Peine de mort en Corée du Nord
La peine de mort en Corée du Nord est une sanction légale et appliqué dans le pays. Cette peine s'applique pour de nombreux délits, tels que le vol, le meurtre, le viol, le trafic de drogue, la trahison, l'espionnage, le manque de respect envers le système politique, la défection du pays, la piraterie, la consommation de médias non approuvés par le gouvernement et prosélytisme de croyances religieuses qui contredisent l'idéologie du Juche[1].
En raison du manque de communication du gouvernement nord-coréen, les principales informations proviennent de sources anonymes, de récits de transfuges (parents des victimes et anciens membres du gouvernement) et de reportages de Radio Free Asia, une radio financée par le gouvernement américain qui opère en Asie de l’Est[1].
Le pays procéderait à des exécutions publiques, ce qui, si cela est vrai, fait de la Corée du Nord l'un des quatre derniers pays à procéder encore à ce type d'exécution, les trois autres étant l'Iran, l'Arabie saoudite et la Somalie[2],[3]. Cependant, certains transfuges affirment le contraire[4].
Exécutions signalées
La base de données sur les droits humains nord-coréens , dans une étude de 2009 décompte 1 193 exécutions en Corée du Nord entre les années 1950 et 2009[5]. Amnesty International évoque le chiffre de 105 exécutions entre 2007 et 2012[6]. Le magazine Foreign Policy estime qu’il y a eu 60 exécutions en 2010[7]. En , le gouvernement nord-coréen déclare au comité des droits de l'homme de l'organisation des Nations Unies que 13 exécutions ont eu lieu depuis 1998 et qu'aucune exécution publique n'a eu lieu depuis 1992[1].
Le , les médias d'État nord-coréens annoncent l'exécution de Jang Sung-taek, l'oncle par alliance du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un[8]. Le service national de renseignement sud-coréen estime que deux des plus proches collaborateurs de Kim Jong Un, Lee Yong-ha et Jang Soo-keel, ont été exécutés à la mi-novembre[9].
En 2014, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies crée une commission d'enquête sur les droits de l'homme en Corée du Nord, chargée d'enquêter et de documenter les cas présumés d'exécutions effectuées avec ou sans procès, publiquement ou non. Cette commission affirme que ces actes systématiques, s'ils sont avérés, pourraient être qualifiés de crimes contre l'humanité[1].
Exécutions publiques
La Corée du Nord aurait repris les exécutions publiques en , après une accalmie dans les années 2000. Parmi les criminels présumés exécutés figurent des fonctionnaires reconnus coupables de trafic de drogue et de détournement de fonds. Des criminels de droit commun reconnus coupables de crimes tels que meurtre, vol qualifié, viol, trafic de drogue, contrebande, piraterie, vandalisme, etc. auraient également été exécutés, la plupart du temps par un peloton d'exécution. Le pays ne publie pas de statistiques nationales sur la criminalité[10].
En 2012, la Corée du Nord serait l'un des quatre derniers pays à procéder à des exécutions publiques, les trois autres étant l'Iran, l'Arabie saoudite et la Somalie[2],[3].Cependant, selon des transfuges interrogés par The Diplomat en 2014, aucune exécution publique ne serait effectuée dans le pays, du moins à Hyesan depuis les années 2000[4].
En , un chef d'usine de la province de Pyongan du Sud, reconnu coupable d'avoir passé des appels téléphoniques internationaux à partir de 13 téléphones qu'il avait installés dans le sous-sol de son usine, aurait été exécuté par un peloton d'exécution devant une foule de 150 000 personnes dans un stade, selon un rapport de l'Agence humanitaire sud-coréenne Good Friends[7],. Good Friends affirme également que 6 personnes ont également été tuées au cours de l'exécution alors que les spectateurs partaient. En 2008, il est également rapporté que 15 personnes auraient été exécutées publiquement après avoir franchi la frontière chinoise.
En 2007, un comité de l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution, co-parrainé par plus de 50 pays, exprimant « de très sérieuses inquiétudes » face aux informations faisant état de violations généralisées des droits de l'homme en Corée du Nord, y compris d'exécutions publiques. La Corée du Nord condamne la résolution, la jugeant inexacte et biaisée. Le rapport est envoyée à l'Assemblée générale, alors composée de 192 membres, pour un vote final,[11].
En 2011, 2 personnes auraient été exécutées devant 500 personnes pour avoir envoyé des tracts de propagande de l'autre côté de la frontière sud-coréenne, dans le cadre d'une campagne de propagande organisée par Kim Jong Il.
En , une ONG sud-coréenne publie un rapport suggérant que 318 sites en Corée du Nord seraient utilisés par le gouvernement pour des exécutions publiques[12]. Selon l'ONG, des exécutions publiques auraient lieu à proximité des rivières, des champs, des marchés, des écoles et des terrains de sport. Le rapport affirme que les membres des familles et les enfants des personnes condamnées à mort seraient forcés d'assister à l'exécution[13].
Peine de mort dans les camps de prisonniers
Amnesty International affirme que la torture et les exécutions sont répandues dans les prisons politiques de Corée du Nord[14]. Des témoignages décrivent des exécutions publiques dans les prisons nord-coréennes par fusillade, décapitation ou pendaison. Les exécutions seraient utilisées comme moyen de dissuasion, souvent accompagnées de torture[15].
Voir également
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Capital punishment in North Korea » (voir la liste des auteurs).
- Conseil des droits de l'homme des Nations unies (trad. de l'anglais), Rapport de la Commission d’enquête sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée [« Report of the commission of inquiry on human rights in the Democratic People’s Republic of Korea »] (no A/HRC/25/63), , 38 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF])
- Simon Rogers, Mona, « Death penalty statistics, country by country », The Guardian, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- « L’horreur des exécutions publiques en Corée du Nord », sur Courrier international, (consulté le )
- (en) Mary Ann Jolley, « The Strange Tale of Yeonmi Park » [archive du ], sur thediplomat.com, (consulté le )
- (en) Database Center for North Korean Human Rights, White Paper on North Korean Human Rights, Séoul (Corée du Sud), Database Center for North Korean Human Rights, , 504 p. (ISBN 978-89-93739-03-9, lire en ligne [archive du ]), p. 193
- « Death penalty statistics, country by country », Datablog, The Guardian, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Joshua E. Keating, « The World's Top Executioners », Foreign Policy, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- (en) Max Fisher, « Even by North Korean standards, this announcement of Jang Song Thaek’s execution is intense », The Washington Post, (lire en ligne )
- (en) « Seoul: Kim Jong Un Fires Uncle, Executes His Associates », sur Voice of America, (consulté le )
- (en) Bureau of Democracy, Human Rights and Labor , Country Reports on Human Rights Practices for 2012, (lire en ligne)
- (en) « North Korea resumes public executions » [archive du ], sur pravda.ru, (consulté le )
- (en) Sarah A. Son, Dan Bielefeld, Hyerin Yang, Hubert Younghwan Lee, Sehyek Oh, Scott Stevens, Yurim Choi, Ethan Hee-Seok Shin, Daye Yoon, Christina Elise Olesen et al., Transitional Justice Working Group (TJWG), Mapping the fate of the dead: Killings and burials in North Korea, Séoul (Corée du Sud), , 71 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 35
- (en) « North Korea: Hundreds of public execution sites identified, says report », BBC, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Henry Ridgwell, « Amnesty: Torture, Execution Rampant in Vast N. Korea Prisons », sur Voice of America, (consulté le )
- (en) Christian Solidarity Worldwide (CSW), North Korea - Case to Answer - A Call to Act, Royaume-Uni, , 116 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF])