Pic du Canigou

Pic du Canigou
Canigó
Face nord-est du pic du Canigou depuis le hameau de Mas Rouby.
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Face nord-est du pic du Canigou depuis le hameau de Mas Rouby.
Géographie
Altitude 2 785 m[1]
Massif Massif du Canigou (Pyrénées)
Coordonnées 42° 31′ 08″ nord, 2° 27′ 24″ est[2]
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Pyrénées-Orientales
Ascension
Première Vers 1280 par Pierre III
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(Voir situation sur carte : Pyrénées)
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Pic du Canigou Canigó
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Orientales
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Pic du Canigou Canigó
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Le Canigou vu du Montou.

Le pic du Canigou (catalan : Pica del Canigó) est le haut sommet le plus oriental des Pyrénées, culminant à 2 785 mètres d'altitude. Il fait partie du massif du Canigou, dont il est le point culminant, et il est situé dans le Conflent, dans le département français des Pyrénées-Orientales.

Toponymie

Formes du nom

La première forme connue du nom apparaît en 949 avec Montis Canigonis. On trouve ensuite, également au Xe siècle, Monte Canigone, Chanigono et Canigonis, puis au XIe siècle Monte Kanigonis et Kanigoni. La forme moderne Canigó apparaît pour la première fois en 1300[3].

En catalan, le pic est appelé el Canigó, prononcé [əɫ kəniˈɣu, -ˈɣo][a],[4],[5].

En français, si la graphie Canigou est la forme traditionnelle, elle est de plus en plus critiquée et tend à être remplacée par Canigó[6],[7],[8]. L'IGN a, par exemple, fustigé une « toponymie malmenée par une ancienne tradition de francisations » et conduit depuis 1983 un programme de correction toponymique dans les Pyrénées-Orientales[6],[8] ; le pic constitue cependant une exception et est désigné par une double mention, « pic du Canigou (pic del Canigó) », aux échelles 1:25 000 et inférieure[2]. La législation française mentionne les deux formes côte à côte[9],[10], et en 2012 le pic a été labellisé Grand Site de France sous le nom de massif du Canigó[11],[12],[13]. Le journal régional francophone L'Indépendant, quant à lui, utilise indifféremment les deux formes[14],[15],[16],[17].

Étymologie

Sans forme connue du nom avant le Xe siècle, on ne peut faire que des suppositions sur son origine. Néanmoins, l'une d'elles semble plus probable. Le nom Canigou est sans doute un composé tautologique basé sur la racine pré-indo-européenne kar ou kan répétée pour obtenir kankan. Kan prendrait pour le premier élément le sens de sommet rocheux et pour le deuxième à travers une forme plus tardive et apparentée au grec konos le sens de sommet en coin. Une évolution vers kani-kone aurait abouti à Canigó par affaiblissement du c intervocalique et enfin la chute du n en fin de nom ayant pour effet de produire un o accentué[3].

Parmi les autres explications se trouvent diverses origines linguistiques. Quoique pas toujours impossibles, elles semblent toutefois peu probables, notamment par le simple fait qu'une montagne aussi imposante que le Canigou a sûrement été nommée bien avant l'arrivée des Romains. Une origine latine du nom pourrait donner lieu à plusieurs explications. Cani (« chien ») suivi de jugum aurait désigné un sommet en forme de croc de chien. Canum (« blanc ») suivi de jugum (« sommet ») aurait le sens de sommet enneigé. Malheureusement en catalan, jugum se transforme généralement en jou et non en gou. On aurait aussi pu avoir canum suivi de conus (« cône ») pour désigner un sommet conique enneigé. Cependant, il est très improbable que le u atone de canum se soit transformé en i[3]. Il n'est pas rare que des sommets prennent des noms de personnes, tel le pic de Bugarach. On a pu donc y voir un nom de personne germanique, Canico, par rapprochement avec celui avéré au Moyen Âge de Enneco. Canico proviendrait du nom de personne Cani et signifiant utile, suivi du suffixe diminutif -k. On aurait alors eu un domaine de Canico dans les environs de Casteil où, justement, fut construite l'abbaye Saint-Martin du Canigou. Un passage de Canico vers Canicone aurait enfin donné Canigó, à l'instar d'exemples avérés tel que Ascahrone ayant donné Escaró non loin de là en Conflent[3].

Géographie

Localisation

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Panorama du sommet.

