Aquamanile

Aquamanile
Aquamanile en bronze (ca. XIIe – XIIIe siècle)

Un aquamanile est une aiguière destinée au lavage des mains, dans une liturgie ou dans la vie courante. Le nom français aquamanile vient des deux mots latins signifiant eau (aqua) et main (manus). Pour la plupart, les quelque 400 aquamaniles médiévaux parvenus jusqu'à nous sont faits en céramique ou en métal — alliage cuivreux ou métal précieux — et représentent un lion ou un autre animal.

Historique de l'aquamanile

Les premiers aquamaniles apparaissent au Proche-Orient. En Europe, ils se répandent du haut Moyen Âge au moyen Âge tardif.

L'usage liturgique chrétien s'inspire d'un passage de l'évangile selon Matthieu, « la malédiction du sang » (Mt 27:25) : lorsque le préfet de Judée, Pilate, se voit déférer Jésus de Nazareth, il doute de la culpabilité du Nazaréen, mais s'incline devant la foule qui choisit que soit libéré Barabbas et non Jésus. C'est en se lavant les mains qu'il se proclame « innocent du sang de ce juste ». Le sens symbolique de cette ablution purificatrice est clair pour les chrétiens du Moyen Âge européen.

Dans la liturgie catholique, le prêtre marque sa pureté avant le sacrifice en se lavant les mains entre l'offertoire et la consécration, et prononce ces mots du psaume 26 « Lavabo inter innocentes manus meas ». Ce lavement, purement symbolique et non hygiénique, nécessite l'eau, et deux récipients : celui d'où elle est versée, et celui dans lequel elle est recueillie ensuite. [note 1].

Formes

Les aquamaniles médiévaux en céramique commune glaçurée ne nous sont pas parvenus. Plus précieux étaient les aquamanile en métal, alliage cuivreux fondus à la cire perdue, et en métal précieux. Les aquamaniles des collections publiques[Lesquelles ?] sont majoritairement des productions allemandes des XIIIe et XIVe siècles, en alliages cuivreux. Ils se distinguent de l'aiguière commune par leur forme, l’œnochoé à son anse et, au tonnelet, le robinet. D'abord zoomorphe comme le rhyton antique, et ils sont plus tard anthropomorphes : chevalier, centaure, lai d'Aristote. Le lion est le sujet le plus fréquent. Griffon et chimère ailée ne sont pas rares pour les aquamaniles orientaux anciens. La forme seule d'un aquamanile ne permet pas de déterminer qiel était son usage : les inventaires d'églises mentionnent des aquamaniles en forme de lion, dragon, oiseaux, etc.

Autres dispositifs de lavement des mains

La puisette, petit récipient en alliage cuivreux à bec verseur et anse, est une alternative statique à l'aquamanile. Installée dans une niche, au-dessus d'un bassin mobile ou d'une cuvette d'évacuation, on la retrouve dans les deux univers sacré et profane. Elle compense la fixité de son emplacement en offrant à l'individu la possibilité de l'utiliser seul, au contraire de l'aquamanile, dont le poids joint au caractère précieux implique la présence d'un serviteur. La fontaine murale, récipient muni d'un robinet, est une variante de la puisette.

Un lavabo collectif, où l'eau se déversait d'un édicule muni d'une fontaine vers un bassin, pouvait être utilisé simultanément par plusieurs personnes, la fontaine dispensant bien plus d'eau qu'un aquamanile ou une puisette. On peut en voir une à l'abbaye du Thoronet.

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Notes et références

  1. La forme du premier (aquamanile, aiguière ou puisette) est peu importante, tant qu'il contient assez d'eau pour effectuer le lavement, mais le réceptacle peut être un bassin, en céramique ou métal, ou une piscine architecturale, placée du côté droit de l'autel vu par les fidèles (côté de l'épître), composée d'une cuvette et d'une évacuation. Certaines piscines sont géminées, pour que l'écoulement des eaux du lavabo ne se mélange pas à celles des ablutions des vases sacrés faites après la communion.

    Enfant d'honneur, lave tes mains
    À ton lever, à ton dîner,
    Et puis au soupper sans finer ;
    Ce sont trois foyas à tout le moins

    — Contenances de la table, manuscrit du XVe siècle

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (de) O. von Falke et E. Meyer, Romanische Leuchter und Gefässe. Giessgefässe der Gotik, Berlin, (OCLC 1099683)
  • (en) Peter Barnet et Pete Dandridge, Lions, Dragons, & other Beasts : Aquamanilia of the Middle Ages : Vessels for Church and Table (Bard Graduate Center for Studies in the Decorative Arts, Design & Culture), New Haven, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-11684-7, OCLC 63807726)

Liens externes