Alphonse de Cardevac d'Havrincourt

Alphonse de Cardevac d'Havrincourt
Fonctions
Sénateur français

(4 ans, 10 mois et 21 jours)
Circonscription Pas-de-Calais
Successeur Louis Florent-Lefebvre
Député français

(3 ans, 11 mois et 20 jours)
Élection 14 octobre 1877
Circonscription 2e d'Arras
Législature IIe (Troisième République)
Prédécesseur Louis Florent-Lefebvre
Successeur Louis Florent-Lefebvre

(5 ans, 10 mois et 27 jours)
Élection 31 mai 1863
Circonscription 6e du Nord
Groupe politique Majorité dynastique
Prédécesseur Henri Lemaire
Successeur Charles Boduin

(2 ans, 6 mois et 19 jours)
Élection 13 mai 1849
Circonscription Pas-de-Calais
Groupe politique Droite
Prédécesseur Célestin Denissel
Successeur Antoine Douay
Président du Conseil général du Pas-de-Calais

(2 ans)
Prédécesseur Hippolyte Plichon
Successeur Louis-Joseph Martel
Conseiller général du Pas-de-Calais

(46 ans)
Circonscription Canton de Bertincourt
Successeur Marquis Emery Henri de Cardevac d'Havrincourt
Maires d'Havrincourt
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Havrincourt (Pas-de-Calais)
Date de décès (à 85 ans)
Lieu de décès Havrincourt (Pas-de-Calais)
Nationalité Drapeau de la France Français
Parti politique Majorité dynastique
Droite
Conjoint Henriette-Emma de Rochechouart de Mortemart[1]
Diplômé de École polytechnique

Alphonse de Cardevac d'Havrincourt
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Maires d'Havrincourt

Alphonse Pierre de Cardevac, marquis d'Havrincourt, né le à Havrincourt (Pas-de-Calais) et décédé le dans la même ville est un aristocrate, innovateur en agriculture, et homme politique français.

Biographie

Origines familiales

Alphonse Pierre de Cardevac d'Havrincourt nait le à Havrincourt, fils de Anaclet Henry Cardevac d'Havrincourt, propriétaire et maire d'Havrincourt, et de Marie Charlotte Aline Tascher[2].

Par sa mère il est un petit-fils de Pierre-Jean-Alexandre Tascher. Par son père il appartient à une ancienne famille noble de la province d'Artois connue depuis 1249 et anoblie en 1596 par le roi Philippe III d'Espagne moyennant le paiement d'une somme de 628 florins[3], à laquelle appartenait aussi Charles François Alexandre de Cardevac de Gouy, évêque d'Elne Perpignan de 1743 à 1783. Cette famille comptera également deux lieutenants généraux des armées du roi et un maréchal de camp en 1780[3]. La devise de la famille est « Mieux mourir que me ternir »[4].

Études et carrière

Il effectue ses études à Paris et à Douai. Il entre à l'école Polytechnique en 1826 puis entre à l'école d'application de l'artillerie et du génie à Metz en 1828. Lieutenant au 1er régiment d'artillerie en 1830, il prend part à la campagne de Belgique en 1831 pour faire appliquer le traité de Londres (Traité des XVIII articles) sous les ordres du maréchal Étienne Maurice Gérard dans le cadre de la révolution belge[4].

En 1833, à la mort de son père, il quitte l'armée pour se consacrer à la gestion de ses domaines et à l'agriculture[5].

Il entreprend des études agricoles à l'école d'agriculture de Grignon et s'installe définitivement à Havrincourt. il se montre ouvert au progrès agricole, tout en déclarant souhaiter améliorer la situation de ses employés, dont il attend qu'ils se montrent intéressés à bien faire[4].

Ses domaines recouvrent, en 1834, 1 100 hectares. Il se spécialise dans la betterave, notamment sucrière, et dans l'élevage surtout ovin. Il cherche à améliorer la qualité de l'élevage par des croisements, se préoccupe de viser une gestion exemplaire : un comptable à plein temps est nommé pour la sucrerie et la ferme, les ouvriers (236 tenanciers viennent chaque soir recevoir les directives[4].

Alphonse de Cardevac adhère à la société d'agriculture du Pas-de-Calais, recherche la performance dans son exploitation : entre 1850 et 1868, il va recevoir 37 médailles aux concours agricoles. il est à l'origine de la création de l'école départementale d'agriculture[4].

En 1852, après son échec à l'élection législative dans la 1re circonscription du Pas-de-Calais, il revient à son exploitation, se passionne pour la culture de la betterave à sucre, fonde en 1857 une fabrique de sucre puis en 1886 d'importantes raffineries de sucre de betterave (Industrie sucrière- Betterave sucrière). Sa production est ainsi transformée sur place en tablettes de sucre blanc, livré directement aux consommateurs et affranchi de la pression du syndicat des raffineurs[4]. Les produits de ses usines reçoivent des récompenses aux Expositions de 1862 et 1868 (Expositions internationales)[5].

La renommée d'Alphonse de Cardevac se répand, les sociétés d'agriculture le recherchent comme membre (sociétés de Cambrai, Douai, Saint-Quentin), il devient membre des conseils d'administration de la société nationale des agriculteurs de France (Académie d'agriculture de France ?) et l'école de Grignon. Il multiplie les mémoires et articles sur le sujet[4].

Il est chambellan honoraire de l'empereur Napoléon III à partir de 1860, puis chambellan de l'impératrice et en 1862 chambellan[4] (sa mère est apparentée à l'impératrice Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Ier). Cette fonction lui fait côtoyer à Compiègne nombre de souverains de l'époque et peut contribuer à expliquer ses décorations étrangères (voir ci-dessous Distinctions). Il représente Napoléon III en 1865 au couronnement de Léopold II (roi des Belges) et reçoit ultérieurement la croix de commandeur de l'ordre de Léopold.

Il meurt un an après la fin de son dernier mandat politique, celui de sénateur, le , à Havrincourt, à l'âge de 85 ans. À son décès, déclaré par son fils Aimery Henri de Cardevac, comte d'Havrincourt, propriétaire à Havrincourt, qui va hériter du titre, et par son gendre Jacques Charles Frédéric, marquis de Chabannes la Palice Curton (Famille de Chabannes), propriétaire à Lapalisse, Alphonse Pierre de Cardevac marquis d'Havrincourt, est dit agriculteur industriel et décédé en son château d'Havrincourt. Suit l'énumération de ses décorations et mandats politiques[6].

Carrière politique

Politiquement Alphonse de Cardevac ne cache pas sa préférence pour l'ordre, et affiche tout au long de sa carrière des opinions conservatrices. Il va hésiter au moment de l'accession au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte : après le coup d'état du 2 décembre 1851, perpétré par le futur Napoléon III pour rester au pouvoir, il se prononce un temps pour la déchéance de celui-ci. Arrêté, il est libéré trois jours plus tard et sera ensuite un fervent soutien du Second Empire[4].

Maire

Alphonse de Cardevac assure d'abord le mandat de maire d'Havrincourt. Il est élu maire en 1837 jusqu'à son décès en 1892. Il montre la même modernité dans le développement de la commune que dans la gestion de son exploitation, la dote d'équipements collectifs (école, salle d'asile, mairie, bureau de poste), améliore la qualité des routes et chemins, au besoin en avançant les fonds sur sa fortune personnelle[4].

En tant que maire, il appuie la construction du chemin de fer Achiet-Bapaume-Cambrai et devient un des principaux actionnaires de la compagnie[4].

Conseiller Général et Président du Conseil Général

Il devient conseiller général du canton de Bertincourt en 1846 et président du conseil général du Pas-de-Calais de 1867 à 1869, nommé par Napoléon III

Député

Alphonse de Cardevac d'Havrincourt se présente une première fois à la députation aux élections législatives de 1846 mais échoue à se faire élire, de même qu'aux élections de 1848.

Alphonse de Cardevac est député sous trois régimes politiques différents, avec à chaque fois des échecs aux élections entre ses différents mandats :

  • député du Pas-de-Calais à l'assemblée législative sous la Deuxième République du au , élu dans l'opposition sous l'étiquette conservateur progressiste[4], siégeant à droite. Il soutient la proposition du général Boniface de Castellane de réintégration dans l'armée des officiers généraux mis à la retraite par le gouvernement provisoire et devient rapporteur de la loi votée à cet effet[5]. Il participe à tous les débats concernant l'agriculture, se prononce contre la libre entrée en France des oléagineux et des laines d'Algérie, débat sur la question des sucres, des communications, de l'instruction[4]. Il échoue aux législatives de 1852
  • député du Nord sous le Second Empire de 1863 au , membre de la majorité dynastique, il est également chambellan de l'empereur Napoléon III depuis 1860. Il se présente à la demande du gouvernement dans l'arrondissement de Valenciennes contre Adolphe Thiers[4]. Il est élu député du Corps législatif, avec le soutien du gouvernement dans la 6e circonscription du Nord le . Il est membre de la commission du budget et de celle de l'armée; il participe aux débats sur la vérification des pouvoirs (des députés) et sur les questions économiques. En , il choque la gauche de l'Assemblée (les républicains) qui réclame la liberté politique en répondant à Adolphe Thiers en des termes de soutien au régime sans nuances : « Tout périssait lorsque le (date du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte) est arrivé; tout le pays l'attendait »[5]. A la chambre, il fait voter une pension de 6000 francs en faveur de Louis Crespel-Dellisse, fondateur de la sucrerie issue de la betterave à sucre cultivée en métropole (au lieu de la canne à sucre venant des Antilles). Il est battu aux législatives de 1869 et de 1876.
  • député du Pas-de-Calais sous la Troisième République du au . Il est élu dans la même circonscription, la 2e d'Arras, où il a été battu en 1876. Il appartient à la minorité conservatrice, participe peu aux débats et ne se représente pas en 1881[5].

Sénateur

Alphonse de Cardevac d'Havrincourt est sénateur du Pas-de-Calais du au . Fidèle à ses convictions, élu à l'âge de 80 ans, il siège à droite dans le groupe bonapartiste qu'il suit lors de ses votes[5].

Bien qu'âgé, il participe à différents débats, en particulier ceux concernant les questions d'économie rurale. En 1890, il intervient pour défendre avec vigueur l'industrie sucrière et se prononce contre l'augmentation des droits sur les sucres[7]. Il se prononce encore contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement, contre la restriction de la liberté de la presse, contre la procédure du Sénat visant le général Boulanger, (il n'est pas opposé aux candidatures multiples)[5]

Il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat de sénateur en 1891.

Distinctions

Portrait

  • Une photographie d'Alphonse de Cardevac figure sur le site de l'Assemblée Nationale[9].
  • Une photographie d'Alphonse de Cardevac figure sur le site du Sénat[10].
  • Un portrait d'Alphonse de Cardevac figure page 34 de 100 figures du Pas-de-Calais[11].

Mariage et descendance

Il épouse à Neauphle le Vieux le 13 juillet 1835 Henriette de Rochechouart de Mortemart (21 décembre 1814 - Paris 8e, 19 avril 1919), morte à l'âge de 104 ans, fille de Casimir de Rochechouart, 11e duc de Mortemart, pair de France, lieutenant-général, ambassadeur de France, et de Virginie de Sainte Aldegonde. Elle est la petite-fille de Victurnien Jean Baptiste de Rochechouart, 10e duc de Mortemart et celle de Pierre François Balthazar de Sainte Aldegonde, qui furent l'un et l'autre député aux Etats-généraux de 1789. Dont quatre enfants :

  • Marie de Cardevac d'Havrincourt (Havrincourt, 22 septembre 1836 - Neauphle le vieux, 31 janvier 1924), mariée en 1860 avec Antoine de Chabannes La Palice (1836-1873), dont postérité ;
  • Aimery de Cardevac, marquis d'Havrincourt (Paris, 6 mars 1839 - Paris 7e, 1er octobre 1923), marié en 1862 avec Blanche de Chabannes La Palice (1840-1906), dont postérité ;
  • Cécile de Cardevac d'Havrincourt (Paris, 14 février 1841 - Paris, 13 mai 1843) ;
  • Geneviève de Cardevac d'Havrincourt (Paris, 10 novembre 1846 - Paris, 21 novembre 1932), mariée en 1867 avec Jacques de Chabannes La Palice (1845-1932), sans descendance[12].

Références

  1. « Généalogie de Alphonse-Pierre de CARDEVAC d'HAVRINCOURT », sur Geneanet (consulté le ).
  2. « Havrincourt Etat civil en ligne 1806 », sur Archives départementales du Pas de Calais - Etat civil en ligne, p. 832
  3. a et b Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 8, pages 258 à 260 Cardevac d'Havrincourt (de).
  4. a b c d e f g h i j k l m n et o 100 figures du Pas-de-Calais, cité dans la bibliographie
  5. a b c d e f et g Base Sycomore, citée dans les sources, onglet biographie
  6. a et b « Havrincourt Etat civil 1892 », sur Archives départementales du Pas-de-Calais- Etat civil en ligne, p. 185
  7. Site du Sénat, cité dans les sources
  8. Site Léonore, cité dans les sources
  9. Site de l'Assemblée Nationale, cité dans les sources
  10. « Anciens sénateurs IIIe République : de CARDEVAC D' HAVRINCOURT Alfonse », sur www.senat.fr (consulté le )
  11. 100 figures du Pas-de-Calais, cité dans les sources
  12. Marquis de Certaines, Les Chabannes - Mille ans d'histoire, Nevers, l'auteur, , 230 p., p. 96-100

Annexes

Sources

  • « Alphonse de Cardevac d'Havrincourt », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • « Alphonse de Cardevac d'Havrincourt », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • « Cardevac D'Havrincourt De Alphonse Pierre », sur le site Léonore du Ministère de la Culture, notice LH/425/93, lire en ligne.
  • « Alphonse, Pierre de Cardevac d'Havrincourt », sur le site de l'Assemblée Nationale, base Sycomore, lire en ligne.
  • « de Cardevac D'Havrincourt Alfonse », sur le site du Sénat, lire en ligne
  • « Alphonse Pierre de Cardevac, marquis d'Havrincourt », dans 100 figures du Pas-de-Calais, Les Échos du Pas-de-Calais, Lillers, 2001.
  • Notice historique sur la Maison de Cardevac d'Havrincourt avec ses alliances et sur la terre d'Havrincourt, 1885, Cambrai, imprimerie J. Renaut, 186 pages, lire en ligne.

Liens internes

Liens externes