Le pic du Canigou est situé au sud de Prades et au nord de Prats-de-Mollo-la-Preste, et constitue, à environ deux cents mètres au sud-est de son sommet, un quadripoint marquant la limite des communes de Casteil, Taurinya, Valmanya et Vernet-les-Bains[18].

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Le Canigou vu depuis Marseille.

Avec de bonnes conditions atmosphériques, il peut être aperçu deux fois par an au coucher du soleil depuis Marseille à 250 km de là, ainsi que de nombreux autres points hauts de Provence situés pour certains jusqu'à presque 300 km, les plus hauts permettant même une visibilité plus régulière en journée (hauteurs de Marseille, de Cassis et d'Allauch, mont Ventoux, montagne Sainte-Victoire, massif de la Sainte-Baume ou Monts toulonnais, entre autres), début février et fin octobre, par réfraction de la lumière[19]. Le baron Franz Xaver von Zach observe le phénomène depuis la basilique Notre-Dame-de-la-Garde en 1808 et distingue nettement le pic du Canigou et le puig dels Tres Vents [20],[21],. Il est également visible par temps clair depuis l'ensemble du littoral languedocien, au-delà d'Agde, jusqu'à Port-Camargue, ainsi que depuis la montagne Noire. Inversement, sa situation géographique offre une vue sur la plaine du Roussillon, le Conflent mais aussi, du côté espagnol, l'Empordà[23] voire, par temps clair, Barcelone en direction du sud, et le Massif central ainsi que les Alpes avec le mont Ventoux, voire le massif des Écrins[24] également par réfraction de la lumière au lever de soleil, en regardant vers le nord-est, ce qui constitue un record du monde de distance d'observation en ligne droite avec environ 440 kilomètres[25][réf. à confirmer].

Topographie

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Carte topographique du pic du Canigou.

Le pic du Canigou se trouve sur un axe orienté nord-sud allant du pic Joffre (2 362 m) au nord jusqu'au puig dels Tres Vents (2 731 m) au sud.

Une croix forgée trône au sommet du pic, elle y fut montée durant la Seconde Guerre mondiale par les scouts de la troupe Notre-Dame-la-Real de Perpignan (1943)[26].

Géologie

Le sommet du Canigou est constitué de l'orthogneiss de Quazemi, un orthogneiss à biotite riche en quartz et en feldspaths, issu d'un ancien granite ordovicien (~ 425 Ma) métamorphisé au cours de l'orogenèse varisque, au Carbonifère supérieur (~ 310 Ma). Cette roche affleure également sur l'intégralité des flancs ouest et sud du pic[27].

Hydrographie

Climat

Bien que le climat dominant soit largement méditerranéen à sa base, l'ampleur et l'altitude du massif du Canigou le soumettent à plusieurs microclimats bien tranchés :

  • climat méditerranéen de 0 à 800-1 000 m ;
  • montagnard de 1 000 à 1 700 m ;
  • subalpin de 1 700 à 2 300 m ;
  • alpin de 2 300 m jusqu'au sommet.

Il n'existe pas d'étage nival. Un névé suspendu vers 2 450–2 500 m, à la base des faces nord du pic du Canigou (2 785 m) et du pic Barbet (2 712 m), constituait dans les années 2020 le dernier vestige de l'ancien glacier du Canigou, qui occupait l'ensemble de ce cirque et débouchait vers le nord du massif au niveau de l'actuel refuge des Cortalets.

Bien que variable d'une année à l'autre, l'enneigement est généralement continu au-dessus de 1 800 m, de la mi-novembre à la fin mai. Les températures sont de 12 °C en moyenne en juillet à −5 °C en janvier[b].

Histoire

La première ascension attestée, par un écrit, du pic Canigou a lieu vers 1280. Elle est effectuée par Pierre III d'Aragon, roi de la couronne d'Aragon (Pere III el Gran). Cette ascension est évoquée dans une chronique épique d'un moine italien du XIIIe siècle, Fra Salimbene. Il semble cependant que le monarque ne soit pas allé jusqu'au sommet du pic. En effet, le chroniqueur franciscain écrit que Pierre III vit au sommet un dragon sortant d'un lac. Cette indication pourrait correspondre au lieu-dit Les Estanyols (« les étangs »), environ 500 m en contrebas.

