Concino Concini

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Concino Concini
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Concino Concini, maréchal d'Ancre.
Portrait au crayon, Paris, musée du Louvre, 1614.

Titre Marquis d’Ancre
Grade militaire Maréchal de France
Biographie
Naissance
Florence
Drapeau du Grand-duché de Toscane Grand-duché de Toscane
Décès (à 47 ans)
Paris
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Conjoint Léonora Dori dite « la Galigaï »

Concino Concini (francisé en Conchine), maréchal de France et marquis d’Ancre, baron de Lésigny, comte de Penna, né à Florence le et mort à Paris le , est un favori de la régente Marie de Médicis et époux de sa confidente Léonora Dori. Sa grande influence politique auprès de la régente lui vaut l'opposition du jeune Louis XIII et de ses courtisans qui le font assassiner.

Biographie

Origines et études

Quatrième fils de Giambattista Concini[1], Concino Concini naît dans la capitale toscane le [2],[n 1]. Il est issu d'une famille de « bonne noblesse » italienne[3]. Son grand-père Bartolomeo Concini est ambassadeur du Grand-duché de Toscane près de l'empereur Maximilien, son père Giambattista Concini est premier secrétaire du Grand-duché de Toscane[4]. La famille serait originaire du village de Firenzuola, près de Florence[5].

Portant le titre de comte della Penna, Concino Concini étudie à l'université de Pise.

Ascension à la cour de Henri IV

Marie de Médicis soumise aux volontés du couple Concini. Gravure d'après un dessin d'Alphonse de Neuville, XIXe siècle.

Présent dans l'entourage de Marie de Médicis, Concini est décrit comme un homme prétentieux et arrogant par Jules Michelet[6]. Il rencontre et demande en mariage Léonora Galigaï, dont la présence est indispensable à la reine. Henri IV s'oppose un temps à ce mariage avant d'y consentir en juillet 1601[7]. Sa présence au côté de la reine ne satisfait pas le roi qui aimerait voir s’éloigner de son entourage cet individu ambitieux et son épouse [8]. Finalement, le roi trouve en lui un partenaire de jeu de cartes agréable[9]. Il lui confie quelques missions diplomatiques et le nomme premier maître d'hôtel et premier écuyer, s'en faisant ainsi un homme bien placé pour surveiller et influencer la reine[10].

Le caractère de Concini lui vaut toutefois une antipathie profonde parmi les nobles et le peuple. Le chroniqueur Pierre de L'Estoile rapporte que le 4 mai 1610, soit dix jours avant la mort du roi, Concini manque de se faire tuer alors qu’il se permet d’entrer au Parlement de Paris le chapeau sur la tête. Les clercs du Palais se jettent sur lui et le bâtonnent, lui et les pages de la reine qui viennent à sa rescousse. Comme Concini s'en plaint au roi, le parlement députe vers ce dernier dix conseillers pour lui rappeler l’immunité de leur demeure[11].

Favori de Marie de Médicis et maréchal de France

Devenue régente, Marie de Médicis en fait son favori. Concini achète le marquisat d'Ancre et se fait nommer premier gentilhomme de la Chambre, surintendant de la maison de la reine, gouverneur de Péronne, Roye et Montdidier avant d’être finalement élevé à la dignité de maréchal de France en 1613. Détesté par la noblesse et le peuple, il voit néanmoins grandir son influence politique. Ainsi, en 1616, il obtient la disgrâce du chancelier, Nicolas Brûlart de Sillery. Il fait nommer ministres Richelieu, Claude Mangot et Claude Barbin.

Assassinat

Louis XIII prend ombrage de l'arrogance de Concini. Celui-ci s'attire également l'hostilité des autres courtisans, notamment le duc de Luynes, maître de fauconnerie et favori du roi.

Assassinat du maréchal d'Ancre, le 24 avril 1617.
Estampe anonyme, BnF, département des estampes, 1618.

