Jean Pronteau
Jean Pronteau | |
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Fonctions | |
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Député français | |
– (13 ans et 29 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Réélection | 2 juin 1946 10 novembre 1946 17 juin 1951 2 janvier 1956 |
Circonscription | Charente |
Législature | Ire Constituante IIe Constituante Ire, IIe et IIIe (Quatrième République) |
Groupe politique | COM |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | 14e arrondissement de Paris |
Date de décès | (à 65 ans) |
Lieu de décès | 5e arrondissement de Paris |
Parti politique | PCF puis PS |
Résidence | Charente |
Jean Pronteau, né le à Paris (14e arrondissement), et mort le à Paris (5e arrondissement), est un résistant, un homme politique, d'abord au Parti communiste français (1943-1970), puis au Parti socialiste (1973-1984), et un universitaire français.
Résistant, membre du Parti communiste français à partir de 1943, il est député de la Charente de 1945 à 1958. Entré au comité central du PCF en 1950, il en est évincé en 1961, au moment de l'affaire Servin-Casanova. Exclu du parti en 1970, il rejoint en 1973 le Parti socialiste de François Mitterrand et est élu au Comité directeur en 1975. En , il accède au secrétariat du Parti socialiste. Sa carrière est interrompue en 1984 par une mort soudaine.
Biographie
Origines familiales et formation
Jean Pronteau est issu d'un milieu modeste[1]. Son père, fils d'un ouvrier agricole, gagne très jeune Paris où il devient artisan, puis VRP. Sa mère effectue des petits travaux.
Pur produit de la méritocratie républicaine, Jean Pronteau bénéficie d'une bourse pour ses études secondaires. Après le baccalauréat, obtenu en 1938, il entre en classe de lettres supérieures au lycée Henri-IV. Il interrompt volontairement ses études au début de la Seconde Guerre mondiale (septembre 1939). Il les reprendra en 1942 en passant des certificats de licence de philosophie.
Seconde Guerre mondiale et Résistance
Engagé volontaire dans l'armée, il y atteint un grade d'officier. Après le désastre de mai-juin 1940 et la signature de l'armistice (22 juin), il est démobilisé en ayant échappé à la captivité.
Il entre d'abord en contact avec le mouvement Combat, créé par Henri Frenay à la fin de 1940. Puis il se rapproche de la résistance communiste (qui débute en juin 1941, après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne).
Il adhère formellement au PCF en 1943 et devient un des dirigeants des Forces unies de la jeunesse patriotique, organisation de jeunes résistants fondée en octobre 1943.
En août 1944, il participe à la libération de Paris (août 1944) en tant que colonel des FFI, avec le pseudonyme « Cévennes ».
Député communiste de la Charente (1945-1958)
Nommé à l'Assemblée consultative, il est présenté en comme candidat à la députation par le Parti communiste. « Parachuté » dans le département de la Charente, il obtient un siège de député qu'il conserve lors des scrutins suivants (juin 1946, novembre 1946, juin 1951 et janvier 1956[2]).
Son implantation politique en Charente est renforcée par un mandat local de conseiller municipal d'Angoulême et par son rôle au sein de la fédération départementale du parti.
Il est cependant battu en 1958, lors de la crise qui ramène au pouvoir le général de Gaulle, marquée par une lourde défaite du PCF aux élections législatives (novembre 1958).
Cadre du Parti communiste (1950-1961)
Parallèlement, il entre au Comité central du PCF en 1950 et participe à la mise en place d'un secteur « économie », auprès de la direction du parti.
En , il prend la direction de la revue mensuelle Économie & Politique, sous-titrée « Revue marxiste d'économie ». Il présente ainsi le premier numéro[3] :
« La revue Économie et Politique est la première revue économique marxiste paraissant en France.