En 1834, le pyrénéiste Vincent de Chausenque tente l'ascension du Canigou. Il est guidé par M. Villanova, maire de Corsavy, commune située sur le versant sud-est du massif, et connu pour ses talents de montagnard et de chasseur d'isards[23]. Dans les années 1860, le pyrénéiste Henry Russell fait l'ascension de plusieurs sommets des Pyrénées-Orientales et effectue notamment l'aller-retour de Vernet-les-Bains au sommet du Canigou en dix heures. Il le compare à la ville anglaise de Manchester, car il n'a jamais pu profiter de la vue en raison de la présence continue de nuages[20].

Durant la Seconde Guerre mondiale, les scouts de la troupe Notre-Dame-la-Real, accompagnés de leur aumônier, partent de leurs locaux de Perpignan, afin de monter au pic du Canigou la croix forgée qui y trône toujours.

En 2002, à l'initiative du conseil général des Pyrénées-Orientales, le syndicat mixte Canigó Grand Site est créé, en tant que maître d'ouvrage de l'opération Grand Site. Ce syndicat mixte est composé du conseil général, des 37 communes du massif du Canigou (en Conflent et Vallespir), et de l'Office national des forêts. En 2011, il est désigné comme « site Natura 2000 massif du Canigou » par arrêté du [28].

Voies d'accès et randonnées

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Le refuge de Mariailles, point de départ de l'itinéraire sud.

L'été, cette ascension est plutôt accessible à des randonneurs moyennement expérimentés, où de nombreuses personnes se pressent pour gravir son sommet à partir du refuge des Cortalets, notamment pour la fête de la Saint-Jean, le 22 juin, où des centaines de personnes montent au sommet du Canigou pour allumer un feu et le surveiller toute la nuit. Au lever du jour, des groupes descendent du Canigou et vont avec des torches dans toutes les directions pour transmettre les différents feux de la Saint-Jean répartis en Catalogne.

On peut également accéder au sommet par sa face sud à partir du refuge de Mariailles, par un itinéraire plus alpin que le précédent. Sa principale difficulté est le couloir final sous le sommet, constitué d'une cheminée de 70 mètres, non équipée mais accessible à tout randonneur endurant, très fréquentée en été, qui nécessite de poser les mains et les pieds.

Un itinéraire de crêtes emprunte une variante de la Haute route pyrénéenne (HRP). Il démarre des anciennes mines de fer de Batère, monte au col de la Cirera (1 731 m), gravit le pic Gallinasse, puis contourne par la gauche le signal du Puig del Roc Nègre, et enfin longe le pic Sec pour donner accès à l'ascension du couloir sous le sommet (les randonneurs locaux parlent de la cheminée du Canigou)[29].

L'hiver, le sommet est plus difficilement accessible, notamment par la face sud.

Chaque année se déroule la Course du Canigou, une épreuve de trail (course nature) sur une boucle d'environ 34 km, présentant un dénivelé cumulé de plus de 4 200 m, sur les chemins forestiers et sentiers de montagne entre Vernet-les-Bains (650 m) et le pic du Canigou (2 785 m)[30].

Culture

Le Canigou est un véritable symbole national en Catalogne, inspirant des poètes comme Jacint Verdaguer (Canigó), ou des chansons populaires.

Muntanyes de Canigó, fresques són i regalades

L'écrivain Rudyard Kipling, qui séjourna plusieurs fois à Vernet-les-Bains entre 1910 et 1926, se déclara lui-même « au nombre des loyaux sujets du Canigou ».

Notes et références

Notes

  1. La première prononciation est celle locale du Roussillon, la deuxième celle du catalan standard. Une caractéristique du dialecte roussillonnais est la prononciation du ó final comme [u] (« mou ») plutôt que [o] (« maux »), ce qui explique les deux formes. Cependant, cette différence n'a pas d'incidence sur l'orthographe.
  2. Station Météo France située à 2 160 m, à proximité du chalet des Cortalets.

