Gérard de Turckheim

Gérard de Turckheim
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Guebwiller ()
Nom de naissance
Gérard Maurice Ulrich de Turckheim
Nationalité
Activités
Résistant, industriel, responsable syndical
Famille
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Le baron Gérard de Turckheim, né le 25 mai 1923 à Guebwiller (Haut-Rhin) et mort le 26 avril 2022 à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime), est un résistant, industriel et responsable patronal français.

Biographie

Gérard de Turckheim naît le 25 mai 1923 au château de la Neuenbourg à Guebwiller (Haut-Rhin). Il est le fils de Édouard de Turckheim et Verena Schlumberger.

Après des études secondaires à Guebwiller jusqu'en 1940, il poursuit ses études au Chambon-sur-Lignon.

Au service du pays

En juin 1943, il est incorporé aux Chantiers de la Jeunesse française au Groupement 8 du Châtelard. En octobre 1943[2], il déserte pour participer à la création du maquis des Bauges[3] en Savoie. Il participe aux parachutages d'armements, forme, la nuit, les villageois au maniement et au démontage des armes, réalise des opérations de guérilla et de harcèlement des forces allemandes et vichystes. Il participe à la libération d'Aix-les-Bains, Chambéry, vallée de la Tarentaise. Avec le 1er bataillon de l'Armée secrète de Savoie, il libère Modane par le Massif de la Vanoise[4]. Son bataillon fusionne avec le 13e bataillon de chasseurs alpins. Blessé au genou, il est révoqué des chasseurs alpins, mais rejoint, après sa convalescence, la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny pour servir dans le régiment d'artillerie coloniale du Maroc et participe à la bataille d'Alsace, puis à la campagne d'Allemagne jusqu'à la capitulation du 8 mai 1945. Il reste stationné en Allemagne jusqu'au mois d'octobre[5].

Engagement professionnel

En octobre 1945, Gérard de Turckheim intègre l'Institut d'Enseignement Commercial Supérieur de Strasbourg (IECS), qui deviendra l'EM Strasbourg Business School en 2007. En 1947, il est élu président de l'AFGES (Association Fédérative Générale des Étudiants de Strasbourg) avec pour devise : « Faire avec les autres pour les autres ». Dans ce cadre, il obtient une autorisation ministérielle pour lancer une souscription destinée à rénover et transformer la colonie de vacances de l’AFGES à Morsiglia en Corse, un domaine de 20 hectares, en maison de repos[6],[7].

En parallèle de ses engagements associatifs, il poursuit ses études et obtient une licence de droit en 1948, puis son diplôme de l'IECS en 1950.

La même année, il devient secrétaire général de l’Union textile à Guebwiller, une entreprise employant jusqu’à 1 200 personnes[8]. Il y gravit les échelons en occupant successivement les postes de directeur commercial, directeur général adjoint, puis président-directeur général à partir de 1960[9].

Issu d’une lignée d’industriels remontant à six générations[10], il perpétue l’héritage de son quadrisaïeul Pierre Schlumberger, dit du Löwenfels (1750–1830) et de son fils Nicolas Schlumberger.

Après la fusion des Filatures et Tissages de l'Union textile à Guebwiller, il reste en poste jusqu’en 1982. Parallèlement, de 1961 à 1980, il est directeur général des Filatures du Florival, dont il est le créateur.

Il met en avant le rôle de l'Union textile en tant qu’ entreprise pionnière dans le travail des fibres synthétiques[11]. Dans cette optique, les partenariats avec Rhône-Poulenc, Hoechst et Dupont de Nemours sont renforcés, et des essais pilotes sont menés pour développer les tissus imperméables Comtal[12].

Président du Syndicat français des Filateurs de fibres artificielles et synthétiques (1970-1980), il crée l'Exposition nationale de la filature EXPOFIL, qui deviendra internationale quelques années plus tard. Il occupe également la présidence du Syndicat cotonnier d'Alsace (1970-1980) et est membre du conseil du Syndicat français de l'industrie cotonnière[13].

