Corne d'abondance

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Corne d'abondance
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Corne d'abondance, sculpture allégorique de Jean-Baptiste Pigalle pour le socle de la statue du roi Louis XV, de la place Royale de Reims (1765).
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La corne d'abondance (cornucopia, en latin) est un objet symbolique, allégorique et métaphorique de la mythologie gréco-romaine, corne à boire débordante de fruits, de légumes et d'argent, représentée par une corne de ruminant ou une coquille de triton, célèbre source symbolique universelle inépuisable d'abondance, de fécondité, de fertilité, de générosité, de prospérité, de richesse et de joie, attribut de nombreux dieux de la richesse et de l'abondance, tels que Tyché, Cérès, Abondance, Fortuna, ou Ploutos[1].

Origine mythologique

Le jeune Zeus nourri par la corne d'abondance de la déesse-nourrice Amalthée, IIe siècle après J.-C., musée du Vatican de Rome.

Selon la tradition la plus répandue, la corne d'abondance (la « corne d'Amalthie ») fut arraché à la chèvre d'Amalthée, déesse-nourrice qui nourrit de nectar et d'ambroisie le dieu des dieux Zeus (ou Jupiter) de la mythologie gréco-romaine, dans son enfance.

Selon une autre version, Héraclès arracha cette corne au dieu Achélôos (alors qu'il était transformé en taureau) lors de sa victoire sur ce dieu fleuve[2],[3].

On retrouve également la corne d'abondance dans les représentations du dieu gaulois Cernunnos (appelé aussi le « dieu cornu ») des mythologie celtique et religion gauloise.

Interprétations

La déesse Fortuna, au musées du Vatican de Rome.

Attribut des personnifications de nombreuses divinités antiques dont Flore, Tellus, Épona, Fortuna, Gaïa, ou encore Cérès, métaphoriquement, ou allégoriquement, la corne d'abondance est synonyme de source inépuisable de bienfaits. Elle est également devenue l'attribut de la libéralité, de la félicité publique mais aussi de la prudence, qui sont aux sources de l'abondance[4].

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Déméter (ou Tyché, déesse de la fortune de la prospérité) et son fils Ploutos (dieu de la richesse et de l'abondance).

Sa forme de sacrum a donné lieu à des exégèses philosophiques et alchimiques. Le médecin-alchimiste allemand Michael Maier, par exemple, écrit : « Quant à la corne d'abondance d'Amalthée, […] nous tenons pour sûr qu'elle se comprend comme la médecine philosophique d'or, remplie de tout genre de productions, et qu'elle n'est rien dans le monde en dehors de cela, si ce n'est très improprement[5]. »

La déesse romaine Abondance, par Rubens (1630).

Cornucopianisme

Le mythe de la corne d'abondance est à l'origine du « cornucopianisme » une théorie économique, environnementale et philosophique optimiste et utopique sur la croyance (ou l'espérance) en des ressources planétaires illimitées et en des innovations futures continues du génie humain qui permettront toujours de résoudre les problèmes rencontrés par l'humanité, tels que l'épuisement des ressources (minérales, animales ou végétales), la croissance démographique, la croissance économique, ou encore les impacts écologique et climatique du développement humain.

Art

Ce motif est récurrent depuis l'antiquité, dans les œuvres d’art, la sculpture, la peinture, les héraldiques, et les décorations...

En peinture allégorique, la corne d'abondance fait en général d'une figure féminine une allégorie de la prospérité (quoique la corne de bouc puisse orienter l'interprétation dans d'autres directions, comme ce fut le cas de l’Allégorie de la Fortune de Salvator Rosa).

La corne d'abondance peut être représentée entre autres sur des pendants d'oreille étrusques, sur des candélabres de style Louis XVI, dans des décors de la faïence de Rouen[6]

Notes et références

  1. Léon Lacroix, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques: La statuaire archaïque et classique, Presses universitaires de Liège, (lire en ligne), p. 225.
  2. Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine [détail des éditions] [lire en ligne] (pp. 100-101)
  3. Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne], s.v.XXXI (7)
  4. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Laffont, , p. 335
  5. (la) M. Maier, Arcana arcanissima, , 285 p., p. 240
  6. Paul Rouaix, Dictionnaire des arts décoratifs : à l'usage des artisans, des artistes, des amateurs et des écoles., Paris, Librairie Illustrée, , 1043 p., p. 4-5

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes