Jimmy Hare
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Jimmy Hare, né le à Londres et mort le à Teaneck dans le New Jersey aux États-Unis, est un photo-journaliste et photographe de guerre anglais actif au Royaume-Uni puis aux États-Unis. Il a été le photographe de cinq conflits armés internationaux ; ses photo-reportages ont largement contribué au succès du magazine américain Collier's.
Biographie
Formation et début de carrière
James Henry Hare ou James H. Hare, dit Jimmy Hare, est le fils d'un ébéniste londonien, George Hare, qui, après avoir exercé avec succès le métier d'ébéniste, est devenu un fabricant d'appareils photographiques prospère. Hare commence des études au St. John's College à Londres, qu'il interrompt volontairement au bout d'un an pour devenir apprenti dans le magasin d'appareils photo de son père. En 1879, Hare et son père s'opposent sur la stratégie commerciale, Hare soutenant contre l'avis de son père qu'ils devraient désormais fabriquer des appareils photo portatifs plus petits et plus maniables. Il quitte l'entreprise paternelle, est embauché par une autre société londonienne ; le , il épouse Ellen Crapper avec qui il a cinq enfants.
Il commence à se désintéresser de la fabrication et du commerce d'appareils photo et s'adonne à la photographie en amateur ; il vend ses travaux à diverses revues londoniennes. En 1889, il devient conseiller technique pour E. & H. T. Anthony & Company et quitte Londres pour s'installer à New York[1], dans le quartier de Brooklyn, où il vivra jusqu'à la fin de sa vie. Il travaille pendant un certain temps comme photographe indépendant et, en 1895, il devient photographe à plein temps pour le magazine The Illustrated American [2]. Hare photographie les événements sportifs à New York et quelques événements politiques comme l’investiture du président William McKinley en 1897[1].
Photographe de guerre
En janvier 1898, un incendie détruit le siège de l'Illustrated American ; le , Hare propose ses services au Collier's Weekly pour photographier l'épave du cuirassé américain Maine qui vient de couler à la suite d'une explosion dans la baie de La Havane à Cuba, ce qui déclenche en août la guerre hispano-américaine[3]. Avec un appareil portable, Hare réalise plusieurs photographies extrêmement réalistes, comme celle du Transport des blessés pendant la bataille de San Juan le [4]. Le Collier's publie dans son numéro du huit photographies de l'épave du Maine prises par Hare, puis 28 photographies dans le numéro suivant sans citer le nom du photographe ; le , Hare publie sous son nom un article From the front. An Illustrated Bulletin of the Week’s War News ; en mai et juin, Hare est cité comme photographe de l’équipe de rédaction (staff photographer)[1]. Le magazine utilise les photographies de Hare pour soutenir ce conflit controversé, photographies qui font augmenter son tirage de façon spectaculaire.

Après la guerre hispano-américaine, Jimmy Hare photographie quatre autres conflits internationaux : la guerre russo-japonaise en 1904-1905 ; la révolution mexicaine en 1911 et en 1914[5],[6] ; la première guerre balkanique en 1912-1913 et la première guerre mondiale. Deux de ces conflits sont particulièrement marquants dans sa carrière de photographe de guerre.
La guerre russo-japonaise en 1904-1905
Hare suit l'armée japonaise et photographie notamment la bataille du fleuve Yalou les et 1904 et celle de la rivière Cha du 5 au [7],[8] ; de nombreux clichés de Hare sont publiés dans le Collier's, ainsi qu'en France dans la revue L'Illustration et dans la presse quotidienne comme le journal le Matin, en Allemagne dans le Berliner Illustrirte Zeitung et Die Woche, et en Grande-Bretagne dans The Illustrated London News[1],[9].
Hare retourne aux États-Unis à la fin de l'année 1904. En février 1905, Frederick Palmer, journaliste au Collier’s Weekly, lui consacre un article dans la revue About ‘Jimmy’ Hare où il souligne ses qualités de photographe et son engagement à fournir des images toujours plus proches de l’action. En mars 1905, un journaliste de L'Illustration, Gustave Babin, constate que les clichés envoyés du front par Jimmy Hare ont bousculé les représentations traditionnelles de la guerre : il cherche à « donner ici la vision authentique des péripéties de la campagne actuelle [...] Il n’aura échappé à personne combien cette image de la guerre, fidèlement enregistrée par l’objectif, incapable d’un mensonge ou d’une complaisance, est inattendue, lointaine des tableaux épiques qui nous la montraient autrefois »[10],[1]. Les clichés envoyés par Hare du front russo-japonais ont bousculé les représentations traditionnelles de la guerre[11].
Lors de ce dernier conflit, Hare apprend en 1914 que Collier's, son employeur de longue date, ne l'enverra pas en Europe ; il contacte alors le magazine Leslie's Weekly pour proposer ses services ; Leslie's Weekly l'engage et l'envoie en Angleterre. Pendant cette guerre, il photographie, entre autres sujets, des soldats américains, britanniques, canadiens et italiens, la ville portuaire grecque de Thessalonique, des hôpitaux militaires comme celui installé au Grand Palais à Paris, les civils fuyant Anvers, les funérailles des morts du Lusitania en 1915[12] et l'American Ambulance Hospital à Neuilly-sur-Seine.
