Librairie Publico
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48° 51′ 55″ N, 2° 21′ 59″ E |
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La librairie Publico, est une librairie et une maison d'édition située au no 145 rue Amelot à Paris, spécialisée dans la publication et la distribution d'ouvrages en relation avec l'anarchisme, fondée le .
Liée à la Fédération anarchiste (FA), elle est un relai de l'anarchisme dans la capitale française et un point de convergence des anarchistes en France.
Histoire
La librairie est fondée le [1] par la Fédération anarchiste (FA), avec laquelle elle est liée[2]. Elle entretient aussi des liens avec Radio libertaire, la station radio de la FA[2],[3],[4]. Elle porte d'abord le nom de librairie du Monde libertaire et est située au 3 rue Ternaux[4],[5] puis se déplace au 145 rue Amelot en 1981[4],[6]. La librairie sert aussi d'imprimerie[4]. Avec la librairie La Gryffe à Lyon, il s'agit d'une des deux librairies anarchistes historiques en France ; bien que de nouvelles librairies anarchistes aient vu le jour depuis les années 1990[7] comme la librairie Quilombo[8].
La librairie subit deux attentats à la bombe, l'un commis par l'organisation colonialiste OAS en 1962 et l'autre par des franquistes au milieu des années 1970[9].
Après mai 1968, la librairie est gérée un certain temps par la militante anarchiste Hellyette Bess[10]. En 1984-1988, Hervé Trinquier, ancien dirigeant de Publico et Jacky-Joël Julien, cofondateur de Radio libertaire s'associent pour reprendre le Théâtre libertaire de Paris (TLP), dont ils placent le siège à la librairie et où ils reçoivent notamment Léo Ferré[11].
En 1988, la librairie rejoint Internet[12]. Pendant la guerre du Golfe (1990-1991), la FA, Radio libertaire et Publico s'engagent dans une campagne antimilitariste s'opposant à celle-ci[13]. Dans le même temps, un certain nombre d'anarchistes qui désertent l'armée française tentent de s'y rendre pour y trouver un moyen de s'exfiltrer, ce qui fait craindre à la FA et à Radio libertaire d'être ciblées par les autorités politiques[13]. La librairie est par ailleurs débordée par les demandes et ne peut aider outre mesure[13].
La librairie est attaquée de nouveau le [14]. Un individu d'une quarantaine d'années s'introduit dans l'édifice puis attend qu'un des bénévoles s'occupant du lieu soit tourné pour lui planter un couteau de cuisine dans la nuque[14]. La lame se brise dans le crâne sous la violence de l'impact et le militant blessé est emmené d'urgence à l'hôpital, où il survit[14]. Le fait que l'acte ne soit pas retenu comme terroriste, la gestion de l'enquête policière et le retentissement limité de l'affaire dans les médias français est critiqué par Le Monde libertaire[15].
En 2020, la librairie accueille la tenue d'une émission de Radio Conchita, une radio féministe destinée à un public d'expatriées espagnoles[16]. Elle organise aussi le Salon du Livre Libertaire[17].
Ligne éditoriale, publications, particularités
Publico « diffuse [pour] l’essentiel des ouvrages anarchistes ou qui ont trait à l’anarchisme, des supports audio-visuels, ainsi que du matériel de propagande (affiches, autocollants, etc) »[12]. Selon Jesse S. Cohn et Nathan J. Jun, son ouverture aux publications en anglais serait symptomatique du mouvement anarchiste en France, qui serait à la fois lecteur de publications en français mais aussi en anglais - une situation de bilinguisme difficile à retrouver dans d'autres anarchismes[18].
Selon le géographe libertaire Philippe Pelletier, il s'agirait d'une bonne ressource pour approcher la pensée anarchiste[19]. Arnaud Sagnard y remarque le fait que les clients y dialoguent souvent entre eux, contrairement à d'autres librairies[20].
La librairie organise des évènements sur des thématiques féministes[21],[22].
