Michel Particelli d'Émery
Surintendant des Finances avec Claude de Mesmes | |
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Conjoint |
Marie Le Camus () (à partir de ) |
Enfant |
Marie Particelli () |
Michel Particelli d'Émery ou Particelle d'Hémery, né le à Lyon et mort le à Paris, fils d'un banquier de Lyon d'une famille originaire de Lucques en Italie, fut conseiller de Richelieu sous Louis XIII. Il est brièvement surintendant des finances durant les premières années du règne de Louis XIV.
Biographie
En , il est le commissaire du roi Louis XIII aux États du Languedoc. Il est arrêté à Pézenas par ordre du duc Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc[2]. Son arrestation est un défi lancé au pouvoir royal qui sera stoppé quelques semaines plus tard par l'arrestation d'Henri II de Montmorency puis par sa décapitation[3].
En 1640, Particelli d'Émery est ambassadeur de France à Turin.
Il est nommé contrôleur général des finances en 1643 par Mazarin puis surintendant des finances en 1648. Il montra quelque habileté et, en 1646, eut la première idée de l'octroi[réf. nécessaire][4]. Il avait inventé ce droit sur toute marchandise destinée à la consommation de la ville de Paris, qui devait être payé à l'entrée dans la capitale, tant par terre que par eau, sans distinction de personnes, selon un tarif — sorte d'octroi ou droit de douane. Ce fut l'édit du Tarif[5]. Ses exactions lui attirèrent la haine du peuple en même temps que ses tentatives de réforme le rendaient odieux aux nobles. Pour faire face aux exigences financières de la guerre franco-espagnole, il créa en 1644 l'impôt du Toisé et la taxe des Aisés, puis en 1646 le Tarif qui augmentait les droits d'octroi. Ces taxes furent une des origines de la Fronde. Il fut sacrifié, le (remplacé par le maréchal de la Meilleraye), mais rappelé dès l'année suivante. II mourut en 1650.
Voltaire raconte l'histoire suivante dans l'Histoire du parlement de Paris (en le qualifiant à tort d'Italien puisqu'il est né à Lyon) : « Les plus pauvres habitants de Paris avaient bâti de chétives maisons, ou des cabanes hors des anciennes limites de la ville. Un Italien nommé Particelli d'Émery, favori du cardinal et contrôleur-général, s'avisa de proposer une taxe assez forte sur ces pauvres familles. Elles s'attroupèrent, elles allèrent porter en foule leurs plaintes à la grand'chambre, non sans y être excitées par plusieurs membres des enquêtes, qui demandèrent l'assemblée des chambres pour juger la cause des pauvres contre le ministère. Cette maladresse du gouvernement indisposa tout Paris ; elle apprit au peuple à murmurer, à s'attrouper. »
Plus tard, « On criait encore davantage contre l'Italien Particelli d'Émery, devenu surintendant, condamné autrefois à être pendu à Lyon[6], et monté par les concussions au faîte de la fortune. La clameur publique fut si forte, les factions si obstinées, que la cour se crut obligée de plier. Elle exila le surintendant dans ses terres, et promit la suppression des intendants de provinces. »
Il écrit aussi dans Le Siècle de Louis XIV : « Le surintendant était alors un paysan siennois, nommé Particelli d'Émery, dont l’âme était plus basse que la naissance, et dont le faste et les débauches indignaient la nation. Cet homme inventait des ressources onéreuses et ridicules. Il créa des charges de contrôleurs de fagots, de jurés vendeurs de foin, de conseillers du roi crieurs de vin ; il vendait des lettres de noblesse. Les rentes sur l’hôtel de ville de Paris ne se montaient alors qu’à près d’onze millions. On retrancha quelques quartiers aux rentiers ; on augmenta les droits d’entrée ; on créa quelques charges de maîtres des requêtes ; on retint environ quatre-vingt mille écus de gages aux magistrats. Il est aisé de juger combien les esprits furent soulevés contre deux Italiens, venus tous deux en France sans fortune, enrichis aux dépens de la nation, et qui donnaient tant de prise sur eux. Le Parlement de Paris, les maîtres des requêtes, les autres cours, les rentiers s’ameutèrent. En vain Mazarin ôta la surintendance à son confident Émery, et le relégua dans une de ses terres : on s’indignait encore que cet homme eût des terres en France... »
Dans l'ouvrage de fiction, Vingt ans après, voila ce qu'écrit Alexandre Dumas de d'Emery « Ce d’Émery était fort détesté du peuple, d’abord parce qu’il était surintendant des Finances, et que tout surintendant des Finances doit être détesté; ensuite, il faut le dire, parce qu’il méritait quelque peu de l’être. C’était le fils d’un banquier de Lyon qui s’appelait Particelli, et qui,ayant changé de nom à la suite de sa banqueroute, se faisait appelerd’Émery. Le cardinal de Richelieu, qui avait reconnu en lui un grand mérite financier, l’avait présenté au roi Louis XIII sous le nom de M.d’Émery, et voulant le faire nommer intendant des Finances, il lui en disait grand bien. À merveille! avait répondu le roi, et je suis aise que vous me parliez de M. d’Émery pour cette place qui veut un honnête homme. On m’avait dit que vous poussiez ce coquin de Particelli, et j’avais peur que vous ne me forçassiez à le prendre.—Sire! répondit le cardinal, que Votre Majesté se rassure, le Particelli dont elle parle a été pendu. Ah! tant mieux! s’écria le roi, ce n’est donc pas pour rien que l’on m’a appelé Louis le Juste. Et il signa la nomination de M. d’Émery. C’était ce même d’Émery qui était devenu surintendant des Finances. »
Le château de Tanlay en Bourgogne, resté inachevé après une première campagne de travaux (1555-1568), fut achevé par l'architecte Pierre Le Muet pour Michel Particelli d’Émery entre 1643 et 1649[7] (il subsiste presque intact).
Sa fille Marie épousa Louis Ier Phélypeaux de La Vrillière.
Notes et références
- Cette gravure fut utilisée 200 ans plus tard pour réaliser un portrait factice de Samuel de Champlain.
- Une plaque relate cette arrestation dans la cour de l'Hôtel de Landes de Saint-Palais à Pézenas.
- Gustave Saige, « Histoire véritable de ce qui s'est passé à Thoulouse à la fin du mois d'octobre MDCXXXII en la mort de Monsieur de Montmorency..., introduction par Le Blanc du Vernet. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 21, , p. 374-380 (lire en ligne)
- Jean Favier, Paris: Deux mille ans d'histoire, Paris, Fayard, , 1010 p. (lire en ligne)
- Jean Castarède, La Folle Histoire de la Fronde.
- Le cardinal de Retz, dans ses Mémoires, dit que Particelli avait été condamné à être pendu. Mais l’arrêt du parlement, du , confirmatif d’une sentence de la Conservation de Lyon, porte seulement qu’il était condamné à faire amende honorable, pieds et tête nus, en chemise, avec un écriteau portant ces mots : « Banqueroutier frauduleux ». La Conservation de Lyon, tribunal de commerce, ne prononçait pas la peine de mort.
- Claude Mignot, « LE MUET PIERRE (1591-1669) », Encyclopedie Universalis (consulté le )
Liens externes