Jean-François Chantaraud

Jean-François Chantaraud
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Jean-François Chantaraud en 2011.

Naissance (61 ans)
Versailles (France)
Nationalité Française
Domaines Intelligence sociale, Management, Démocratie participative
Institutions Odis[1], Odissée
Site

Jean-François Chantaraud est un praticien du dialogue et de la réflexion collective entre des acteurs de la société et de l'entreprise depuis 1990. Sociologue de terrain, français, il anime des forums citoyens sur des grands sujets de société. Il procède à de nombreuses auditions de grands acteurs et observateurs de toutes les sphères pour chercher les racines de la performance durable[2]. Il accompagne dans la mise en œuvre de méthodes participatives des dirigeants d'entreprise, d'organisations sociales, gouvernementales et non gouvernementales.

Devenu spécialiste de la démocratie participative et du management, il est le concepteur de l'intelligence sociale et le fondateur du centre de recherche et de conseil l'Odis ainsi que du réseau l'Odissée, association reconnue d'intérêt général. Il est le créateur du portail de l'intelligence sociale et du concept du Cv citoyen[3] qui se présente comme un support de valorisation de l'engagement de la personne au service de l'intérêt général.

Dans ses ouvrages L'état social de la France (2004-2013) et Gouvernance, Lien social, Performance : une vision du monde, il étudie la société mondiale avec le prisme de l'intelligence sociale, et propose une règle selon laquelle "la clé de la performance et de la cohésion sociale d'un corps social à long terme réside dans les mécanismes de mutualisation de l'information". Il estime que "l'accélération de la complexité comporte un risque de dévissage des systèmes démocratiques". Il fait remonter à Pépin le bref, dont le double sacre est une spécificité française, les racines de l'ethos français, qui repose selon lui sur un "transfert par le citoyen de sa responsabilité au profit d'un État omniprésent".

Jean-François Chantaraud introduit les concepts de sémiocratie et de démocraticité et propose de "préciser les mécanismes démocratiques pour permettre à chacun de participer à la définition du vivre ensemble"[4].

Travaux pratiques

Jean-François Chantaraud a déployé de nombreuses démarches de dialogue dans toutes les sphères[5]. La clé de voute des processus consiste en des événements interactifs qui font toujours l'objet de travaux d'étude préparatoire, et qu'ils permettent d'approfondir en optimisant des diagnostics partagés et des orientations communes. L'ensemble des sujets abonde à une étude permanente interactive dénommée Comprendre et développer la personne, l'entreprise et la société[6].

Études thématiques et sectorielles

Jean-François Chantaraud a conduit une cinquantaine d'études thématiques et sectorielles :

Forums citoyens

Jean-François Chantaraud a conçu des méthodes et outils d'animation d'événements interactifs[10]. Il a animé plusieurs centaines de forums internes au sein d'entreprises, et de forums citoyens sur des sujets de société, réunissant des citoyens, experts et décideurs des sphères associative, économique, politique, universitaire, Médias et sociale :

  • certains thèmes ont fait l'objet de plusieurs forums, jusqu'à une trentaine d'événements interactifs
  • certains forums réunissent jusqu'à un millier de personnes
  • … :

Maïeutique collective

Les kits de dialogue qu'il a mis au point permettent d'organiser la construction de diagnostics et de projets communs à un collectif d'acteurs divers par leurs niveaux de conscience des enjeux, de perception de leur propre situation, et de mode de prise en charge de leurs préoccupation. Ces outils reposent sur l'articulation d'un langage commun qui intègre les différents paramètres à prendre en compte, puis sur le positionnement de chaque acteur dans cette équation à travers un questionnement de type Quotient d'Intelligence Sociale, pour enfin organiser l'intégration méthodique de la diversité des vécus, des savoirs et des idées dans un raisonnement collectif.

Travaux conceptuels

L'analyse transversale de ses travaux thématiques et sectoriels ont permis à Jean-François Chantaraud de concevoir des supports d'analyse des personnes et des systèmes qu'il regroupe dans la discipline de l'intelligence sociale qu'il a fondé.

Les modèles de l'intelligence sociale

Il a formalisé des modèles de l'intelligence sociale[11] qu'il regroupe en sept familles distinctes : La grille d'analyse du lien social, les neuf principes fondamentaux du dialogue, la cohérence globale de l'organisation, les spirales sociales, le plan de management par l'identité, le partage des valeurs et l'identité collective.

Les enjeux de la responsabilité sociale et sociétale

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Cartographie Lien social - Performances

Dans les rapports L'état social de la France, il fait la démonstration de la corrélation lien social/performance[1]. Il établit deux agrégats d'indicateurs publics grâce auxquels il classe les régions françaises et les pays de l'Union européenne en termes de Lien social et de Performances. La corrélation étroite qui apparaît dans le croisement des deux classements montre que l'un ne va pas sans l'autre. D'après lui, le positionnement de chaque territoire relève des processus de « mutualisation de l'information », qui génèrent un niveau de « respect des personnes, des faits, des idées ».

