1968 au cinéma

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Cet article présente les faits marquants de l'année 1968 au cinéma.

Événements

  • L'actualité cinématographique de cette année va être particulièrement marquée en France par ce qu'on a appelé « l'affaire Langlois », qui va se trouver liée aux évènements de mai 68.
    • L'affaire débute le 9 février lorsque le conseil d'administration de la Cinémathèque française, élit Pierre Barbin en remplacement d'Henri Langlois, à la direction artistique et technique. Pierre Barbin, ancien responsable des festivals de Tours et d'Annecy, est soupçonné d'être piloté par l'État pour évincer Henri Langlois, figure emblématique de la mémoire cinématographique. Or, la Cinémathèque est certes financée en grande partie par l'état mais demeure une association indépendante.
    • Cette nouvelle enflamme aussitôt le milieu cinématographique. Un Comité de Défense de la Cinémathèque, composés entre autres de François Truffaut et Jean Renoir, alliés à plusieurs associations et personnalités, dénoncent une manœuvre. Dès le 14 février, une manifestation est organisée près du Palais de Chaillot, brutalement réprimée par une intervention policière. Une autre, le 18 mars, rue de Courcelles, à l'occasion de laquelle Jean-Pierre Léaud lit une déclaration du Comité de Défense de la Cinémathèque, se conclut de la même façon. Les manifestations se poursuivent, notamment à Grenoble, le 21 mars où, lors d'un meeting, Pierre Mendès France apporte son soutien au comité.
    • 22 avril : Face à la pression, Henri Langlois est finalement réintégré mais l'évènement a suffisamment chauffé les esprits pour qu'on en trouve l'écho pendant le mois de mai.
    • 13 mai, par solidarité avec le mouvement parisien, des étudiants envahissent le festival de Cannes et font le siège, empêchant les projections [1],[2]. Le 18 mai, plusieurs personnalités dont François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch, Claude Berri, Jean-Pierre Léaud qui se sont activement impliqués dans l'affaire Langlois, se font relais de la contestation étudiante. Le palais des festivals est l'objet d'une assemblée permanente. Monica Vitti, Louis Malle et Roman Polanski démissionnent du jury tandis qu'Alain Resnais et Carlos Saura décident de retirer leur film de la compétition. Le 19 mai, les organisateurs ferment le festival. Aucun prix ne sera décerné.
  • 19 février : La Fédération Internationale des Associations de Producteurs de Films (FIAPF) constate, notamment en France et en Italie, une taxation abusive de l'exploitation cinématographique et s'engage à faire en sorte que les œuvres cinématographiques soient considérées, à l'instar des livres, comme des produits culturels, exemptés des droits de douane. Elle s'insurge également contre un projet de dépôt légal.
  • 27 février : Suppression de l'intégration de la taxe spéciale additionnelle au prix des places. Les tarifs d'entrées faisant l'objet d'un blocage, les salles pourront augmenter d'autant leurs marges.
  • 1er mars : La Fédération Nationale des Cinémas Français proteste une nouvelle fois contre le blocage du prix des places.
  • 10 avril : Cérémonie des Oscars pour 1967. Celui du meilleur film est attribué à Dans la chaleur de la nuit. Meilleur réalisateur : Mike Nichols pour The Graduate. Meilleur acteur: Rod Steiger pour Dans la chaleur de la nuit. Meilleure actrice : Katharine Hepburn pour Devine qui vient dîner ?. Meilleur second rôle masculin: George Kennedy pour Cool Hand Luke. Meilleur second rôle féminin: Estelle Parsons pour Bonnie and Clyde.
  • 4 septembre : Projection du film de Pier Paolo Pasolini, Théorème (Silvana Mangano, Terence Stamp, Anne Wiazemsky) au Festival de Venise. Le film sort à Rome le 7 septembre ; les copies sont mises sous séquestre le 13 sur décision du procureur de la République de Rome, le jour où L'Osservatore Romano, l’organe de presse officiel du Vatican juge le film « négatif et dangereux ».
  • 10 octobre : Au Festival de Locarno, l'Union soviétique, la RDA et la Hongrie ne sont pas représentées à la demande de l'un des jurés, à la suite de l'occupation de la Tchécoslovaquie.
  • Aux États-Unis, la Motion Picture Association of America (MPAA) adopte le 1er novembre une classification des œuvres, destinée à protéger le public mineur : Film tout public ("G"), avec accompagnement parental ("PG"), film interdit aux moins de 13 ans ("PG-13"), film interdit aux moins de 17 ans sauf accompagnement parental ("R"), film interdit aux moins de 17 ans ("NC-17"). Ce sont les producteurs eux-mêmes qui procèderont à la classification car il n'existe pas aux États-Unis de Commission fédérale de censure.
  • L'UNESCO adopte à l'unanimité le 20 novembre une résolution préconisant la libre circulation des œuvres cinématographiques à l'image du livre.
  • 20 novembre : Le Kenya nationalise l'ensemble de sa production et distribution cinématographique.
  • 6 décembre: Plusieurs salles parisiennes du circuit Gaumont retirent subitement de l'affiche le film La Grande Lessive (!) de Jean-Pierre Mocky pour le remplacer par le western Shalako d'Edward Dmytryk. L'affaire est aussitôt déférée devant le tribunal qui ordonne le 11 décembre puis le 16 décembre au réseau Gaumont de remettre le film en exploitation conformément au contrat signé qui prévoyait un seuil minimal d'entrées à atteindre. Le distributeur refuse cependant d'entendre raison et fait appel.
  • Une copie papier de Sherlock Holmes Baffled, film muet américain d'une durée de trente secondes, réalisé par Arthur Marvin et produit par l'American Mutoscope and Biograph Company, sorti en 1900, considéré comme le premier film connu à ce jour à mettre en scène Sherlock Holmes, qui était visible en Mutoscope et était présumé perdu est retrouvée à la Library of Congress et transférée en 16 mm.