Engagement associatif et social

Président de l'association Rhin et Danube, il devient une figure incontournable du monde combattant en Alsace[14]. Il donne de nombreuses conférences dans les collèges et lycées pour sensibiliser les jeunes au devoir de mémoire[5]. A partir de 1958, il exerce des responsabilités d’administrateur, vice-président et président durant plus de trente ans pour des associations d’Aide aux personnes âgées, d’aide aux travailleurs migrants (foyer de travailleurs migrants COTRAMI) et CAF du Haut-Rhin. Son engagement associatif, le pousse à prendre la présidence de l'APAEI (Association des parents et amis des enfants inadaptés de l'institut Saint-André de Cernay) de 1980 à 1992)[15].

En 1994, le ministre Daniel Hoeffel salue son triple engagement : au service du pays, professionnel et social[16].

En 2018, le maire de Strasbourg, Roland Ries, lui remet la médaille d'honneur de la Ville[17] de Strasbourg[18].

Il meurt le 26 avril 2022 à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime). Il est inhumé au cimetière de Guebwiller dans le carré des industriels[19].

Décorations

Bibliographie

  • Jean-Pierre Kintz, « Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne », vol. 37, p. 3928.
  • Lionel Courtot, « Une histoire d'Alsace - L'AFGES, 90 ans au service des jeunes », préface de Gérard de Turckheim, Éditions du Signe 2014.

Notes et références

  1. Mémoire des hommes (base de données).
  2. Notice Musée de la résistance en ligne
  3. « En 1944, Gérard de Turckheim est passé des chantiers de jeunesse au maquis », Le Dauphiné libéré, Ginette Merlin, 20 juillet 2015.
  4. Condensé-exposé de Roger Vincent, chef de district dans la Résistance et Maquis des Bauges en Savoie, dossier de la Légion d'honneur de Gérard de Turckheim.
  5. a et b Gabrielle Schmitt Hohenadel, « Seconde Guerre mondiale - Récits contre l'oubli », Ed. Reber 2012, p.232 à 247.
  6. « Pour la santé de la Jeunesse estudiantine, Assurons l'avenir », sur Gallica.bnf.fr, Le Nouveau journal de Strasbourg, (consulté le ).
  7. Lionel Courtot, « Une histoire d'Alsace - L'AFGES, 90 ans au service des jeunes », Éditions du Signe 2014,p.142 à 146.
  8. « Filés : au fil des souvenirs », DNA, Christelle Spihlmann, 3 avril 1997.
  9. « Le grognard de Muhlbach », DNA, Nicolas Roquejoffre, 1er février 2014.
  10. Michel Hau, « La longévité des dynasties industrielles alsaciennes », Le Mouvement social, N° 132,‎ 07-09/1985 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Nicolas Stoskopf et Pierre Vonau, « L'Alsace du second XXe siècle : la grande mutation industrielle », Revue d'Alsace, N° 130,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Composé de 75% de coton et de 25% de Tergal, une fibre synthétique à base de polyester.
  13. a b c d et e « TURCKHEIM Gérard Maurice Ulrich de », sur Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace (consulté le ).
  14. « Décès du baron Gérard de Turckheim », L'Alsace, Nicolas Roquejoffre, 11 mai 2022.
  15. Historique de l'APAEI.
  16. « Consécration d'un triple engagement », L'Alsace, 3 mai 1994.
  17. La médaille d'honneur de la Ville récompense les personnalités remarquables ayant contribué au rayonnement de Strasbourg, à son dynamisme ou ayant un lien avec son histoire.
  18. « A 18 ans, ils ont quitté leur province », DNA,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Patrimoine d'outre-tombe », DNA,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « le baron Gérard de TURCKHEIM », sur carnetdujour.lefigaro.fr (consulté le ).

Liens externes