Cinébref

Cinébref est une chaîne de salles de cinéma d'actualités fondée en 1935 par Jacques Willy Walch, avec pour slogan « En une heure, à toute heure ».
Histoire
En 1935, Jacques Willy Walch, un Français originaire de Lyon, ancien pilote d'avion et d'hydravion de la Première Guerre mondiale[1],[2], reconverti en homme d'affaires, crée la chaîne de salles de cinéma « Cinébref » dédiée à la projection d'actualités[3]. Le concept est totalement nouveau : la projection commence le matin à 10 heures et prend fin à minuit ; pour un prix modique, le public peut « En une heure, à toute heure » s'informer et se divertir en assistant à un spectacle de projection d'actualités en provenance du monde entier, de documentaires et de films amusants[1].
Après avoir ouvert des salles dans plusieurs capitales – Paris, Bruxelles, Londres, Amsterdam, Copenhague – et grandes villes européennes – Anvers, Rotterdam, Lyon (1936[4]), Grenoble, Strasbourg (1935[5], 240 places[6]), Marseille, Lille –, ainsi qu'en Afrique du Nord – Alger et Tunis –, Willy Walch s'associe à Paul Marmonier pour introduire la SA Cinébref sur le marché helvétique en 1936[7] en ouvrant une première salle à Genève dans l'ancien Caméo[1],[8], et l'année suivante deux salles supplémentaires, l'une à Bâle (558 places)[9] et l'autre à Zürich[10].
En 1938, Willy Walch se retire déjà de la direction des salles suisses pour développer l'activité de la Walch Filmcorporation en France et aux États-Unis[11],[12].
En 1943 est créée en Suisse une Caisse de prévoyance en faveur du personnel de Cinebref S.A., à Genève, dont Paul Marmonier préside toujours le conseil, pour « venir en aide aux employés de la société, ainsi qu'aux familles de ce personnel qui seraient dans la gêne en cas de maladie, décès, chômage, crise, accidents ou vieillesse »[13]. Le Cinébref de Genève est démoli en 1967[8].
Conception des salles
Willy Walch s'adresse à des architectes et décorateurs de renom pour dessiner les salles. Le plan du Cinébref de Strasbourg, Der Nouvel, est confié à Georges-Henri Pingusson[14],[15]. Sous l'écran, une horloge donne l'heure[5].
En 1936, l'aménagement d'un Cinébref dans une vieille maison du centre de Nantes est confié à Marc-Joseph Saugey, qui fait appel à Georges Aubert pour la décoration[16]. La même année, Cinébref est installé à Genève dans l'ancien cinéma Caméo complètement réaménagé : un dispositif anti-bruit et un arrangement spécial des fauteuils permettent un va-et-vient permanent sans déranger les spectateurs, la salle est entièrement climatisée et la cabine de projection ultra-moderne[1].
Programme
Les actualités filmées en provenance du monde entier sont soigneusement sélectionnées et des éditions spéciales présentent les grands événements, comme les funérailles du commandant Charcot ; dans les divertissements, les spectateurs peuvent voir des films avec des vedettes comme Shirley Temple, Buster Keaton, Fernandel ou Charlot, mais aussi des productions de Walt Disney ; les documentaires traitent notamment de l'aviation, du sport automobile, du hippisme et d'autres sports. Les spectacles sont conçus pour que les enfants puissent y assister[1] car « tout film immoral, indécent scabreux ou simplement léger sera systématiquement écarté du programme »[5]. En Suisse est instauré un « Comité de contrôle pour la moralité dans les programmes des Cinébref »[17],[18].
Dans la littérature
Dans son livre Le Dernier Français (2012), Abd al Malik évoque le « cinéma pour adultes (le Ciné Bref, au centre ville) » de Strasbourg[19].
Références
- « La formule du cinéma ultra-moderne : Cinébref », Le Journal de Genève, no 291, , p. 8 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Walch, Jacques Willy », dans NARA - M1675 - Alphabetical Index to Declarations of Intention of the US District Court for the Southern District of New York, 1917-1950 - Petitions for Naturalization (lire en ligne).
- ↑ Jean-Jacques Meusy, « CINEAC, un concept, une architecture », Les Cahiers de la Cinemathèque, Perpignan, no 66, , p. 93-131.
- ↑ Tristan Vuillet, Les Cinémas de Lyon : Guide des sources présentes aux Archives municipales 1862-2020, Archives municipales de Lyon, , 66 p. (lire en ligne), p. 36.
- « Les cinémas disparus de Strasbourg, l'hécatombe des années 80 », Les Dernières Nouvelles d'Alsace, édition de Strasbourg, sur dna.fr, (consulté le ).
- ↑ « Cinéma Vox à Strasbourg », sur salles-cinema.com, (consulté le ).
- ↑ « Registre du commerce : Spectacles cinématographiques », Schweizer Film Suisse, vol. 48, , p. 7 (lire en ligne, consulté le ).
- « Genève, rue du Marché: cinéma Caméo (entrée) », Iconographie, sur bge-geneve.ch, Bibliothèque de Genève (consulté le ).
- ↑ (de) « Cinebref / Rex », sur traumkinobasel.ch (consulté le ).
- ↑ (de) « Aus dem schweizerischen Hand eisamtsblatt », Schweizer Film, vol. 3, no 54, , p. 15 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « M. Walch de Genève nous communique », La Cinématographie française, vol. 20, no 1036, , p. 20 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Une nouvelle salle d'exclusivité s'ouvrira bientôt à New York », La Cinématographie française, vol. 21, no 1051, , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Feuille officielle du commerce : Genève », Schweizer Film Suisse, vol. 9, no 5, , p. 24 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Cinéma Cinébref », sur archi-wiki.org (consulté le ).
- ↑ Élisabeth Vitou, « Fonds : Pingusson, Georges-Henri (1894-1978) », sur archiwebture.citedelarchitecture.fr (consulté le ).
- ↑ Catherine Courtiau, « Les cinémas de Marc J. Saugey », La Couleur des jours, vol. 36, , p. 10-15 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Henri Roth, Censuré ! 1934-1980 : Histoire de la commission de contrôle des films de Genève, Genève, Slatkine, , 247 p..
- ↑ Roland Cosandey, « Ils n’ont rien compris au Chien andalou… Une lecture de Censuré ! d’Henri Roth », Décadrages, vol. 37-38, , p. 194-206 (DOI 10.4000/decadrages.1280, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Abd al Malik, Le Dernier Français, Cherche Midi, , 241 p. (ISBN 9782749125404, lire en ligne
), p. 55.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Sophie Simon, « Qui se souvient des cinémas Cinébref, le Dôme, l'Empire, le Star ? », La Tribune de Genève, (lire en ligne, consulté le ).