Principales sorties en salles en France

Principaux films de l'année

Festivals

Festival de Cannes

Parallèlement aux évènements de mai 68 se déroulant dans les rues de Paris, le festival de Cannes s'ouvre le pour s'interrompre le 19 alors que seuls huit films (sur vingt-quatre) de la sélection officielle ont été projetés, cela sous la pression d'un petit groupe de réalisateurs dont Jean-Luc Godard et François Truffaut, et alors que plusieurs membres du jury, dont Roman Polanski ont démissionné. Aucun prix ne sera décerné cette année[3].

Autres festivals

Récompenses

Festival de Cannes

En raison de l'annulation du Festival aucun prix n'est décerné[4],[5],[6],[7].

Autres récompenses

Box-Office

  1. Le Livre de la jungle (The Jungle Book) de Wolfgang Reitherman (production Disney)
  2. Le Gendarme se marie de Jean Girault
  3. Le Bon, la Brute et le Truand (Il Buono, il Brutto, il Cattivo) de Sergio Leone
  4. Le Petit Baigneur de Robert Dhéry
  5. Helga, de la vie intime d'une jeune femme (Helga, Vom Werden des menschlichen Lebens) d'Erich F. Bender
  1. Funny Girl de William Wyler
  2. 2001, l'Odyssée de l'espace (2001: A Space Odyssey) de Stanley Kubrick
  3. Drôle de couple (The Odd Couple) de Gene Saks
  4. Bullitt de Peter Yates
  5. Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de Franco Zeffirelli

(sources : CBO Box-Office )

Principales naissances

Principaux décès

Notes et références

  1. « Le Point – Actualité Politique, Monde, France, Économie, High-Tech, Culture », sur Le Point.fr (consulté le ).
  2. https://www.lejdd.fr/Culture/Cannes-68-prive-de-Festival-93272-3088100
  3. Reuters, « Cannes : 1968 rattrape le Festival », Le Point,‎ (lire en ligne)
  4. Édouard Pflimlin, « Le Festival de Cannes, soixante-dix années dans les coulisses du cinéma », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. « Cannes, mémoire de Festival », sur cinematheque.fr
  6. Muriel Navarro, « Cannes, le plus grand festival de cinéma », sur cia-france.com,
  7. Philippe d'Hugues, « Festival de Cannes : des débuts difficiles », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne)
  8. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération 1. Les années de rêve, Éditions du Seuil, collection « Points – essais », 2008, p. 591-592.