Krisztina Rády
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Rády Krisztina Veronika |
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Bertrand Cantat (de à ) |
Krisztina Rády, née le à Budapest et morte le à Bordeaux[1], est une femme de lettres, traductrice, organisatrice d'événements artistiques hongroise et ancienne directrice culturelle de l'Institut hongrois de Paris.
Biographie
Jeunesse
Titulaire d’un diplôme de langues et civilisations françaises et portugaises, Krisztina Rády maîtrise huit langues[2], dont le français, le portugais, l'espagnol, et l'italien[3].
Carrière
Kristina Rády joue un rôle actif dans les mouvements culturels hongrois dès le début des années 1990[4], après la chute du mur de Berlin et la dissolution de l'Union soviétique, marquant la fin de l'ère communiste en Hongrie. Elle fonde un journal culturel et une radio libre, qui deviennent des plateformes essentielles pour les minorités ethniques et les femmes[4]. Elle est aussi programmatrice musicale pour le Tilos az Á (Hu)[4], un lieu emblématique de la scène culturelle et musicale de Budapest dans les années 1990[5]. En 1993, elle y organise la Fête de la musique pour l'Institut français de Budapest[4].
Entre 1997 et 2000, elle occupe la fonction de directrice artistique de l'Institut hongrois de Paris[4], et joue le rôle de commissaire pour les musiques actuelles lors des saisons culturelles hongroise, polonaise et tchèque, organisées par l'Agence française d'action artistique (AFAA) et le ministère de la Culture français[4].
Son agence de production, qu'elle dirige conjointement avec Robert Lacombe, organise les programmes français du Sziget Festival, un festival de musique qui a lieu chaque été sur l'île d'Óbuda à Budapest[6].
Krisztina Rády est à l'origine du spectacle À cœur pur, une performance littéraire et musicale basée sur les poèmes d'Attila József, qu'elle a également mis en scène. Ce spectacle, présenté en tournée dans de nombreuses villes de France, met en scène des poèmes choisis et traduits par Rády elle-même. La pièce est interprétée par l'acteur Denis Lavant, et par le guitariste Serge Teyssot-Gay, membre du groupe Noir Désir. La participation du comédien hongrois Zsolt Nagy , de la troupe Krétakör , permet également au public d'entendre les poèmes en hongrois. En 2008, À cœur pur fait l'objet d'un livre-CD publié aux éditions du Seuil[7].
En tant que traductrice, elle contribue à faire connaître le théâtre hongrois en France, permettant notamment la représentation des œuvres de Ferenc Molnár, avec Liliom ou la vie et la mort d'un vaurien. et de son contemporain István Tasnádi, avec Phèdre[4]. Elle réalise aussi la traduction en hongrois de la bande dessinée Persepolis de Marjane Satrapi[4].
Pendant de nombreuses années, elle travaille pour la chaîne de radio française France Culture. En 2007, elle réalise la série Surprises d'Europe centrale, dont les trois premiers épisodes sont consacrés à la culture hongroise[6].
Selon le directeur de l'Institut hongrois, András Ecsedi-Derdák , et András Bálint Kovács , Krisztina Rády joue un rôle central dans les relations franco-hongroises contemporaines[6]. Elle est reconnue pour son travail qui a permis de faire rayonner la culture hongroise au-delà des murs de l'Institut hongrois. Grâce à ses initiatives, des milliers de Français ont pu découvrir des artistes comme le violoniste Félix Lajkó[6]. Rády est également à l'origine de programmes culturels innovants, tels que ceux organisés sur le Batofar[8], un bateau amarré à un quai de la Seine, dont le succès a inspiré la création d'un lieu similaire à Budapest, l'A38 [6].
Vie privée
Krisztina Rády rencontre Bertrand Cantat en 1993, au Sziget Festival à Budapest. Ils se marient en 1997 et ont deux enfants. En 2002, le couple se sépare, le chanteur ayant entamé une liaison avec l'actrice Marie Trintignant.
Krisztina Rády a toujours montré un soutien sans faille à son ancien compagnon lorsque celui-ci a été poursuivi et condamné le à huit années de prison par un tribunal de Lituanie, pour avoir porté des coups mortels à Marie Trintignant, au cours d'une violente dispute survenue le à Vilnius[9]. Lors du procès, elle déclare : « Je n'ai jamais subi de violence de la part de Bertrand. Au contraire, dans ses rapports privés comme publics, il privilégiait la discussion, le fait de comprendre certaines choses dans la vie d'un couple[10]. »
À la libération de Bertrand Cantat, après quatre années d'incarcération, elle reprend la vie commune.
Mort
Le , Krisztina Rády se suicide par pendaison à son domicile, à Bordeaux, tandis que son conjoint Bertrand Cantat dort[10]. Son fils de 12 ans découvre son corps. Une éventuelle responsabilité de Bertrand Cantat dans ce suicide est écartée à la suite de l'autopsie du corps le , qui confirme la thèse du suicide par pendaison. Une lettre d'adieu est retrouvée, dont le contenu n'est pas rendu public par le parquet de Bordeaux « par respect pour ses proches et sa famille ». Cette lettre, consultée par L'Obs, mentionne Bertrand Cantat en évoquant ses « cris incessants » et ses accusations[11]. La lettre, rédigée en français malgré ces origines hongroises, est principalement centrée sur ses enfants et sa famille. Elle mentionne également deux personnes qui l'auraient trahie, dont la femme d'un ancien membre de Noir Désir[11].
Krisztina Rády est inhumée dans le cimetière de Moustey (Landes)[12].
Le , les parents de Krisztina Rády déclarent dans un entretien à l'hebdomadaire Paris Match que leur fille aurait subi des violences de la part de Bertrand Cantat à sa sortie de prison. Le lendemain, Bertrand Cantat, par l'intermédiaire des avocats Olivier Metzner et Aurélien Hamelle, porte plainte contre le magazine pour « propos diffamatoires » ainsi que pour la publication de photographies de sa fille, encore mineure[13].
En 2013, un ouvrage de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard[14] relance la polémique en évoquant des déclarations de Krisztina Rády[Lesquelles ?].
Le , Le Point, repris par Le Figaro, fait état d'accusations par des membres de Noir Désir de violences conjugales du chanteur, notamment à l'égard de Krisztina Rády[15],[16]. Suite à cet article, Bertrand Cantat attaque le journal en diffamation mais Le Point n'est pas condamné au titre de l'excuse de bonne foi[17]. Le , une enquête préliminaire est ouverte contre Bertrand Cantat par le parquet de Bordeaux à la suite d'une plainte déposée par une ancienne avocate, Yael Mellul, mettant en cause sa responsabilité dans la mort. Cette réouverture de l'enquête est en partie motivée par les témoignages de la femme d'un ancien membre de Noir Désir, la même personne citée par Krisztina Rády dans sa lettre d'adieu[11]. Elle aurait évoqué la violence de Cantat et la connaissance de cette violence par les membres du groupe lors d'entretiens avec Yael Mellul[11]. Le , la plainte est classée sans suite. La procureure de la République de Bordeaux déclare que « les investigations menées n’ont pas permis de caractériser que le suicide de Krisztina Rády était en relation avec des violences physiques et psychologiques commises sur elle par Bertrand Cantat »[18].
En mars 2025, Netflix diffuse une minisérie intitulée De rockstar à tueur : le cas Cantat, en 3 épisodes, coréalisée par Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue, Zoé de Bussierre et Karine Dusfour[19],[20]. La série, fruit d'une enquête ayant débuté en 2016, revient sur les morts de Marie Trintignant et de Krisztina Rády, et connaît un grand succès de diffusion et médiatique[20]. Le rôle de Cantat dans les morts des deux femmes, l'emprise qu'il a eue sur les deux ainsi qu'une forme d'omerta autour de lui sont décryptées[21],[22].
