Potitii
Les Potitii (en latin classique : Pǒtĩtǐi, -ōrum) sont les membres de la gens Potitia[1],[2],[3],[4], une gens patricienne[5],[6] consacrée au culte d'Hercule, ainsi que les Pinarii, ou gens Pinaria.
Histoire
Selon la tradition, une génération avant la guerre de Troie, Hercule serait venu en Italie, où il aurait été reçu par les Potitii et les Pinarii. Il leur aurait enseigné une forme de culte, et les aurait instruit dans les rites, par laquelle il a ensuite été honoré. Le sacerdoce de ce culte a été réalisé exclusivement par des membres de ces deux familles, comme un gentilicium sacrum, mais au bénéfice de l'ensemble des citoyens.
La position des Potitii dans le culte était traditionnellement supérieure à celle des Pinarii. Ces derniers étaient, en effet, exclus du repas lors duquel les entrailles de la victime sacrificielle étaient consommées, prétendument parce qu'ils étaient arrivés en retard pour le banquet sacrificiel donné par Hercule.
Les Potitii et les Pinarii détinrent la prêtrise d'Hercule pendant près de neuf cents ans, jusqu'à ce qu'Appius Claudius Caecus, lors de sa censure, en 312 av. J.-C., achetât les Potitii, par le paiement de 50 000 livres de cuivre, afin qu'ils instruisent les esclaves publics dans les rites sacrés. Cet acte d'impiété aurait été puni par Hercule : d'après la tradition rapportée par Tite-Live[7], la gens Potitia, alors composée de douze familiae ou branches et comptant jusqu'à trente mâles en âge de puberté, périt tout entière dans l'année. Claudius lui-même fut atteint ; quelques années après, il perdit entièrement la vue[8], ce qui serait à l'origine de son surnom.
La colère d'Hercule montre qu'il est sacrilège de modifier les règles existantes. « La tradition lie en quelque sorte les Potitii à leur culte : une fois celui-ci cédé à autrui, donc abandonné, la gens disparaît... Dans la mentalité romaine l'existence historique d'une gens et la permanence de ses cultes sont indissolublement liées »[9].
Étymologie
L'étymologie de Potitii est discutée. Pour Jérôme Carcopino, il dériverait du grec ancien signifiant « dispenser la nourriture sacrée »[10]. Pour Robert E.A. Palmer et Denis Van Berchem, il serait le participe passif de potire, régulier à l'époque archaïque, signifiant les « possédés »[10].
Notes et références
- Bloch 1883, n. 5, p. 113.
- Carcopino 1928, p. 212.
- Corsano 1977, n. 2, p. 142-143.
- Richard 1976, p. 922.
- Bloch 1883, p. 114.
- Humm 2005, § 2 et 12.
- Tite-Live, Histoire romaine, IX, 10.
- Tite-Live, op. cit., IX, 11.
- John Scheid, Religion et piété à Rome, Paris, La Découverte, 1985, p. 19-20.
- Bonnet 1988, p. 298.
Voir aussi
Sources littéraires antiques
- [Virgile] Virgile, Énéide (BNF 12008287), p. VIII, 268-272.
- [Tite-Live] Tite-Live, Histoire romaine (BNF 12008346), p. I, 7, 8-15 ; IX, 29, 9-11 ; et IX, 34.
- [Denys d'Halicarnasse] Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines (BNF 12137510), p. I, 40, 1-5 ; et XVI, 6.
- [Macrobe] Macrobe, Saturnales (BNF 13181235), p. III, 6, 12-13.
- [Servius] Servius, Commentaire sur Virgile (BNF 12106873), p. VIII, 179, 268 et 269.
- Cicéron, Pro domo 52, 134.
- Cicéron, En Verrem Secundae, p. I, 50-58.
- [Valère Maxime] Valère Maxime, Faits et dits mémorables (BNF 12551704), p. I, 1, 17.
- [Festus] Festus, Signification des mots (BNF 13514409), s.v.Potitum.
- [Tacite] Tacite, Annales (BNF 12008242), p. XII, 24 ; et XV, 41.
- [Propoerce] Properce, Élégies (BNF 12185466), p. IV, 9, 67.
- [Ovide] Ovide, Fastes (BNF 12213123), p. I, 581.
- [Solin] Solin, Recueil de faits remarquables (BNF 16590331), 1.
- [Diodore de Sicile] Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (BNF 12008253), p. IV, 21.
- (Pseudo-) Aurelius Victor, Origines du peuple romain (BNF 14518212), 8.
- (Pseudo-) Aurelius Victor, Hommes illustres de la ville de Rome (BNF 12237605), 34.
Sources épigraphiques
- AE 1913, 13
- AE 1997, 678
- CIL II, 4970
- CIL VIII, 1381
- CIL XII, 3835
- CIL XIII, 1922
- CIL XIII, 2024
- CIL XV, 5457
Bibliographie
- [Bloch 1883] Gustave Bloch, Les origines du sénat romain : recherches sur la formation et la dissolution du sénat patricien (thèse de doctorat ès lettres soutenue à l'université de Paris), Paris, E. Thorin, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 29), , 1re éd., 1 vol., VII-334, in-8o (24 cm) (OCLC 422028909, BNF 30114157, SUDOC 012058025, lire en ligne [fac-similé]).
- [Bonnet 1988] Corinne Bonnet, Melqart : cultes et mythes de l'Héraclès tyrien en Méditerranée (texte remanié de la thèse de doctorat soutenue en à l'université de Liège), Louvain et Namur, Peeters et Presses universitaires de Namur, coll. « Studia Phoenicia / Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de Namur » (no VIII / 69), , 1re éd., 1 vol., X-494-[13], 16 × 24 cm (ISBN 2-87037-116-0, EAN 9782870371169, OCLC 461974727, BNF 35043357, SUDOC 001516132, présentation en ligne, lire en ligne).
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- [Scheid 1998] John Scheid, « L'animal mis à mort », Études rurales, nos 147-148 : « Mort et mise à mort des animaux », , p. 15-26 (DOI 10.3406/rural.1998.3617, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
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Liens externes
- [Müller] (en) Christian Müller, « Potitii » (DOI 10.1163/1574-9347_bnp_e1006790) dans le Brill's New Pauly, en ligne sur le site des éditions Brill.