Seleka (République centrafricaine)
La Seleka (« Coalition » en sango), dont le nom est aussi orthographié Séléka[1], est une coalition ethnique à coloration religieuse musulmane constituée en de groupes rebelles pour chasser du pouvoir le président centrafricain François Bozizé, ce qu'elle fera au mois de [2]. Elle est ensuite officiellement dissoute[3],[4],[5],[6] mais continue de contrôler le terrain avant d'éclater en plusieurs factions à la fin de l'année 2014 qui dominent encore aujourd'hui une large partie du pays.
Composition et effectifs
Les deux principaux groupes constitutifs de la Seleka à sa fondation sont :
- Convention des patriotes pour la justice et la paix fondamentale (CPJP-Fondamentale, une faction dissidente de la CPJP) (dirigeant militaire : général Noureddine Adam ; porte-parole Éric Néris-Massi, beau-fils de Charles Massi)[7]
- Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), fondée en 2006 par le futur leader du coup d’État, Michel Djotodia, revenu de son exil au Bénin pour prendre les commandes du groupe et qui forme la quasi-totalité de la coalition[7],[8]
Les autres sont :
- Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) (dirigeant : Martin Koumtamadji, alias Abdoulaye Miskine)
- Convention patriotique du salut du kodro (CPSK) (fondateur Mohamed-Moussa Dhaffane)[7],[9]
- Alliance pour la renaissance et la refondation (A2R), créée en [10] devenu le Mouvement pour la renaissance et la refondation / Mouvement politique alternatif en RCA (M2R)[11] (coordinateur : Salvador Edjezekanne)[7]
Le secrétaire général de la Seleka est Justin Kombo Moustapha[12] (UFDR). En , le général Joseph Zoundeko, de l'UFDR, est nommé chef d’état-major[13].
Un autre de ses chefs connus est Arda Hakouma, basé à Sibut.
Ses effectifs auraient été d'environ 20 000 personnes en 2013[14],[15]. En 2014, l'armée française estimait le nombre de ses combattants à plusieurs milliers, sans précision (la Seleka en revendiquant alors 10 000)[13].
Composée en partie de mercenaires tchadiens, libyens et soudanais[16],[17], la Séléka constitue une coalition ethnique à coloration musulmane dans une République centrafricaine dont la population est à 80 % chrétienne.
Elle a reçu un soutien du Tchad, qui considère le nord de la Centrafrique comme son arrière-cour stratégique, notamment du fait de ses ressources pétrolières[18],. Elle dispose aussi d'un soutien en véhicules, en armes et en munitions de la part du Soudan[20].
Histoire
En , Michel Djotodia rentre en Centrafrique et participe à la fondation de la Séléka, qui s'empare rapidement d'une grande partie du pays. La dénomination ‘Séléka’ apparaît pour la première fois en décembre 2012, décrivant l’alliance CPSK-CPJP-UFDR, sans le FDPC, qui apparaîtra juste après, dans un communiqué du 12 décembre signé des 3 chefs[21] et dans un communiqué signé Noureddine Adam du 16 décembre.
Les accords de paix de Libreville échouent dès : la Séléka accuse à nouveau Bozizé de n'avoir pas tenu ses promesses et reprend des villes de taille importante.
Le , la ville de Bangassou est conquise par une faction dissidente de Seleka[22].
Le , Djotodia prend le pouvoir et se proclame président de la République[23] à la suite de la prise de la capitale Bangui par les rebelles[24] au cours de laquelle a été renversé le général François Bozizé[25]. 500 soldats français sont déployés à Bangui pour soutenir le nouveau régime[26],[27],[28]. Dans cette progression, de nombreuses exactions contre les chrétiens ont été constatées[29],[30].
Quelques mois après sa prise du pouvoir en mars, il dissout la Séléka[31] mais sans changement notable dans la mesure où la rébellion tient le terrain et que le gouvernement se montre incapable de rétablir les institutions.
Les rebelles se livrent par la suite à de nombreuses exactions contre les populations[32]. Elles doivent en outre s'opposer aux milices d'auto-défense anti-balaka[33]. D’après Médecins sans frontières, le samedi , des ex-Séléka attaquent l’hôpital de Nanga Boguila, faisant seize victimes. Avant cela, à Boningi, ils tuent deux personnes. Puis, à Bodjomo, quatre personnes, dont deux catéchistes[34].
Le , à la suite des refus de la population civile du village de Bohong de subir les persécutions de la Séléka[35], le village subit de violentes représailles entraînant des dizaines de morts, des viols et des pillages[36], visant spécifiquement la population chrétienne[37]. Un millier d'habitants quittent le village.
Le , trois généraux de la Séléka — Mahamat Al-Khatim, Ahmat Abdallah Faya et Ali Darassa —, ainsi que le capitaine Ahmat Nadjad Ibrahim, alors porte-parole, décident de quitter le mouvement[38].