Le documentaire suggère que la défense de Bertrand Cantat à l'issue du meurtre de Marie Trintignant, invoquant l'accident, aurait marqué l'imaginaire collectif, générant une empathie envers lui comparable à celle envers la victime[23],[19]. Un rapport médical inédit est révélé, suggérant des violences conjugales que Bertrand Cantat aurait fait subir à son épouse Krisztina Rády, incluant des violences psychologiques et physiques qu'elle n'aurait confiées qu'à de rares proches[24],[25]. Le documentaire témoigne d'un changement de regard sur le personnage, lié aux évolutions sociétales depuis l'émergence du mouvement MeToo.
Dans la fiction
R'avec, roman d'Eva Almassy, éd. Arcane 17, année de parution 2021[26].
Notes et références
- ↑ Non violente - Libération, 30 mars 2004
- ↑ « Le secret de Kristina Rady », sur Paris Match, (consulté le )
- ↑ Luc Le Vaillant, « Non violente »
, sur Libération, (consulté le )
- « Kristina Rady, traductrice et metteuse en scène »
, sur Le Monde, (consulté le )
- ↑ (hu) « Most akkor tilos vagy nem Tilos az Á? »
, sur telex.hu, (consulté le )
- « FRANCE-HONGRIE. Krisztina Rády a mis un peu de Hongrie dans le cœur des Français »
, sur Courrier international, (consulté le )
- ↑ Le Journal Francophone de Budapest, « A cœur pur »
, sur Le Journal Francophone de Budapest, (consulté le )
- ↑ L'origine de cette initiative revient néanmoins à Ricardo Esteban et Julie De Muer qui portent le projet artistique du Batofar dès l'origine.
- ↑ Krisztina Rády a mis un peu de Hongrie dans le cœur des Français - Courrier international, 12 janvier 2010
- L'ex-femme de Bertrand Cantat s'est suicidée - Le Monde/AFP, 10 janvier 2010.
- « Ce que contient la lettre d'adieu de l’épouse de Bertrand Cantat »
, sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- ↑ « MOUSTEY (40) : cimetière - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
- ↑ « Bertrand Cantat porte plainte contre Paris Match pour diffamation »
, sur Le Figaro, (consulté le )
- ↑ Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard, Marie Trintignant - Bertrand Cantat : l’amour à mort, éditions Archipel, Paris, 2013 (ISBN 978-2-8098-1238-1)
- ↑ « Bertrand Cantat: nouvelles révélations sur ses accès de violence envers les femmes », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- ↑ « Bertrand Cantat, enquête sur une omerta - Le Point », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- ↑ « Bertrand Cantat perd son procès en diffamation contre Le Point », sur SudOuest.fr, (consulté le )
- ↑ « Suicide de son ex-épouse : la plainte contre Bertrand Cantat classée sans suite », sur leparisien.fr,
- « De rockstar à tueur : le cas Cantat : "On s'est tous trompés", confie sur RTL la coréalisatrice du documentaire », sur rtl.fr, (consulté le ).
- « Le cas Cantat sur Netflix : "Je veux savoir combien de femmes ont été victimes de Bertrand Cantat" », sur Le Point, (consulté le ).
- ↑ « Sur Netflix, De rockstar à tueur : le cas Cantat dénonce la couverture médiatique qui fut accordée au meurtre de Marie Trintignant », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Sur Netflix, une série documentaire accablante pour Bertrand Cantat rend justice à Marie Trintignant et Kristina Rady »
, sur L'Humanité, (consulté le ).
- ↑ « De rockstar à tueur : le cas Cantat : pour les auteurs du documentaire Netflix, "les temps n'ont pas du tout changé" »
, sur BFMTV, (consulté le ).
- ↑ « Affaire Cantat : un rapport médical relance la polémique », lematin.ch, (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Kristina Rady : que s'est-il vraiment passé avec Bertrand Cantat ? », sur elle.fr, (consulté le ).
- ↑ « R'avec », sur editions-arcane17.net, (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative à la musique :