Pour trouver sa dérivée avec la règle du produit, on pose et . Les fonctions , et sont partout dérivables car polynomiales.
On trouve ainsi :
On peut le vérifier en développant d'abord l'expression de h : h(x) = x3 + x2 + x + 1, puis en dérivant cette somme terme à terme : on retrouve bien h'(x) = 3x2 + 2x + 1.
Démonstration de la règle du produit
Démonstration analytique
Une preuve de la règle du produit peut être donnée en utilisant les propriétés des limites et la définition de la dérivée comme limite du taux d'accroissement[1].
Démonstration simplifiée, et illustrée géométriquement
Soient et deux fonctions dérivables en . Définissant et , l'aire du rectangle (cf. Figure 1) représente .
Si varie d'une quantité , les variations correspondantes en et sont désignées par et .
La variation de l'aire du rectangle est alors :
c'est-à-dire la somme des trois zones ombrées sur la Figure 1 ci-contre.
Nous devons maintenant montrer que si la formule est vraie pour , alors elle est aussi vraie pour .
Soit une fonction définie par :
Avec des fonctions quelconques dérivables en .
Soit encore une fonction , elle-même dérivable en , la dérivée de est alors donnée par la règle du produit :
Cela revient à écrire, avec l'hypothèse de la récurrence :
En simplifiant cette dernière expression on obtient finalement :
La formule est donc aussi vraie pour . Par induction, la formule est donc vraie pour tous les entiers .
Exemple :
Avec trois fonctions , et , dérivables en , on a :
Par exemple, pour trouver la dérivée de :
Dérivées d'ordre supérieur (règle de Leibniz)
La règle du produit peut aussi être généralisée en la règle de Leibniz pour la dérivation d'ordre supérieur d'un produit de deux fonctions d'une variable réelle[2].
Soient un entier supérieur ou égal à 1, et et deux fonctions fois dérivables en un certain point , alors leur produit est aussi fois dérivable au point , et la dérivée d'ordre est donnée par :
où les nombres entiers sont les coefficients binomiaux, et où l'on convient que la « dérivée zéro-ième » de , notée , est la fonction elle-même.
Cette formule se démontre par récurrence sur [3]. La démonstration est comparable à celle de la formule du binôme de Newton.
Dérivées d'ordre supérieur d'un produit de plusieurs fonctions
La formule suivante généralise simultanément les deux précédentes :
,
où les entiers
sont les coefficients multinomiaux. La preuve peut se faire par récurrence sur m, le nombre de fonctions considérées, en utilisant la formule (qui se réduit à la formule de Leibniz) au rang m=2.
Dimensions supérieures
La règle du produit s'étend à des fonctions de plusieurs variables réelles (définies sur ℝn) ou plus généralement, des fonctions dont la variable est un vecteur :
Par le même calcul que ci-dessus mais en remplaçant la variable réelle par une variable complexe, on démontre la règle suivante pour un produit de fonctions holomorphes.
Soient U un ouvert de ℂ et f, g : U → ℂ des fonctions holomorphes. Alors, le produit f g est holomorphe et :
Si l'on regarde de près la démonstration de la règle du produit, on se rend compte que l'ingrédient principal, outre la dérivabilité des fonctions, est la distributivité de la multiplication par rapport à l'addition (le fait que a(b + c) = ab + ac). Or les mathématiciens ont pris l'habitude de n'appeler produit que les opérations bénéficiant de cette propriété. Par contre tous les produits ne sont pas commutatifs (ab = ba quand a et b sont des nombres, mais ce n'est pas vrai pour d'autres produits). On peut donc en toute confiance appliquer la règle du produit à d'autres produits d'autres fonctions que la multiplication de fonctions numériques, mais en prenant garde de bien conserver l'ordre des facteurs quand le produit n'est pas commutatif.
De même que dans le § « Dimensions supérieures », on peut, dans tous ces exemples, remplacer la variable réelle (« temps ») par une variable vectorielle.
Règle du produit dans des espaces vectoriels normés
Par composition avec un couple de fonctions(u, v) : T → X×Y définies sur un espace vectoriel normé T, on en déduit la forme générique des exemples ci-dessus :
Si u et v sont différentiables en un point t0 de T alors la composée
l'est aussi, et sa différentielle en ce point est :