Afin de mettre fin à la régence de sa mère, Louis XIII effectue un coup de majesté, aidé du duc de Luynes et de quelques fidèles. Concini ne pouvant être arrêté (il dispose d’une armée personnelle de plus de 7 000 soldats sans compter ses partisans), il est envisagé de le faire assassiner. D'après La Relation exacte de tout ce qui s'est passé à la mort du Marechal d'Ancre, au moment où Concini franchit seul la porte d'accès du château du Louvre le , il est encerclé par les hommes du baron de Vitry, capitaine des gardes. Celui-ci lui saisit le bras et l'apostrophe de la sorte : « De par le roi, je vous arrête ! ». Il n'est pas certain que le maréchal d'Ancre tente, instinctivement ou non, de dégainer son épée mais en tout état de cause, Vitry décharge son pistolet sur Concini, geste aussitôt imité par ses fidèles[12]. Trois coups atteignent le favori de la régente au visage et à la gorge, les gardes l'achevant à coups d'épée. Louis XIII remercie les meurtriers : « Grand merci à vous, à cette heure, je suis roi ! »[13].

Enterré discrètement dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, le corps de Concini est exhumé par la populace parisienne, et traîné dans les rues de Paris, puis profané. Après avoir été lapidé et bâtonné, il est pendu par les pieds à l’une des potences qu’il avait fait élever sur le pont Neuf, puis dépecé et ses restes brûlés. Sa femme est jugée[14] pour trahison, sorcellerie, juiverie, pratique de la magie réprouvée et de l'astrologie judiciaire. Condamnée pour crime de « lèze-majesté divine et humaine », elle est exécutée en place de Grève à Paris le . Leurs biens, notamment le château de Lésigny et l’hôtel parisien de la rue de Tournon, sont confisqués et attribués au duc de Luynes[15].

Famille

  • Petit-fils de Bartholomeo Concini
  • Fils de Giambattista Concini († 1605) et de Camilla Miniati
  • Marié avec Léonora Dori (1568-1617), père de :
    • Henri (7 juin 1603-1631). Après l'assassinat de son père et le procès funeste de sa mère, il est confié au sieur de Fiesque avant d'être gardé pendant cinq ans au château de Nantes. Il n'en est libéré que grâce à l'intervention de Marie de Médicis qui le recommande au duc de Toscane. Sans descendance, il meurt de la peste à Florence[16] en 1631.
    • Marie (décembre 1607 - 2 janvier 1617). Elle est la filleule d'Henri IV.

Armoiries

Figure Nom du prince et blasonnement
Crédit image:
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Armes de la famille Concini

Ecartelé : 1 et 4, d'azur, à un rocher d'or, de trois coupeaux, surmonté de trois panaches d'argent; 2 et 3, d'argent, à quatre chaînes de sable, passées en sautoir.[17]


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Armes du marquis d'Ancre

Parti de deux, coupé d'un : 1 et 6, d'azur, à un rocher d'or, de trois coupeaux, surmonté de trois panaches d'argent ; 2 et 4, d'or, à l'aigle bicéphale de sable; 3 et 5; d'argent, à quatre chaînes de sable, passées en sautoir.[17]

