Mzia Amaglobeli
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მზია ამაღლობელი |
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Mzia Amaglobeli, ou Mzia Amaghlobeli (en géorgien : მზია ამაღლობელი), née le à Chouakhevi, est une journaliste géorgienne, connue pour avoir cofondé les médias indépendants Batumelebi et Netgazeti.
Elle est arrêtée le lors des manifestations post-électorales qui secouent la Géorgie, accusée d'avoir giflé le chef de la police de Batoumi. Placée en détention, elle risque jusqu'à 7 ans de prison. Dès le début de sa détention provisoire, elle entame une grève de la faim, qu'elle poursuit pendant plusieurs dizaines de jours.
Selon la société civile géorgienne, des juristes et des organisations internationales de défense des droits de l’homme, il est infondé, disproportionné et injuste de qualifier ses actes d'« attaque » et de les poursuivre pénalement[1],[2]. Selon ses avocats, les accusations contre le journaliste sont politiquement motivées et constituent une tentative d’intimidation[3]. La détention provisoire d’Amaglobeli est décrite comme une atteinte à la liberté de la presse[4].
Biographie
Jeunesse et carrière professionnelle
Mzia Amaglobeli naît le [5] à Chouakhevi[réf. souhaitée]. Elle travaille à Batoumi, ville de Géorgie située sur la côte de la mer Noire. Elle cofonde le média local Batumelebi en 2001 avec son associé Eter Touradze. Face au succès, ils créent ensuite Netgazeti qui publie des informations à l'échelle nationale. Les deux publications indépendantes sont vues comme « des sources d'information impartiales et fiables parmi les médias profondément polarisés de la Géorgie »[6].
Durant les manifestations post-électorales de 2024-2025, elle couvre le mouvement de protestation mais ne participe pas directement aux rassemblements à Batoumi. Elle témoigne de la répression par la police, qui cause de nombreux blessés[7].
Arrestation et grève de la faim
Double arrestation
Le , lorsqu'elle apprend qu'un ami est détenu par la police de la ville pour avoir collé des affiches appelant à la grève, elle se rend à un rassemblement appelant à sa libération et colle une affiche sur la façade du commissariat, ce qui a été rendu illégal par une loi quelques jours plus tôt. Filmée par les caméras de surveillance, elle est arrêtée une première fois : il lui est reproché par le rapport de police d'avoir « désobéi à un ordre légal de la police », mais aussi d'avoir insulté les policiers, ce qui est démenti par les autres militants présents sur place à ce moment-là. Elle est inculpée d'une infraction d'ordre administratif[6], libérée quelques heures plus tard et retourne manifester, félicitée par les autres militants[7].
Elle est à nouveau arrêtée peu de temps après, le , après avoir giflé Irakli Dguebouadze, le chef de la police de Batoumi, qui l'avait insultée à plusieurs reprises. L'incident se déroule dans le cadre d'affrontements entre les manifestants et la police[7]. Selon l'antenne géorgienne de Transparency International, la gifle « était symbolique et n'était pas suffisamment forte pour causer des blessures ». L'ONG affirme qu'un acte « d'une si faible importance » ne peut pas constituer un crime[7].
Procès
Placée le en détention provisoire pour deux mois à la prison de Roustavi, elle risque entre 4 et 7 ans de prison, inculpée pour le chef d'accusation d'« agression contre un officier de police »[8],[9].
Lors de sa première audience au tribunal, elle tient un exemplaire du livre How to Stand Up to a Dictator de Maria Ressa, Prix Nobel de la paix 2021, établissant des parallèles entre le récit du livre et la politique répressive et autoritaire de Rêve géorgien[10]. Maria Ressa répond par une déclaration sur les manifestations en Géorgie et la détention d'Amaglobeli lors d'un discours lors d'un anniversaire du Vatican[11],[12].
L'audience suivante est fixée au [6].
Grève de la faim
Dès le début de sa détention provisoire, elle entame une grève de la faim. Elle l'annonce dans une lettre le en affirmant que « La liberté vaut plus que la vie » et précise ne plus avaler que de l'eau[13],[7]. Elle affirme avoir été maltraitée en prison par Irakli Dguebouadze[7]. Le Service spécial d'investigation de Géorgie — agence chargée d'enquêter sur les abus commis par les représentants des autorités — ouvre une enquête le même jour à la demande de la Georgian Young Lawyers' Association[7] ; 10 policiers dont Dguebouadze sont entendus comme témoins, mais aucun n'est suspendu[6].