Organisation
La librairie est tenue par deux libraires salariés, ce qui en fait un des rares endroits dans les milieux anarchistes en France où l'on peut trouver une forme de salariat[12]. Il ne s'agit donc pas de personnes bénévoles militantes mais plutôt de libraires professionnels qui s'engagent dans cette direction par militantisme anarchiste, étant donné que les salaires au sein de la librairie sont moins élevés que dans des emplois équivalents[23]. Adeline de Lépinay décrit la situation de la sorte[23] :
« Publico, la librairie parisienne de la Fédération anarchiste, est tenue par des permanent·es qui sont censé·es être des permanent·es techniques. Or, d’une part, ce sont des libraires professionnel·les, qui ont été embauché·es pour leur maîtrise du métier, et qui continueront à être libraires en quittant Publico. Et d’autre part, iels ont fait un choix politique en venant exercer leur métier à Publico, parce que le travail y est dur et que le salaire y est moindre qu’ailleurs. Ce ne sont donc ni des assistant·es techniques chargé·es de surveiller la librairie pendant les horaires d’ouverture ni des militant·es sacrificiel·les qui s’oublient pour servir la cause ! »
Références
- ↑ « Publications Libertaires Coopératives (PLC) », sur annuaire-entreprises.data.gouv.fr (consulté le )
- Thierry Caire, « Militants à la Fédération anarchiste », L'Homme et la société, vol. 123, no 1, , p. 97 (DOI 10.3406/homso.1997.2881, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Patiès 2022, p. 1-15.
- « Publico, impr. (Paris) - Cgecaf », sur cgecaf.ficedl.info (consulté le )
- ↑ « Présentation des secrétariats de la Fédération anarchiste - Archives du Monde libertaire », sur ml.ficedl.info (consulté le )
- ↑ « Un nouvel espace anarchiste à Paris », sur www.monde-libertaire.fr (consulté le )
- ↑ Julien Hage, « L’engagement des libraires et des librairies », dans Histoire de la librairie française, Éditions du Cercle de la Librairie, , 430–436 p. (lire en ligne)
- ↑ « « Tue ton patron » : la gauche radicale révolutionne son édition », sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- ↑ « Naissance du Monde libertaire », sur www.monde-libertaire.fr (consulté le )
- ↑ Mathieu Léonard, Nicolas Norrito, « La « mama » du Jargon », sur CQFD, mensuel de critique et d'expérimentation sociales (consulté le )
- ↑ Daniel Pantchenko, Léo Ferré: sur le boulevard du crime au TLP-Déjazet de 1986 à 1992, Paris, Cherche midi, coll. « Chants libres », (ISBN 978-2-7491-5096-3), p. 15.5-15.6
- Pucciarelli 1999, p. 11-12.
- Patiès 2022, p. 3-4.
- « L'attaque au couteau d'un anarchiste à Paris était-elle préméditée? », sur 20 Minutes, (consulté le )
- ↑ « ÉDITO DU ML N°1807 », sur monde-libertaire.net (consulté le )
- ↑ (es) Olga Bautista Cosa, Carla Bezanilla Rebollo et José Emilio Pérez Martínez, « Activismo feminista y emigración: el caso del podcast Radio Conchita y las migrantes españolas en París (2019-2021) », RadioMorphoses. Revue d’études radiophoniques et sonores, no 8, , p. 4 (ISSN 2649-9630, DOI 10.4000/radiomorphoses.2701, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Au Salon du livre anarchiste, la présidentielle n'intéresse personne », sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- ↑ (en) Jesse S. Cohn et Nathan J. Jun, « Translators' Introduction to Daniel Colson's "Anarchist Readings of Spinoza" », Journal of French and Francophone Philosophy, vol. 17, no 2, , p. 86–88 (DOI 10.5195/jffp.2007.199, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Philippe Pelletier, « Pour aller plus loin », Idées reçues, , p. 301–306 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le stade oral de la lecture », sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- ↑ « ML - Mars féministe à Publico », sur www.monde-libertaire.fr (consulté le )
- ↑ « La crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace – avec Francis Dupuis-Déri [Radio] », sur paris-luttes.info, (consulté le )
- de Lépinay 2021, p. 127-128.
Bibliographie
- Adeline de Lépinay, « Exigence, compétences, pression et coopération au sein d’une boulangerie autogérée. », Mouvements, vol. 2, no 106, , p. 121-129 (lire en ligne
) - Félix Patiès, « Radio Libertaire dans la mobilisation contre la première guerre du Golfe en 1990 – 1991 », Revue d’études radiophoniques et sonores, no 8, , p. 1-15 (lire en ligne )
- Mimo Pucciarelli, « Qui sont les anarchistes ? », Alternative Libertaire (AL), , p. 1-24 (lire en ligne [PDF])
