé »[26] et « Condatense oppidum »[27].
Les études microtoponymiques de l'aire englobée par le Vieux Reims révèlent l'existence du lieu-dit « Murs de Rome », nom qui fait écho à une possible occupation du site par le légat Quintus Titurius Sabinus, celui-ci y ayant, dans cette hypothèse, installé un camp romain[28],[15],[29],[Note 1]. La partie nord-ouest du site est localement connue sous les termes « La Bataille », autre toponyme donné au « Gué Saint-Pierre »[28],[15]. Le lieu-dit « La Bataille » renverrai au passage à gué de l'Aisne par les troupes romaines avant de se confronter à celles menées par Galba, postulat énoncé par quelques historiens, mais non confirmé[15],[29],[31].
Le cadastre napoléonien permet de recenser d'autres toponymes du territoire couvert par le site : « le Horle de la Glacière », « à l’anneau », « les Bas Lieux de Variscourt », « le Bois de la Garenne », « Bas du Mont de Reims » et « le Champ Bataille », lieux-dits bornant ou se trouvant à proximité immédiate de l'enceinte fortifiée ; « le Clane Gué », ou « Isle du Clane Gué », qui, à l'instar du « Gué Saint-Pierre », est probablement un lieu-dit lié à un ancien passage à sec de la Suippe ; « Le Marais du Pont », « Le Marais de la Glacière », « le Marais du Clane Gué » et « le Petit Marais », lieux-dits liés à d'anciennes zones marécageuses situées entre les fortifications et l'affluent de l'Aisne[32].
Histoire
Utilisation et occupation du site
Néolithique
Âge du bronze
Second Âge du fer
Datation et occupation
Au cours de la période recouvrant les phases allant de La Tène C2 à La Tène D2, le Vieux Reims, avec les sites protohistoriques de Saint-Thomas (Bibrax), de Villeneuve-Saint-Germain et de Pommiers, fait partie des quatre établissements résidentiels éligibles au statut de ville/oppidum identifiés dans la moyenne vallée de l'Aisne[33]. Durant cette période, l'oppidum de Condé-sur-Suippe/Variscourt, comme pour les trois autres oppida, s'inscrit au sein d'un maillage périurbain faiblement dense[33]. Le phénomène d'urbanisation du Vieux Reims aurait été continu et progressif, s'étalant sur les IIe – Ier siècle av. J.-C. et probablement induit par une importante concentration d'établissements à destination essentiellement agricole[33]. Pour autant, la fondation de l'oppidum du Vieux Reims, liée à son processus de fortification, résulte probablement d'« une décision politique délibérée », suggérant une évolution de l'occupation des lieux — dont les fouilles n'ont pas permis de mettre en évidence un « noyau » proto-urbain préexistant — subite et excluant un phénomène de synœcisme[33].
Ancienne capitale des Rèmes ?
Historique des découvertes et fouilles
Description
Mobilier archéologique
Céramiques
- Amphores
Un total de 1 214 fragments issus de 59 pièces, ont été mis en évidence lors de fouilles opérées en 1987 au sein de 179 structures. Sur les 1 214 tessons d'amphores collectés, 59 présentent un bord à lèvre, 66 sont munis d'une anse, 13 sont pourvus d'un pied et 12 présentent une épaule. Les amphores comprennent 58 pièces de type Dressel I d'origine romaine et une pièce de type Rhodienne importée d'orient[34].
Notes et références
Notes
- L'hypothèse de l'utilisation du site du Vieux Reims comme camp romain, soutenue par Amédée Piette, puis reprise par Maximilien Melleville et Édouard Fleury, a été infirmée et réfutée dès la fin du XIXe et début du XXe siècle[19],[30], pour être définitivement exclue grâce aux fouilles et travaux de recherches menés au début des années 1980[1],[31].
Références
- Blaise Pichon 2002, p. 199.
- « Oppidum de Variscourt (également sur commune de Variscourt) », sur Base Mérimée, (consulté le ).
