Isaac Frézeau

Isaac Frézeau

Isaac Frezeau est un noble et militaire français du XVIIe siècle, Maréchal de camp le , mort le lors du siège de Hesdin, membre de la famille Frézeau. Il était chevalier, seigneur de La Frézelière, de Tafonneau, d'Amaillou, etc.

Biographie

Il est le fils de Jacques Frézeau connu parmi les compagnons d'Henri IV sous le nom du Capitaine d'Amaillou[1], gouverneur de Poitiers, maréchal des camps et armées en 1620, et un des descendants de Lancelot II Frézeau[2].

Le militaire

Il combattit sur terre et sur mer, commanda un vaisseau au siège de la Rochelle, alors capitale du protestantisme[3].

Guerre franco-espagnole

Régiment de la Frézelière, de 1635 à 1636

Il sert ensuite dans le Régiment d’infanterie de Saint-Offange qui fait la campagne d'hiver dans la Haute-Alsace[4]. Au mois d'avril 1635, il se dirige à travers la Suisse vers la Valteline, sous les ordres du duc de Rohan[3]. Les hostilités commencèrent au mois de juin. Le mestre de camp Philippe de La Poeze, baron de Sainte-Offange est tué à la première rencontre, laisse vacante la place de colonel. Isaac Frézeau la sollicite et l’obtient sans peine.

Dès les premiers engagements, le Duc de Rohan a reconnu les grandes qualités de la Frézelière, « un gentilhomme plein de courage et d'ambition, qui sollicitait le régiment et qui brûlait du désir de se signaler »[5]. Sous son colonel, le régiment de la Frézelière montrera la bravoure la plus entraînante, cette furia francese[3] qui renverse tout devant elle et qui fera dire au duc de Rohan : Il a plus besoin de cavesson que d’éperon[6]

Les rencontres heureuses se succèdent en Valteline et appellent bientôt sur de la Frézelière à l'attention du roi. Au mois de novembre 1635, Louis XIII l'élève au grade de Maréchal de camp[4]. Dans ses nouvelles fonctions, de la Frézelière continue à mériter l’approbation du roi et du Cardinal de Richelieu.

« « Les amis de M. de la Frézelière ne pouvant souffrir que sa bravoure solaire et radieuse demeure plus longtemps oisive en un temps comme celui-ci, où le roi a besoin de courages faits comme le sien, ont fait résoudre sa Majesté et de l’employer cette campagne prochaine du côté de l’Espagne, afin qu’aucun de ses ennemis ne puisse ignorer ce qu’il vaut : se promettant qu’il y réussira aussi avantageusement qu’il a fait jusqu’ici en Allemagne, à la Valteline, dans l’Italie et autres lieux, où il a servi au contentement de sa Majesté. M. du Noyer lui envoie pour cet effet un secours de 3.000 écus, qui lui a été procuré auprès de sa Majesté, pour le mettre en état de supporter la dépense qu’il est obligé de faire. Cependant il croira que je suis véritablement très affectionné à le servir[7]. Cardinal de Richelieu,  »

Guerre en Artois

Il est appelé à combattre non pas en Espagne, mais sur le principal théâtre d’opérations, dans l’Artois. Sous le maréchal de la Meilleraye[3], il prend part au siège d’Hesdin dont la place se trouvait la plus régulièrement fortifiée des Pays-Bas et la mieux munie[8]. Déjà le gouvernement de cette ville lui est promis. L’heure approche où, après une longue défense, elle doit ouvrir ses portes[9]. Il presse les préparatifs de l’assaut, ne voulant pas céder à un autre la gloire d’entrer le premier dans la ville dont le gouvernement lui est promis. « Au point du jour, il alla voir les ouvrages que les soldats avaient faits au passage du fossé. Il ne les trouva pas avancés à son gré, se fâcha et voulut aller lui-même les faire hâter ; une mousquetade passe au travers des fascines, lui donne dans la tête. Il n’en mourut pas tout aussitôt. Il parla jusque sur les dix heures, donna ordre à ses affaires et à sa conscience. Il mourut sur les quatre heures du soir. Il fut regretté du Roi, de son Eminence et de toute l’armée. II avait toutes les qualités qu’un gentilhomme de condition doit posséder[3].

Au lever du soleil, environ une heure après que le sieur de la Frézelière fut tué, un tambour vint sur la brèche qui bat la chamade[10].

Epitaphe

On trouve, dans l’église de Monts-sur-Guesnes, un écusson en marbre blanc porte l’épitaphe de ce soldat[3].

« Cy gist le cœur de haut et puissant seigneur Messire Isaac de Frézeau de la Frézelière, chevalier, seigneur marquis de la Frézelière, conseiller du Roy en tous ses conseils d’état et privés, maréchal des camps et années de sa Majesté et nommé par le roy Louis XIII pour être gouverneur d'Hedin où il fut tué du dernier coup de mousquet qui fut tiré a ce siège, après s y être extrêmement distingué comme il avoit fait en Valteline, en Allemagne et en Italie, dont feu M. le cardinal de Richelieu luy rendit des très obligeants témoignages, par une lettre qu’il luy écrivit peu de temps avant sa mort et si favorable qu’il avoit lieu d’espérer bientôt les premiers honneurs où la naissance et la valeur puissent élever les gens de qualité. Priez Dieu pour luy. »

Famille

Isaac Frézeau avait épousé Madeleine de Savonnières, fille de Jean de Savonnières, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi et maître de camp d'infanterie, et de Jacqueline de Menou. Cette dernière se maria en secondes noces au mois de février 1642 avec René de Chaumejan, Marquis de Fourilles, grand Maréchal des Logis de la Maison du Roi[4]. Avec Isaac Frézeau, qui ne laissait que deux filles, disparaissait le dernier représentant mâle de la branche aînée des La Frézelière[3].

Le , Madeleine de Savonnières, veuve d'Isaac, et leur gendre et cousin François Frezeau de la Frézelière, achètent la châtellenie de Monts en copropriété[4]. C'est en faveur de la veuve d’Isaac, Madeleine de Savonnières, et « en considération des grands et signalés services rendus au feu Roi par le feu marquis de la Frézelière », que Louis XIV érigea en marquisat la terre de Monts, au mois de [11].

Notes et références

  1. Il commandait une compagnie de 100 hommes de guerre sous les ordres de François de Montpensier, prince de Dombes en Bretagne en 1589, 100 arquebusiers à cheval en juin 1590. Henri IV le fit gouverneur de Poitiers ; Louis XIII le créa maréchal des camps et armées en 1620. Il mourut en 1626.
  2. Notes individuelles d'Isaac Frézeau de La Frézelière sur geneanet.org
  3. a b c d e f et g Sautai, Les Frézeau de La Frézelière.
  4. a b c et d Angot et Gaugain 1900-1910.
  5. Mémoires du duc de Rohan.
  6. Histoire de l'infanterie française. Régiment de Touraine. Général Susane.
  7. Volume 29.838, B. N — Dictionnaire de Moreri. — Après avoir cite cette lettre, d’Hozier s'exprime ainsi : Elle est un monument bien glorieux pour la mémoire d'un homme qui n’aurait rien vu au dessus de lui, si son courage n’avait pas abrégé le cours d’une vie qui méritait une plus longue durée.
  8. Richelieu à M. de Chavigny, Abbeville, . — Lettres du cardinal de Richelieu recueillies et publiées par M. Avenel.
  9. De la Frézelière commande la tranchée dans la nuit du 27 au
  10. Le siège de Hesdin, par Antoine de Ville, chevalier. En apprenant cette perte, Richelieu écrivait d Abbeville au maréchal de la Meilleraye, le  : « La mort de la Frézelière achève de ni accabler. Cependant je me conforme à la volonté de Dieu et le prie de vous conserver. »
  11. Volume 29.838. Bibliothèque nationale de France.

Source partielle