Cabinet von Papen

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Cabinet von Papen

République de Weimar

Description de l'image Bundesarchiv Bild 183-R1230-505, Reichkabinett von Papen.jpg.
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Bundesarchiv, Bild 183-R1230-505 / CC-BY-SA 3.0
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Président du Reich Paul von Hindenburg
Chancelier du Reich Franz von Papen
Formation
Fin
Durée 6 mois et 2 jours
Composition initiale
Coalition Cabinet présidentiel-DNVP
Représentation
Ve législature
41  /  577
VIe législature
32  /  608
VIIe législature
52  /  584
Drapeau de l'Allemagne

Le cabinet von Papen, du nom du chancelier allemand Franz von Papen, dit « cabinet des barons », réputé favorable aux intérêts des grands industriels est en fonction du au .

Histoire

Le , le président Hindenburg cesse de signer les ordonnances que lui soumet le chancelier Brüning, en application de l'article 48 de la Constitution de Weimar. Ayant perdu sa confiance et ses capacités d'actions, Brüning démissionne le [1]. Franz von Papen, membre de l'aile droite du Zentrum et faisant partie du cercle autour du président, mais inconnu du public, est nommé pour former un gouvernement. Le Zentrum refusant son entrée à la chancellerie, von Papen quitte le parti. Von Papen a l'avantage d'être totalement intégré aux réseaux des élites puisqu'il est membre du Deutcher Herrenklub , rassemblant l'élite de l'industrie, la banque et la haute fonction publique de droite, mais qu'il était aussi un militaire de carrière, finissant lieutenant-colonel, il a aussi été attaché militaire aux États-Unis. Il est aussi proche du cardinal secrétaire d'État du Vatican, Eugenio Pacelli.

Le gouvernement formé est composé de techniciens et d'aristocrates. La ligne reste sur une politique économique d'austérité, la lutte contre le « bolchévisme » et l'abolition de la démocratie parlementaire. Ils cherchent pour cela à modifier l'article 54 de la Constitution pour que le gouvernement ne soit plus dépendant du Reichstag, sous l'influence du juriste Carl Schmitt. Ce projet est soutenu par les nazis en échange de retirer l'interdiction des SA et des SS, ce qui est accepté le . Le Reichstag est à nouveau dissous le , alors que les nazis sont en pleines ascensions dans plusieurs Länder[2].

Le a lieu l'élection du plus grand Land d'Allemagne, la Prusse. La coalition sortante (SOD-Zendrum-DDP) perd la majorité absolue avec 204 sièges, contre 162 pour le NSDAP et 57 pour le KPD. Le gouvernement du Land démissionne mais expédie les affaires courantes. Face à la situation, von Papen se fait nommer par ordonnance Reichkommissar für Preussen et mettant sous tutelle le Land, c'est le coup de Prusse[3].

Lors de la campagne pour les élections de juillet, la violence est inédite. Les milices nazies font une soixantaine de morts. Le à Altona, les SA qui défilent dans un quartier ouvrier entrainent une fusillade entre les nazis, la police et les communistes, entrainant 18 morts. Les résultats des élections sont catastrophiques pour von Papen, les partis qui le soutiennent ne font plus que 10 % du corps électoral alors que le nazis explosent et les communistes progressent.

Hindenburg refuse de nommer Hitler au pouvoir malgré la logique politique et parlementaire, il reste sur la ligne de faire une coalition avec les nazis mais sans Hitler à la chancellerie. Le , Hindenbourg propose à Hitler d'entrer au gouvernement, ce que ce dernier refuse. Le , la session du Reichstag commence par le discours de Clara Zetkin, doyenne communiste, puis par le président élu Hermann Göring. À la deuxième session, Göring interdit à von Papen de lire la proclamation de dissolution du Reichstag et donne la parole aux groupes parlementaires pour voter la défiance du gouvernement par 513 voix contre 32[4].

Dans la nuit du au , à Potempa (hameau aujourd'hui rattaché à la commune de Krupski Młyn en Pologne) a lieu le meurtre de Potempa, où cinq personnes en uniforme de la SA font irruption au domicile de l'ouvrier syndicaliste Konrad Pietrzuch (Pietzuch, Piecuch, Pietczuch) et le battent à mort, devant sa mère[5]. Cet événement aura de fortes répercussions et signe la fin de l'État de droit au sein de la république de Weimar.

Les élections de novembre sont un nouvel échec pour von Papen, la coalition restant entre 10 et 12 % des voix. Cependant, les résultats marquent surtout le premier recul électoral des nazis depuis 1928, perdant une trentaine de sièges pour 4 % des voix, alors que les communistes continuent de progresser[6].

Face à cette situation, il y a plusieurs possibilités pour von Papen : soit continuer de gouverner par ordonnance mais risquer une explosion sociale, un coup de force communiste et, ou nazi, soit le coup d'état militaire. Une étude est menée par Eugen Ott, proche de Kurt von Schleicher, et les conclusions sont défavorables car la Reichswehr serait débordée par les milices communistes et nazies, alors qu'une intervention étrangère était aussi possible. Les ministres refusent la tentative de putsch le et von Papen démissionne le lendemain[7].

Composition

Poste Titulaire Parti
Chancelier du Reich Franz von Papen Ex-Zentrum
Ministre des Affaires étrangères Konstantin von Neurath
Ministre de l'Intérieur Wilhelm von Gayl DNVP
Ministre de la Justice Franz Gürtner DNVP
Ministre de l'Économie Hermann Warmbold
Agriculture Magnus von Braun DNVP
Ministre des Finances Lutz Graf Schwerin von Krosigk
Ministre de la Défense Kurt von Schleicher
Ministre du Travail Hermann Warmbold
(jusqu'au 06/06/1932)
Hugo Schäffer
(à partir du 06/05/1932)
Ministre des Postes et des Transports Paul Freiherr von Eltz-Rübenach
Ministre sans portefeuille Franz Bracht
(à partir du 29/10/1932)
Ex-Zentrum
Ministre sans portefeuille Johannes Popitz
(à partir du 29/10/1932)


Notes et références

  1. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 143-145.
  2. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 145-147.
  3. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 147.
  4. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 147-149.
  5. Kluke 1957, p. 279.
  6. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 149.
  7. Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le monde nazi : 1919-1945, Paris, Tallandier, , 630 p. (ISBN 979-10-210-4580-4), p. 150-151.

Annexe

Bibliographie

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Articles connexes