Le Loup et l'Agneau
Le Loup et l'Agneau | ||||||||
![]() Le Loup et l'agneau par Gustave Doré. | ||||||||
Auteur | Jean de La Fontaine | |||||||
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Pays | ![]() |
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Genre | Fable | |||||||
Éditeur | L. Hachette | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1668 | |||||||
Illustrateur | Gustave Doré | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Le Loup et l'Agneau est la dixième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.
Cette fable est inspirée de celles d'Ésope et de Phèdre. Cette œuvre se situe dans le règne de Louis XIV et l'absolutisme royal en France[1].
Texte intégral

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure .
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens:
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
— Jean De La Fontaine
Résumé de la Fable
Un agneau boit tranquillement l’eau d’un ruisseau. Un loup, voyant là une proie facile, l’accuse d’avoir troublé l’eau qu’il boit, bien que l’agneau se trouve en aval. L’agneau, plein de bon sens, répond poliment et démontre qu’il ne peut pas troubler l’eau en amont.
Le loup, vexé, invente alors d’autres accusations : il prétend que l’agneau l’a insulté l’année précédente, ce que l’agneau nie, car il n’était pas encore né. Le loup, n’ayant plus de raison légitime, conclut qu’il doit manger l’agneau « car il faut que je me venge ».
Et le loup dévore l’agneau.
Analyse de la Fable
La dialectique Nature / Culture[2]
- L’agneau incarne la culture, représentant la domestication, la société et la raison. Son discours est structuré, logique et respectueux des normes sociales.
- Le loup symbolise la nature, associée à la sauvagerie, à l’instinct et à la domination brute. Son comportement est dominé par la loi du plus fort et l’impératif biologique.
- La confrontation entre les deux personnages met en scène une lutte entre ces deux forces opposées, où la nature finit par triompher de la culture. (voir, Morale de la Fable)
Analyse Spatiale et Symbolique [2]
- Le ruisseau : Ce point d’eau est présenté comme une frontière entre deux mondes, celui de la nature (le loup) et celui de la culture (l’agneau). Il s’agit d’un espace mixte où les deux univers se rencontrent, mais où les règles de la nature prédominent.
- L’agneau, en quittant son espace domestiqué, se retrouve vulnérable dans le domaine naturel du loup.
Motivation des personnages[2]
- Le loup agit sous l’influence de plusieurs forces :
⇒ Son instinct biologique de survie (la faim).
⇒ Une justification culturelle pour imposer son autorité (il accuse faussement l’agneau de troubler son eau, puis d’avoir insulté sa famille).
⇒ Une rage symbolique, liée à son rôle de prédateur.
- L’agneau, bien qu’innocent, est présenté comme une victime logique dans un système où la justice est dictée par la force.
La Rhétorique et la Justice[2]
- La fable illustre une parodie de justice où le loup se place en juge, procureur et bourreau. Il utilise des arguments de mauvaise foi pour légitimer ses actions.
- L’agneau, malgré la force de son raisonnement, ne peut échapper à son sort, car dans l’univers naturel, la raison est impuissante face à la force brute.
Morale de la Fable
La morale est explicite dans cette fable : “La raison du plus fort est toujours la meilleure[2].”
Cela signifie que dans un monde où la force domine, les arguments logiques ou justes n’ont pas d’importance. La fable illustre l’abus de pouvoir, où le fort (le loup) utilise de fausses justifications pour exploiter ou détruire le faible (l’agneau).
Adaptations cinématographiques
- Le Loup et l'Agneau, Sévan Maurin, 2017 - Unifrance
(https://www.unifrance.org/film/45496/le-loup-et-l-agneau) [3]
- Le Loup et l'agneau, Jean Image, 1939 - Unifrance
(https://www.unifrance.org/film/45536/le-loup-et-l-agneau)
Mise en musique
- Charles Lecocq, 1885
- André Caplet, 1919
- Vladimir Cosma, 2021
Illustrations

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Illustration de Gustave Doré (1876). -
Sur la bordure inférieure de la tapisserie de Bayeux (scène 4) apparaissent deux fables : Le Corbeau et le Renard et Le Loup et l’Agneau. La tapisserie de bayeux est antérieure à Jean de la fontaine -
Crédit image:licence CC BY-SA 4.0 🛈
Le Loup et l'Agneau dans des boiseries de l'hôtel de Noirmoutier. -
Le Loup et l'Agneau, par Jean-Baptiste Oudry.
Notes et références
- ↑ « Contexte Historique | PDF | Fables de La Fontaine | Fable », sur Scribd (consulté le )
- Ralph Albanese, « Réflexions sur la dialectique nature/culture dans «Le Loup et l’Agneau » », Le Fablier. Revue des Amis de Jean de La Fontaine, vol. 12, no 1, , p. 65–71 (DOI 10.3406/lefab.2000.1050, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le Loup et l'Agneau de Sévan Maurin (2017) - Unifrance », sur www.unifrance.org (consulté le )
Liens audio
- Le loup et l'agneau - La cigale et la fourmi (fables en argot à la manière de Boby Forest) contées par Yves Deniaud (78 tours numérisé / audio : 2 minutes 12 secondes) sur le site de la Médiathèque Musicale de Paris
- La besace ; La cigale et la fourmi et Le loup et l'Agneau (audio : 2 minutes 45 secondes ; 3 minutes 11 secondes), fables lues par Paul Œttly sur le site de la Bibliothèque Nationale de France
- La cigale et la fourmi et Le corbeau et le renard ; Le loup et l'agneau et La mort et le bûcheron (audio : 2 minutes 13 secondes ; 3 minutes 06 secondes), lues par Andrée de Chauveron et M. Delbost sur le site de la Bibliothèque Nationale de France
- Le Loup et l’Agneau (78 tours numérisé) sur le site de la Médiathèque musicale de Paris
Liens externes
- Le Loup et l'Agneau, Musée Jean-de-La-Fontaine à Château-Thierry.
- Le Loup et l'Agneau d'Ésope, sur Wikisource
- LE LOUP ET L'AGNEAU, fable d'Ésope en version bilingue français et grec ancien, traduction d'Émile Chambry (1927) sur le site archive.org
- LUPUS ET AGNUS, fable de Phèdre en latin (1834) sur Gallica
- Le Loup et l'Agneau fable de Phèdre traduite en français par Ernest Panckoucke (1834) sur Gallica
- « Le loup, l’agneau et le sens de l’histoire ». Pardès, vol. 3233, no 1, 2002, p. 217‑34, article de revue de Élisabeth Bizouard. shs.cairn.info, (https://doi.org/10.3917/parde.032.0217) .
- « ÉCOUTER, VOIR, APPRÉCIER ET COMPRENDRE DES FABLES SUR LE NET : LE LOUP ET L’AGNEAU DE LA FONTAINE EN CYCLE 3 ». article dans Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, par Nathalie Drouin et Jean-François Massol vol. 8, 2018, p. 1050944ar. (DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.7202/1050944ar.)
- Contexte historique - Éditions Ellipses (https://www.editions-ellipses.fr/PDF/9782340034723_extrait.pdf?srsltid=AfmBOoqJYh4Lzdn5kJNCDza2lRyDT4cJlt8xghYelawZOcnvnmmw1Bom)