Le , l'opération Sangaris[39],[40] lancée par l’armée française à la suite de l'effondrement de l'État aboutit à des combats entre cette dernière et les forces de l'ex-Séléka.
De l'éclatement de la Séléka à la fin de l'année 2014 se forment plusieurs factions, aujourd'hui partagées entre alliances et conflit, comme l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) dirigée par Ali Darassa, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) dirigé par Mahamat Al-Khatim, le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC) de Zakaria Damane ou encore le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC)[41],[42], formation majoritaire dirigée par Noureddine Adam.
En , la République de Logone, aussi connue comme République du Dar el-Kouti, est proclamée unilatéralement dans le Nord-Est du pays.
Dans la fiction
- Tempête sur Bangui, scénario, dessin et couleurs de Didier Kassaï, Éditions La Boîte à Bulles, 152 pages, 2015. La BD raconte l'attaque des rebelles de la Seleka sur Bangui en 2012-2013.
Notes et références
- France24 Les rebelles du Séléka sont aux portes de Bangui
- Centrafrique: revivez la journée du dimanche 24 mars
- Centrafrique : Michel Djotodia annonce la dissolution de la Séléka, 13/09/2013, Jeune Afrique
- FAC SIMILE du Décret de dissolution de la coalition Séléka et de la CPJP, La Nouvelle Centrafrique
- RCA: le président Djotodia annonce la dissolution de la Séléka, 13.09.2013, La Voix de l'Amérique
- CAR's new president dissolves rebel group, 14 Sep 2013, Al Jazeera
- Agonie silencieuse de la Centrafrique, Vincent Munié, octobre 2013, Le Monde Diplomatique
- RCA: qui sont vraiment les combattants de la Seleka?
- Centrafrique : L'A2R rejoint à son tour la coalition du Séléka
- Communiqué n° 001 du 19 mars 2013 du mouvement M2R qui remplace l’A2R
- Communiqué de presse de la Seleka
- Vincent Duhem, Centrafrique : à la Séléka, c’est chacun pour soi, Jeune Afrique, 30 septembre 2014.
- A la Une : la Centrafrique avec la dissolution de la Seleka - RFI - Lundi 16 septembre 2013
- Centrafrique: désarmement des chefs de l’ex-Seleka - Journal de Bangui et RFI - 23/09/2013
- Centrafrique : Déclaration historique sur la guerre du pétrole
- Centrafrique :la France mise sur son allié tchadien, Le Figaro, 17/12/2013
- [PDF] Les défis de la stabilité en Centrafrique, PHILIPPEHUGON, février 2014, Institut des relations internationales et stratégiques
- RFI : Centrafrique: un rapport confirme le soutien du Soudan à la Seleka
- Déclaration de la Séléka CPSK-CPJP-UFDR relative à la situation politico-sécuritaire en vue d’une sortie de crise, 16.12.2012
- Pour l’Evêque de Bangassou, « la Seleka est formée de djihadistes, notre situation est similaire à celle du Mali »
- « Michel Djotodia, nouvel homme fort de Bangui », Le Figaro, 25 mars 2013.
- « En Centrafrique, les rebelles prennent Bangui », Le Figaro, 24 mars 2013.
- « Centrafrique : Paris ne veut plus jouer au gendarme », Le Figaro, 26 mars 2013.
- « Comment la France a soutenu la Seleka et son gouvernement ».
- « Centrafrique : François Bozizé réfugié au Cameroun après le coup d’État éclair », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
- « Centrafrique : la communauté internationale dénonce le coup de force des rebelles », sur lemonde.fr, (consulté le )
- La laïcité en danger en Centrafrique
- Les leaders religieux ont appelé au respect de laïcité à tous les croyants de Centrafrique, le vendredi après une rencontre à l’évêché de Bangui
- « Musulmans et chrétiens en Centrafrique : plongée au cœur du chaos », bfmtv.com, 22 octobre 2013.
- Musulmans et chrétiens en Centrafrique: plongée au cœur du chaos
- []
- La mission du commandement militaire de Bouar à Bohong obligée de rebrousser chemin
- Nouvelle profanation d'une église
- « Scènes d’apocalypse » dans un village centrafricain
- RFI : Centrafrique: plusieurs généraux de la Seleka quittent le mouvement
- En Centrafrique, tension entre la Séléka et l’armée française à Bambari - La Croix - 22/5/14
- Combats à Bambari entre soldats français et Seleka - Paris Match - Mai 2014
- Centrafrique Libre : CENTRAFRIQUE : LA SELEKA SE RECONSTITUE EN PARTI POLITIQUE
- RFI : RCA: l’ex-Seleka complique la préparation du Forum de réconciliation