Brachiopoda

(Redirigé depuis Brachiopode)

Les brachiopodes (Brachiopoda), du grec βραχίων / brakhíōn (« bras ») et πούς, ποδός / poüs, podos (« pied »), sont des animaux lophotrochozoaires marins. Ils ont connu un grand succès évolutif au Paléozoïque, où ils furent extrêmement abondants et diversifiés, laissant une grande quantité de fossiles. Il n'en existe plus aujourd'hui que 460 espèces à peine, relativement discrètes.

Anatomie

Crédit image:
licence CC BY-SA 1.0 🛈
Morphologie d'un brachiopode.
Planche des brachiopodes (« Spirobranchia ») d'Ernst Haeckel (1904).

Les brachiopodes sont des animaux extrêmement anciens, appartenant comme les mollusques au groupe des protostomiens. De même que les mollusques bivalves (moule, huître, etc.), la coquille est composée de deux valves. Cependant, l'orientation des valves par rapport au corps est différente, car le plan de symétrie de l'animal est perpendiculaire au plan de séparation de ces dernières. Les brachiopodes ont une valve ventrale (ou pédonculaire, la plus grande) et une valve dorsale (ou brachiale, la plus petite), tandis que les mollusques bivalves ont une valve droite et une valve gauche.

Une coquille de brachiopode en bon état peut être facilement distinguée d'une coquille de mollusque bivalve par la présence, à l'intérieur, d'un brachidium, qui est le squelette brachial de forme souvent spiralée et complexe qui correspond au support calcaire du lophophore. Depuis cette structure s'élancent des sortes de filaments ciliés, qui capturent le plancton et l'emmènent ensuite à la bouche (tandis que les bivalves se nourrissent en absorbant de l'eau, qui est filtrée à l'intérieur de la coquille).

Deux grands groupes morphologiques se distinguent : les Inarticulés ou Ecardines, aux valves simplement reliées par les muscles et les Articulés ou Testicardines, où elles sont jointes par l’intermédiaire de charnières calcaires. Quant à leur anatomie, elle comprend à l'arrière les viscères, attachées le plus souvent par un pied (pédoncule) au support. À l'avant, entourant la bouche, se trouve le lophophore, sorte de bras muni de cils qui permet à l'animal de brasser et filtrer l'eau de mer, garantissant ainsi nutrition et oxygénation. Les brachiopodes sont avant tout sessiles (vivant fixés au substrat), même si de rares formes vagiles existent, par exemple en Nouvelle-Zélande.

Les brachiopodes fossiles conservent généralement la charnière et le brachidium, mis en évidence par attaque de l'eau sur les blocs les renfermant.

Écologie et histoire évolutive

Alors qu'on connaît environ 12 000 espèces fossiles de brachiopodes, on n'en connaît que 461 espèces actuelles, regroupés dans 5 ordres (contre une trentaine d'ordres fossiles au moins). Ils ont surtout été florissants au Paléozoïque et notamment à l'Ordovicien (−485 à −443 Ma), mais leur abondance s'est effondrée lors de l'extinction Permien-Trias, il y a environ 252 Ma. Ils ont ensuite été supplantés dans leur niche écologique par les bivalves (environ 9 200 espèces actuelles)[1].

Les brachiopodes ont abandonné les niches écologiques qu'ils occupaient auparavant pour se retirer dans des milieux plus adaptés à leur besoins vitaux. Aujourd'hui, on trouve ces organismes, exclusivement marins, dans toutes les mers du monde, bien que la majorité d'entre eux semblent préférer les eaux froides. Ils occupent un intervalle bathymétrique très étendu, allant des plates-formes peu profondes (0–200 m) aux zones abyssales (plus de 4 500 m). La nature du substrat, fonds durs (parois rocheuses, débris coquilliers, tubes de serpules, etc.) ou fonds meubles (vase, sable, etc.), l’énergie du milieu et les apports terrigènes, conditionnent l’installation et la radiation des peuplements de brachiopodes.