- Bénédicte Hénon et al. 2011, p. 9 et 44.
- Gilbert Lobjois 1978, p. 3.
- Gilbert Lobjois et Anne-Marie Ancien 1978.
- Amédée Piette 1856, p. 94.
- Amédée Piette, « Chaussée de Reims à Arras », dans Itinéraires gallo-romains dans le département de l'Aisne, (lire en ligne [PDF]).
- Bénédicte Hénon et al. 2011, p. 58 - 3.1. Le cadastre napoléonien, le rempart de l'oppidum.
- « L'oppidum de Condé-sur-Suippe / Variscourt (02) (fin du IIe s.- début du Ier s. av. J.-C.). Approche préliminaire de l'organisation fonctionnelle d'un quartier artisanal », dans Guerre et violence - Actes du 119e congrès du Comité des Travaux historiques et scientifiques (CTHS), Amiens, 26-30 octobre 1994, Comité des travaux historiques et scientifiques, (lire en ligne).
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- Bénédicte Hénon et et al. 2012, p. 54.
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Pour approfondir
Bibliographie
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- Bénédicte Hénon (dir.), Muriel Boulen, Sylvie Coubray, Marjorie Galois et al., L’oppidum du « Vieux Reims » à Condé-sur-Suippe (Aisne) : Rapport de fouilles archéologiques 2016, Inrap, (lire en ligne [PDF]).
- Lobjois Gilbert et Ancien Anne-Marie, « Un moule à rouelles gaulois trouvé à Variscourt. », Revue archéologique de l'Oise, vol. 12, no fascicule 1, , p. 3-6 (DOI 10.3406/pica.1978.2933, lire en ligne, consulté le ).
- Fichtl Stephan, « Les fortifications de la Gaule Belgique à La Tène finale : une approche des entités régionales. », Revue archéologique de Picardie, nos 3-4 « Table-ronde de Ribemont-sur-Ancre (Somme) : la chronologie du second âge du fer en Gaule du Nord / La ferme laténienne de Jaux (Oise) et sa nécropole. », , p. 223-231 (DOI 10.3406/pica.1996.2186, lire en ligne, consulté le ).
- Blaise Pichon (dir.), « 761. Variscourt », dans Carte archéologique de la Gaule, 02. Aisne, Les Editions de la MSH, (lire en ligne).
- Blaise Pichon (dir.), « 211. Condé-sur-Suippe - L'oppidum du Vieux Reims », dans Carte archéologique de la Gaule, 02. Aisne, Les Editions de la MSH, (lire en ligne).
- Michel Chossenot, François Pinnelli et Jean-Jacques Valette, « Reims : Durocortorum Remorum, un site et un nom problématiques », Reims histoire archéologie, (lire en ligne [PDF]).
- Ancien Anne-Marie et Lobjois Gilbert, « Neuf enclos circulaires dans la vallée de l'Aisne. », Cahiers archéologiques de Picardie, no 8, (DOI 10.3406/pica.1981.1330, lire en ligne, consulté le ).
- Patrick Pion, C. Pommepuy, G. Auxiette et B. Hénon, « L'oppidum de Condé-sur-Suippe / Variscourt (02) (fin du IIe s.- début du Ier s. av. J.-C.). Approche préliminaire de l'organisation fonctionnelle d'un quartier artisanal », dans Guerre et violence - Actes du 119e congrès du Comité des Travaux historiques et scientifiques (CTHS), Amiens, 26-30 octobre 1994, Comité des travaux historiques et scientifiques, (lire en ligne).
- Louis Felicien Joseph Caignart de Saulcy, « Première campagne de César contre les Belges », dans Les campagnes de Jules César dans les Gaules : Études d'archéologie militaire, Didier et Cie, (lire en ligne).
- (en) Thomas Rice Holmes, « Where did Caesar cross the Aisne? », dans Caesar's conquest of Gaul, London Macmillan, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes et internes
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