Loi sur l'indemnisation des accidents du travail

La loi du est un texte juridique français qui crée un régime spécial d'indemnisation des victimes d'accidents du travail.

Cette loi prend d'abord les conséquences de l'arrêt Teffaine de 1896[1] qui avait décidé que l'article 1384, al. 1er du Code civil français pouvait s'y appliquer, créant un lourd régime de responsabilité civile que les jurisprudences antérieures n'avaient approché[2].

La loi du crée alors un régime spécial de responsabilité, en marge des principes définis par le Code civil. Le salarié victime d'un accident du travail peut alors demander une réparation, sans avoir à prouver la faute de son employeur. C'est donc un régime spécial de responsabilité sans faute. L'indemnisation est forfaitaire, suivant un système complexe, ce qui est une limite au principe de droit commun de réparation intégrale du dommage.

Instaurant le régime assurantiel en France, c'est une loi pionnière dans la construction de l'État-Providence[3].

La loi du a été abrogée par une ordonnance du , mais la loi du l'a intégré dans l'organisation de la sécurité sociale (CSS, L411-1 jusqu'à L482-5).

Précisions

En 2001, le système actuel d'indemnisation aux victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles paraĂ®t injuste Ă  la FĂ©dĂ©ration nationale des accidentĂ©s du travail et des handicapĂ©s (FNATH) : « Depuis la première loi sur les accidents du travail en 1898, les victimes du travail et de maladies professionnelles ne sont pas indemnisĂ©es intĂ©gralement. Une personne victime d'un accident du travail va toucher seulement un pourcentage de son salaire antĂ©rieur pendant l'arrĂŞt de travail. Une personne frappĂ©e d'incapacitĂ© Ă  70 % touchera une rente Ă©quivalent Ă  seulement 55 % de son salaire. En cas de dĂ©cès, les veufs et orphelins touchent une rente dĂ©risoire, de 30 % du salaire. Â»[4]

En 2009, une avocate au barreau de Paris, spĂ©cialiste en droit du travail prĂ©cise : « La loi de 1898, qui a mis en place le système de rĂ©paration des accidents du travail, a Ă©galement organisĂ© un principe d’immunitĂ© de l’employeur. Cela signifie que, dès lors que l’accident est classĂ© professionnel, la victime perd le droit d’engager la responsabilitĂ© (civile ou pĂ©nale) de l’employeur pour obtenir la rĂ©paration entière de son prĂ©judice. Â»[5]

Notes et références

  1. ↑ Civ. 16 juin 1896, DP 1897.1.433, concl. L. Sarrut, note R. Saleilles, S. 1897.1.17, note A. Esmein
  2. ↑ Étienne Batteur, De la jurisprudence en matière d'accidents, vol. BML Cote: 31686, Lille, Le Bigot, , 424 p. (lire en ligne)
  3. ↑ Pierre Rosanvallon, La nouvelle question sociale, 1995, p. 31
  4. ↑ Protection sociale. Les accidentés du travail manifestent aujourd'hui à Paris. L'Humanité 29 septembre 2001
  5. ↑ Suicide et accident du travail L'Humanité 2 novembre 2009

Annexes

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