Hicham ibn Sufyân
Hicham fils de Sufyân (en arabe هشام إبن صفيان), surnommé Hicham l'Arabe du Sud, né vers 244 après Jésus-Christ dans l'actuelle Jizan (Arabie) et mort en 318 en Syrie, à Damas selon la nomination actuelle, est un prophète arabe, un des principaux fondateurs du sabéisme, mouvement judéo-chrétien ayant subsisté jusqu'à la naissance de l'islam, trois siècles plus tard.
Son nom est tiré de l'hébreu signifiant venu de Dieu ou encore de l'ancien arabe, ayant pour signification qui rompt le pain. Tabari interprète cela comme étant le geste de prendre du pain de vie. Autrement dit, Hicham donne du pain de vie aux gens, allégorie des Évangiles comme étant le don de la vie éternelle.
Biographie
Tabari le considère comme un pur descendant de Houd et lui dresse d'ailleurs un arbre généalogique assez controversé et critiqué par certains historiens[1], car elle n'a guère de fondement scientifique. Cependant, il était généralement admis, d'un point de vue traditionnel, que les Arabes du Sud étant considéré comme descendant du prophète Houd, et plus particulièrement la tribu des Beni Aznad, d'où est originaire Hicham.
Hicham est issu d'un milieu chrétien. Son père a été converti au christianisme au cours d'un voyage en Libye, où l'évangélisation était en cours à cette époque[2]. À son retour en Arabie en 256, il convertit sa femme et ses trois enfants : Hichem, Hassin et Kilab. Hicham n'a alors que douze ans.
Vers ses vingt ans, Hicham renie le christianisme traditionnel et fonde sa propre religion, le sabéisme, basée sur une étude scrupuleuse de l’Évangile et d'un canon différent de celui établi par l’Église catholique. Il commence sa prédication en 267, d'abord à Djeddah, dans son pays natal, puis vers d'autres villes arabes et enfin en Syrie, à l'époque désignée sous le nom de Bilad el-Chem. Il rassemble une communauté assez importante de fidèles et meurt en Syrie, à l'âge de 74 ans, poignardé au cœur par un fanatique chrétien, en 318. Ses fidèles l'enterrent dignement et continuent le culte de sa religion, qui se poursuit jusqu'en 632, date à laquelle tous les sabéens sont islamisés par Mahomet.
Œuvres
Dès qu'il atteint ses vingt ans, Hicham émet des doutes sur la validité de sa religion et s'interroge notamment sur la divinité de Jésus-Christ. Tabari mentionne plusieurs de ses ouvrages (sûrement perdus de nos jours) dont il situe l'écriture entre 264 et 266. Il traite de la spiritualité et de divers domaines, notamment sur la personne de Jésus-Christ et le message que celui-ci diffusa. Hicham écrivit en arménien, mais les titres de ses œuvres nous sont parvenus en arabe seulement, notamment Kitab Illahiyat el-Massih (Livre de la divinité du Christ), Kitab Dawât el-Massih fi Bayt el-Maqdâs (Livre de la prédication du Christ à Jérusalem), Kitab Tafassîr Al-Injil (Livre de l'Explication de l’Évangile). Seul un livre, contenant un ensemble de mille poèmes dédiés à Dieu, nous est parvenu. Bien que les premiers manuscrits ne datent que du VIIIe siècle après Jésus-Christ et sont généralement attribués à un poète musulman, on retrouve des mentions antérieures à cette date et contemporains à Hicham, ce qui explique sa paternité à ce livre.
Au fur et à mesure que sa pensée spirituelle et religieuse évolue, il se forge une idée particulière sur le christianisme. Il renie les enseignements de Paul décrit comme "un faux apôtre" et fonde ses idées sur une doctrine stricte : les commandements de Dieu sont immuables et inchangeables. La loi de Moïse ne peut donc pas être abolie, mais peut et doit être en harmonie avec les enseignements du Christ. De plus, Hicham renie l'autorité des prêtres et leur soi-disant qualité d'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Pour lui, l'Église catholique n'est pas inspirée ou dirigée par Dieu et les décisions doctrinales prises par les conciles chrétiens ne sont pas valables et n'ont pas de valeur religieuse.
Hicham prétend n'avoir fait que reformé la vraie religion chrétienne et rappelle que si sa réforme est oubliée au fil des siècles, des prophètes autres que lui viendront la rétablir.
