Kubra Khademi
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Kubra Khademi, née en 1989 à Kaboul, est une artiste féministe afghane, peintre, plasticienne et performeuse, réfugiée à Paris. Elle est chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres depuis 2016.
Biographie
Kubra Khademi grandit dans une famille rurale de la province de Ghor[1],[2]. Elle étudie les beaux-arts à l'université de Kaboul avant de fréquenter l'université nationale Beaconhouse à Lahore, au Pakistan, grâce à une bourse d'études. À Lahore, elle commence à créer des performances publiques, une pratique qu'elle poursuit à son retour à Kaboul, où son travail répond activement à une société dominée par une politique patriarcale extrême. Après avoir présenté sa pièce Armor en 2015, Khademi est contrainte de fuir l'Afghanistan en raison d'une fatwa et de menaces de mort. Réfugiée en France, elle obtient la nationalité française en en 2020.
Aujourd'hui, elle vit et travaille à Paris. En 2016, Audrey Azoulay, ministre de la Culture, l'lélève au rang de chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Nommée aux Révélations Emerige en 2019 et lauréate 2020 du 1% marché de l'art de la Ville de Paris, Kubra Khademi est en résidence à la Fondation Fiminco à Romainville jusqu'en 2021 puis à l'International Studio & Curatorial Program (ISCP) grâce à la Fondation Salomon[3].
Depuis 2016, Latitudes Productions accompagne le developpement de des projets artistiques et performatifs, tandis que son travail plastique est representée par la galerie Eric Mouchet[4]. L'oeuvre intitulé In the Realm[5] présentée dans l'exposition est tirée de la série From the two-page book que l'artisste à réalisée en 2020. Ce grand format fait d'aplats de gouache rehaussés de feuilles d'or représente deux personnages dans une scène érotique. Les amants se caressent dans une posture qui tiendrait presque de l'acrobatie, et pourtant, leur expression figée et neutre, dessinant la sérénité d'un sourire à peine entamé, nous projette d'un seul coup dans une intimité frontale et apaisée, comme pour signifier la normalité de cette scène à laquelle nous somme conviés d'assister. Le dessin reste simple et la figuration flottante et sans perspectives, comme souvent dans les représentations persanes. En réalite, la scène représente le célèbre poète persan du XVIIIe siècle Djalâl ad-Dîn ruminant en compagnie de son amant. Kubra Khademi se joue délibérément de leur genre en leur donnant un corps féminin[3].
Pratique
Eternal trial (2015)
Eternal Trial est une performance vidéo qui consiste en un long plan de Khademi marchant dans un champ vide à Noyers, en France. Alors qu'elle se rapproche de la caméra, on découvre qu'elle cueille des coquelicots sur une robe blanche et les jette dans le champ derrière elle.
Armor (2015)
En 2015, Khademi s'est promenée dans une rue de Kaboul vêtue d'une armure métallique faite sur mesure qui mettait en valeur ses seins, ses fesses et son aine. Cette armure avait été réalisée à partir d'une ancienne gazinière, symbole des tâches domestiques[6]. Sous l'armure, Khademi portait un hijab traditionnel. Bien que l'œuvre ait été initialement prévue pour durer vingt minutes, Khademi a été contrainte d'interrompre la performance après seulement huit minutes et de se réfugier dans la voiture d'un ami[7],[8],[9],[10],[11].
Le projet a été inspiré par les expériences personnelles de Kubra en matière de harcèlement, à la fois dans la rue particulière de Kaboul où elle a mis en scène l'œuvre, et en général depuis son enfance. Par ce projet, elle espérait s'attaquer au harcèlement sexuel auquel les femmes afghanes sont confrontées quotidiennement. Khademi a déclaré que la performance explorait sa vie en tant que femme et les limitations liées au fait d'être une femme en Afghanistan. Après la performance, Khademi a reçu de nombreuses menaces et messages abusifs. En conséquence, elle a été contrainte de fuir l'Afghanistan à pied et vit actuellement en exil en France. Pour Khademi, le résultat de son projet a mis en évidence les problèmes de patriarcat extrême et de déséquilibre social dans la société afghane.
Kubra et les bonhommes piétons (2016)
Dans cette œuvre vidéo, Khademi se promène dans les rues de Paris habillé comme un panneau de passage piétons. À la place de la figure masculine verte ou rouge, le panneau affiche une figure féminine. Le costume se compose d'une robe noire et d'une boîte piétonne lumineuse apposée sur sa tête ; dans la pièce, on voit Khademi se tenir à côté des panneaux de signalisation et ajouter la figure féminine au paysage urbain.
Peinture
Dans des peintures exposées à Paris en 2021, Khademi représente des femmes nues de façon impudique, comme cela était possible dans la tradition afghane, avant l'émergence du mouvement Taliban[1],[2]. Ses gouaches s'inspirent des miniatures persanes. Selon Laure Adler et Camille Viéville, ces femmes qui « chevauchent des dragons, enfantent, se maquillent, montrent leurs fesses et leur sexe [...] racontent aussi un rapport à l'érotisme, empli d'humour, propre à la culture féminine d'Afghanistan »[6].
Réception
Après avoir fui l'Afghanistan et s'être installée en France, Khademi a obtenu une bourse de MFA à l'université Panthéon-Sorbonne et a été décorée du grade de chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture français[12].
Elle a été l'une des artistes vedettes de Walking Woomen (2016), présenté par le Walking Artists Network à Somerset House à Londres[13]
Décoration
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kubra Khademi » (voir la liste des auteurs).
- « La plasticienne Kubra Khademi utilise l’art pour dénoncer les abus de toutes sortes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Avec ses femmes nues, l’artiste afghane Kubra Khademi continue de briser les tabous », sur France 24, (consulté le )
- Élodie Institut du monde arabe, Habibi: les révolutions de l'amour [exposition, Paris, Institut du monde arabe, 27 septembre 2022-20 février 2023], Snoeck Institut du monde arabe, (ISBN 978-94-6161-825-2)
- ↑ « Galerie Eric Mouchet » (consulté le )
- ↑ Lise Lanot, « L’artiste Kubra Khademi milite pour les droits des femmes afghanes », sur Konbini - Musique, cinéma, sport, food, news : le meilleur de la pop culture, (consulté le )
- Laure Adler et Camille Viéville, Les femmes artistes sont de plus en plus dangereuses, Flammarion, coll. « Les femmes qui », (ISBN 978-2-08-027932-3), p. 119
- ↑ (en) « Afghan artist dons armour to counter men's street harassment », sur the Guardian, (consulté le )
- ↑ (en-GB) « Afghan artist in hiding after 'iron underwear' stunt », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Afghan artist in hiding after sexual harassment protest », sur The Express Tribune, (consulté le )
- ↑ (en-US) « Afghan woman accused of seeking asylum after 'iron underwear' stunt », sur The Khaama Press News Agency, (consulté le )
- ↑ « Onze artistes afghans donnent des échos du chaos au MuCEM », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Kubra Khademi awarded Knight of the Order of Arts and Letters by Ministry of Culture, France », sur www.bnu.edu.pk, (consulté le )
- ↑ (en) « WALKING WOMEN », sur LADA Live Art Development Agency (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Artiste afghan
- Artiste féministe
- Peintre française du XXIe siècle
- Performeur français
- Performeuse
- Plasticien français contemporain
- Militant pour les droits des femmes
- Étudiant de l'université de Kaboul
- Étudiant de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Chevalier des Arts et des Lettres
- Naissance en 1989
- Naissance à Kaboul