Faiseuse d'anges

Une faiseuse d'anges est une femme (le plus souvent non médecin) qui agit volontairement de façon à interrompre la grossesse non voulue d'une autre femme.
Histoire
Avant la légalisation de l'avortement, ces interventions se pratiquaient illégalement, dans la clandestinité, souvent par des méthodes dangereuses (injection d'eau savonneuse dans l'utérus, pose de sondes dans le col de l'utérus, aiguilles à tricoter, massages, etc.). Les complications graves étaient fréquentes (lésions, infections, saignements) avec parfois des suites mortelles. En France, les faiseuses d'anges étaient passibles de peines plus ou moins lourdes. La plupart du temps, les interruptions de grossesse se passaient sans problème, rendant l'étendue des interventions des faiseuses d'anges impossible à déterminer[2].
La définition du terme, proposée par Émile Littré, en 1877, est la suivante : « nourrice qui laisse mourir de propos délibéré des nourrissons qu'on lui confie ». L'idée était donc que ces enfants innocents devenaient des anges après la mort. Entre le XIXe et le XXe siècle, il y a eu un glissement sémantique : auparavant, la « faiseuse d'anges » provoquait la mort des enfants ; ensuite il s'agit d'embryons[3].
En 1890-1891, les « avorteuses de Paris » (ou « avorteuses des Batignolles ») défrayent la chronique en France, la presse révélant l'existence d'une « vaste agence » de faiseuses d'anges à Clichy[2].
Dans la plupart des pays occidentaux, cette activité a disparu depuis la légalisation de l'avortement, qui est devenu une intervention médicale.
Dans la culture
Cinéma
- Une affaire de femmes (1988), réalisé par Claude Chabrol, revient sur l'affaire Marie-Louise Giraud[4]
- Vera Drake (2004), réalisé par Mike Leigh, procès d'une faiseuse d'anges à Londres dans les années 1950[5]
- L'Événement () d'Audrey Diwan, adaptation du roman homonyme d'Annie Ernaux, présente la mise en relation et le moment de l'avortement, avec toutes les angoisses et pressions que la société génère.
Références
- René Le Mée, « Une affaire de "faiseuses d'anges" à la fin du XIXe siècle », Communications, vol. 44, no 1, , p. 137–174 (DOI 10.3406/comm.1986.1658, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Citations selon Aline Gualeni, pages 104-105
- ↑ « France 5. « Une affaire de femmes » avec Isabelle Huppert, dans le rôle d’une faiseuse d’anges », Ouest-France.fr, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ « "Vera Drake" : Londres, 1950, la descente aux enfers d'une faiseuse d'anges », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Lucien A. Cazals, Les faiseuses d'anges : auteurs principaux de la dépopulation de la France, chez l'auteur, Toulouse, 1903, 31 p.
- Aline Gualeni, La liberté d'être ou de n'être pas mère - La question de l'avortement à Genève 1900-1942, mémoire de licence, Université de Genève, Fac. de Lettres, 1997, pages 104-116
- Bruno Lafleur, Dictionnaire des locutions idiomatiques françaises, Éd. du Renouveau pédagogique, Montréal, 1979, p. 18 (ISBN 3-261-04689-9)
- Mireille Le Maguet, Une "faiseuse d'anges" sous Vichy : le cas Marie-Louise Giraud, Institut d'études politiques de Grenoble, Saint-Martin-d'Hères, 1996, 128 p. (Mémoire)
- Renaat van der Linden, « Abortus provocatus : le faiseur et la faiseuse d'anges », in Amour et mariage en Europe, Musée de la vie Wallonne, Liège, 1975, p. 34-56
- Justine Mie d'Aghonne (pseud.), Une faiseuse d'anges, E. Dentu, Paris, 1890
- Marine Oumar, Ali Lapointe, Dahas Ouarbi Silit, Daniel Moeiro, La Faiseuse d'Anges, Rencontres Scop, 2007, 126 p. (ISBN 978-2-87307-020-5)