Prix capturé
Le prix capturé, aussi appelé "prix de capture" ("capture price" ou "captured price" en anglais), est un indicateur économique permettant d’évaluer la rentabilité d’une source de production d’électricité intermittente sur le marché spot de l’électricité. Il est particulièrement utilisé dans le secteur des énergies renouvelables pour comparer les revenus réels d’une technologie donnée aux prix moyens du marché.
Ce concept est essentiel pour analyser l'impact économique des sources d'énergie intermittentes comme l'énergie éolienne et le photovoltaïque dans un système énergétique libéralisé. En raison de la variabilité de ces énergies, le prix capturé est souvent inférieur au prix moyen du marché, phénomène accentué par l'effet de cannibalisation des prix. L’étude de cette notion est cruciale pour la conception de modèles économiques viables dans le contexte de la transition énergétique et de l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Le prix capturé peut être estimé soit pour un actif de production électrique donné, soit globalement pour une filière énergétique spécifique dans une zone géographique donnée (par exemple, prix capturé moyen de l’éolien offshore français).
Définition et contexte
À la différence du prix moyen global du marché (prix dit "baseload"), le prix capturé prend en compte la corrélation temporelle entre la production réelle d’une technologie donnée et les fluctuations horaires ou journalières des prix de marché de l'électricité.
Plus précisément, le prix capturé se calcule par la moyenne des prix spot horaires pondérée par la production horaire effective de la technologie.
Cette notion permet de comparer la valeur réelle générée par une technologie par rapport à la valeur moyenne du marché électrique global, et d'analyser ainsi son impact économique.
Historique
Le concept de prix capturé est apparu avec la libéralisation des marchés de l’électricité dans les années 1990 et 2000. Avant cette période, les prix de l’électricité étaient souvent régulés ou garantis par des contrats de long terme.
L'essor des énergies renouvelables dans les années 2010 a rendu cette notion de plus en plus importante, car la production intermittente a commencé à impacter significativement la formation des prix sur les marchés électriques.
Avec la montée en puissance des PPA (contrats d’achat d’électricité) et du développement des capacités de stockage de l'énergie, la gestion du prix capturé est devenue un enjeu majeur pour les producteurs d’énergies renouvelables.
Facteurs influençant le prix capturé
Plusieurs facteurs influencent la valeur du prix capturé :
- La corrélation temporelle entre production renouvelable et pics de consommation électrique.
- Le taux de pénétration des énergies renouvelables dans le mix énergétique régional ou national, entraînant notamment des effets de cannibalisation des prix lors des périodes de forte production[1].
- Les mécanismes réglementaires et économiques en place : tarifs d’achat, compléments de rémunération, Power Purchase Agreements (PPA), etc.[2].
- La flexibilité du réseau électrique et le développement du stockage, qui permettent de limiter l'effet de cannibalisation et d'optimiser le prix capturé des énergies renouvelables.
Conséquences économiques
Le prix capturé peut être inférieur ou supérieur au prix moyen du marché selon les conditions. Lorsque ce prix est inférieur au prix moyen du marché, souvent en raison d'une forte production renouvelable simultanée, on parle d'effet de cannibalisation des prix.
Une cannibalisation importante des prix, se traduisant par un faible prix capturé, voire des prix négatifs, indique généralement une forte pénétration des énergies renouvelables sur le réseau électrique, en l'absence de solutions de flexibilité comme le stockage ou la modulation de la demande.
À l’inverse, un prix capturé élevé reflète généralement une moindre disponibilité de production renouvelable par rapport à la demande, notamment lors des périodes de pointe.
Par ailleurs, la baisse généralisée des coûts de production des énergies renouvelables contribue à renforcer leur compétitivité économique, même si l'effet de cannibalisation des prix peut être un défi dans certains marchés matures[3].
Exemples par pays
En France, en décembre 2024, le prix capturé moyen de l’éolien terrestre était estimé à 83,94 €/MW. Durant la même période, le prix baseload moyen était de 98 €/MWh, soit un écart significatif[4].
En 2022, pendant la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, la différence entre le prix capturé et le prix moyen du marché était encore plus marquée tout au long de l'année[5].
Notes et références
- ↑ Enerfocus, « La commercialisation des énergies renouvelables sur le marché » (consulté le )
- ↑ Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), « Coûts complets et soutien public aux installations de production EnR », (consulté le )
- ↑ IRENA, « Une croissance record renforce l’avantage économique des énergies renouvelables », (consulté le )
- ↑ S&P Global Platts, « Platts Renewable Capture Price Indices (FAQ) », sur S&P Global Platts, (consulté le )
- ↑ WindDeep, « Prix spots négatifs et valeur capturée de l'éolien : quelles valeurs capturées et nouvelles stratégies ? » (consulté le )
Voir aussi