Augustine Brohan

Augustine Brohan
Portrait photographique de Nadar vers 1870.
Fonction
Sociétaire de la Comédie-Française
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Josephine Félicité Augustine Brohan
Pseudonyme
Suzanne
Nationalité
Formation
Activités
Rédactrice à
Mère
Fratrie
Enfant
Maurice de Gheest ()
signature d'Augustine Brohan
Signature

Augustine Brohan, née le à Paris 11e et morte le à Paris 8e, est une actrice, journaliste, dramaturge et salonnière française.

Biographie

Fille de Suzanne Brohan et sœur de Madeleine Brohan, elle entre jeune au Conservatoire et obtient un second prix de comédie en 1839 puis le premier prix en 1840.

Elle fait ses débuts à la Comédie-Française, le [1], dans le rôle de Dorine, du Tartuffe, alors âgée de seulement dix-sept ans, et en devient sociétaire deux ans plus tard. Elle incarne tour à tour les soubrettes délurées et les grandes coquettes, Martine des Femmes savantes et le Caprice, Marinette et mademoiselle de Belle-Isle, Nicole du Bourgeois gentilhomme, et Suzanne du Mariage de Figaro[2]. Elle a été pour beaucoup de dans la remise à la mode du théâtre de Marivaux[3].

Lors d’un voyage à Londres au printemps 1847, Louis-Napoléon Bonaparte lui fait très bon accueil. De retour à Paris, à l’époque où le choléra sévissait avec le plus de rigueur, elle fait preuve d’un dévouement surhumain digne des filles de saint Vincent de Paul[a]. Elle demeurait alors sur le boulevard Montparnasse[4]. Elle y tient un salon réputé attirant tout le monde littéraire, artistique ou politique de Paris, devient la confidente des amours de Musset, l’amour de Prosper Mérimée et un temps l’égérie de Balzac. Esprit étincelant, nombre de ses mots ont été cités, mais on lui en a prêté beaucoup d’autres, et il est difficile de dire lesquels sont vrais. Eugène de Mirecourt, par exemple, n’a pas été des plus heureux dans le choix des réparties qu’il a attribuées à cette actrice[2]. Parmi ceux qu’on peut tenir pour authentiques, il en est de cyniques, voire de cruels, mais tous sont la marque d’un esprit fin et observateur[3].

Elle publie en 1849 un proverbe en un acte et en prose, Compter sans son hôte, représenté à la Comédie Française le [5]. Elle publie d’autres petites pièces de théâtre pendant les années suivantes, Quitte ou double, Il faut toujours en venir là… réunies en 1888 dans un recueil, Piécettes, en particulier le proverbe Qui femme a, guerre a, représenté 26 fois au total à la Comédie Française, en 1859 et 1860[6]. Elle est également l’autrice d’une comédie, les Métamorphoses de l’amour[7].

En 1857, elle commence à écrire une chronique dans Le Figaro sous le pseudonyme de « Suzanne » d’après le prénom de sa mère, à laquelle elle ressemblait d’une façon si frappante qu’en l’apercevant on croyait voir reparaitre la grande actrice de 1830[8]. Son esprit étincelant lui valant beaucoup d’ennemis, entre autres du fait de ses chroniques pleines de portraits âpres qui ont soulevé de véritables tempêtes. Il y a eu de vives ripostes, des provocations même, et une assez dure prise à partie par Alexandre Dumas père, en défense de Victor Hugo, alors proscrit, et qu’Augustine Brohan avait tenté de rendre ridicule, oubliant que le grand public veut ignorer les faiblesses et les petitesses des hommes de génie[3]. Dumas ira jusqu’à écrire à Adolphe Simonis Empis pour demander son remplacement à la Comédie-Française[9]. Devant les représailles sévères de la presse et des gens de lettres, elle renonce au journalisme et obtient la chaire de Rachel au Conservatoire[10].

Malgré les triomphes qu’elle a remporté sur la scène, elle n’a jamais aimé le monde du théâtre. Elle avait, ses petits potins, ses petites intrigues, ses petits complots de coulisses en horreur, ayant vu sa mère quitter prématurément les planches, écœurée des médisances de ce milieu jaloux et étroit. Dès qu’elle l’a pu, en 1858, elle a pris sa retraite et n’a pas tardé à se marier, en 1868, avec un ancien secrétaire de la légation de Belgique à Paris, le baron Edmond David de Gheest[2].

Devenue veuve, peu de temps après son mariage, elle s’était consacrée tout entière à l’éducation de son fils. Ayant quitté le théâtre depuis bien des années, ses dernières années se sont écoulées dans une retraite obscure. Elle vivait retirée dans son hôtel de la rue Lord Byron, paralytique et presque aveugle[8], après après avoir toute sa vie souffert d’une mauvaise vue[1]. Elle a succombé à une paralysie générale compliquée de pneumonie. À l’issue de ses obsèques, célébrées en l’église Saint-Philippe-du-Roule[7], elle a été inhumée dans le caveau familial à Fresnes, où sa mère avait une maison de campagne[11].

Théâtre

Carrière à la Comédie-Française

Entrée en
Nommée 261e sociétaire en
Départ en [12]

Publications

Notes et références

Notes

  1. C’est sa mère qui la forcée à entrer au théâtre. Elle souhaitait entrer au couvent. Elle est arrivé à ses premières répétitions avec un missel en main.

Références

  1. a et b « Les Echos de Paris », Les Annales politiques et littéraires, Paris, vol. 11, no 505,‎ , p. 5-6 (ISSN 1149-4034, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. a b et c Paul Foucher, « Augustine Brohan », Gil Blas, Paris, vol. 15, no 4840,‎ , p. 1 (ISSN 1149-9397, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  3. a b et c Henry Fouquier, « La Vie de Paris », Le XIXe siècle, Paris, vol. 23, no 7705,‎ , p. 1 (ISSN 2390-5018, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Eugène de Mirecourt, Augustine Brohan, Paris, Gustave Havard, , 93 p. (OCLC 682290535, lire en ligne sur Gallica), p. 32.
  5. « Compter sans son hôte », sur Base La Grange de la Comédie-Française.
  6. « Qui femme a, guerre a », sur Base La Grange de la Comédie-Française
  7. a et b « Augustine Brohan », L’Attaque, Paris, no 6,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  8. a et b « Augustine Brohan », Le Journal, Paris, vol. 2, no 143,‎ , p. 2 (ISSN 1246-5666, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  9. Georges d’Heylli, Dictionnaire des Pseudonymes
  10. Jean-Bernard (1857-1936), « Augustine Brohan », L’Événement, Paris, vol. 22, no 7635,‎ , p. 1 (ISSN 2461-4815, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  11. Marie-Louise Néron, « Enterrement de Madeleine Brohan », La Fronde, Paris, vol. 4, no 812,‎ , p. 1 (ISSN 2534-7004, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  12. Base documentaire La Grange sur le site de la Comédie-Française.

Sources

Liens externes