Avec le principe du Ballon de rugby[12], il montre que tout corps social (pays, régions, villes, associations, syndicats, partis politiques…) souffre d'inertie du fait de sa structuration sociologique qui ne permet pas aux décideurs de mettre en œuvre les idées les plus novatrices et les plus porteuses d'un intérêt collectif. Chaque citoyen se positionne sur ce schéma selon son mode de mise en question de soi et de l'information. D'un côté du spectre se situent les conservateurs et réactionnaires arc-boutés sur le passé ou la défense de leur intérêt personnel. Dans la partie centrale se trouvent les porteurs d'intérêts thématiques ou sectoriels qui intègrent leur intérêt particulier dans une thématique plus large (corps de métier, associations de quartier, soutien d'une cause…). Et à l'autre extrémité se situent ceux qui ont une vision de l'intérêt général qui sont prêts à transcender leurs intérêts particuliers dans un intérêt collectif à long terme. Pour diriger durablement un corps social, il convient de savoir se positionner en son épicentre, entre les personnes visionnaires et portées vers le changement, et d'autres plus individualistes et portées à maintenir en place le système qui les sert, c'est-à-dire à équidistance du plus grand nombre possible. Le dirigeant politique doit ainsi être en mesure de réaliser l'agrégation de différentes composantes de la société, elles-mêmes dirigées par des porte-parole situés à l'épicentre de leurs réseaux personnels. L'ensemble des dirigeants, représentants et porte-parole sont ainsi concentrés à la verticale centrale du « ballon de rugby » qui forme la société. Pour se maintenir au pouvoir, il convient donc de se comporter en défenseur du plus grand nombre possible d'intérêts, plutôt que d'être porteur d'un projet innovant, par nature déstabilisateur des forces en présence.

L'èthos des français

Il énonce quatre phases du processus historique de la fusion des pouvoirs temporel et spirituel en France[13], du droit divin à l'impossible contestation :

  1. La monarchie sacralisée par Pépin Le Bref : Le Sacre des rois de France est une spécificité française qui remonte à Pépin Le Bref en 752. Là débute la tradition française d'un souverain de droit divin.
  2. Louis IX (dit « Saint-Louis ») le monarque militant : Blanche de Castille est la première femme occupant le pouvoir en France, étrangère de surcroît. Les nobles, poussent la rébellion jusqu'à tenter d'enlever l'héritier de la couronne. Pour la contrer, son fils Louis IX n'a d'autre choix que de renforcer ses liens avec l'Église : il participe à deux croisades ; il fait édifier la Sainte-Chapelle à Paris pour y conserver la Sainte Couronne, un morceau de la Sainte Croix ainsi que diverses autres reliques de la Passion du Christ achetées très cher à l'Empereur de Constantinople; il instaure une série de réformes morales et fait appliquer une justice royale qui se voulait plus équitable pour tempérer les violences des barons et par là même entraver leurs prétentions politiques.
  3. La partie d'échecs de Philippe IV :
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    La partie d'échecs de Philippe IV contre la papauté
    En 14 années, entre 1295 et 1309, le « Roi de fer » lance une série de six attaques qui lui permettent de placer la papauté sous sa coupe : première taxation des dons et legs faits aux abbayes en période de paix ; canonisation de son grand-père, Louis IX, qui devient dès lors Saint-Louis dans l'imaginaire français ; emprisonnement du Chef des évêques français ; création des États généraux pour encercler politiquement le Clergé entre la Noblesse et le Tiers État, jusqu'alors inexistant, et qui en conséquence ne peut rien lui refuser ; arrestation des Templiers auprès desquels le trésor royal est lourdement endetté et qui n'ont pour seul chef que le Pape ; transfert de la Papauté de Rome en Avignon.
  4. La monarchie absolue de Louis XIV : La fusion absolue entre les pouvoirs spirituel et temporel est réalisée par le Roi Soleil (Roi-Dieu), est parvenu à concentrer tous les pouvoirs en sa seule personne. Affirmant « L'État c'est moi » et donc « l'intérêt général, c'est moi », il instaure une centralisation extrême du pouvoir royal : le Conseil d'en Haut ne regroupe plus que trois ou quatre ministres, dont sont exclus les princes et les membres de la famille royale ; le gallicanisme unifie l'église catholique française sous ses ordres ; les Parlements ne sont plus des « cours souveraines » mais seulement « supérieures », et sont tenus d'enregistrer les édits avant toute remontrance ; la noblesse est regroupée à la cour de Versailles ; l'étiquette réduit les Grands du royaume a de petits rôles dans un spectacle permanent dont il est le seul metteur en scène et le principal interprète jusqu'aux séquences du « lever » et du « coucher ».

Ce processus historique explique d'après lui la concentration des pouvoirs en France, illustrée par l'émergence systématique d'un hyper dirigeant dont l'omnipotence le conduit à l'erreur, transforme les acteurs qu'il exclut en opposants et conduit au renversement du système qu'il dirige. De là, les seize régimes politiques successifs depuis 1789. D'après lui, les mêmes phénomènes sont à l'œuvre dans la sphère économique française dominée par les grandes entreprises, dont la plupart ont ou ont eu des liens étroits avec la puissance publique[14].

Pour approfondir

Publications

  • L'état social de la France - 2004, préface de Nicolas Sarkozy, Éditions des Journaux Officiels - La Documentation française.
  • Le service public pour tous, Eyrolles, Paris, 2005
  • L'état social de la France - 2010, préface du Conseil d'administration de l'Odissée, Éditions des Journaux Officiels - La Documentation française.
  • Gouvernance, Lien social, Performance : une vision du monde ; Governance, Social capital, Performance : a world overview 2012, préface du Conseil d'administration de l'Odissée, Éditions des Journaux Officiels - La Documentation française.
  • L'état social de la France et de ses régions - 2013, préface du Conseil d'administration de l'Odissée, Éditions des Journaux Officiels - La Documentation française.
  • L'état social de l'Europe - 2014, préface de José Manuel Barroso, Président de la commission européenne, Éditions des Journaux Officiels - La Documentation française.
  • L'état social du monde - 2015 Editions des Journaux Officiels - La Documentation française

Liens externes

Notes et références

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