Il n'est pas besoin de démontrer le rôle déterminant des faits économiques dans toute la vie sociale. Une juste analyse de ces faits, la connaissance des lois auxquelles ils obéissent, sont indispensables pour mieux se reconnaître au milieu d'événements complexes et mouvants. (…) La méthode marxiste a fait ses preuves. Attaquée sans relâche depuis plus d'un siècle, elle s'est imposée. (…) Le régime capitaliste a mis à son service toute une pléiade d'économistes qui ont inventé, et inventent encore de multiples théories pour justifier et perpétuer le régime d'exploitation et de dégradation de l'homme qui sévit toujours. »
En , le rédacteur en chef, l'historien et économiste Jean Baby démissionne de son poste, alors que les économistes communistes soutiennent la théorie de la paupérisation absolue de la classe ouvrière[4].
Jean Pronteau dirige cette revue jusqu'en [5]. Il est remplacé par le syndicaliste Henri Jourdain, à la suite d'une crise dans la direction du PCF, l'affaire Servin-Casanova.
De l'éviction du Comité central à l'exclusion du parti (1961-1970)
Pronteau est emporté par une éruption stalinienne du PCF, où au terme d'une procédure inquisitoriale difficile à comprendre[réf. nécessaire], plusieurs dirigeants sont « renvoyés à la base ». Avec Laurent Casanova, et Marcel Servin, membres de l'organe suprême du Parti, le Bureau politique, sont évincés du Comité central Maurice Kriegel-Valrimont, Jean-Pierre Vigier, Claudine Chomat et Jean Pronteau, sans cependant être exclus du parti. Comme ses coaccusés, Pronteau n'en reste pas moins communiste, bien implanté en Charente, où il est un des dirigeants départementaux du parti.
Une nouvelle crise éclate au début des années 1970, à la suite de l'invasion de la Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague par les troupes du pacte de Varsovie en août 1968. Cette opération est condamnée par nombre de communistes français et même par la direction du PCF, dont le secrétaire général est alors Waldeck Rochet. En janvier 1970, Pronteau fait partie des signataires d'une pétition[6] qui met en cause la sincérité de la condamnation de l'invasion de la Tchécoslovaquie et conteste par ailleurs la vocation du secrétaire général adjoint, Georges Marchais[7], à diriger un parti forgé dans la Résistance. Il est alors exclu du Parti communiste.
L'intellectuel marxiste et universitaire (à partir de 1961)
Après son éviction de la revue Économie et politique, Jean Pronteau réintègre[pas clair] l'université. Il est assistant en sociologie à la Sorbonne, puis ingénieur urbaniste[8].
Avec Serge Jonas, il crée une maison d'édition spécialisée en sociologie critique, les éditions Anthropos, ainsi que plusieurs revues, L'homme et la société, Autogestion, Espaces et Sociétés.
Militant, puis dirigeant du Parti socialiste (1973-1984)
Son intérêt pour la vie politique l'amène en 1973 à adhérer au Parti socialiste, issu du congrès d'Épinay de 1969, où il se situe dans le courant mitterrandien.
En 1975, il entame une seconde carrière politique. Délégué par la fédération socialiste de la Charente, il est élu au comité directeur du PS. Il est réélu en , lors du congrès de Nantes : il fait partie des 125 membres (titulaires ou suppléants) élus sur la « motion Mitterrand ».
En , il est nommé membre du secrétariat national du parti et le reste jusqu'à sa mort, en , d'une crise cardiaque.
Notes et références
- ↑ Le mot « modeste » est utilisé par Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4 (Biographies, chronologie, bibliographie), Paris, Fayard, 1984, pages 460-462.
- ↑ En Charente, le , la liste communiste qu'il dirige arrive en tête du scrutin obtenant 36 517 suffrages soit 23,82 %. Il est le seul élu de sa liste.
Le , la liste communiste obtient 45 573 voix, soit 29,10 % des suffrages. Sa progression lui permet d'avoir deux élus (sur un total de quatre).
Le , la liste communiste qu'il conduit obtient 50 545 voix, soit 33,68 %, mais elle n'obtient qu'un élu.
Le , il est encore le seul élu de sa liste qui obtient 46 779 voix, soit 31,5 % des suffrages.
Le , il est réélu, sa liste obtenant 47 583 voix (29,72 %) gagne un second élu.
En 1958, candidat dans la circonscription d'Angoulême, il est battu dès le premier tour (avec 22,71 % des suffrages).
En novembre 1962, malgré sa mise à l'écart des responsabilités politiques nationales, le Parti communiste charentais le maintient à la candidature à Angoulème ! Arrivé en tête de la gauche au premier tour (24,19 %), il est battu au second tour, très largement (36,56 % des suffrages). Les résultats électoraux sont issus de la notice biographique du Dictionnaires des parlementaires de la Quatrième République, et des numéros spéciaux des Cahiers du communisme : 1947 (rapport d'activité au XIe Congrès du Parti communiste français,), 1962 (La bataille des élections législatives de novembre 1962). - ↑ Économie & Politique, no 1, avril 1954, page 3.
- ↑ Le numéro 26 d'août-septembre 1956 d'Économie et politique consacre un dossier à « la stagnation de l'économie française » alors que la France sortie de la période de la reconstruction est en plein « boom économique ».
- ↑ L'ours de présentation du numéro 82, mai 1961 mentionne le nom du nouveau directeur, le syndicaliste Henri Jourdain, sans même annoncer le limogeage du précédent. Henri Jourdain, dans un livre Comprendre pour accomplir (Éditions sociales, Paris, 1982), expose ses souvenirs à l'historien Claude Willard. À une question de ce dernier sur Jean Pronteau, Henri Jourdain, répond (page 110) comme au temps des procès stalinien : « Jeune intellectuel venu au PCF par la résistance, sans formation spéciale d'économiste. Un idéologue ayant l'ambition louable de jouer un rôle politique de premier plan. Je ne pense pas que le poste ingrat de responsable de la section économique lui convenait (…). » Certes le livre date de 1982 et Pronteau est au secrétariat national du Parti socialiste, mais son successeur, par ailleurs résistant, déporté à Mauthausen, syndicaliste de valeur, apparaît bien petit dans son couplet contre les intellectuels « idéologues ».
- ↑ Intitulé « Déclaration du 5 janvier 1970 », le texte avec le nom des 213 premiers signataires est publié dans la revue oppositionnelle Unir-débat pour le socialisme, no 38, février 1970.
Parmi eux, Pronteau côtoie nombre de communistes ou anciens communistes, célèbres ou inconnus. Au rang de la première catégorie appartiennent Maurice Agulhon, Jean-Jacques Becker, Jean Chaintron, Serge Depaquit, Maurice Gleize, Robert Brécy, Robert Mension, Claude Morgan, Madeleine Rebérioux, Philippe Robrieux, Evry Schatzman, René Thuillier, Charles Tillon, Jean-Pierre Vernant. - ↑ Waldeck Rochet est secrétaire général de 1964 à 1972 ; Georges Marchais est secrétaire général adjoint de février 1970 à 1972.
- ↑ Philippe Robrieux, Histoire intérieure du PCF.
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4, p. 460-462, « biographie de Jean Pronteau »
- Le Monde, , article annonçant le décès de Jean Pronteau signé par Jean-Marie Colombani
- Bulletin de l'Institut d'histoire du temps présent, no 74 . Dossier Jean Pronteau réalisé à partir de ses archives, déposées après sa mort.
- Notice « PRONTEAU Jean, Sylvain Albert », par Massimo Asta, Le Maitron en ligne.
Liens externes
- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressource relative à la recherche :
- Résistant français
- Communiste français
- Socialiste français
- Député membre du Parti communiste français
- Membre de l'Assemblée consultative provisoire
- Membre de l'Assemblée constituante de 1945
- Membre de l'Assemblée constituante de 1946
- Député de la première législature de la Quatrième République
- Député de la deuxième législature de la Quatrième République
- Député de la troisième législature de la Quatrième République
- Député de la Charente
- Mort d'une crise cardiaque
- Naissance dans le 14e arrondissement de Paris
- Naissance en août 1919
- Décès à 64 ans
- Décès en juin 1984
- Décès dans le 5e arrondissement de Paris