Notes et références

Notes

  1. Dans sa biographie de Concini, l'historienne Hélène Duccini donne la date du [3].

Références

  1. Duccini 1991, p. 14.
  2. (en) Emmanuel Poulle, Astronomie planétaire au Moyen Âge latin, Aldershot / Brookfield, Variorum, coll. « Collected Studies Series » (no 534), , 317 p. (ISBN 0-86078-589-0), p. X.
  3. a et b Duccini 1991, p. 13.
  4. Joël Cornette, La France de la monarchie absolue, 1610-1715, Editions du Seuil, , p. 99.
  5. Historiette, Tallemant des Réaux, Bibliothèque de la Pléiade (ISBN 9782070105472), notes p. 766 et 767, ces informations viennent du pamphlet La Conjuration de Conchine et des confidences de Catherine de Rambouillet.
  6. Jules Michelet, Histoire de France. Au dix-septième siècle : Henri IV et Richelieu, Paris, Chamerot, , 484 p., p. 185
  7. Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, , 1109 p. (ISBN 978-2-213-64402-8), p. 863
  8. Jean-Christian Petitfils, L'assassinat d'Henri IV : mystères d'un crime, Paris, Perrin, , 330 p. (ISBN 978-2-262-03914-1), p. 213
  9. Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, , 1109 p. (ISBN 978-2-213-64402-8), p. 865
  10. Jean-Christian Petitfils, L'assassinat d'Henri IV : mystères d'un crime, Paris, Perrin, , 330 p. (ISBN 978-2-262-03914-1), p. 214
  11. Journal de L'Estoile pour le règne de Henri IV (III) et le début du règne de Louis XIII (1610-1611), Œuvres diverses, Gallimard, 1960, Collection « Mémoires du passé pour servir au temps présent », p. 69-70.
  12. Duccini 1991, p. 304.
  13. Christian Bouyer, Louis XIII, Tallandier, , p. 87.
  14. Le maréchal d'Ancre mort, l'acte d'accusation porta tout de même sur le couple : la mémoire de Concino Concini et sa femme Galigaï. La lecture des charges qui furent produites contre eux est édifiante. Des détails aussi insignifiants que des étoffes furent utilisés pour prouver leur prétendue « juiverie » (Mercure François - Procès Conchini - 1617). Il est important d'ajouter que l'intelligence avec l'étranger, au préjudice de Louis XIII, de son autorité et du royaume, figure également au nombre des chefs d'accusation.
  15. Actions De Graces Et Resiouissances faites à Paris, sur la mort du Marquis d'Ancre., Bordeaux, Simon Millanges, , 15 p.
    Discovs, Regrets, et Harangue de la Marquise d'Ancre, depuis la Conciergerie Jusques sur l'eschaffaut., Bordeaux, Simon Millanges, , 11 p.
    Discovs sur la mort de Eleonor Galligay femme de Conchine Marquis d'Ancre. Executée en greve le huictiesme de Iuillet 1617, Bordeaux, Simon Millanges, , 8 p.
  16. Historiette, Tallemant des Réaux, Bibliothèque de la Pléiade (ISBN 2-07-010547-4), notes p. 772.
  17. a et b www.heraldique-europeenne.org.

Sources primaires

  • Pamphlets de Pierre Boitel, sieur de Gaubertin (XVIIe)
  • Pierre Mathieu, La Conjuration de Conchine, Paris, Pierre Rocolet, 1618, in-12.
  • Pierre Dupuy, Histoires des plus illustres favoris, Leyde, Jean Elzevier, 1659, in-12.
  • Mémoires de Brienne, publiés en 1818, t. I, p. 255.
  • Historiettes de Tallemant des Réaux, Mémoires pour servir à l'histoire du XVIIe siècle. Notes Par MM. Monmerqué, Membre de l'Institut, de Chateaugiron et Taschereau, t. I. Paris, Levavasseur, Libraire, 16 place Vendôme. 1834.

Théâtre

Bibliographie et webographie

  • Delphine Amstutz et Bernard Teyssandier, « 1617, Louis XIII prend le pouvoir : naissance d'un mythe ? », Dix-septième siècle, Paris, Presses universitaires de France, no 276 « 1617, le coup d'État de Louis XIII »,‎ , p. 395-398 (DOI 10.3917/dss.173.0395).
  • Delphine Amstutz, « Le Royaume enchanté : Concini au miroir de la fiction romanesque », Dix-septième siècle, Paris, Presses universitaires de France, no 276 « 1617, le coup d'État de Louis XIII »,‎ , p. 521-538 (DOI 10.3917/dss.173.0521).
  • Yves-Marie Bercé, « Les coups de majesté des rois de France, 1588, 1617, 1661 », dans Complots et conjurations dans l’Europe moderne. Actes du colloque international organisé à Rome, 30 septembre-2 octobre 1993, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 220), , 786 p. (ISBN 2-7283-0362-2, lire en ligne), p. 491-505.
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  • Joël Cornette, Chronique de la France moderne. De la Ligue à la Fronde, SEDES, coll. « Regards sur l'Histoire », 1995, (ISBN 2-7181-9233-X).
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  • Victor-Lucien Tapié (préf. Françoise Hildesheimer), La France de Louis XIII et de Richelieu, Paris, Flammarion, coll. « Champs. Histoire », (1re éd. 1952), 473 p. (ISBN 978-2-08-132982-9, présentation en ligne).
  • Bernard Teyssandier, « Louis le Juste, prince d'émotion : images d'un règne et portraits d'un roi », Dix-septième siècle, Paris, Presses universitaires de France, no 276 « 1617, le coup d'État de Louis XIII »,‎ , p. 477-508 (DOI 10.3917/dss.173.0477).

Article connexe

Liens externes