Brachiopodes contemporains en France

Plusieurs espèces contemporaines peuvent s'observer aujourd'hui dans les eaux de France métropolitaine. En méditerranée, les plongeurs en observent régulièrement dans certaines grottes[2], en compagnie d'autres espèces inhabituelles[3]. Il y a également eu de nombreuses observations aux alentours de Ouessant[4]. D'autres espèces, plus cryptiques, ou vivant plus profondément, telles que Novocrania anomala peuvent cependant être très fréquentes et abondantes, même si rarement observées pour ces mêmes raisons.

Origine et phylogénie

Le phylum des Brachiopodes est très ancien. Les premières formes connues datent déjà du Cambrien. Les espèces paléozoïques ont été presque toutes décimées par la crise permo-triasique. Leurs fossiles sont très précieux pour les datations des strates de cette période.

Brachiopodes

d'après Williams, Carlson, and Brunton, 2000

Sous-embranchement Classes Ordres Extinction
Linguliformea Lingulata Lingulida    —   
Siphonotretida Ordovicien
Acrotretida Dévonien
Paterinata Paterinida Ordovicien
Craniformea Craniforma Craniida    —   
Craniopsida Carbonifère
Trimerellida Silurien
Rhychonelliformea Chileata Chileida Cambrien
Dictyonellidina Permien
Obolellata Obolellida Cambrien
Kutorginata Kutorginida Cambrien
Strophomenata Orthotetidina Permien
Triplesiidina Silurien
Billingselloidea Ordovicien
Clitambonitidina Ordovicien
Strophomenida Carbonifère
Productida Permien
Rhynchonellata Protorthida Cambrien
Orthida Carbonifère
Pentamerida Dévonien
Rhynchonellida    —   
Atrypida Dévonien
Spiriferida Jurassique
Thecideida    —   
Athyridida Crétacé
Terebratulida    —   

Classification selon BioLib (19 août 2020)[5] :

  • sous-embranchement Craniiformea Popov, Basset, Holmer & Laurie, 1993
  • sous-embranchement Linguliformea Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
    • classe Lingulata
    • classe Paterinata Williams & al., 1996 †
  • sous-embranchement Rhynchonelliformea Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
    • classe Rhynchonellata
    • genre Yongjia Liu, 1977
    • classe Chileata †
    • classe Kutorginata †
    • classe Obolellata Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
    • classe Strophomenata Williams & al., 1996
    • genre Agastapleura Xu, 1978
    • genre Biarea Torbakova, 1959
    • genre Cornwallia Wilson, 1932
    • genre Dirinus M'Coy in Griffith, 1844
    • genre Jilinia Liu, 1977
    • genre Larium Gregorio, 1930
    • genre Manosia Zeng, 1983
    • genre Nekvasilovella Calzada, 1987
    • genre Neogypidula Likharev, 1934
    • genre Pomatospirella Bittner, 1892
    • genre Reflexia Rotai, 1931
    • genre Rhynchoferella Spriestersbach, 1942
    • genre Rictia Gregorio, 1930
    • genre Socraticum Gregorio, 1930
    • genre Spondylobolus McCoy, 1851
    • genre Venezuelia Weisbord, 1926
    • genre Virbium Gregorio, 1930
    • genre Yeosinella Reed, 1933
  • ordre Tommotiida Missarzhevsky, 1970
  • genre Pyriusina Aksarina, 1992


Crédit image:
licence CC BY-SA 3.0 🛈
Petrocrania scabiosa (Craniida, Craniidae)
Crédit image:
Mai Seppel
licence CC BY-SA 4.0 🛈
Dinobolus davidsoni (Trimerellida, Trimerellidae)
Crédit image:
Zhiliang Zhang, Zhifei Zhang, Lars E. Holmer & Feiyang Chen
licence CC BY 4.0 🛈
Eohadrotreta zhenbaensis (Acrotretida)
Lingula anatina (Lingulida, Lingulidae)
Crédit image:
Mai Seppel
licence CC BY-SA 4.0 🛈
Un Siphonotreta.
Crédit image:
licence CC BY-SA 3.0 🛈
Dagnochonetes supragibbosa (Rhynchonellata)
Crédit image:
licence CC BY-SA 3.0 🛈
Burmirhynchionella decorata (Rhynchonellida, Rhynchonellidae)
Crédit image:
licence CC BY-SA 3.0 🛈
Frenulina sanguinolenta (Terebratulida, Frenulinidae).

Liste des groupes actuels selon World Register of Marine Species (25 février 2016)[6] (qui ne considère pas tous les taxons fossiles) :

  • sous-embranchement Craniiformea Popov, Basset, Holmer & Laurie, 1993
    • classe Craniata Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
      • ordre Craniida Waagen, 1885
        • super-famille Cranioidea Menke, 1828
  • sous-embranchement Linguliformea Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
    • classe Lingulata Gorjansky & Popov, 1985
      • ordre Lingulida Waagen, 1885
        • super-famille Discinoidea Gray, 1840
          • famille Discinidae Gray, 1840
        • super-famille Linguloidea Menke, 1828
  • sous-embranchement Rhynchonelliformea Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
    • classe Rhynchonellata Williams, Carlson, Brunton, Holmer & Popov, 1996
      • ordre Rhynchonellida Kuhn, 1949
        • super-famille Dimerelloidea Buckman, 1912
          • famille Cryptoporidae Muir-Wood, 1955
        • super-famille Hemithiridoidea Rzhonsnitskaia, 1956
          • famille Hemithirididae Rzhonsnitskaia, 1956
          • famille Notosariidae Manceñido & Owen, 2001
        • super-famille Norelloidea Ager, 1959
          • famille Frieleiidae Cooper, 1959
          • famille Tethyrhynchiidae Logan in Logan & Zibrowius, 1994
        • super-famille Pugnacoidea Rzhonsnickaia, 1956
          • famille Basiliolidae Cooper, 1959
        • famille Rhynchonellidae
      • ordre Terebratulida Waagen, 1883
        • sous-ordre Terebratellidina
          • super-famille Bouchardioidea Allan, 1940
          • super-famille Kingenoidea Elliot, 1948
          • super-famille Kraussinoidea Dall, 1870
          • super-famille Laqueoidea Thomson, 1927
          • super-famille Megathyridoidea Dall, 1870
          • super-famille Platidioidea Dall, 1870
          • super-famille Terebratelloidea King, 1850
          • super-famille Zeillerioidea Allan, 1940
        • sous-ordre Terebratulidina
          • super-famille Cancellothyroidea Thomson, 1926
          • super-famille Dyscolioidea Fischer & Oehlert, 1891
          • super-famille Terebratuloidea Gray, 1840
      • ordre Thecideida Elliot, 1958
        • super-famille Thecideoidea Gray, 1840
          • famille Thecideidae Gray, 1840
          • famille Thecidellinidae Elliot, 1958


Phylogénie putative
Brachiopoda
 ├─Linguliformea                 
 │   ├─Lingulata                 
 │   └─Paterinata†
 ├─Craniformea
 │   └─Craniida
 └─Rhynchonelliformea
     ├─Chileata†
     └─N.N.
         ├─Obolellata†
         ├─Kutorginata†
         └─Articulata
              ├─Strophomenata†
              └─Rhynchonellata

Galerie

Références taxinomiques

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Hervé Le Guyader, « Le plus vieux parasite du monde », Pour la science, no 514,‎ , p. 92-94 (présentation en ligne).
  2. LUISA BERGAMIN, EMMA TADDEI RUGGIERO, GIANCARLO PIERFRANCESCHI et BELEN ANDRES, « Benthic foraminifera and brachiopods from a marine cave in Spain: environmental significance », Mediterranean Marine Science, vol. 21, no 3,‎ , p. 506 (ISSN 1791-6763 et 1108-393X, DOI 10.12681/mms.23482, lire en ligne, consulté le )
  3. Vasilis Gerovasileiou et Eleni Voultsiadou, « Marine Caves of the Mediterranean Sea: A Sponge Biodiversity Reservoir within a Biodiversity Hotspot », PLoS ONE, vol. 7, no 7,‎ , e39873 (ISSN 1932-6203, DOI 10.1371/journal.pone.0039873, lire en ligne, consulté le )
  4. « Observations de Brachiopodes en France sur INaturalist » Accès libre, sur https://www.inaturalist.org/observations?place_id=6753&subview=map&taxon_id=122158 (consulté le )
  5. BioLib, consulté le 19 août 2020
  6. World Register of Marine Species, consulté le 25 février 2016

Liens externes