Charité de saint Martin
Autre nom | Martin de Tours partage son manteau avec un mendiant |
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Date | hiver 334 ? |
Lieu | Ambianorum, Amiens (Gaule romaine) |
La charité de saint Martin est un épisode de la vie de Martin de Tours durant lequel, alors qu'il était légionnaire de l'armée romaine, il aurait partagé son manteau avec un mendiant aux portes d'Ambianorum (Amiens), en Gaule du Nord. Cette tradition a inspiré de nombreuses œuvres de l'iconographie chrétienne.
Légende
Sulpice-Sévère, hagiographe de Martin de Tours alors légionnaire romain, a laissé cette relation de l'événement dans la Vita Sancti Martini :
« Un jour, au milieu d’un hiver dont les rigueurs extraordinaires avaient fait périr beaucoup de personnes, Martin, n’ayant que ses armes et son manteau de soldat, rencontra à la porte d’Amiens un pauvre presque nu. L’homme de Dieu, voyant ce malheureux implorer vainement la charité des passants qui s’éloignaient sans pitié, comprit que c’était à lui que Dieu l’avait réservé. Mais que faire ? il ne possédait que le manteau dont il était revêtu, car il avait donné tout le reste ; il tire son épée, le coupe en deux, en donne la moitié au pauvre et se revêt du reste. Quelques spectateurs se mirent à rire en voyant ce vêtement informe et mutilé ; d’autres, plus sensés, gémirent profondément de n’avoir rien fait de semblable, lorsqu’ils auraient pu faire davantage, et revêtir ce pauvre sans se dépouiller eux-mêmes. La nuit suivante, Martin s’étant endormi vit Jésus-Christ revêtu de la moitié du manteau dont il avait couvert la nudité du pauvre ; et il entendit une voix qui lui ordonnait de considérer attentivement le Seigneur et de reconnaître le vêtement qu’il lui avait donné. Puis Jésus se tournant vers les anges qui l’entouraient leur dit d’une voix haute : « Martin n’étant encore que catéchumène m’a revêtu de ce manteau. »
Histoire
La scène s'est déroulée à Amiens, un soir de l’hiver 334, vraisemblablement : Martin tranche son manteau ou tout du moins offre la doublure de sa pelisse. Le manteau du légionnaire appartenait à l'armée, mais chaque soldat pouvait le doubler à ses frais, par un tissu ou une fourrure.
La relique de la cape de Martin fut par la suite exposée à Tours dans un local qui prit le nom de « chapelle ». Ce nom se répandrait ensuite à travers l'Europe, prenant le sens large qu'on lui connaît actuellement[1],[2]. Le culte de saint Martin se diffusa dans une grande partie de l'Europe : France, Belgique, Suisse, Allemagne, Autriche, Bohême, Hongrie…, puis en Amérique latine, donnant naissance à de nombreuses créations artistiques.
Iconographie
La charité de saint Martin a inspiré de très nombreux artistes à toutes les époques et dans tous les domaines des arts plastiques : dessin, peinture, sculpture, vitrail, tapisserie, orfèvrerie, etc. La plupart des représentations peintes ou sculptées représentent Martin de Tours en cavalier de l'armée romaine.
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Crédit image:licence CC BY-SA 4.0 🛈La Charité de saint Martin de Justin-Chrysostome Sanson (XIXe siècle, palais de justice d'Amiens).
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Crédit image:licence CC BY-SA 2.5 🛈La Charité de saint Martin, en l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre (fin XVIe siècle).
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Crédit image:licence CC BY-SA 3.0 🛈La Charité de saint Martin de Josef Adam Mölk (XVIIIe siècle, église Saint-Martin d'Oberwölz, en Autriche).
Annexes
Bibliographie
- Sylvie Barnay, « Du manteau de saint Martin aux chasubles de Jean-Charles de Castelabajac : une histoire de la robe sainte », Transversalités 2008/4 (N° 108), p. 127-141
- Collectif, 1700 ans de la naissance de Saint-Martin, numéro spécial du Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie pour l'année 2017, Amiens, 2020, pages 161 à 351, ISSN 0037-9204
Références
- Cf. Guillaume Durand (évêque), Le Rational des Divins Offices [« Rationale divinorum officiorum »], vol. II, (réimpr. 1672), « X, §8 » : « Dans plusieurs endroits on appelle les prêtres chapelains (capellani), car de toute antiquité les rois de France, lorsqu'ils allaient en guerre, portaient avec eux la cape du bienheureux saint Martin, que l'on gardait sous une tente qui, de cette chape, fut appelée chapelle (a capa capella vocata chapele 1080 ; lat. pop. capella « lieu où l'on gardait la chape de saint Martin », de cappa) Cf. Le Petit Robert ».
- « CHAPELLE : Etymologie de CHAPELLE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
Articles connexes
Liens externes