Le , après 19 jours à refuser de s'alimenter, la Georgian Young Lawyers' Association alerte sur l'état physique de Mzia Amaglobeli, qui « a des difficultés à marcher »[8]. Le lendemain, le service pénitentiaire conteste ces accusations et affirme que « la santé de la journaliste Mzia Amaglobeli est actuellement satisfaisante et stable », tout en l'appelant à cesser sa grève de la faim[9].
Le , elle est transportée à l'hôpital mais continue à refuser de céder face au pouvoir[6],[14]. Le , un groupe de médecins commissionné par le Défenseur public préconise la poursuite de son hospitalisation, après 27 jours de grève de la faim[15].
Le 18 février, Mzia Amaglobeli décide de mettre fin à sa grève de la faim. Après 38 jours, elle annonce dans une lettre qu'elle va tenter de rétablir son régime alimentaire dans les prochains jours[16].
Réactions
Le maintien en détention de Mzia Amaglobeli malgré son état de santé qui se dégrade est critiqué par les organisations de défense des droits humains, qui réclament de meilleures conditions de détention et une surveillance accrue de son état[8]. Les journalistes géorgiens, les organisations de la société civile géorgienne, ainsi que les manifestants, appellent à sa libération[7] . La Fédération internationale des journalistes fait de même le [13], aux côtés de 12 organisations de défense de la liberté de la presse, dont l'International Press Institute[7]. La Georgian Young Lawyers' Association affirme que son arrestation est « motivée politiquement »[6].
Le , un groupe de députés européens appelle à la libération immédiate de la journaliste et des autres militants emprisonnés[14].
Le député du parti au pouvoir Mamouka Mdinaradze l'appelle à arrêter sa grève de la faim et affirme qu'elle ne doit pas être considérée comme « une personne qui a fait preuve d'un grand héroïsme ». Le maire de Tbilissi Kakhaber Kaladze, figure du parti Rêve géorgien, réclame qu'elle présente ses excuses au policier qu'elle a giflé[6].
Notes et références
- ↑ (ka) « მზია ამაღლობელის დაკავების, პატიმრობისა და ბრალდების კანონიერების საკითხი », (consulté le )
- ↑ (ka) « საია: მზია ამაღლობელის სისხლისსამართლევრივი დევნა პოლიტიკური რეპრესიაა », sur Transparency Georgia, (consulté le )
- ↑ (ka) « საია: მზია ამაღლობელის მიმართ წინასწარი პატიმრობის გაუქმების მოთხოვნით ადვოკატები შუამდგომლობას წარადგენენ », sur Civil Georgia, (consulté le )
- ↑ (ka) « მედიის 300-ზე მეტი წარმომადგენელი მზია ამაღლობელის დაუყოვნებლივ გათავისუფლებას ითხოვს », sur Media Checker, (consulté le )
- ↑ « La Cour confirme que les journalistes ne sont pas dispensés, dans le cadre de leurs enquêtes, du devoir de respecter la loi », sur Cour européenne des droits de l’homme, (consulté le )
- (en) « Hunger-striking journalist challenges Georgia's government from jail », sur BBC, (consulté le )
- (en) « Fears grow for Georgian journalist after two weeks of hunger strike », sur euronews, (consulté le )
- (en) « Mzia Amaglobeli struggles to walk on 19th day of hunger strike », sur JAM News, (consulté le )
- (en) « Special Penitentiary Service affirms journalist Mzia Amaglobeli's stable health condition amid ongoing hunger strike », sur 1TV (consulté le )
- ↑ Modèle:Loem web
- ↑ (en) « Jubilee of the World of Communications: Maria Ressa », sur Vatican News, (consulté le )
- ↑ (ka) მარია რესა: მზია ამაღლობელი საპატიმროში დღეს შიმშილობის მე-14 დღეს იწყებს, « მარია რესამ საქართველოში მიმდინარე პროტესტსა და მზია ამაღლობელზე ისაუბრა », (consulté le )
- (en) « Georgia: IFJ urges authorities to release journalist Mzia Amaglobeli », sur www.ifj.org, (consulté le )
- (en) « European politicians are issuing a joint statement demanding the release of Mzia Amaghlobeli », sur www.interpressnews.ge, (consulté le )
- ↑ (en) « Physicians say hunger-striking Mzia Amaglobeli stay in hospital under medical supervision », sur 1TV, (consulté le )
- ↑ (ka) « 38 დღის შემდეგ მზია ამაღლობელი ამბობს, რომ შიმშილობას შეწყვეტს », sur რადიო თავისუფლება, (consulté le )
Liens externes