Constant Permeke
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Constant Permeke, né à Anvers le et mort à Ostende le , est un artiste peintre et sculpteur belge, considéré comme figure de proue de l'expressionnisme flamand. Ses œuvres évoquent la mer du Nord, les paysages de Flandre, les pêcheurs et les paysans.
Biographie
Jeunesse
Constant Permeke est né à Anvers en 1886. Sa famille déménage à Ostende en 1892 quand son père, Henri Permeke, peintre de marines, est nommé conservateur du musée d'Ostende. Le petit Constant passera ainsi son enfance à flâner au bord de l'eau, et cette atmosphère de grand large va influencer toute son œuvre. Il reçoit sa première formation de son père. À partir de 1903, il étudie à l'Académie des beaux-arts de Bruges et, dès 1906, à l'Académie royale des beaux-arts de Gand. Au départ, il est fortement influencé par Émile Claus, ensuite en 1908 de façon passagère par Léon Spilliaert.
Dès 1905, il participe aux expositions et rencontre le journaliste Paul-Gustave van Hecke et Frits van den Berghe, les frères Gustave et Léon de Smet et Albert Servaes avec qui il émigrera à Laethem[1].
Parcours
Il est un de ces jeunes soucieux surtout d'exercer un métier et de se ménager ainsi une petite place au soleil. Impécunieux, Permeke et ses compagnons sont logés moyennant un très modeste loyer chez le fermier Ranschaert qui a transformé d'anciennes écuries en habitations pour saisonniers. Il pratique alors un impressionnisme en mutation où transparaissent çà et là des accents fortement symbolistes et où se font progressivement sentir la volonté d'une plus grande intériorité et une expressivité élevée et sombre.
En 1909, Constant Permeke s'installe à Laethem et y peint, Paysage d'été, le Portrait d'Eugène Ysaye et Femme vue de dos (Marietje).
En 1910, Albert Servaes dessine un Portrait de Permeke.
En 1911, Constant Permeke peint Ma fenêtre, le soir.
En 1912, le 25 juin, à Bruges[2], Constant Permeke épouse Marie Delaere (Mietje). Cette année-là, il peint L'hiver en Flandre et s'en va habiter Ostende où il rétablit le contact avec Spilliaert et James Ensor ; sa vision devient alors nettement expressionniste et son langage des formes plus concis ; juste avant la Première Guerre mondiale, il découvre à Bruxelles et à Anvers l'œuvre des expressionnistes allemands et de Vincent van Gogh.
En 1913, il peint une Maternité.
En 1914, Constant Permeke est mobilisé ; gravement blessé par des éclats d'obus sur la route qui mène au fort de Duffel , il est évacué d'abord sur Anvers et transféré ensuite en Angleterre. Les médecins estiment devoir recourir à l'amputation des deux jambes, mais il s'y oppose farouchement. À 28 ans le voilà invalide et ne pouvant marcher qu'avec des béquilles. Physiquement atteint et moralement abandonné, il est sans ressources d'aucune sorte[3]. Après un séjour de plusieurs mois à l'hôpital, il retrouve sa famille et s'installe avec elle à Chardstock, Devonshire et plus tard à Sidmouth et à Sidford . Il reprend goût à la peinture et sa nouvelle manière est toute d'impatience et d'exaspération.
En 1915, Gustave De Smet, Frits van den Berghe et André De Ridder assurent la survivance du cercle "Open Wegen". Ils prennent contact avec Le Fauconnier et les peintres hollandais des groupes "Hollandsche Kunstenaarskring" et "Het Sienjaal" (Sluyters, Charley Toorop, Léo Gestel) ; ils correspondent avec les artistes belges réfugiés en Angleterre, notamment avec Gustave Van de Woestijne et Permeke.
En 1916, à Chardstock, Permeke peint Le buveur de cidre, Le boucher et L'étranger, toile qui avec celles de Servaes prélude à l'expressionnisme flamand.
En 1917, Permeke peint La moisson dans le Devonshire, toile dont le sujet est à peine perceptible, flambée de couleurs éclatantes qui annoncent la peinture informelle.
En 1918, après plusieurs années passées en Angleterre, Permeke rentre en Belgique et séjourne quelque temps à Anvers avant de résider à Ostende où il reprend contact avec ses amis Gustave De Smet, Frits van den Berghe et P.-G. Van Hecke.
En 1919, Permeke peint Le sermon dominical.
En 1920, Permeke expose à Bruxelles.
En 1921, à Ostende, Permeke entre dans une période d'intense création, il peint Femme de pêcheur, La kermesse et La femme au panier qui mettent en scène la mer et la vie des pêcheurs. Il expose à Anvers et à Paris.
En 1922, Frits van den Berghe et Gustave De Smet font un séjour auprès de Permeke à Ostende. Permeke peint La friterie et Over Permeke[4].
En 1923, Permeke peint Le pain noir, Les frères marins, et Les fiancés.
En 1925, Permeke devient membre de L'art contemporain d'Anvers ; un voyage d'agrément d'environ trois mois en 1925-26 le mène à Vevey en Suisse où il brosse quelques paysages en guise de souvenir. Il peint L'homme au panier et La femme en prière.
En 1928, Constant Permeke peint La famille au chat, Dimanche, Lueur du soir et La roulotte Frits van den Berghe peint La statue qui chante, Le beau mariage et Arbre.
En 1929, à Jabbeke, Permeke se fait construire une grande maison comportant plusieurs ateliers et appelée De Vier Winden[5]; il met dorénavant en scène le monde agricole ; il peint Paysanne, son chef-d'œuvre La truie, et Maternité.
En 1930, Permeke occupe sa nouvelle maison et peint Le faucheur et Hiver à Jabbeke.
En 1933, il peint Le semeur et La femme au pain.
En 1934, il dessine Les deux sœurs et peint L'étable.
En 1935, il peint Le mangeur de pommes de terre, Récolte dorée et le Portrait de Gustave Van Geluwe .
En 1936, il peint une Maternité et aborde la sculpture, il modèle en terre glaise une figure de grandes dimensions, Marie-Lou, et taille dans le bois dur un Autoportrait.
En 1939, il sculpte Le semeur.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Permeke est interdit de peindre par l'occupant allemand, son art étant perçu comme dégénéré. Son fils Paul est envoyé en Allemagne dans le cadre du STO.
En 1941, il dessine le Grand nu couché.
En 1942, il peint L'orage.
En 1943, il peint Le grand nuage et L'aurore ; Gustave de Smet meurt, une sculpture de Permeke est placée sur sa tombe au cimetière communal de Deurle.
En 1944, il sculpte le Nu drapé et une Figure agenouillée.
En 1945, il peint Paysage doré.
En 1946, il sculpte Niobé.
En 1948, il perd sa femme ; en souvenir d'elle, il peint un tableau intitulé L'adieu ; il sculpte Les trois grâces.
En 1949, il sculpte un Nu couché qu'il destine à la tombe de sa femme. Malade, il est soigné par sa fille.
En 1950, il sculpte Léa et peint Pain quotidien.
En 1951, il voyage en Bretagne et peint plusieurs Paysage de Bretagne.
En 1952, Permeke meurt à Ostende, il est inhumé à Jabbeke et une sculpture de George Minne est placée sur sa tombe.
En 1959, sa maison et son atelier à Jabbeke sont transformés en musée, le Permekemuseum , à l'initiative de son fils Paul Permeke, lui aussi peintre[6],[1].
Portrait de l'artiste adulte
De taille ramassée, la démarche lourde, la nuque épaisse, le visage rougeaud avec des sourcils broussailleux et blonds et une lippe qui hésite entre la moue et la raillerie. Des mains fortes et velues animées par moments de très fins mouvements des doigts, des "doigts carrés et écourtés" (Karel van de Woestijne). il sait rire aux éclats, être parfois bougon et insatisfait et d'autres fois réellement ému. Il a connu la misère noire et a logé dans des taudis. Il a l'allure peuple avec des petits yeux finauds qui épient pour se divertir. Il déborde de puissante cordialité et sa malice même est affectueusement enjouée. Il n'a cure de se cultiver et en s'en cache pas. Il veut que tout ce qui vient de lui comme tout ce qui le concerne soit colossal et multiple. Il prend plaisir comme un gamin à tirer à l'arc, à renverser des quilles, à sillonner les dunes, à faire des surprises à ses amis[7].
Les périodes de son œuvre
Lors d'une exposition rétrospective de ses œuvres qui eut lieu à Bruxelles en 1930, Permeke a lui-même classé son travail par périodes. Il en distingue quatre :
- Avant 1914, lieu principal de résidence Laethem : manière impressionniste et préparation à l'expressionnisme.
- Pendant la guerre 1914-1918, Chardstock dans le Devonshire : manière fougueuse et généralement sombre, parfois uniformément éclatante.
- Après 1918 et jusqu'en 1925, lieu de résidence principal Ostende: nette affirmation de l'expressionnisme, motifs inspirés par la mer et les pêcheurs.
- de 1925 à 1930, lieu principal de résidence Jabbeke: manière toujours emportée, motifs champêtres ; cette période prolonge une production inégale jusqu'en 1940 ; à son activité de peintre s'ajoute à partir de 1936 celle de sculpteur[8].
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Maternité ('Femme Ostendaise') (1913)
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Famille avec chat (1928)
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Tiegem
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Le Fumeur (c.1927)
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Femme du Pêcheur (1921)
Collections publiques
En Belgique, ses œuvres sont conservées au musée royal des beaux-arts d’Anvers, au Musée Groeninge de Bruges, Musée des beaux-arts de Gand, au Musée communal des beaux-arts d’Ixelles, au Musée d'art à la mer d'Ostende, aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique, au Permekemuseum à Jabbeke[1]. En dehors de la Belgique, ses œuvres sont visibles dans de nombreux musées à Grenoble, Paris, Prague, Rotterdam.
