Robert Bemer
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Ingénieur aéronautique, ingénieur, informaticien |
A travaillé pour | |
---|---|
Distinction |
COMTRAN () |
Robert William (Bob) Bemer, né le à Sault Ste. Marie (Michigan), mort le à Possum Kingdom Lake (Texas), est un ingénieur en aéronautique et informaticien américain. Co-inventeur du code ASCII en 1961[1],[2], il a attiré l'attention sur les dangers de certains automatismes, comme le « bug de l'an 2000. »
Une carrière d'ingénieur
D'abord recruté comme aérodynamicien chez Douglas Aircraft Company (1941), Bemer a ensuite travaillé chez RAND Corporation (1951), puis IBM (1957), Sperry Univac (1965), le Français Bull (1965), General Electric (1970) et enfin Honeywell[3] (1974).
Il a été membre de la commission chargée de compiler les spécifications du langage COM-TRAN et du langage FLOW-MATIC de Grace Hopper, qui sont les deux précurseurs de COBOL. Aux côtés de Hugh McGregor Ross et d’autres, il a aussi participé à la définition de la table des codes ASCII (1960), proposant l’adoption de plusieurs caractères non-alphabétiques jusque-là réservés à certaines machines, comme l’échappement (ESC
), l’anti-slash (\
) ou les accolades[4] ({}
). C'est pourquoi il est souvent cité comme le « père des codes ASCII[5]. » Il a publicisé le concept de temps partagé (time-sharing, 1957) et fut l'un des premiers à anticiper, dans un article[6] de 1971, ce qu'on a appelé le « bug de l'an 2000 » (acronyme américain : Y2K) ; à savoir les tests implicites sur les deux derniers chiffres d'une année, codés dans les logiciels de gestion dont le code source, propriétaire, ne pouvait être corrigé. En tant que conseiller technique d'Honeywell-Bull, il a imaginé, avec ses collègues Eric Clamons et Richard Keys, un traitement de texte mécanographique : le Text Executive Programming Language[7] (TEX). Bemer est sans doute aussi l’un des promoteurs de la notion de software factory, qu’il évoquait déjà dans un article de 1968 : The economics of program production[8].
En 2000, Bemer a disputé à Werner Buchholz (1922–2019) l’invention du mot octet, que lui-même aurait créé en tant que chef de service à la Compagnie des Machines Bull[9] (1965-66), en même temps d’ailleurs que le mot « hextet », qui n’a pas connu la même fortune.
Retraité à la fin des années 1990, Bemer a derechef proposé un moyen de parer au « bug de l'an 2000 » : il s'agissait de piéger à l'exécution des vieux programmes les opérations portant sur les chiffres six et huit, de vérifier les opérandes et de post-traiter les comparaisons de façon à ce que les premières années du XXIe millénaire ne précèdent pas les dernières années du XXe siècle. Bob Bemer a aussi mis en ligne sur www.bobbemer.com ses propres archives sur les débuts de l'informatique.
Récompenses
Il a reçu, en 2002, le IEEE Computer Pioneer Award pour l'élaboration des jeux de caractères et symboles ASCII et des séquences d'échappement[10],[11].
Notes et références
- ↑ The New York Times, 25.06.2004
- ↑ (en) Henry M Walker, The tao of computing, Sudbury, Mass., Jones and Bartlett Publishers, , 476 p. (ISBN 978-0-7637-2552-5, lire en ligne), p. 40.
- ↑ « Resumé of Bob Bemer's CV » (version du sur Internet Archive)
- ↑ Bob Bemer, « The Great Curly Brace Trace Chase », sur Computer History Vignettes, (version du sur Internet Archive)
- ↑ (en) Martin Campbell-Kelly, « Bob Bemer, Computer pundit and 'father of ASCII' », The Independent, (lire en ligne).
- ↑ Cité dans J.A.N. Lee et Robert F. Rosin, « Time-Sharing at MIT », IEEE Annals of the History of Computing, vol. 14, no 1, , p. 16 (DOI 10.1109/85.145316, S2CID 30976386, lire en ligne)
- ↑ « Introduction to TEX », Interface Age, , p. 144
- ↑ (en) « The Software Factory Principle », (version du sur Internet Archive)
- ↑ Bob Bemer, « Why is a byte 8 bits? Or is it? », sur Computer History Vignettes, (version du sur Internet Archive) « […] Je suis allé chez IBM, et j'ai vu la confusion qu'entraînait la limitation à 64 caractères, surtout quand on a commencé à réfléchir au traitement de texte, où il faudrait distinguer les minuscules des majuscules. […] J'ai même proposé (en prévision de STRETCH, le premier ordinateur qui fonctionnerait vraiment en 8 bits) d'étendre à 256 le nombre de codes-caractère pour les cartes perforées […] ; d'autres penchaient pour une limitation aux caractères codés sur 7 bits, mais c'était absurde. Dans la perspective de STRETCH et du traitement de mots de 64 caractères divisibles en groupes de 8 (j'ai construit la table correspondante, sous la direction du Dr. Werner Buchholz, le véritable inventeur du terme byte pour désigner les nombres binaires à 8 chiffres) […] il paraissait raisonnable de dresser une table de caractères universels codés sur 8 bits, allant jusqu'à 256 codes. À l'époque, mon mantra, c'était les puissances de 2 sont magiques. Et c'est ainsi que mon équipe a conçu et promu une table de 256 caractères […] L’IBM 360 utilisait lui aussi une table de caractères codée sur 8-bit, mais qui n'était pas ASCII. Et c'est pourquoi le terme de « byte » de Buchholz s'est répandu partout, mais j'avais plusieurs raisons pour m'en défier. Il évoquait 8 bits transmis en parallèle, alors que le nouvel IBM, CPU et disques, codait sur 9 bits (avec un code correcteur). J'ai dénoncé dans la presse cet « octet à neuf bits » en 1973 ; mais bien avant ça (1965-66), je dirigeais le Département Programmation de la Compagnie des Machines Bull où j'avais proposé de remplacer byte par « octet ». […] C'était justifié par le fait que les nouveaux réseaux de télécommunication pouvaient transmettre des mots de 16, 32, 64 et même 128 bits en parallèle ; mais il y a des imbéciles pour désigner le transfert parallèle d'octet à 16 bits, comme on peut le voir dans la table UNICODE. C'est à voir, mais je crois qu'on pourrais parler dans ce cas d’« hextet ». »
- ↑ IEEE, Computer Pioneer Award Past Recipients
- ↑ (en) Harry Henderson, Encyclopedia of computer science and technology, New York, Facts On File, , 580 p. (ISBN 978-0-8160-6382-6), p. 550.
Voir aussi
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bob Bemer » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- (en) Steve Lohr, Robert W. Bemer, 84, Pioneer In Computer Programming, New York, The New York Times, (lire en ligne).
- (en) Computer Pioneer Award Past Recipients, IEEE (lire en ligne).