Références

  1. Luna Simon-Soubieille et Camille Richard--Merlat, « Le Canigó mesure 2 784,70 mètres, selon les géomètres-experts des Pyrénées-Orientales », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  2. a et b « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  3. a b c et d Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t. 1, Prades, Revista Terra Nostra, , 796 p.
  4. (ca + fr) Institut d’Estudis Catalans, université de Perpignan, Nomenclàtor toponímic de la Catalunya del Nord, Barcelone, (lire en ligne).
  5. (ca + fr) Christian Camps et Renat Botet, Diccionari nord català : Francès-Català normatiu, Canet-en-Roussillon, éditions Trabucaire, , 400 p. (ISBN 978-2-84974-151-1, BNF 43582443).
  6. a et b Jean-Luc Bobin, « Une vie consacrée à redonner du sens aux noms de lieux de Catalogne nord », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  7. St. S., « Canigou ou Canigó: comment s'écrit le nom de la montagne sacrée des Catalans? (sondage) », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  8. a et b Joan Becat, « La correction toponymique du cadastre et des cartes au 1:25000 de l'Institut géographique national dans l'aire catalane (Pyrénées-Orientales). Bilan 1983-2006 », Nouvelle revue d'onomastique, vol. 47-48,‎ , p. 7-23 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Ministère française de l'Éducation nationale, « Arrêté du 20 mars 2007 fixant les programmes de l'enseignement de langues régionales au palier 1 du collège », sur legifrance.gouv.fr, Légifrance, (consulté le ) : « les extractions minières du Canigou / Canigó ».
  10. « Décret du 22 août 2013 portant classement d'un site », sur legifrance.gouv.fr, Légifrance, (consulté le ) : « le site du massif du Canigou, dit « Canigó » ».
  11. Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, « Le massif du Canigó devient Grand Site de France », sur developpement-durable.gouv.fr, .
  12. Décision du 13 juillet 2012 relative à l’attribution du label Grand Site de France.
  13. Le label Grand Site de France : une reconnaissance pour des sites naturels classés.
  14. Valérie Pons, « De La Pinosa au pied du Canigou », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  15. Martial Mehr, « Catalogne : la flamme du Canigó devient le symbole de la Diada 2018 », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  16. Claude Prat, « Embarquement interassociatif dans le Train Jaune », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  17. G. Béars, « P.-O. - la vidéo spectaculaire de la descente du Canigó en VTT », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  18. « Territoires des communes de Casteil, Taurinya, Valmanya et Vernet-les-Bains, sur la carte IGN, se rejoignant à environ 200 m du sommet (échelle 1:17065, entourés de jaune, consulté le 19 décembre 2019) » sur Géoportail.
  19. PHOTOS - Le Canigou vu de Provence, à 277 km des P.O. Découvrez les coulisses de ces photos incroyables !, France Bleu Pyrénées-Orientales, 10 octobre 2020.
  20. a et b Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », , 141 p. (ISBN 978-2-36771-006-8, BNF 43886275)
  21. Michel Aperio, Le Canigou vu de Marseille n'est pas une galéjade, 23 octobre 2013 : site consacré à ce phénomène atmosphérique.
  22. a et b Guide du Roussillon et de l'Andorre : touristique, historique, social, économique, Perpignan, Sud Roussillon, , 286 p.
  23. « La barre des Écrins photographiée depuis les Pyrénées ! » (consulté le )
  24. « La Barre des Écrins photographiée depuis les Pyrénées... à 440 km », Le Dauphiné Libéré,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. Hélène Legrais, « Deux croix pour le Canigó », France Bleu Roussillon, 7 décembre 2021.
  26. G. Guitard, J. Geyssant, B. Laumonier, A. Autran, M. Fonteilles, B. Dalmayrach, J.-C. Vidal, Y. Bandet, Carte géologique France (1/50 000), feuille Prades (1095), Orléans : BRGM, 1992. Notice explicative par G. Guitard et alii, 1998, 198 p.
  27. Journal officiel du 8 avril 2011.
  28. Georges Véron, 100 sommets des Pyrénées, Randonnées pyrénéennes, , 295 p. (ISBN 9782905521392), p. 290.
  29. Site de la Course du Canigou

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Michel Delaplace, « L’alpinisme et le thermalisme comme expression de la vie mondaine dans les Pyrénées-Orientales avant 1914 : l’épopée du Canigou (1881-1914) » in Christian Desplat (directeur), L'homme du Midi. Sociabilités méridionales, 126e congrès national des sociétés historiques et scientifiques de 2001, Toulouse, 2003, p. 83-95
  • Joseph Ribas, Canigou, montagne sacrée des Pyrénées, Loubatières, 1993, 2010 (ISBN 978-2-86266606-8)

Articles connexes

Liens externes