- Quelques œuvres peintes de Constant Permeke : [1]
- Maternité (vers 1913), huile sur toile, 55 × 74 cm, Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam[9].
- L'étranger (1916), Musées royaux des beaux-arts de Belgique
- Le boucher (1916), Musée communal des beaux-arts d’Ixelles
- La Femme au panier (1920) et La kermesse (1921), La friterie (1922), L'homme à la veste, 1928, Mer verte, (1935), Musée royal des beaux-arts d'Anvers
- Les Fiancés (1923), Le mangeur de pommes de terre (1935), Musées royaux des beaux-arts de Belgique [2]
- Over Permeke (1922), Paysanne, 1929, Permekemuseum à Jabbeke
- L'homme au panier (1925), Le cabriolet (1926), La roulotte (1928), Maternité (avec enfant blanc) (1929), Le pain quotidien (1950) au Musée d'art à la mer d'Ostende
- Paysan couché (1929), Musée des beaux-arts de Gand
- L'Etable (1933), Palais de Beaux-Arts de Lille
- Paysage doré (1945), Musées royaux des beaux-arts de Belgique, [3]
Expositions
- En 1930, exposition rétrospective à Bruxelles.
- En 1947-48, exposition rétrospective à Paris
- En 1959, une rétrospective a lieu au musée royal des beaux-arts d'Anvers
- En 1998, une importante rétrospective a lieu à l'Hôtel de ville de Paris.
- En 2004/2005, une rétrospective au musée municipal de La Haye (Gemeentemuseum Den Haag)
- En 2012/2013 : Constant Permeke : Rétrospective au Palais des beaux-arts de Bruxelles.
Hommages et distinctions
Hommages
- Le dernier billet de 1 000 francs belges émis en 1997, avant le passage à l'euro, affichait au recto le visage et au verso la peinture Le paysan couché de Constant Permeke.
- Timbres poste : la poste belge a émis des timbres évoquant le peintre en 1957, 1961 et 1993.
- Son masque mortuaire par Constant Lambrecht est exposé au musée d'art à la mer d'Ostende.
Distinction
- Officier de l'ordre de la Couronne ()[10].
Notes et références
- André Moerman 1995
- Ville de Bruges, acte de mariage n° 198 du 25 juin 1912. D'une part, Constantinus Henricus Maria Josephus Permeke, artiste-peintre, âgé de 25 ans, né à Anvers le 31 juillet 1886, habitant à Ostende et auparavant à Laethem-Saint-Martin, fils d'Henricus Ludovicus Permeke, artiste-peintre, âgé de 62 ans, et de Stephania Francisca Buytaert, ménagère, âgée de 69 ans, tous deux résidant à Ostende, présents et consentant au mariage, et d'autre part, Maria Ludovica Cornelia Delaere, sans profession, âgée de 25 ans, née à Poperingue le 22 avril 1887, habitant à Bruges et auparavant à Laethem-Saint-Martin, fille d'Emilius Cornelius Delaere, marchand de lin, âgé de 45 ans, et d'Evelina Silvia Maria Cornelia Bervoet, ménagère, âgée de 43 ans, tous deux habitant à Frelinghien et consentant au mariage. Les témoins étaient Berthe Delaere, sans profession, âgée de 24 ans, habitant à Heyst-sur-Mer, sœur de la mariée, et Isidore Zwaenepoel, employé, âgé de 54 ans, habitant à Bruges, non parent des mariés.
- Une demande d'aide adressée au Ministère des beaux-arts de Belgique installé à Londres est cyniquement repoussée.
- Une de ses maîtresses toiles, il s'y représente lisant et entouré de sa famille.
- Les quatre vents.
- Paul Haesaerts 1982, p. 20-27/218/250/257
- Paul Haesaerts 1982, p. 249
- Paul Haesaerts 1982, p. 250-251
- « Maternité », sur boijmans.nl, (consulté le )
- Rédaction, « Dans les ordres nationaux », Le Soir, no 208, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Paul Haesaerts, Laethem-Saint-Martin : Le village élu de l'art flamand, Anvers, Fonds Mercator, , 523 p.
- André De Ridder, Laethem-Saint-Martin, colonie d'artistes, Bruxelles, Lumière, , 381 p.
- André Moerman, Constant Permeke, Bruxelles, La Renaissance du livre, (lire en ligne)
- (en) Roger Avermaete, « Permeke, Constant », dans Grove Art Online, Oxford University Press, (ISBN 9781884446054, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
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- Treccani
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
- « Constant Permeke » Dictionnaire des peintres belges sur le site de l'IRPA
- Musée Constant Permeke Jabbeke
- Naissance à Anvers
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