Enseignements
En 267, à l'âge de vingt-trois ans, Hicham délaisse définitivement son ancienne foi et fonde sa propre religion, dont il dit être un retour au christianisme originel. Il dit "n'apporter rien de nouveau aux paroles du Christ Jésus, mais les [rétablir] et les [rappeler] à l'esprit des gens"[3]. De même, il enseigne que seuls les prophètes peuvent apporter de nouveaux enseignements après ceux de Jésus-Christ, ce qui fait qu'il n'accepte que les quatre évangiles et rejette les Épîtres de Paul et l'Apocalypse de Jean. Il considère Jésus comme le Messie, le Prophète et le serviteur de Dieu et rejette sa qualification de "Fils de Dieu" ou de Dieu lui-même. Il appuie ce point de doctrine sur le fait que l'Ancien Testament nie fermement toute attribution de la qualité "Père" à Dieu et aussi sur le fait que l'expression "Fils de Dieu" était utilisée par les Hébreux, comme étant un synonyme de "Serviteur de Dieu" et une allégorie désignant l'homme pieux et fidèle au Seigneur.
De même, il enseigne que la Loi de Moïse doit continuée à être observée, y compris les interdits alimentaires. Il prêche aussi qu'un prophète surnommé "Shilô", légitimé et prophétisé par la Bible, devra venir après lui et sera le seul à pouvoir instaurer des enseignements nouveaux. Hicham dit qu'une Église ne doit pas nécessairement être établie, que c'est une ruse de Satan visant à diviser le peuple, mais que les sabéens doivent former une communauté universelle, s'entraidant mutuellement et s'unissant malgré les frontières et les distances. Toute personne confessant l'unicité de Dieu, jointe aux bonnes œuvres est sabéen (ce qui se rapproche du Credo musulman : "Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète"").
En se basant sur la Bible, il prophétise qu'il naîtra en Arabie et y instaurera le culte de Dieu, la purifiant des idoles et des dérives religieuses et unissant toutes les tribus (à l'époque hostiles entre elles et en une perpétuelle et sanglante guerre) d'Arabie en un seul État, une seule religion basée sur l'observance des Lois divines. Les sabéens ont attendu ce moment, surnommé Ère de la paix, avec impatience. Pour eux, ce sera l'époque où Dieu éclairera l'humanité et la guidera avant qu'elle ne tombe dans l'égarement et les ténèbres, ce qui aboutira à l'évènement de la Fin du Monde. Tabari y voit la prédiction de la venue de Mahomet et de la fondation de la Oumma (communauté musulmane).
Les enseignements du sabéisme ont pour fondement la Bible (sans l’Évangile de Luc, les Épîtres Pauliennes et l'Apocalypse de Jean) et les Louanges du Poète (Jelel-a-chir), ensemble de 300 000 vers divisés en plusieurs chapitres, chantant la gloire de Dieu, demandant la paix, l'amour et l'entraide et établissant le Credo des sabéens. Il est probable qu'il y avait autrefois plus de livres canoniques, mais la majorité ont été perdus.
Le sabéisme aujourd'hui
De nos jours subsiste une minorité de sabéens en Inde, mais les historiens divergent pour savoir si ce sabéisme et le sabéisme traditionnel sont réellement les mêmes, se basant notamment sur différents différences doctrinales. Aujourd'hui, le mouvement est considéré comme éteint et disparu.
Références
- ↑ Hicham fils de Sufyan, fils de Kilab, fils de Mahmoud, fils de Mani, fils de Walid, fils de Ammar, fils de Dalil, fils de Razine, fils d’Uqbah, fils de Nafih, fils d’Uqbah, fils de Fatim, fils de Sadiq, fils de Chu’ayb, fils de Moussa, fils de Moussa, fils d’Hanbal, fils de Latif, fils de Yassin, fils de Laqib, fils de Qudayb, fils d’Uzzi, fils de Nouh, fils de Sadiq, descendant de Sem, fils de Houd. Généalogies des prophètes depuis Adam jusqu'à Mohammed, IV, des "Chroniques des prophètes et des rois"
- ↑ Notamment par la prédication du prêtre Arius, fondateur de l'arianisme chrétien.
- ↑ Cité par Tabari, Kitab Tafassir el-Injil, dans Chroniques des prophètes et des rois
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