Fin de carrière
Outre la photographie de guerre, Jimmy Hare a pris de nombreuses photographies de l'évolution des avions et des premiers aviateurs ; il est notamment le premier journaliste à prendre en la photo d'un avion en vol aux États-Unis, le Wright Flyer III à Kill Devil Hills, en Caroline du Nord[13]. Il a également photographié les présidents américains, les scouts, Haïti et d'autres lieux d'Amérique latine, ainsi que des sites religieux et archéologiques au Moyen-Orient.
Après 1922, Hare fait peu de photographie mais donne régulièrement des conférences. Il prend sa retraite en 1929. Il est nommé en 1939 président honoraire de l'association de journalistes Overseas Press Club of America qui vient d'être créée et qui regroupe les correspondants de presse américains à l'étranger.
Le 24 juin 1946, Jimmy Hare meurt à l'âge de 89 ans chez l'une de ses filles à Teaneck, dans le New Jersey.
Collections
- Harry Ransom Center , Université du Texas, Austin[14].
Galerie
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L'infanterie japonaise quittant Tokyo, 1904.
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L'infanterie japonaise défilant dans les rues de Séoul, 1904.
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Infirmière japonaise de la Croix-Rouge veillant sur des soldats russes blessés, 1904.
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Extérieur de l'hôpital de la Croix-Rouge à Chemulpo, 1904.
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Soldats japonais construisant un quai de débarquement à Chemulpo, 1904.
Notes et références
Notes
Références
- Thierry Gervais 2010.
- ↑ Lewis L. Gould et Richard Greffe 1977, p. 8-9.
- ↑ Cecil Carnes 1940, p. 12.
- ↑ Naomi Rosenblum, Une histoire mondiale de la photographie, Paris, Éditions Abbeville, , 2e éd., p. 464-465.
- ↑ (en) Olivier Debroise (trad. Stella de Sá Rego), Mexican Suite: A History of Photography in Mexico, Austin, University of Texas Press, (ISBN 0-292-71611-7), p. 177-178.
- ↑ (es) Miguel Àngel Berumen (dir.), México : fotografía y revolución, Barcelone, Lunwerg, , 400 p. (ISBN 978-84-9785-605-8).
- ↑ Lewis L. Gould et Richard Greffe 1977, p. 31-34.
- ↑ Anthony Petiteau 2022, p. 106-108.
- ↑ Anthony Petiteau 2022, p. 101.
- ↑ Gustave Babin 1905.
- ↑ Laurent Gervereau (dir.), Voir/Ne pas voir la guerre. Histoire des représentations photographiques de la guerre (catalogue d'exposition, Musée d'histoire contemporaine, Hôtel des Invalides), Paris, Somogy, (ISBN 2-85056-446-X).
- ↑ Sophie Malexis, « 14-18 Jimmy Hare couvre le naufrage du « Lusitania » », Le Monde, (lire en ligne).
- ↑ (en) John F. Ptak, « The First Published Photo of the Wrights in Flight (1908) », sur longstreet.typepad.com.
- ↑ (en) « James H. "Jimmy" Hare: An Inventory of His Papers and Photography Collection at the Harry Ransom Center », sur norman.hrc.utexas.edu.
Bibliographie
- Gustave Babin, « La guerre vue par les photographes. Jimmy Hare », L'Illustration, no 3238, , p. 166-176.
- (en) Cecil Carnes, Jimmy Hare, News Photographer. Half a century with a camera, New York, Macmillan Company, , XIII-304 p.
- (en) « James H. Hare, greatest of war photographer », Leslie's Weekly, , p. 195.
- Thierry Gervais, « "Le plus grand des photographes de guerre" », Études photographiques, no 26 « Saisi dans l'action : repenser l'histoire du photojournalisme », (lire en ligne
).
- (en) Lewis L. Gould et Richard Greffe, Photojournalist: The Career of Jimmy Hare, Austin, University of Texas Press, .
- (en) Lewis L. Gould, « Hare, James Henry (03 October 1856–24 June 1946) », dans American National Biography, (présentation en ligne).
- (en) John Mraz, Photographing the Mexican Revolution Commitments, Testimonies, Icons, Austin, University of Texas Press, (ISBN 9780292735804).
- (en) Frederick Palmer, « About ‘Jimmy’ Hare », Collier’s Weekly, , p. 18.
- Anthony Petiteau, « À la guerre avec le Kodak. La photographie et l'affirmation du Japon comme puissance internationale (1894-1905) », dans Mathilde Benoistel, Sylvie Le Ray-Burimi, Anthony Petiteau (dir), Photographies en guerre (catalogue d'exposition, Musée de l'Armée), Paris, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, (ISBN 978-2-7118-7905-2), p. 100-111.
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :