Adèle Esquiros

Adèle Esquiros
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Adèle Battanchon
Nationalité
Activités
Rédactrice à
La Voix des femmes, L'Opinion des femmes ()
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Adèle Esquiros, née Battanchon le à Paris et morte le dans la même ville, est une journaliste et écrivaine féministe française.

Biographie

Adèle Battanchon est la fille de Marie-Rose Rouvion (rentière morte en 1844) et de Pierre-François Battanchon (étudiant en médecine mort en 1860). Elle naît en 1819, tandis que le couple se marie en 1822[a].

Poétesse, apôtre lyrique, elle a été l’une des amazones brillantes de la période romantique. Institutrice et poétesse, elle fait la connaissance d'Alphonse Esquiros, un écrivain romantique converti au socialisme et aux idées républicaines, qu’elle épouse, à Paris, le [b]. Ils écriront en commun une Histoire des amants célèbres en feuilleton pour les Veillées littéraires de 1847 et 1848, critique ouvertement féministe des cultures antiques et étrangères, avant leur séparation, en 1850[2],[3].

Enchaînant vers romans et études philosophiques, l’ardeur de son esprit éclate dans ses ouvrages d’un lyrisme exalté tournant autour de l’amour : Histoire des amants célèbres, L’Amour, Les Amours étranges, Les Marchandes d’amour, Les Vierges sages, Les Vierges folles, Les Vierges martyres, Regrets, souvenir d'enfance. Ces œuvres ont été suivies d’une satire imprévue de la part d’une femme : Un vieux bas-bleu[4]. Son féminisme apparaît néanmoins dans sa réponse à L'Amour de Jules Michelet (1860)[5].

Pendant la Deuxième République, elle est une membre active du Club des femmes fondé en et de la Société de l'éducation mutuelle des femmes, fondée en , avec Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet et Désirée Gay. Avec Eugénie Niboyet et Louise Colet, elle est à l’origine de deux journaux féministes, La Voix des femmes (1848), puis L'Opinion des femmes[6],[3]. Voulant aussi avoir son journal, elle a fondé La Sœur de charité, qui n’a eu qu’un seul numéro. Le but de ce journal éphémère est indiqué dans cet exposé d’un projet philanthropique, signé Caroline l’Étendard :

« Le dimanche, la femme seule et pauvre n’a pas d’autre plaisir que de pleurer à son aise : il y aura dans l’association que je propose, le dimanche, des réunions où l’on s’évertuera à se rendre utiles et agréables les unes aux autres[4]. »

Elle est membre du Comité de vigilance du 18e arrondissement durant le siège puis la Commune de Paris à laquelle elle participe. Elle écrit pour le journal d'Auguste Blanqui La Patrie en danger, qui paraît de septembre à [7].

Membre de la Société des gens de lettres, elle meurt en 1886, aveugle, paralysée, pauvre, avec pour seuls revenus une pension de 500 francs que lui faisait la Société des gens de lettres et une pension de 800 francs que lui valait sa qualité de veuve de représentant du peuple[8]. À sa mort, elle ne laisse un actif que de 1 827 francs[2]. La Société des gens de lettres a voté une somme de 150 francs pour ses frais d’obsèques[8].

Œuvres

  • Le Fil de la Vierge, Paris, V. Bouton, , 70 p.
  • Histoire des amants célèbres (avec Alphonse Esquiros), Paris, bureau des publications nationales, .
  • Regrets. - Souvenirs d'enfance. - Consolation. - Jalousie (avec Alphonse Esquiros), Paris, imprimerie de Bénard, , 2 p.
  • « Un vieux bas-bleu », dans Les Veillées littéraires illustrées, t. II, Paris, J. Bry ainé, (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Amours étranges, Paris, A. Courcier, , IV-349 p.
  • « Une vie à deux », par Alphonse Esquiros. « La Course aux maris », « la Nouvelle Cendrillon », « l'Amour d'une jeune fille », « l'Échoppe du père Mitou », par Adèle Esquiros, Paris, Lécrivain et Toubon, , 48 p.
  • L'Amour, Paris, , 107 p.
  • Histoire d’une sous-maitresse, Paris, Eugène Pick, , 138 p., in-18 (OCLC 1441643317, lire en ligne sur Gallica).
  • Les Marchands d’amour, Paris, Eugène Pick, , 224 p.

Notes et références

Notes

  1. Elle a quatre frères — Pierre-François (mort en 1864), professeur de musique à Libourne puis à Bordeaux ; Gabriel-Félix, professeur à Genève ; Edmond, artiste-peintre à Paris ; Henri, négociant à Buenos Aires — et une sœur — Émilie (morte en 1864), mariée à un propriétaire terrien du Puy, Dubosc.
  2. Elle écrit, à l’époque :

    Oh ! je l’aime d’amour, d’extase, de délire
    Lorsque dans ses yeux noirs, heureuse, je puis lire
    Qu’il est mon ange et mon seigneur ;
    De mon émotion lorsqu’à peine maîtresse
    Je compte les élans de sa douce caresse
    Par les battements de son cœur[1].

Références

  1. Adolphe Racot, « Une muse républicaine », Figaro, Paris, 3e série, vol. 33, no 9,‎ , p. 1 (ISSN 1638-606X, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. a et b Vincent Wright, Éric Anceau, Jean-Pierre Machelon et Sudhir Hazareesingh, Les Préfets de Gambetta, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 482 p., 25 cm (ISBN 978-2-84050-504-4, OCLC 144568700, lire en ligne), « ESQUIROS Henri François Alphonse », p. 195-198.
  3. a et b (en) Naomi Judith Andrews, Socialism’s Muse : Gender in the Intellectual Landscape of French Romantic Socialism, Lexington Books, , 179 p., 24 cm (ISBN 978-0-7391-0844-4, OCLC 61703939, lire en ligne), chap. 7 (« The Feminist and the Socialist: Adèle and Alphonse Esquiros and the Revolution of 1848lieu=Lanham »).
  4. a et b « Autour du Poète-Soleil… », Le Voleur illustré, Paris, vol. 60, t. 39, no 1542,‎ , p. 46 (ISSN 2022-4966, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  5. Adèle Esquiros, L’Amour, Paris, Bry ainé, , 108 p. (lire en ligne).
  6. Alphonse Lucas, Les Clubs et les clubistes : histoire complète critique et anecdotique des clubs et des comités électoraux fondés à Paris depuis la révolution de 1848, Paris, Édouard Dentu, , 18 cm (OCLC 4128399, lire en ligne), p. 125.
  7. « Esquiros Adèle [née Battanchon Adèle] », sur Le Maitron, (consulté le ).
  8. a et b « Nous apprenons… », Le Gaulois, Paris, 3e série, vol. 20, no 1578,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).

Liens externes